Chapitre 3
Un violent coup à l’épaule me fait revenir au présent. Je ne bouge pas d’un pousse. Je plonge mon regard dans celui de la nouvelle directrice qui m’a donné le coup. Elle flaire de la rébellion en moi, parmi tant d’autres elle s’arrête sur moi. De la tête aux pieds, elle me dévisage.
-comment on t’appelle, détenue ? Me demande-t-elle avec fureur.
-vous venez de le dire, je m’appelle détenue.
Sans esquisser le moindre sourire, sans présenter un air méprisant, je lève haut la tête et rencontre les rayons de soleil qui entrent profondément dans mes yeux. Cela ne me gêne guère.
Offensée, la Directrice me fait sortir des rangs. Sans riposter je me mets sur mes genoux comme elle l’impose. Une gardienne avance vers nous.
-Madame, je vous conseille de ne pas chercher des noises à cette détenue, dit-elle à la nouvelle directrice. Elle n’est pas comme les autres.
Directrice : ici c’est moi qui commande et quand je pose une question, on doit me répondre. Ici je donne les ordres et on doit les respecter. Je ne suis pas venu montrer mes dents avec vous et surtout pas à cette petite chose, en me pointant du doigt.
Toutes les autres détenues se reculent, les rangs sont detruits. Elles savent ce qui va se passer. Les gardiennes prennent du recul. Je suis sur mes genoux, la directrice est devant moi et continue de râler.
Directrice : si ici vous ne connaissez que l’indiscipline, je vais remettre chacune à sa place. Si je pose une question, vois devez me répondre.
Je suis toujours sur mes genoux. Je m’appuie sur un genoux, flexion extension et je libère un pieds que je tends. Une rotation violente du pied libéré autour d’un angle de quatre-vingt dix degrés tarcle les pieds de la directrice qui se retrouve à terre. D’un seul bond, je me relève et la rejoint. Pieds et poings liés, elle ne sait pas à quel moment elle a été neutralisé. Toutes sont calmes, elles attendent ce que je vais faire de celle-ci.
Directrice : mais… Mais qui es-tu ?
Cette question me propulse une fois de plus dans le passé. Cette même nuit, où j’étais étendue sur le sol de la pièce noire après avoir vu le feu consumer mes parents. À cet instant je m’était demandé qui j’étais. Je m’étais posée cette question encore et encore jusqu’à ce que des fissures de lumière se mettent à entrer dans la pièce. La nuit était passée et le jour se levait. Je repensais à ce que papa avait dit. Je pouvais apercevoir le pneu dont il m’avait parlé. Sans bouger de ma position, je faisait balader mes yeux dans la petite pièce. Papa pensait que personne ne connaissait son existence, à part sa femme et lui.
Par moment je voulais remonter pour voir ce qu’il en était de mes parents mais ce que j’allais voir là-haut n’était certainement pas des plus beaux. La peur au ventre, je décidai de suivre les dires de papa. Je me levai et allai jusqu’au pneu. Je fis passer mes doigts en dessous et ramassai la clé.
La porte était en planche. Je me demandais bien où j’allais sortir. Si seulement je savais ! Je tournai la clef deux fois et ouvrit la porte. La lumière du jour m’aveugla, elle me fit penser à ce feu de la veille. Je ne pus le supporter, je me mis à hurler, à m’agiter. Je n’avais sur moi que le reste de ma robe. Mes cheveux étaient dans tous les sens, j’étais à l’image d’une folle. Alors que je me trimballais sur le sol, une voix arriva à mes oreilles.
Anne : elle est là, venez, elle est là. Voici la petite Anne, venez vite.
Une rage monta et envahit tout mon être. J’ouvris les yeux, elle était juste devant moi. Je me levai de suite. Mon regard se posa sur le sien. Elle pleura en avançant vers moi.
Anne : ma petite chérie, reste calme s’il te plaît. Ce n’était pas de ta faute, tu ne l’as pas fait consciemment. On va te guérir, je vais tout faire pour que tu sois guéri.
Je pensais devenir folle. Je ne comprenais rien à ce qu’elle racontais. J’ouvris les yeux, elle était là, pleurant à chaude larme. Lucie était à ces côtés, pleurant tout autant. En un rien de temps, les médias arrivèrent, tous ceux du pays. Ils avancèrent tous vers moi. Des questions se mirent à pleuvoir dans tous les sens.
-est-il vrai que vous êtes une drogué ?
-dites-nous mademoiselle DEDARDO, est-il vrai que vous avez mis le feu sur vos parents dans un excès de colère parce que votre père a chassé tous les invités de votre fête d’anniversaire ?
-on dit que vous êtes devenu folle, le confirmez vous ? Êtes-vous consciente que vous avez tué vos parents ?
Anne quitta sa position, elle courut comme une mère désespérée.
Anne : laissez ma petite, laissez la tranquille. Elle est malade, on va la soigner. Elle n’a pas fait tout cela consciemment.
