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Un dur caractère

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leshistoiresde MP
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Résumé

Je suis ce que je suis. Le sourire fait partir de mes ennemis. La joie m’est répugnante, le bonheur a horreur de moi. Je vis au fin fond d’un trou, dans les abîmes de mon existence. Je me dis que je suis à ma place. Le sommeil me rend rarement visite. Comme le monde, il me fuit... Et pourquoi? Vous le saurez!

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Chapitre 1

Je suis ce que je suis. Le sourire fait partir de mes ennemis. La joie m’est répugnante, le bonheur a horreur de moi. Je vis au fin fond d’un trou, dans les abîmes de mon existence. Je me dis que je suis à ma place. Le sommeil me rend rarement visite. Comme le monde, il me fuit.

Les bonnes manières ne font pas partir de mon quotidien, la paix et moi sommes en geurre. À qui la faute ? Je suis crainte de tous, même de mes chefs. Mes ordres touchent le sommet pourtant je suis tout en bas.

Depuis le fin fond de ma prison, je soupire, je tousse, je m’étire. J’amorse ma dixième années dans ce trou à rat auquel je me suis habitué avec le temps. Je pense m’y être habitué.

Les yeux fermés, les écouteurs au oreilles, de vagues chansons frôlent mes lèvres, je me ressaisis de suite. Chanter me rendrait certainement faible. Je dois toujours m’hisser très haut. Tous me respectent et me vénèrent. Je seme la terreur, je fais régner l’ordre. Quelle paradoxe ! C’est pourtant ça ma vie depuis mes vingt ans.

Ettendu sur ce lit en fer d’une place, je replonge dans mes souvenirs. Ça fait longtemps que ma larme a tari, je ne sais même plus pleurer mes morts. J’ai cessé de me dire que je suis seule au monde, il n’y a plus rien à faire pour moi.

Je repense à ma vie de princesse, une vie de joie et de paix. Mon petit nid d’amour ne souffrait de rien. À la place de ce contre-plaqué sur lequel mon dos peine à trouver repos depuis des années, j’avais un matelas rebondissant recouvrant le lit le plus grand. À la place de ces quatre murs moisis et crasseux, j’avais un thème rose pétillant sur les murs de ma chambre. À la place de cette tenue maronne dont on peut compter le nombre de tours dans l’eau, j’avais les robes cousues par le plus grand tailleur de tous les temps. Mon homme, mon âme sœur, mon doux père. J’étais une princesse qui ne se souciait de rien, qui ne réclamait rien à la terre. Comme quoi la vie est ironique.

J’ai été enfermé à fleur d’âge pour ce crime, pour cette horreur dont j’ai toujours été innocente mais jamais cru, pour cette abomination montée de toute pièce pour renverser l’empire de mes pauvres parents. Comme si c’était hier, je m’en souviens. Je ferme les yeux et ce feu me consume. Tous les jours de ma vie, cette histoire fait une remontée comme de la nourriture mal digérée. Le tout remonte jusqu’à la bouche. À chaque fois je dois ravaler. C’est mon histoire, je ne puis m’en débarrasser.

Malgré moi, je me trouve en train de me raconter à nouveau cette histoire au lieu de dormir. Dans ma tête je remonte le temps à dix années plus tôt, au jour de mon vingtième anniversaire. Le jour qui était sensé être l’un des plus beaux de toute ma vie.

Mes parents avaient après de nombreuses supplications, accepter de m’organiser un grand anniversaire. Le jour-j, j’étais allongé dans mon lit douillet. Il venait de sonner six heures du matin. Seul la lumière qu’emetait l’écran de mon téléphone portable illuminait la chambre. Je m’assurais que mes invités devaient tous être de la partie. J’avais invité toute ma salle de classe. Je faisais la classe de terminale. J’étais la plus brillante.

