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Chapitre 4

Après m’être perdue dans le passé pendant quelques secondes, je reviens dans le present. Je tiens toujours fermement la nouvelle directrice de prison. C’est à mon tour de lui dicter mes règles de la prison. Je lui appuie la tête sur le sol. Elle a mal mais ce n’est pas mon soucis.

-maintenant je vais te dicter les règles de ma prison, lui dis-je. Ici tu es la directrice alors reste à ta place. Ton rôle c’est de donner les ordres alors donne tes règles sans faire de bruits dans mes oreilles. Moi, mon rôle c’est de faire respecter ces règles de gré ou de force par tous et même par toi.

Même si je sais que dans quelques heures je vais quitter cet endroit, ça me fait plaisir de faire peur à la nouvelle venue. J’hausse le ton pour que toutes les autres entendent ce que j’ai à dire.

-ici, si je décide qu’une détenue doit passer une semaine en isolement, elle va passer une semaine en isolement. Si je décide que le jour de libération d’une détenue n’est pas son jour de libération alors ce n’est pas son jour de libération. Si je décide qu’une gardienne doit être relevée de ses fonctions et emprisonnée, alors on exécute. Une dernière chose, si je remarque un tant soit peu que la directrice reçoit des pots de vins pour nuire aux détenues, je la tue.

La directrice n’a pas peur de moi. Elle est différente des autres, ça témoigne de son honnêteté. Je faibli un court instant, la situation est renversée. Je reçois un coup de pied entre les jambes, je suis basculée sur le sol. Elle monte sur moi et me roue de coup sur le visage. Au troisième coup j’arrête son point, un coup de front sur son nez et il éclate de sang. Personne ne nous sépare, personne ne crie et personne ne s’approche. Après cinq minutes de lutte, nous sommes toutes les deux assises en face l’une de l’autre. On se regarde, on s’est comprise. Personne ne souri, personne ne pleure.

Directrice : alors c’est toi la prisonnière dont parle tous les pays. Mais tant qu’on n’y est, comment es-tu arrivé ici ? Es-tu innocente comme toutes celles qui sont ici ? Quel est ta part de chanson ?

Je sais qu’elle ne me croira pas mais l’envie de lui raconter ce qui m’a amené là me traverse l’esprit.

-si je te raconte mon histoire et que tu me traites de menteuse, ça va devenir autre chose.

Directrice : tu es tout, sauf une menteuse.

Je commence l’histoire à ce jour où je suis arrivé à la prison Centrale de ma ville. Je lui compte mon aventure à la clinique et mon accueil violent en prison.

Après avoir pleuré pendant des heures, je m’étais calmé et j’avais trouvé un brin de sommeil dans un coin de la cellule. Le lit qui m’était réservé m’avait été arraché par la détenue qui m’avait violenté. Je ne pouvais qu’accepter, j’étais faible face à ces grandes femmes.

Alors que je cherchais un moyen de prolonger mon brin de sommeil, une autre femme arriva vers moi. Elle se mit à mon niveau et me carressa la tête.

-tu es belle, murmura-t-elle. Tu me plais bien, tu sais ?

Je me couvris le visage avec mes mains. Je comprenais parfaitement ceux dont elle parlait. N’ayant jamais connu d’homme, je ne voulais pas vivre l’horreur avec une femme. Après m’avoir prévenu de ses intentions, elle m’avait laissé sur place.

Les jours qui suivirent n’avaient pas été des plus beaux. J’étais traitée dans cet endroit comme la pire des criminelles. Plus j’étais martyrisée, plus je devenait ceux dont j’étais accusée. Mon regard s’était ensanglantée à force de laisser fuir mes larmes.

Le jour de mon procès était arrivé. Pour la première fois depuis plus d’une semaine, on m’avait laissé prendre une douche. On m’avait fait porter des vêtements un peu plus présentables. Deux gardiennes m’avaient conduit jusqu’au tribunal où tous étaient déjà présent. La presse ne pouvait manquer cela pour rien au monde. L’affaire DEBARDO était la plus vive sur toutes les toiles.