Elle me prit et me serra dans ses bras. Son odeur répugnante envahit tout mon être et fit naître en moi une colère féroce. Je la basculai violemment par terre, je sautai sur elle et me mis à la rouer de coups sur le visage.
-c’est toi qui a brûlé mes parents, criais-je. C’est toi, tu as tué papa et maman. Tu es un monstre, tu es le diable. Je vais aussi te tuer, je vais te brûler vive. Je vais te détruire, sorcière. Tu es un être démoniaque.
Les journalistes filmaient. Anne obtenait ce qu’elle voulait. Elle me faisait passer pour une folle, pour un monstre. La police arriva et m’arracha. Je faisais tout pour me sortir des bras de cet homme en tenue, je me débattais de toutes mes forces. Je voulais en finir avec Anne, je voulais qu’elle subisse ce que je venais de subir.
Anne : c’est une folle… Amenez la loin de nous, elle veux aussi nous tuer, elle l’a dit. C’est une criminelle, elle doit être Enfermé. C’est le diable, c’est un monstre. Oh mon Dieu ! Elle m’a fait mal. Partez avec elle.
Je rugissais comme un animal. Même la police me neutralisait à peine. J’avais été menottée et enfouie dans leur voiture. On avait pris la direction du poste de police.
Je ne cessais de râler dans la voiture. Personne ne pouvait comprendre ce qui m’arrivait. À croire que Anne avait tout prévu. Tout avait été écrit des années avant. Cet être était entré dans nos vies depuis ma naissance juste pour nous détruire. Même la justice ne pouvait rien contre moi. Elle était déjà de son côté.
Alors que je me morfondais, faisant ce deuil imprévu, l’un des agents de police à mes côtés sortit un mouchoir de sa poche. L’autre me tint fermement et je fus étouffée avec le mouchoir qui dégageait un parfum assommant. Je perdis connaissance.
Dans ce sommeil forcé je tombai dans un rêve. Ma famille était là, heureuse. Mon anniversaire s’était bien passé, la paix était au rendez-vous. J’étais placé devant un miroir et je voyais maman de l’autre côté. Elle était dans son atelier avec papa. Lucie et moi étions dans la chambre, à défaire mes cadeau. Tout était beau.
Soudain une main se posa sur mon épaule. Je me retournai et mon regard croisa celui du jardinier.
-tu rêves ma petite, tout est déjà fini. Tu les as brûlé, tu as abandonné Lucie et tu es Enfermé chez des fous comme toi. Ce que tu vois là, c’est ta vie en miroir. Malheureusement dans la réalité tu es un monstre.
Folle de rage, je lui sautai dessus. Je voulus le rouer de coups mais mes mains ne se libérèrent pas. J’étais comme attaché sur moi-même. Dans mon élan de fureur, je me réveillai brusquement, je cœur battant fortement. Je roulai sur moi-même jusqu’à ce que je tombe de ce lit. J’étais dans une salle complètement blanche. J’étais vêtu de blanc. J’avais été nouée sur moi-même. Je me mis à m’agiter dans tous les sens. Je me demandais combien de temps j’avais passé dans cet endroit.
Je me calmai lorsque j’entendis des pas venir vers moi. Deux voix féminines échangeaient. Celle de Anne sonnait plus dans mes oreilles.
Anne : je crois qu’elle est prête pour y aller. Elle a déjà atteint la majorité. On doit l’envoyer en prison. Ça fait un an qu’elle est ici.
Un an, une année dans cet endroit. Si ma vie était déjà un film, là je vivais dans l’irréel. Comment j’avais pu vivre là pendant une année ? D’après les dires de Anne la prison m’attendais. Si je devais aller en prison, je voulais que ce soit pour un vrai motif. Je restai calme et attendis.
La porte s’ouvrit, j’étais assise comme si de rien n’était. L’infirmière entra mais ne s’approcha pas de moi. Elle avait remarqué que j’étais consciente. Elle me tira dessus avec un petit pistolet, un liquide s’injecta dans mon corps. En moins de quelques secondes, j’étais désormais assise de corps mais je ne pouvais bouger aucun membre. Je voyais et entendais mais rien de plus. Elle me détacha les mains.
Anne entra, toute élégante. Elle avait sur elle les vêtements de haute couture, elle vivait son rêve. Je voulais la déshabiller mais c’était impossible.
-apparemment elle est bien consciente aujourd’hui, s’écria l’infirmière. À voir ses yeux, elle sait très bien ce qui ce passe et entends tout.
Anne : ça veut dire qu’aujourd’hui elle va bien m’écouter alors. Bon, commençons.
L’infirmière s’en alla.
Anne : quand tu vas sortir d’ici, c’est la prison qui va t’accueillir. Tu iras directement dans les grandes prisons. Sauf qu’ils ne veulent te donner que dix ans, je veux que tu en prennes à perpétuité. Je ne veux pas ce que tu vas sortir de prison pour m’embêter. Ceci dit, tu dois absolument dire devant la cour que tu étais consciente et que tu as tué tes parents intentionnellement.
