Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

Chapitre 5

Je suis confortablement assise. La Daronne me fait avancer le plus rapidement possible. Cette bonne vieille Daronne ! Les choses auraient été toute autre si je m’étais laissée moisir dans mon coin toute seule. Cette dame s’était mise à mes côtés, elle m’avait tendu la main sans savoir si j’étais innocente ou coupable. Cette femme clouée par la vie du fait de son don particulier n’était pas des plus innocente mais la prison lui avait forgé un cœur assez tendre. Je me souviens encore de mon arrivé au pénitentiaire.

La Daronne était assise dans un coin de la grande cour, donnant des conseils à quelques jeunes détenues. Les gardiennes qui m’avaient reçu m’avaient directement conduit à la cour. Il sonnait midi et le soleil était à son apogée. Une fois devant toutes les autres, une cloche avait sonné, interpellant les prisonnières. La directrice de prison m’avait présenté à haute et intelligible voix.

-voici votre nouvelle camarade. Vous n’avez pas intérêt à lui chercher des noises. Elle va se présenter.

La directrice me donna une tape à l’épaule pour me faire comprendre que je devais prendre la parole. La peur était nouée dans un coin de mon ventre. Je n’arrivais même pas à ouvrir la bouche. Je ne pus rien dire. Une détenue lança dans la foule,

-je sens comment on va bien s’amuser avec celle-ci. C’est une petite pleurnicharde. Faites vite vous la laissez à nous.

La directrice me donna un coup plus violent sur le dos.

-PRÉSENTE-TOI, cria-t-elle

J’éclatai en sanglot. Je tombai sur mes genoux et me mis à pleurer de toutes mes forces. Que faisais-je dans cet endroit ? Au milieu de toute sorte d’horreurs. Je regardais autour de moi, cet n’était pas ma belle chambre. Ces personnes n’étaient pas ma famille, je n’étais pas à ma place.

Voyant ma faiblesse dans cet endroit, la directrice avança jusqu’à la Daronne.

-tu vas prendre soin de la petite, je me demande comment elle a fait pour en arriver là à cet âge mais bon, tu vas t’assurer que les autres ne l’intimident pas.

Daronne : elle-même n’a qu’à prendre soin d’elle. Ici c’est chacun pour soit. Elle s’amuse, c’est même moi qui vais la blesser.

Les gardiennes m’avaient traîné jusqu’à ma cellule. Je la partageais avec trois femmes. J’avais tellement peur de revivre ce que j’avais vécu plus tôt dans l’autre prison. Je dormais sans dormir. Je ne mangeais pas, je ne prenais pas de douche. Je cherchais par quel moyen en finir avec la vie. Je voulais mourir.

Trois semaines étaient passées. Nous étions à la grande cantine pour le repas du soir. Nous avions l’habitude de manger avec des cuillères et fourchettes en plastiques mais ce jour, j’avais eu une fourchette en fer dans mon plat.

Je l’avais emballé dans ma combinaison. Ce jour j’étais prête à en finir.

Une fois dans ma cellule, j’avais attendu que toutes les autres dorment. J’étais sorti de ma cellule avant l’heure du couvre feu. J’avais dix minutes devant moi pour me trancher les veines. Je m’étais rendue dans les toilettes.

Assise sur le pot, j’avais libéré mon poignet et sortit ma fourchette. Je savais que ça allait être douloureux mais si ça pouvait me permettre d’en finir, j’étais prête à tout tenter.

J’avais passé la fourchette sur mon poignet avec toute la force qui me restait. Je m’étais déchiré les veines. La douleur était atroce, j’avais hurlé de toutes mes forces. Les gardiennes et les prisonnières m’avaient trouvé là, agonisant. Tout de suite j’avais été transportée à l’infirmerie. Mon coup avait foiré. J’étais restée inconsciente toute la nuit mais au petit matin j’étais en vie. La Daronne était assise à mon chevet, tenant son chapelet en main, roulant les perles une à une.

Mon réveil lui donna un léger sourire aux lèvres. Elle posa la main sur mon front, elle me toucha le poignet malade.

Daronne : tu as failli y passer ma petite. La prochaine fois, je vais m’assurer que tu meurs. Je vois que c’est ce que tu veux.

Je ne répondis pas. Je fermai les yeux et imaginai que j’étais morte. La voix de la Daronne me fit revenir à la réalité. Là, c’était une toute nouvelle réalité.

Daronne : le Dieu qui veille sur toi est un grand. Toutes femmes enceintes auraient perdu le bébé après une tentative de suicide comme la tienne mais curieusement, ton bébé est resté en place.

