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Je me suis toujours imaginée ce que je ressentirais si je t'embrassais. A trois ans, je trouvais ça répugnant. A dix ans, je me disais que ça pourrait être rigolo d'essayer. A quinze ans, je rougissais à l'idée de tes lèvres sur les miennes. Mais jamais je n'aurais pu imaginer que je me découvrirais dans tes bras. Tu es ce que je préfère chez moi.
Jamie : Ramenez vos fesses au bar, on vous attend.
Jamie : t'es où ? J'ai besoin de ma copine de boisson alors grouille toi !
Nico: Je ne sais pas ce qu'elle a mais Jamie est intenable. On a besoin de toi pour la canaliser, rejoins-nous au Sick one !
Mon téléphone tremble toutes les deux minutes. J'ignore quelle mouche a piqué Jamie mais elle semble déchainée ce soir. Avec Sam, ils ont insisté pour que nous nous retrouvions afin de fêter le succès des garçons au festival. Je les soupçonne d'utiliser ce prétexte pour jouer les commères puisque je n'ai pas donné signe de vie depuis que nous avons quitté les coulisses mais semblait si emballé à l'idée de trinquer avec nos amis que je n'ai rien dit.
Je ne sais pas ce qui m'arrive depuis vendredi soir. Enfin... j'ai bien une petite idée mais la vérité c'est que je me surprends moi-même. Je ne papillonne plus dans tous les sens, je ne passe plus mon temps à grogner ou à stresser pour rien. Non, je me sens simplement bien. Apaisée. Et bon sang, ça fait du bien ! J'ai rarement été bénie par ce sentiment ; mes rares souvenirs sont enfouis dans ma mémoire défaillante mais ils convergent tous vers le même garçon aux yeux bleus. Le garçon pour qui j'ai fait un effort vestimentaire ce soir. Le garçon pour qui j'ai accepté de sortir alors que tout ce que je voulais, c'était me blottir contre son torse et écouter de la musique.
Un dernier coup d'œil au miroir et je suis prête. Lorsque je rejoins dans l'entrée, je suis happée dans l'intensité de son lagon. Ses pupilles rétrécissent imperceptiblement à mesure qu'elles se posent sur mes jambes nues, remontent le long de mes cuisses tremblantes, goûtent ma robe fluide, caressent ma poitrine et terminent leur voyage sur mes lèvres. Mes lèvres qui ne peuvent plus se passer des siennes.
fait un pas en avant ; j'hoquète de surprise. Son visage est pratiquement illisible tant les émotions qui le traversent sont nombreuses mais la seule chose qui m'aveugle c'est son désir. Il n'est pas brut, il n'est pas animal, il n'est pas non plus démesuré. Il est simplement... hypnotisant. Flamboyant. Tendre. Fiévreux. Doux. Il est plein de promesses, de celles qui repaissent cette confiance que je n'ai jamais eue. Dans ses yeux, je me sens belle. Et emmitouflée contre son corps chaud, j'arrive même à le croire un instant.
-Viens par là.
Telle une ado un peu gauche, je titube jusqu'à ce que ses grands bras m'encerclent, toujours prisonnière de cet azur qui présage de beaux lendins. Son index s'enroule autour d'une de mes mèches bouclées qui encadre mon visage tandis que son autre main se déploie autour de mon cou. J'aime ce geste qu'il esquisse depuis que je me suis livrée à lui, le bout de ses doigts qui s'abreuvent des pulsations de mon pouls comme s'ils repoussaient la barrière de nos peaux pour se gorger de l'essence même de mon organe vital. Alors une fois n'est pas coutume, j'ai relevé mes cheveux. Je n'aime pas particulièrement exposer mon visage de la sorte mais le feu que je lis dans le regard du beau brun balaie toutes mes inhibitions. Ou presque.
-Tu as décidé de me rendre fou ce soir ? susurre-t-il de ses lèvres indécentes qui mordillent déjà la volute de mon épaule.