Pendant que je faisais bouger mes doigts sur l’écran de mon petit cellulaire, un ‘’toc-toc’’ à la porte me fit sursauter. Je savais déjà de qui il s’agissait. Je fis vite de garder mon téléphone et de plonger sous la couverture. Un léger sourire au coin des lèvres, j’attendais impatiemment que ma porte s’ouvrît. Ce qui fut fait. J’entendais les pas s’avancer vers moi. J’avais envie de sauter du lit. Je n’en pouvais plus. Je me levai brusquement. Ce petit être me sauta dessus. Ma toute petite sœur de sept ans. Elle me hurla un ‘’joyeux anniversaire’’ inoubliable. Sans avoir allumé, ma mère m’arracha du lit comme si je fut encore un bébé. Elle avait la larme au coin de l’œil.

Maman : comme tu grandis vite, mon bébé. Tu deviens une femme déjà. Puisse le tout puissant te combler ma petite chérie.

L’interrupteur fit un clic. Papa venait d’allumer. De nature réservée et non partisan de ces fêtes de gauche à droite, ça se voyait bien que papa était là sous la demande de maman. Il fit le plus grand des efforts pour me souhaiter les meilleurs vœux.

Papa : tout ça pour me finir les économies. J’espère qu’après cette fête tu vas sortir première de ta classe. Sinon tu peux dire adieu à tout ça.

Quittant les bras de maman, j’allai plonger dans ceux de mon père. Il était comme ça et on n’y pouvait rien. Il avait sa vision du monde, cela ne le rendait pas moins aimant. C’était certainement l’homme le plus stricte mais chacune de ses règles étaient constructives. À sa manière, il nous démontrait et nous témoignait son amour pour nous. Nous savions que nous étions les reines de son cœur même s’il ne nous l’avait jamais dit.

Homme très influent, il avait la plus grande agence de mannequinât du pays. Il était parti de simple couturier de quartier à chef de la couture. Aux côtés de sa femme, il avait élevé le monde de la mode. Leur entreprise était de renommée mondiale. Homme d’affaires comme star faisaient appel à ses services pour éblouir les yeux du public dans une tenue digne de leur titre. À mon jeune âge, maman me formait déjà à prendre les reines de l’entreprise au moment venu. Je maîtrisait déjà tous les secrets de la couture. J’apprenais tellement vite que mon père en était heureux. Il était néanmoins heureux pour moi-même s’il avait toujours son air grognon.

Quelques secondes dans ses bras avaient suffi pour lui arracher un petit sourire. J’avais remarqué qu’il était déjà en veste.

-il n’est que six heures du matin papa, tu vas déjà au service ?

Il m’avait frotté les cheveux avant de me répondre sèchement.

-tu crois que c’est avec les cailloux que ta fête s’organise ? Évitez de mettre trop de sel dans mon repas, je sais que si ça ne tenait qu’à vous, la nourriture serait faite de sel uniquement.

Nous étions habitué à son tempérament. C’était un homme africains des premiers temps. Il avait encore et toujours la pensée de ses pères. Ma mère esquissa un sourire sans répondre. Ils se parlaient avec les yeux, je me disais qu’ils se faisaient des au revoir en l’air. J’étais loin d’imaginer ce qui se passait réellement.

Papa s’en alla. Maman fit sortir la petite et me prit sous son aile. C’était parti pour une bonne heure de conseil que j’écoutais d’une oreille très attentive et mettait en application du mieux que je pouvais.

Dans le creux de ses bras, je me laissait bercer par ses mots.

Maman : tu es mon tout premier marché. Tu es le fruit de mon union avec ton père. Sur toi j’ai mis tellement d’espoir que je ne puis moi-même estimer. Je veux que tu sois sage ma petite.

Elle poussa un soupir avant de reprendre.

Maman : là dehors il y’a des prédateurs, je te le dis toujours. Il y’a cette qualité de personnes qui ne pensent qu’à une chose, détruire les autres. Ces gens ciblent beaucoup plus les jeunes personnes ayant un avenir prometteur. Tu es une cible pour eux. Sois sage ma fille. Plus tu grandis, plus tu plaîs. Il faut avoir l’œil du focon, ouvre grand les yeux pour pouvoir cerner.

Plus elle parlait, plus je m’enfouissais en elle.

