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CHAPITRE .02 PARTIE 2

La sonnerie le coupe, à mon plus grand bonheur. Ces mots me sont maintenant familiers mais j'ai toujours du mal à y répondre. Je fais un clin d'œil à Louis, attrape Lola par le bras et on file en cours.

Je me sens un peu ridicule puisqu'en réalité les jumeaux sont dans la même classe que nous, ce que je n'avais évidemment pas remarqué. Je baisse légèrement la tête quand ils rentrent dans la classe, j'ai l'impression de tout faire de travers aujourd'hui.

Le professeur se fait attendre et ma culpabilité augmente lorsque je vois les jumeaux, seuls, au fond de la classe. Finalement je ne tiens plus, je me lève et vais à leur rencontre. Lola me rejoint rapidement et nous faisons un peu plus connaissance avec les deux nouveaux. Très vite, je réalise que je me sens bien avec eux et que tout sentiment de malaise s'est dissipé. C'est un vrai soulagement pour moi, j'aurais été bien embêtée si j'avais été la seule du groupe à ne pas m'attacher à eux. J'allais leur demander d'où ils viennent lorsqu'un garçon se place devant le tableau et réclame le silence.

Je le reconnais vaguement et si mes souvenirs sont bons il s'appelle Thomas. Sa popularité a fait un bond depuis qu'il habite dans l'une des plus grandes maisons du village.

Il nous explique alors qu'il organise une immense soirée ce soir, où la totalité des terminales est invitée. Lorsqu'il précise que le but est de fêter la rentrée, je ne peux retenir un petit rictus.

Depuis quand fête-t-on une rentrée ?

A vrai dire, je n'ai pas tellement envie d'y aller. Actuellement, l'idée de me blottir dans mon lit avec un livre me réjouit bien davantage. Mais un grand sourire éclaire le visage de Lola et je comprends très vite qu'on ira à cette soirée.

On ira parce qu'on vient de retrouver la bande et qu'on ne veut pas s'exclure du groupe à nouveau, on ira parce-que les jumeaux ne connaissent personne et qu'ils vont pouvoir y faire de belles rencontres, on ira parce que Lola en a envie et que je ferais tout pour revoir ce sourire sur son visage. Bref, on ira.

Le reste de la journée passe extrêmement lentement et tous les terminales sont en effervescence par rapport à la soirée de prévue, ce qui a le don de m'exaspérer encore plus. Quand on retrouve la bande au réfectoire pour déjeuner, je prends l'initiative de les inviter chez moi pour se préparer pour la fête. C'est une vieille habitude que l'on avait prise avant l'accident, cela me tient à cœur de la faire perdurer.

***

Quelques heures plus tard, nous sommes donc au grand complet dans ma chambre. La pièce parait minuscule, comme d'habitude chacun est venu avec une tonne d'affaire et n'en utilisera qu'une infime partie.

- Laura et Louis je vous explique, commence Lola. Les filles se changent ici et les garçons se changent chez Julien, le frère de Marine, qui n'est pas là. Il est 20h, tout le monde doit être prêt d'ici 45 min. Il n'y a qu'une seule douche, c'est pourquoi une bonne organisation est primordiale. Les filles ne peuvent se maquiller qu'une fois douchées alors on passe toutes avant vous, continue-t-elle en défiant du regard les garçons.

-Même pas la peine de négocier, crois moi on a déjà tout essayé, chuchote Maxime à Louis, juste assez fort pour que tout le monde entende.

-Traite nous de despotes aussi, on ne te dira rien ! Rétorque Maelys en éclatant de rire.

-Un peu de sérieux ! reprend Lola. Donc dans l'ordre pour la douche : Jo, Maelys, Laura, Marine et moi puis Louis, Jeremy et Maxime

Je ne peux retenir un sourire. Pendant quelques instants j'oublie l'accident et je retrouve l'ancienne Lola : celle qui est radieuse et a toujours la situation en main. Evidemment, Maxime s'empresse de gâcher ce court moment de répit en poussant Johanna hors de la chambre :

-Allez, hop hop hop ! Vas-y sinon mon tour va passer à la trappe !

Puis il ajoute en chuchotant :

-Bande de despotes !

Johanna grommelle quelque chose que je n'arrive pas à comprendre et part sous la douche, tandis ce que les garçons quittent la chambre.

-Bon, je soupire. Maelys, tu mets quoi ?

C'est toujours intéressant pour moi de savoir ce qu'elle va porter. Passionnée de mode, elle est un repère précieux pour la jeune fille que je suis. Maelys sait toujours comment s'habiller, quelque soit l'occasion.

Elle se tourne vers moi, une robe blanche à la main. Je la reconnais immédiatement, c'est une de ses robes préférées. Elle est simple, relativement courte mais très bien coupée. Maelys sait extrêmement bien se mettre en valeur, cette robe en est une énième preuve.

-Tiens, tiens, on se demande pourquoi tu choisis cette robe, commence Lola les yeux moqueurs. Tu te rappelles Mar...