Comme si j’avançais vers l’autel du mariage, je marquais mes pas, pleurant encore et encore comme depuis des mois déjà. J’étais insultée, on me crachait dessus. Les plus vieilles mes maudissaient, les jeunes se moquaient de mon éducation. Même l’avocat que la loi avait prévu pour moi n’était là que pour me noyer un peu plus. Une fois assise, j’avais tourné la tête de l’autre côté. Anne y était assise, ma petite sœur était près d’elle. Je pouvais lire la peur dans les yeux de cet enfant. Ses yeux avaient rougis, ses cernes qu’ils essayaient de cacher, moi je les voyais. Lucie ne voulut pas croiser mon regard. Elle baissa carrément la tête après avoir constaté mon état. Je pouvais ressentir ses sanglots, sa compassion.

Le procès commença, il y avait trois chefs d’accusation sur ma simple petite tête. Je devais porter en moi tous ces fardeaux, une croix qui n’était pas la mienne.

La peur de perdre la seule famille qui me restait me fit abréger le procès. Le juge posa son ultime question,

-que plaidez-vous, mademoiselle Anne DEBARDO ? Coupable ou non coupable ?

Je me tournai et regardai autour de moi. Je croisai le visage de bon nombre de connaissance. Je vis mes camarades de classe, je vis mes enseignants. Les gardes du corps de papa et le jardinier étaient là, aux côtés de mon bourreau. Je posai mon regard sur ma petite sœur. Mon cœur fit ce boom. Anne n’avait pas de parole mais pour faire du mal, elle ne perdait pas de temps. Je levai la tête vers le juge, il semblait être déjà corrompu. À haute voix, assez fort pour que le monde entier l’entende, je criai,

-je suis coupable ! Depuis mes parents jusqu’au docteur de la clinique, je suis coupable de leur mort. J’ai mis le feu chez nous en toute lucidité. J’ai poussé l’infirmière en toute lucidité.

Le procès n’avait plus lieu d’être. Tout avait déjà été dit. Après une brève pose, le verdict tomba. De sa bouche, je juge me condamna.

-puisque vous avez plaidé coupable, ça calme votre peine. Vous passez de la peine de mort à une peine à perpétuité dans le pénitentiaire perdu des mers. Vous êtes classé parmi les criminelles les plus dangereuses du monde. Le verdict est sans appel. Vous serez transférez au pénitentiaire dans une semaine jour pour jour.

Anne avait gagné. Elle avait eu ce qu’elle voulait. Tous avaient applaudi, tous avaient crié à la justice. Les avocats se saluaient, les éclats de rire sonnaient de partout.

Mes pieds avaient été enchaînés, mes mains menottées et reliées aux pieds.

Les gardiennes me tenaient par les deux côtés pour me ramener en prison.

Mon arrivé en là-bas était une horreur. Toutes les détenues applausissaient. Tout le monde était heureux du verdict. La justice des hommes était répugnante. Je savais que j’allais me relever mais mon cœur était encore faible.

Dans ma cellule, j’avais été ramenée. Cette fois c’était officielle. C’était fini pour moi. J’avais tellement pleuré, je m’étais lavée de mes larmes jusqu’à la tombée de la nuit.

Les autres filles m’avaient laissé tranquille. Cela était très étonnant. Je ne savais pas qu’elle me préparaient à une nuit de terreur. Même en prison, Anne avait payé pour que je sois torturée. Sa haine contre moi était de taille.

Alors que je cherchais mon sommeil dans mon coin comme d’habitude, je sentis une main glissée sur mon corps. Je me levai de suite. Une peur glaciale me passa sur le corps. Deux mains se posèrent sur mon dos et je fus pousser sur le sol. Tout était noir, il n’y avait pas moyen de voir quoi que ce soit. Je savais que c’était mes compagnes de prison. Elles ne parlaient pas mais leur respiration passait dans mes oreilles. Je voulus crier mais tout de suite j’eus une main sur ma bouche, les mains fermement coincées derrière les barreaux et les jambes dénudées, écartées. Je ne pouvais ni bouger, ni crier. Mon dessous m’avait été retiré, ma dernière innocence était sur le point d’être volée. Ne pouvant plus me battre, je m’étais laissé aller à ces femmes. Dans mon corps, elles avaient fait ce qui les passait par la tête. Objet ou main, je ne savais pas ce qui passait dans mon intimité.

J’étais encore calme jusqu’à ce que j’entende les grilles de la cellule s’ouvrir. Une petite lumière rouge me laissa voir un homme sans pantalon devant moi. Je me mis à m’agiter du mieux que je pouvais mais c’était peine perdue. Il arriva à mon niveau et fit ceux pourquoi il avait été payé.