Maman : ton père et moi avons batti cet empire partant d’un fil et d’une aiguille. Nous n’avions que ça. De maison en maison, on réparait les fissures sur les habits des gens. Nous gagnions juste assez pour rapporter un peu de sous à nos parents. Un peu un peu nous sommes arrivés au sommet. Nous avons mâché et vous allez avaler. Il faut juste savoir que si tu avales mal, ça te cale à la gorge. Rien n’est acquis ma chérie.

L’histoire de mes parents me pinçait toujours le cœur. Je voulais faire leur fierté. Je devais exceller dans mes études. Je voulais honorer mon père et porter son nom jusqu’au sommet. J’étais l’enfant exemplaire, l’élève intelligente et sage. Mes parents avaient de quoi être fière de moi. Sur tous les plans, j’avais été forgé. Même l’art culinaire ne m’échappait pas.

Après cette séance de mise à jour des conseils, on devait aller en cuisine. Notre nourrice faisait déjà du bon travail mais maman aimait être à l’œuvre et me voir à l’œuvre. Par moment elle donnait leur journée aux employés et je devais faire toutes les tâches de la maison. Elle m’apprêtais à affronter la vie sous tous ses angles. Si seulement elle savait !

Dans la cuisine les bonnes odeurs s’échappaient déjà. Tantie Anne avait déjà commencé sa bonne vieille magie. Elle mettait de l’eau à la bouche de tout le monde. Courbée devant le frigot, dos à l’entrée, elle fouillait et prenait les condiments dont elle avait besoin à l’instant. À mon arrivée, elle se tourna et m’ouvrit ses bras. J’y plongeai, la joie au cœur.

Anne : quand je pense qu’il y’a vingt ans à cette heure, ta mère avait déjà crié jusqu’à s’évanouir, lança-t-elle

Maman : mais nooonn Anne, la grossesse ne m’a jamais dérangé par la grâce. Il se dit que les premières grossesses sont très pénibles mais chez moi c’était tout autrement. Je n’ai même pas eu de nausés pendant mes débuts, tout était normal. Seul mon ventre témoignait de mon état. Même les contractions ne m’ont pas violenté. Sur la table d’accouchement j’ai fait à peine trente minutes.

Il s’en suivit un long débat sur les méthodes d’accouchement. Elles se retrouvaient dans des racontages concernant le caractère amère des sages femmes dans les hôpitaux. Toujours, tanti Anne et maman avaient été les meilleures confidentes.

Pendant qu’elles se racontaient leur expériences et celles des personnes qu’elles avaient entendu quelque part au marché, ma petite sœur, Lucie, et moi, allâmes contrôler les décorations. Il y avait des inconnus à la maison. Chacun était occupé à sa tâche. Je recevait des joyeux anniversaire lancés depuis le jardin par le jardinier ou depuis le plafond par le décorateur. Par moment, j’étais invité à dresser une ou deux tables. Cela m’enchantait de le faire.

Malgré ma petite taille, je ne passais pas inaperçu. Ma bonne humeur était contagieuse. J’étais excitée pour ma fête. Je ne tenais pas une seconde sur place. Je montais et descendais, ceux jusqu’à l’heure de la fête.

La nuit était déjà tombée. Tout devait commencer à vingt heures, heure de retour de papa. Depuis l’entrée du manoir jusqu’au séjour, tout brillait. Les lumières de toutes couleurs accueillaient les invités. Placée derrière le rideau du couloir donnant au séjour, je pouvais voir tous les invités arriver. Depuis mes camarades jusqu’aux voisins en passant par les employés de mes parents, tous avaient honoré l’invitation. Mon sourire était des plus larges. J’étais heureuse de les voir grignoter avec appétit les apéritif de tanti Anne. Pendant que je guettais, une main me saisit le bras par derrière. J’eus un moment de sursaut. C’était maman.

Maman : tout le monde est déjà habillé. Ton père est déjà en route pour le manoir. Toi, tu n’es pas encore prête.

-allons-y maman, allons mettre ma robe. Je suis trop heureuse maman. Je suis tellement heureuse.