-Stop, personne n'a envie d'entendre cette histoire une fois de plus, la coupe Maelys.

J'imagine que ses joues rougies ont intrigué Laura, puisque celle-ci met les deux pieds dans le plat.

-Eh bien je ne l'ai jamais entendue, moi, cette histoire ! Allez, soyez sympas, partagez !

Avant même que la principale intéressée n'ait le temps de répliquer, Lola s'éclaircit la gorge et j'éclate de rire parce que je sais pertinemment ce qui va arriver. Elle prend une voix grave et annonce théâtralement :

-Mademoiselle, cette robe vous va à merveille. Elle met en valeur votre teint mat et vos magnifiques cheveux noirs.

L'imitation est parfaite, même Maelys esquisse un sourire.

-Quelle déclaration ! Qui t'a dit ça ? Demande Laura, morte de rire.

-Un garçon sur la plage l'année dernière, dit Maelys d'une petite voix, les joues toujours écarlates.

-Et ? La presse Laura.

-Elle lui a vomi dessus, je finis, incapable de garder ça pour moi plus longtemps.

Maelys me lance un oreiller à la figure, que j'évite agilement. Laura essaie de contenir son rire, sans grand succès.

-Je vous déteste, grogne Maelys.

-Non ma chérie, c'est l'alcool que tu détestes !

Johanna vient d'entrer dans la pièce, vêtue d'une robe noire très moulante qui ne laisse pas beaucoup de place à l'imagination. Le noir de la robe offre un beau contraste avec ses cheveux bleus. Jo a toujours été celle qui se pose le moins de questions, elle s'affirme comme elle est et ce, qu'importe l'avis des autres. Ce qu'elle porte aujourd'hui est très osé mais pas vulgaire parce que Jo met un point d'honneur à ne pas franchir cette limite.

Maelys profite de la diversion involontairement offerte par l'arrivée de Johanna pour s'éclipser dans la salle de bain.

Bon, il va falloir que je sorte une robe apparemment. Laura se fait sûrement la même réflexion puisque je la vois grimacer en agitant un short noir :

-Bon, j'imagine que ca ne passe pas ca ?

-Ah nan ma chewrriiie, répond Lola en imitant à la perfection Cristina Cordula. Mais j'ai une robe qui devrait t'aller à merveille ! Tu aimes le rouge ?

A cet instant débute une négociation terrible entre les deux jeunes filles, la jolie blonde n'ayant pas l'habitude de porter des robes. Je ne suis pas étonnée de voir que Lola remporte la manche haut la main. Alors qu'elle se dirige vers son armoire et tend à Laura une magnifique robe bustier, je pars à la recherche de la robe idéale. J'en choisis une noire, qui n'a cependant rien à voir avec celle de Johanna. Même si elle est relativement courte, elle comporte nettement plus de tissu que celle de mon amie. Elle est cintrée et laisse mon dos nu ce qui, porté avec des talons, rend très bien selon Maelys. Lola, elle, choisit une robe vert foncé largement décolletée qui met en valeur ses yeux émeraude.

Par un miracle que je n'explique pas, nous sommes toutes prêtes lorsque les garçons nous rejoignent dans la chambre. Je vois que Maxime, qui adore les nœuds papillons, a réussi à convaincre tout le monde d'en porter un. Il faut avouer que le résultat est assez impressionnant.

-C'est chouette de vous voir aussi bien habillés ! Je dis gentiment.

-Ah parce que d'habitude on est mal habillés ? Me reprend Jeremy, qui n'en loupe jamais une.

-Tu es fatiguant mon garçon..., je soupire.

-Tu es la première à me le dire avant même d'avoir passé la nuit avec moi !

Je lève les yeux au ciel, attrape mon oreiller et le frappe gentiment avec.

-Dieu merci, ça n'arrivera pas !

Jeremy sait pertinemment que je suis une cible facile ; je rougis extrêmement vite. Je sais très bien qu'il me taquine simplement pour me faire réagir mais rien n'y fait : je me fais toujours avoir.

-Une fois que ces messieurs dames auront fini de dire n'importe quoi on pourrait peut-être y aller ? Demande Jo avant que Jeremy n'ait le temps de répondre.

-Excellente idée, je réponds en fusillant Jeremy du regard.

Julien n'étant pas encore rentré à la maison, personne n'est en mesure de nous amener en voiture chez Thomas. Nous partons donc à pied. L'avantage d'habiter dans un village c'est que rien n'est vraiment loin. Marcher en talons jusqu'au lieu de la fête s'est avéré être un calvaire pour Laura, qui ne porte des talons que très rarement. A la surprise générale, elle n'hésite pas à accepter lorsque Jeremy lui propose en riant de la porter. De toute évidence, elle sait profiter des opportunités qui lui sont offertes !

Lorsque nous arrivons chez Thomas, il est clair que la fête bat déjà son plein.

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