Mon cœur se mit à battre fortement. J’eus la chaire de poule, de quoi parlait elle ?

-quoi ? Je… Je… Suis enceinte ?

Daronne : un mois net ! Mais dis-donc ma belle, comment tu peux avoir envie de faire l’amour pendant de telles périodes ? Qui t’a fait ça ? Si tu veux, tu peux me raconter ton histoire. Je sais que tu as besoin d’une oreille. Je veux que tu me dises tout dans les moindres détails.

-personne ne crois à mon histoire

Daronne : coupable ou innocente, tu portes une vie en toi. Et laisse moi te dire, ma belle enfant, cet enfant est tout ce qu’il y’a de plus innocent au monde. Ta culpabilité ne m’intéresse pas. Raconte juste ton histoire pour qu’on puisse sauver l’enfant et te sauver.

Pour la première fois, une oreille s’offrait à moi. Je devais y verser tout ce que j’avais sur le cœur depuis le commencement jusqu’à ce dénouement. Dans les moindres détails et pendant des heures, je racontai mon parcours à la Daronne jusqu’à cet instant avec elle.

Elle avait la tête baissée. Sa main recouvrait son visage, elle respirait fortement. Elle était restée sur cette position pendant près d’une dizaine de minutes sans rien dire. Mon histoire venait de lui percer le cœur.

Daronne : tu sais ma fille, je ne crois pas en la justice des hommes. Elle n’en vaut pas la peine. Ce chapelet ne signifie pas que je prie, non ! Je compte mes ennemis et à partir d’aujourd’hui, je compte également les tiens. Je cite leur nom et je leur attribu un châtiment. Désormais je le fais pour toi aussi.

-je ne vous comprends pas

Daronne : je suis née avec un don, l’un des plus formidable. Je suis un génie de la technologie. Avec un bout de papier, je peux faire des miracles. À mes quinze ans, j’ai tout de suite été remarquée par les scientifiques de mon pays. Ils m’ont vendu de beaux rêves. J’ai travaillé pour de grands hommes, j’ai fabriqué beaucoup de mauvaises choses… Je ne vais pas entrer dans les détails. Une fois qu’on n’avait plus besoin de mes services, j’ai été envoyé ici. La où personne ne peut m’entendre ni me voir. Mes ennemis sont dehors et profitent de mes œuvres. Je suis ici avec ma maladie du cœur.

-je suis désolée madame

Daronne : ne le soit pas ma chérie, je vais me venger même si c’est la dernière chose que j’ai à faire. Il me faut juste une personne de confiance à l’extérieur. Une personne qui connaissent tous les recoins de ma vie et qui soit suffisamment forte pour faire ce que je vais lui demander de faire. Dès que j’ai cette personne sous la main, c’est bon.

La Daronne avait le regard figé sur moi. Elle avait déjà tracé mon avenir. Elle m’avait mise en tête de ses projets.

Daronne : je vais faire de toi une femme pas comme les autres. Je vais te former, je vais te faire découvrir un monde où la larme n’a pas sa place. Tu vas devenir mon arme à feu.

-quoi ?

Daronne : fais moi confiance

Je fis confiance en cette dame. Je lui donnai toute ma confiance. Elle me suivit pendant toute ma grossesse. J’étais devenu sa petite protégé. Elle me disait beaucoup de choses sans jamais me faire comprendre que mon doux enfant allait m’être enlevé trois mois après sa naissance. Ce fut un coup dure pour mon petit cœur qui était encore fragile.

Je l’avais à peine allaité que je devais le laisser partir. Je ne lui avait même pas encore trouvé de prénom. Je savais juste que c’était un DEBARDO.

La Daronne m’avait tenu la main. Elle m’avait fait garder la tête haute.

Daronne : si tu veux devenir une femme dure, tu dois apprendre à être monstrueuse. Tu dois être plus féroce que tes ennemis…

Alors que les autres détenues s’amusaient à faire peur aux plus faibles, la Daronne utilisait son pouvoir pour faire de moi une tireuse d’élite. Elle me faisait manier toutes les armes qui se trouvaient sur son chemin.

Pendant que les autres mangeaient, la Daronne me faisait transporter les charges les plus lourdes. Petit à petit je m’imposais en prison. Je devenais une dure à cuire. Personne ne s’approchait de moi. Toutes formes d’injustice ne pouvaient se faire sous mon regard. Je ressentais le besoin de lutter pour les plus faibles. J’avais gagné mon respect, j’avais gagné mon titre. Cinq années avaient suffit pour que je devienne un monstre. Devant la glace, j’avais de la peine à me reconnaître.