-Peut-être bien...
Je m'éloigne de ses baisers charnels pour retrouver un peu mes esprits. J'attrape les clés de la voiture puis je fais signe à de me suivre. Je sens son regard brûlant redessiner ma silhouette. J'ai hâte que la soirée se termine une nouvelle fois dans ses bras. Je m'installe au volant et mets le contact lorsque grimpe à côté de moi.
-Tu es sûre que tu ne veux pas qu'on appelle un taxi ?
-Archi sûre. Maintenant attache ta ceinture et fais-moi confiance.
Juste avant que je m'éclipse pour me préparer, j'ai proposé à de prendre le volant. Je ne pensais pas que cette simple petite phrase allait faire autant de bruit. Il n'a cessé de vouloir me dissuader, arguant que nous aurions l'esprit plus tranquille si nous pouvions nous amuser sans faire attention à ce que nous buvons, mais je n'ai pas lâché. Il m'a finalement laissée tranquille lorsque je lui ai expliqué que je ne ressentais pas le besoin de finir bourrée pour m'amuser ce soir. Pour une fois, je n'ai pas envie de tout embrumer dans des vapeurs d'alcool.
D'un doux sourire, le sublime garçon à ma gauche illumine la pénombre qui nous entoure. Quand nous pénétrons dans le bar, sa main est fermement accrochée à la mienne. J'ai le cœur qui bat trop fort et je ne sais même pas pourquoi. Nous venons de passer quarante-huit heures dans une bulle dorée, faite de baisers, de caresses et de complicité. Dans ce club, j'ai tout bonnement l'impression de renoncer à ce bonheur, de le faire exploser et d'être incapable de ramasser toutes les étincelles de sourire, les éclats de rire, les vestiges de nos gémissements qui virevoltent autour de nous. Je n'ai qu'une envie, faire demi-tour.
Même si la poigne de se fait rassurante, l'acclamation de nos amis me fait monter le rouge aux joues. Ils nous sautent littéralement dessus et rapidement nos mains se délient, la tornade Jamie dévastant déjà ma quiétude. Elle me plante un verre dans les mains en me scrutant de la tête aux pieds.
-Premièrement vilaine fille, sache que je ne suis pas du tout contente. Tu es partie comme une voleuse du festival sans même me prévenir.
-Mais, je...
-Mais ça, je m'en fous, continue-t-elle en ignorant mes bredouillements. Par contre, que tu emballes l'homme de tes rêves et que tu me laisses un week-end entier sans aucun potin à me mettre sous la dent, ça relève presque du crime contre l'humanité !
-Presque, ricané-je.
-Oui, presque ! Alors maintenant, tu vas t'asseoir sur cette banquette et ne relever ton sublime fessier qu'une fois que tu m'auras tout raconté !
Je m'esclaffe gentiment mais je joue tout de même le jeu. Sans rentrer dans les détails, je lui raconte comment j'ai enfin ouvert mon cœur à et à quel point je me sens bien à ses côtés. Je lui parle de ce garçon qui fait chavirer mes pensées les plus sages mais je tais encore toutes mes angoisses les plus enfouies.
Pourquoi voudrait-il de moi ? Celle que je suis lui suffira-t-elle ? Parviendrai-je à lui faire croire que je vaux mieux que celle que je tais ?
-Bon, alors ça veut dire que vous êtes enfin en couple.
J'ouvre la bouche mais aucun mot n'en sort. Je ne m'étais pas vraiment posé cette question et la simple possibilité qu'il puisse en être autrement me coupe le souffle. J'observe une seconde ; la douceur de ses traits, la détermination dans son regard, la sincérité de chacun de ses gestes et je sais que je ne serai jamais capable de me contenter de quelque peu. Je veux tout de ce garçon.
- ? Ferme la bouche et détends-toi. Non mais réfléchis deux secondes. n'est pas le genre de mec volage qui flirte facilement. Tu es en couple ma vieille et tu ne peux plus revenir en arrière !