Les yeux fermés, je voyais le visage de Anne se promener devant moi. Pendant tout le temps où mon pauvre corps avait subi ce supplice, je ne pensais qu’à Anne.

Au petit matin, les gardiennes m’avaient trouvé étendu par terre, les jambes dégoulinantes de sang. J’avais été transportée à l’infirmerie où on m’avait nettoyé et envoyé chez la directrice.

-qui t’a fait ça ? m’avait-elle demandé

Je n’avais pas de force pour lui répondre. La tête pendue sur mon épaule, je ne faisais que pleurer.

-tu m’as fait gagné une belle somme d’argent, ma petite. Je n’ai jamais touché autant d’argent. Je suis heureuse grâce à toi. De toutes les façons ta nounou veut que tu saches que c’était ton cadeau d’à dieu.

De retour dans ma cellule, toutes les autres détenues se moquaient de moi. Personne ne compatissait. J’étais retournée dans mon coin, attendant la suite des événements. Apparemment elles m’avaient déjà tout montré. Personne n’était passé à côté de moi jusqu’à la fin de la semaine. Je devais être transférée très tôt. À quatre heures du matin, on était en route.

La première destination était à douze heures de route pour la grande capitale où un vol à l’immédiat nous attendait. Personne ne s’était soucié de mon ventre, je mourrais de famine. Ce fut de cette façon que je quittai mon pays. Le vol dura quatre heures. On atterrit en hélicoptère sur la piste du pénitentiaire construit en pleine mer.

Au moins dans cet endroit, personne à l’extérieur ne pouvait avoir accès. Une fois entré, aucun détenu ne pouvait en ressortir sauf cas particulier. La majorité d’entre nous était condamnée à perpétuité.

Après mon petit récit au coin de l’oreille de la directrice, elle me sourit.

Directrice : alors c’est de cette façon que tu es arrivée ici. Quelle histoire !

Je regarde la directrice, elle semble me croire. J’en suis étonnée. Mon histoire n’avait jamais touché qui que ce soit mis à part la vielle Delphine, la daronne du pénitentiaire. La plus ancienne et la plus âgée.

Directrice : dis-moi donc, comment es-tu devenue aussi agressive ? Tu m’as l’air très forte. Tu m’as carrément démoli. Qu’est ce qui a fait de toi la lionne que tu es ?

-c’est mon bébé, répondis-je. Je continuerai une autre fois. Là c’est l’heure des médicaments de la daronne.

La directrice nous libère et s’en va dans son bureau. La daronne est étendue dans sa cellule comme depuis un bout de temps. Elle est malade du cœur, elle souffre depuis des années déjà. Ses heures de fin son proche et nous le savons. Elle tient encore à cause de notre plan pour me libérer de cet endroit. C’est ce soir que tout doit se faire.

Apres avoir laissé les autres dans la grande cour, je me dirige vers la cellule de la daronne Delphine. Celle à qui je dois ma nouvelle personnalité.

Comme toujours, elle tient un chapelet en main et glisse les parles une à une en murmurant des mots. Je m’assois à son chevet, je me frotte le visage pour essuyer la petite goutte de sang. La daronne Delphine me sourit, elle me tient la main.

Daronne : est-ce que tu es prête ?

-je ne sais pas, la nouvelle directrice ne va pas être facile. On devrait renvoyer ça à une autre fois. Je ne savais pas qu’on allait avoir une nouvelle directrice aussi tôt.

Daronne : tout a été prévu pour ce soir. Si tu ne sors pas aujourd’hui, on ne pourra plus rien faire demain. Au laboratoire tout est prêt. Il faut que tu le fasses ce soir.

-c’est d’accord ! Dis moi tout ma daronne.

Daronne : si tu fais exactement tout ce que je vais te dire, tu pourras très vite atteindre tes objectifs. Si tu es prête alors on se retrouve au laboratoire à minuit. J’espère que tu seras prête.

Sans lui répondre, je me dirige vers la cour. Je sais que ce qu’on prépare va nous coûter la vie si on est découvert mais je dois essayer. Condamnée à jamais dans cet endroit, sans pouvoir assouvir ma soif de vengeance, sans pouvoir revoir le fruit de mon viol, je ne peux accepter une fin comme celle-ci. J’ai confiance en la daronne même si je ne sais pas ce qu’elle prépare.

Je fais des tours, je monte et descends pendant des heures. Je ne veux pas continuer à penser à mon histoire. Ce qu’il y’a dans ma tête c’est le coup que je prépare.