Un bruit dans le sous marin me fait revenir au présent. On dirait une panne. Plus rien n’avance. L’engin flotte sur place.

Le visage de la daronne apparaît sur ma tablette. Elle souri bêtement.

Daronne : on a un tout petit soucis ma petite. J’espère que tu vas pouvoir nager si on ne résous pas le problème à temps.

Je ne panique pas, je ne stresse pas. J’ai appris à tout prendre comme ça vient. Rien ne me surprend.

-qu’est-ce que je dois faire, daronne ?

Daronne : rien ! Toutes les commandes sont avec moi. Soit juste prête à être éjectée dans l’eau au cas où.

Je reste calme, je ferme les yeux. J’ai hâte de ce moment où je vais poser mon regard sur Anne. Je me demande ce qu’est devenu ma petite sœur. Aujourd’hui elle doit avoir dix-sept ans.

Au bout de trois minutes, l’engin se remet en marche. La daronne éclate de rire. Elle est heureuse pour son œuvre.

Daronne : ouiiiiii… C’est moi ! Est-ce que ma chose peut me dépasser ? J’espère que ça va arriver à destination cette fois. Tu en as pour toute la nuit pour y arriver. Je vais laisser les commandes, ça va fonctionner automatiquement. Je reviens le matin.

-mon absence va faire peur au monde. Depuis tu me dis que tu as pensé à tout mais là…

Daronne : tu seras surprise ma petite. Une fois sur place, mon fils va t’accueillir et te montrer la grande surprise que je te réserve. Tous vont être stupéfait. Bientôt, tu seras officiellement morte et enterré ma petite chérie.

-tu es la meilleure !

La daronne s’en va. Pendant une heure de temps, je suis coincé dans ce petit espace. Il s’arrête automatiquement après la durée prévue par la daronne. Au même moment le visage de la daronne réapparaît sur la tablette en face de moi. Elle applaudit, elle souri.

Daronne : tu es à des milliers de kilomètres d’ici ma belle ! Tu es libre. J’ai déjà appelé. Mon fils et son équipe vont venir te chercher. Il est le seul à être au courant de qui tu es réellement. Son équipe sait ce qu’il y’a sur ton identité. En lui tu peux avoir confiance comme en moi.

J’attends impatiemment les hommes de la daronne. Mon sous marin remonte à la surface tout seul. Je me dis bien que c’est la daronne qui est aux commandes. Il s’ouvre seul et ma combinaison se détache de moi. Je suis à dix mètres de la rive. Je vois deux voitures. Trois hommes en veste noire aux côtés de chaque voiture. Un homme plus élégant, aux verres noires fumés se tient non loin de l’eau, à l’écart de tous les autres.

Il a les mains croisés par derrière. Il a la tête haute. Personne d'entre eux ne bouge en me voyant.

-dis daronne…

Daronne : je t’écoute

-j’espère que ces hommes que je vois ne sont pas des robots.

Daronne : une fois devant eux, tu les présente la tablette, tant qu’ils ne voient pas ils ne vont pas bouger. Le sous marin ne peux pas plus se rapprocher de la rive. Ton matériel ne peux être mouillé non plus et personne ne peux venir te chercher. Débrouille toi pour arriver à eux. Il y’a une ficelle dans ton sac à dos. Enlève et secoue.

Je range toutes mes affaires dans le sac à dos. J’enlève ma ficelle et la secoue. Elle devient tout de suite un long bâton en fer. Je suis époustouflée.

Daronne : voilà les merveilles de la science. Je crois que je devrais ouvrir une bouteille pour fêter ces réussites.

-tu sais que Ton cœur va lâcher si une seule goutte d’alcool franchi tes lèvres. Tu sais aussi que ta mort ne va pas nous aider en ce moment.

Daronne : apprend à faire un peu d’humour. Tu es trop ronchonne.

Je fais une petite pause. Sa phrase me fait penser à ma mère. Elle le disait toujours à mon père. Je reviens tout de suite à moi, lance mon sac sur le dos et noue mon foulard rouge sur la tête. Je suis toujours en tenue de prisonnière.

Je suis placée sur le sous marin qui s’est déjà refermé et flotte. Je tiens mon bâton comme pour pêcher. Je l’enfouis dans l’eau jusqu’à sa limite. Je prends appui dessus et me propulse de l’autre côté comme la daronne me l’a enseigné. J’atterris sur me genoux devant l’homme à l’écart des autres. Nous sommes face à une grande étendue de grands arbres.

Je suis accueilli avec une arme à feu sur la tête. Il semble être formé à tuer. Je ne peux pas me défendre, les six autres hommes derrière ont déjà leur armes en main. Je lève les mains et la tête.