Elle poussa un soupir en enlevant de son sac-à-main son téléphone portable. Elle le posa sur mes pieds et lança la lecture d’une vidéo. J’y voyais la petite Lucie, attachée sur un lit avec des hommes à poil devant elle.
Anne : ce qui se passe c’est que si tu ne fais pas les choses comme je le dis, ta sœur va être violée par ces hommes qui n’attendent que mon signal. Elle va souffrir autant de fois que tu vas me désobéir. Tu sais que je n’ai pas de cœur, je suis capable de faire de sales choses à ta petite sœur comme je suis capable de lui donner la vie de ses rêves. Fais juste ce que je te demande de faire. Commence par te comporter comme une personne normale.
Anne plongea à nouveau sa main dans le sac et y sortit une seringue pleine d’un liquide. Elle me prit le bras et m’injecta. L’infirmière entra.
Anne : c’est fait, dites moi comment ça va fonctionner.
-la directrice de la clinique est déjà sur le balcon. Quand Anne va la voir elle va la prendre pour vous. Dans une heure le remède va faire son effet. Si jamais ça se passe comme nous l’avons prévu, elle va pousser la directrice par-dessus le balcon. Après ce meurtre alors qu’elle est bien guérie d’après les documents signés par la directrice, elle pourra facilement être condamnée pour toujours.
Anne : amenons-là donc jusqu’au balcon. Il ne reste plus que trois minutes pour qu’elle revienne à elle.
La marionnette que j’étais fut conduite jusqu’au balcon. Il y avait cette dame souriante. Elle semblait être heureuse de me voir sur pieds. Je voulais la supplier de s’en aller mais elle venait vers moi. Elle me tendit la main, elle me prit dans ses bras.
-à ce qui paraît tu guéri déjà, ma petite.
Plus elle parlait, plus je voyais le visage de Anne se former. Nous avançâmes jusqu’au balcon. Elle me tenait par la taille. Les trois minutes s’étaient écoulées et je ne voyais plus que Anne en face de moi. Mes mains pouvaient bouger, mon corps me répondait.
-tu as tué mes parents, lui lançai-je
-quoi ?
Sans y réfléchir à deux fois, je la saisit par les cheveux. Elle criait et suppliait, je repensai à mes parents qui hurlaient ce soir la. Je la poussai par-dessus le balcon en pensant que c’était Anne.
Je souris, j’eclaitai de rire.
-j’ai enfin vengé mes parents, je les ai vengé.
Au même moment, la police et les médias arrivèrent. Des commandos de forces armés m’encerclèrent. Dans tout le pays, j’étais la criminelle la plus redoutable. Les effets du médicaments injectés sur moi se dissipèrent. Je me rendis compte de ce que je venais de faire. Tout devint claire dans ma tête depuis mon réveil jusqu’à cet instant. Tout s’était passé tellement vite. Je voulus faire un scandale mais la vidéo de ma petite sœur sur ce lit se mis à me hanter. Je me calmai.
Je m’assis sur place. Je pleurai, ma vie n’était plus rien. Cette fois je fus transportée directement à la prison centrale de la ville en attendant mon jugement final.
Tous me craignaient. J’étais détestée. Tous m’avaient condamné, personne ne croyait en mon innocence. J’avais été déshabillée. De vieux vêtements sales m’avaient été donné par une gardienne de prison. Mon identification avait été faite. Ils avaient pris mes empreintes avant de me conduire la où se trouvait les autres détenues. Sur le couloir donnant à ma cellule, la gardienne me faisait un briefing de mon séjour.
-c’est ici que les monstres comme toi doivent périr. Je ne sais même pas si tu vas survivre. Ce qu’on va te faire ici hein… Mieux je te laisse découvrir. Tu vas apprendre que les parents sont précieux.
Une fois devant ma cellule, elle me poussa et j’atterris sur une détenue. Celle-ci se tourna vers moi, leva mon visage et me remarqua de suite.
-c’est la sorcière qui a brûlé ses parents parce qu’on n’a pas fêté son anniversaire.
Au terme de sa phrase, elle ferma le poing et me donna un violent coup sur le ventre avant de ma propulser sur les barreaux.
J’avais tellement mal que je me mis à pleurer de toutes mes forces. Je voulais que cette horreur cessâ, je n’avais rien fait. Je n’avais pas à subir tout cela. Ce n’était pas moi la coupable mais qui allait me croire ? Tout comme mes parents, ma justice m’avait été arrachée par la même personne.
Je compte bien me rendre justice, quoi qu’il m’en coûte. Ma vengeance est fondée, mon mépris pour cet être et ses acolytes est bien réel. Chaque jour je me forge un peu plus, j’enflamme mon épée pour le jour-j. Il n’y aura aucune pitié.