La nuit tombe, tout le monde dort. La garde fait sa ronde toutes les dix minutes. C’est suffisant pour que je me rende au laboratoire de la daronne. Il sonne minuit, la piste est libre. Je noue mon foulard noir sur la tête et me glisse jusqu’à la cellule de la daronne. Tout comme moi, elle a un espace à elle seule. Une fois sur place, elle n’est pas là. Apparemment elle s’est avancée.

Avec ma petite torche, je cherche le bouton sur le mur. Je caresse le mur jusqu’au bouton qui y est encré et j’appuie dessus. Le mur s’ouvre suffisamment pour que j’y fasse glisser mon petit corps. J’entre rapidement et ça se referme derrière moi. Seules la daronne et moi connaissons l’existence de cet endroit. Nous avons mis des années à le construire au lieu de dormir.

Je longe le couloir. Un second mur s’écarte devant moi. J’y entre et me retrouve dans cette enceinte bleue lumineux. C’est le fameux laboratoire de la daronne, l’une des plus grandes chercheuses scientifiques du monde, emprisonnée par ses ennemis à cause de son son excès de connaissance.

Lunettes aux yeux, elle est assise devant un ordinateur fabriqué par elle-même avec des débris de téléphone portable. Non loin d’elle, il y’a un lit d’une place.

Daronne : nous n’avons que quelques minutes. Allonge toi sur le lit. J’espère que tu as bien mangé en journée, tu vas être un peu secouée.

Sans répondre, j’exécute.

Daronne : tes nouvelles pièces d’identité se trouvent dans le sous marin. D’ici, je vais diriger le sous marin avec mes machine jusqu’à ta destination. Là-bas, il y’a des gens qui t’attendent pour terminer tes formations… Ferme les yeux s’il te plaît.

Je ferme les yeux. Je sens un drap se poser sur mon corps. La daronne me dit que ce n’est que de la science. J’attends le résultat de cette science.

Pendant plus d’une dizaine de minutes, je sens une chaleur monter et descendre sur mon visage. Le drap est enfin retiré. J’ouvre les yeux, la daronne me souri.

Daronne : ce n’est pas trop ce que j’avais en tête mais ça va, c’est ce qu’il y’a sur tes nouvelles pièces d’identité.

-je ne comprends pas, qu’est-ce que tu as fait ?

Elle ramasse le miroir en face d’elle et me le tend. Je me mire, je suis bouche bée. Cette femme sur la glace, ce n’est pas moi. Ce visage n’est pas le mien. Comment a-t-elle pu faire une telle chose en ci peu de temps ? Quoi que, elle travaille sur ce projet secret depuis deux années déjà.

Daronne : désormais tu répondras au nom de Stella Djoums. Critique de mode et styliste. Tu as l’une des plus grandes agences de mannequinât de ton pays. Ce sera un honneur pour Anne Mboun de t’accueillir dans ses locaux pour que tu lui donnes ton avis sur les tenues de son entreprise.

Je suis prête pour mon aventure. Si la justice des hommes a refusé d’écouter ma version des fait, je compte bien la faire entendre de force. Après ma métamorphose, la daronne me donne les dernières directives.

Daronne : tu devras renouveler ton traitement après six mois. Tu vas donc devoir revenir ici dans six moi. Je n’ai pas encore trouvé la formule pour faire durer le visage pendant plus longtemps que ça. Aussi, tu dois prendre quelques comprimés toutes les semaines. Tu n’as pas intérêt à oublier. J’ai fait une vidéo de la façon tu peux renouveler le traitement au cas où je ne vis plus assez longtemps.

-c’est compris, daronne. Je crois que je dois y aller. Bientôt on va se rendre compte de notre absence.

Daronne : j’ai laissé une tablette dans le sous marin. On l’utilisera pour communiquer. Je te donnerai la suite des instructions au fur et à mesure. Maintenant, va et arrache de gré ou de force ta justice.

La daronne frappe des mains et une porte en verre donnant à mon sous marin s’ouvre au coin du mur. Une combinaison complète est mise à ma disposition. Je suis recouverte de la tête aux pieds avant de rejoindre mon moyen de transport.

J’entre dans la petite boule ovale, ceinture de sécurité et oxygène branché, je suis prêt. Depuis son ordinateur, la daronne verrouille l’engin maritime et le propulse dans l’eau.

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