Son regard est dans ses lunettes mais je sais qu’il me guette. Il tend la main libre et ouvre sa paume de main. Tout doucement, j’élève mon sac au dos et y retire la tablette. Le visage de la daronne s’affiche grandement sur l’écran.

Le monsieur lève la main, écarte ses doigts et ferme brusquement sa paume de main. Tous gardent leurs armes et se mettent à applaudir. La coup a été un réel succès. L’homme en face de moi répond au prénom de Jospin. Moi, je réponds désormais au prénom de Stella.

Jospin : tu ne vas pas rester sur le sol comme ça… La Daronne du pénitentiaire perdu des mers va piquer une crise si elle voit sa petite protégé à genoux devant moi. Pardon Tantine, faut te lever.

Il n’ai pas aussi sérieux qu’il en a l’air. J’en suis étonnée. Il me tend la main. Je la saisis et me relève. Il parle à la daronne avec le sourire aux lèvres.

Jospin : ma douce et dure maman

Daronne : j’espère que tu vas être sérieux. Cette femme va te couper le troisième pieds si tu essaie de le lui montrer. Tu es prévenu.

Jospin : heureusement que tu m’as appris que qui ne tente rien n’a rien. Bon… Dis nous ce qu’il y’a à faire. Stella est impatiente d’arriver à destination.

Daronne : amène là au manoir, qu’elle découvre son empire de la mode. Après tu lui présente sa petite surprise. Moi, je vais maintenant dormir normalement. Je suis très fatiguée.

Jospin : à ton âge tu fais même comment pour faire encore toutes ces choses ? Tu m’as déjà gagné.

Daronne : tu veux par la dire que je suis vieille ? Hein ?

Jospin : voilà comment les innocents sont condamnés. J’ai dit un truc pareil ? Hein Stella ? Tu es témoin, j’ai parlé ?

Je suis amusé mais indifférente. Je ne lui réponds pas, aucun regard. J’avance la tête haute, j’ai juste hâte de découvrir la suite. Il continue de vivre ce moment de joie avec sa mère jusqu’à ce qu’on arrive au manoir. Ha ! Ce manoir ! Il est trois fois plus grand que celui de mes parents. J’en suis étonné.

Pendant des secondes, je regarde de partout. En un laps de temps, je compte vingt caméras de surveillances cachés dans la broussaille qui borde le manoir.

Jospin est à mes côtés et semble savoir tout ce que je fais.

Jospin : je vois que tu as trouvé toutes les caméras. Maman ne rit pas avec la formation. Je lui donne les mains et mes pieds.

Une fois dans le manoir, je dénombre toutes les sortis de secours au calme. Pendant que Jospin me présente les différentes pièces, je rêve de mon retour triomphale. J’attends impatiemment ma fameuse surprise.

Jospin : bon, je vais te présenter la cuisine et ta chambre et ta douche et ton lit si tu veux… Je peux même…

Stella : commence par me montrer la surprise dont parlait la daronne.

Jospin : massa… On peut même rire avec toi ? Ça va alors… Allons voir ta surprise. J’espère que ça va au moins t’arracher un sourire. Au moins un.

Nous quittons le séjour du premier compartiment du manoir. Nous entrons dans un ascenseur qui descend avec nous pendant un bout de temps. Nous somme au plus profond du sous sol. Ce que je vois est époustouflant. Un laboratoire à la pointe de toutes technologies jamais vu. Tout y est. Autant d’armes que de gadgets. Je suis égayée même si je ne le montre pas.

Il me conduit jusqu’à cet écran virtuel énorme. Il fait passer ses doigts sur l’écran et le manipule quelques secondes. De là, on peut voir tout ce qui se passe au pénitentiaire. On a accès à toutes les cellules et à tous les bureaux.

Jospin fait défiler les images jusqu’à la cellule de la daronne. Elle dort paisiblement. Il éclate de rire et continue à défiler. Il s’arrête à ma cellule.

Ce que je vois est juste… Les mots me manquent. Je me vois assise sur mon lit. J’y suis, je suis au pénitentiaire.

Stella : mais… C’est… C’est moi là. Comment ?

Jospin : hé oui ma belle ! C’est toi… Mais non… Ne sois pas aussi bête. C’est toi que tu es devenue deux ? C’est ce qu’on appelle en science un sosie de laboratoire. Maman et moi l’avons fabriqué. Quand ce sosie va mourir, tu seras officiellement morte. On ne saura jamais que Anne DEBARDO s’est évadée comme une pro.

Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.