Elle baissa la tête et la releva de suite. Elle posa sa paume de main sur ma joue avant de me dire ces paroles dont les sens m’avaient échappé sur le moment.

Maman : profite bien de ce jour ma chérie. Parfois on a plus jamais l’occasion de revivre de tels moments. Profite bien de nous. Sois heureuse au maximum. Demain, tout sera terminé.

J’avais la tête sur la fête, sur ma robe. Je n’avais pas mis l’accent sur ce que maman venait de dire. Nous avions pris la direction de ma chambre, toutes heureuses. Dans ma chambre, la petite Lucie était déjà bien emballée dans sa longue robe jaune, thème par excellence de ma soirée. C’était à mon tour.

J’étais devant le miroir avec maman elle décorait mon corps de cette robe blanche aux fines dentelles jaunes en bordure qu’elle avait faite juste à ma taille. J’étais habillée comme ces top modèles. Maman s’occupait personnellement de moi. J’avais ressenti cette particularité dans sa façon de faire, comme si c’était la dernière fois qu’elle prenait soin de moi.

Au séjour les invités arrivaient seul ou en couple. Parfois toute une famille débarquait. Depuis ma fenêtre, je pouvais les distinguer dans le jardin. C’était assez illuminé.

Un grand klaxon à l’extérieur avait fait ouvrir le portail. J’avais tout de suite distinguer la voiture noire de papa. Il y était sorti avec quelques uns de ses collègues. Comme toujours, il ne souriait pas. Sauf que cette fois, l’expression sur son visage faisait peur. J’avais pris cette sensation sur mon dos comme un excès d’imagination.

Nous étions prêtes pour nous rendre au séjour. On avait fait un tour à la cuisine pour contempler à nouveau l’immense gâteau réalisé par les plus grands pâtissiers. J’étais comblée.

Maman : les invités s’impatientent. Nous devons déjà les rejoindre.

Alors qu’on allait vers le séjour, deux hommes nous intersectèrent au couloir. Leurs visages nous étaient inconnus. Ils souriaient. Je m’attendais à des vœux de bonheur. Je répondais à leur sourire. Maman passa de suite et se mit devant moi.

Maman : qui êtes vous ? Où allez-vous ?

Ils s’arrêtèrent. Un bruit de verre cassé atteignit nos oreilles depuis le séjour. Je pouvais lire la peur sur les gestes de maman. Un cri, deux et puis une crise de panique se déclencha au séjour. Les invités s’affolaient et semblaient s’en aller à la hâte. La peur avait envahi tout mon être, je respirais rapidement et fortement. Maman hurla,

Maman : mais ils ont dit qu’ils allaient au moins nous laisser organiser la fête. C’est quoi ça ?

Je me mis à grelottter dans ma robe. Qu’arrive-t-il à ma fête ? Je n’y comprenais rien. Le premier homme, le plus costaud, saisit ma mère par les cheveux. Je criais, je pleurais.

-maman, maman, qu’est-ce qui se passe ? Laissez ma mère.

Le deuxième me tira contre lui. Tous deux nous trainèrent jusqu’à la cuisine. Tanti Anne y était assise. Elle leva la tête et pointa son regard vers ma mère. Toute soucieuse, ma mère lui lança en larme,

Maman : sors par derrière, s’il te plaît il faut fuir avec ma petite Lucie. Partez, partez. Amène la avec toi, Anne, sauve ma petite.

Deux jeunes hommes arrivèrent à leur tour. L’un d’eux tenait Lucie par le bras.

Maman : non, non, laissez mes enfants. Elles n’ont rien fait, laissez mes enfants, supplia maman.

Curieusement, personne ne touchait à tanti Anne. Elle semblait n’éprouver aucune peur. On nous mis toutes les trois ensemble. Maman nous prit dans le creux de ses bras. Je pouvais entendre sa prière. Tanti Anne avança jusqu’à nous, elle sourit.

Anne : nous y sommes ma belle, se moqua-t-elle, nous y sommes. Que la fête commence… Allez chercher le chef de famille. Il faut que tous soient réunis.