Chapitre 6
Un silence confortable s’installa entre eux, brisé finalement par Mr. Darcy. « Miss Bennet, puis-je vous poser une question indiscrète ? »
Elizabeth leva un sourcil, intriguée. « Je suppose que cela dépend de la question, Mr. Darcy. »
Il hésita un instant avant de parler. « Je me demande ce que vous pensez réellement de Meryton et de ses habitants. »
Elizabeth ne put s’empêcher de sourire. « Je pense que c’est un endroit comme un autre, avec ses qualités et ses défauts. Les gens y sont peut-être plus simples, mais ils sont sincères et chaleureux. Et vous, Mr. Darcy ? Quelle est votre opinion ? »
Mr. Darcy sembla peser ses mots. « Je trouve que la simplicité a ses mérites, mais j’avoue que certaines attitudes me laissent perplexe. »
« Peut-être que vous avez trop l’habitude des grands cercles de Londres et de Pemberley, » suggéra Elizabeth avec douceur. « Mais je vous assure, la simplicité a souvent plus de profondeur qu’il n’y paraît. »
Mr. Darcy sembla réfléchir à ses paroles, et pour la première fois, Elizabeth crut voir une lueur d’approbation dans son regard. « Vous avez peut-être raison, Miss Bennet. Il y a des choses que j’ai encore à apprendre. »
Cette conversation marqua un tournant dans leur relation. Elizabeth commença à voir Mr. Darcy sous un jour nouveau, non plus seulement comme un homme distant et fier, mais comme quelqu’un de plus complexe, portant ses propres fardeaux et luttes internes.
Les jours suivants, Jane continua de se rétablir sous les soins attentifs de sa sœur et de la maisonnée de Netherfield. Mr. Bingley, toujours aussi attentionné, passait de plus en plus de temps avec Jane, leurs conversations devenant de plus en plus personnelles et intimes. Elizabeth voyait avec plaisir l’attachement grandissant entre eux.
Un matin, alors que Jane se sentait suffisamment bien pour descendre dans le salon, Elizabeth l’aida à s’installer confortablement près de la cheminée. Mr. Bingley arriva peu après, son visage s’illuminant en voyant Jane debout.
« Miss Bennet, c’est merveilleux de vous voir mieux, » dit-il avec une sincérité évidente. « Vous nous avez beaucoup manqué dans le salon. »
Jane sourit, un peu gênée par tant d’attention. « Merci, Mr. Bingley. Votre gentillesse a été d’un grand réconfort. »
Elizabeth, voyant le bonheur dans les yeux de sa sœur, se retira discrètement, laissant Jane et Mr. Bingley profiter de ce moment précieux. Elle erra dans les couloirs de Netherfield, son esprit s’attardant sur les récents événements et conversations. La rencontre avec Mr. Darcy, ses conversations avec Mr. Bingley, tout cela commençait à dessiner une image plus nuancée des habitants de Netherfield.
Perdue dans ses pensées, elle croisa à nouveau Mr. Darcy, qui semblait également en proie à ses réflexions. Ils échangèrent un regard et, sans vraiment savoir pourquoi, Elizabeth se sentit poussée à engager la conversation.
« Mr. Darcy, » commença-t-elle, « je tenais à vous remercier pour votre intérêt pour la santé de Jane. Votre sollicitude a été grandement appréciée. »
Mr. Darcy sembla pris au dépourvu, mais il répondit avec une honnêteté surprenante. « Il est naturel de s’inquiéter pour ceux qui sont proches de nous, Miss Bennet. Votre sœur est une personne exceptionnelle, tout comme vous. »
Elizabeth rougit légèrement, prise au dépourvu par cette déclaration. « Je vous remercie, Mr. Darcy. Cela signifie beaucoup pour moi. »
Il y eut un moment de silence, puis
Mr. Darcy ajouta doucement, « Votre famille, malgré ses particularités, possède des qualités qui méritent le respect et l’admiration. »
Elizabeth le regarda, surprise par la sincérité dans ses mots. « Je… je suis touchée par vos paroles, Mr. Darcy. Elles montrent un côté de vous que je n’avais pas encore eu l’occasion de voir. »
Mr. Darcy hocha la tête légèrement, une expression pensive sur le visage. « Il y a beaucoup de choses que nous ne comprenons pas immédiatement chez les autres, Miss Bennet. Peut-être devrions-nous tous essayer de mieux nous connaître avant de porter des jugements. »
Elizabeth sentit son cœur se radoucir davantage. « Vous avez raison. Il est facile de se fier à des premières impressions, mais elles peuvent être trompeuses. »
Leur conversation fut interrompue par l’arrivée de Caroline Bingley, qui semblait toujours trouver une occasion d’interférer. « Mr. Darcy, Miss Elizabeth, quelle conversation animée ! De quoi discutez-vous donc avec tant de sérieux ? »
Elizabeth, avec son esprit vif habituel, répondit d’un ton léger. « Nous parlions de la pluie et du beau temps, Miss Bingley. Rien de bien sérieux. »
Caroline lança un regard sceptique mais n’insista pas. « Eh bien, j’espère que vous profitez de votre séjour, Miss Elizabeth. Netherfield est un endroit si charmant, n’est-ce pas ? »
Elizabeth acquiesça, masquant son amusement face à l’hypocrisie évidente de Caroline. « En effet, c’est un endroit magnifique, et je suis reconnaissante de l’hospitalité qui nous a été offerte. »
Caroline sourit, mais il était clair qu’elle aurait préféré qu’Elizabeth ne soit pas là. Elle se tourna vers Mr. Darcy, tentant de capter son attention. « Mr. Darcy, avez-vous prévu une autre visite à Pemberley bientôt ? J’ai entendu dire que le parc est particulièrement beau en cette saison. »
Mr. Darcy, toujours courtois, répondit brièvement. « Je n’ai pas encore pris de décision. Il y a beaucoup de choses à régler ici pour l’instant. »
Elizabeth sentit la tension dans la pièce et choisit de se retirer. « Je vais voir comment va Jane, » dit-elle en souriant poliment à Mr. Darcy et Caroline. « Merci encore, Mr. Darcy, pour votre conversation. »
Elle quitta le salon, laissant Caroline et Mr. Darcy discuter. En remontant vers la chambre de Jane, Elizabeth réfléchissait à la complexité de Mr. Darcy. Sa froideur initiale semblait peu à peu se dissiper, laissant entrevoir un homme plus profond et réfléchi. Peut-être y avait-il plus à découvrir chez lui que ce qu’elle avait d’abord supposé.
Dans la chambre, Jane semblait de meilleure humeur. Elle était assise, une tasse de thé à la main, et conversait joyeusement avec Mr. Bingley. Elizabeth s’arrêta à la porte, observant la scène avec une chaleur dans le cœur. Jane et Mr. Bingley semblaient si bien assortis, leurs rires et leur complicité remplissant la pièce d’une énergie positive.
« Elizabeth, viens t’asseoir avec nous, » l’invita Jane, ses yeux brillants de bonheur.
Le ciel d’automne se teintait de gris nuageux, et une pluie fine tombait sur le domaine de Netherfield. La santé de Jane Bennet préoccupait Elizabeth, qui, malgré ses propres réserves et son malaise à l’idée de passer du temps en compagnie de Caroline Bingley et Mr. Darcy, décida de rendre visite à sa sœur. Les jours précédents avaient été une succession d’inquiétudes et d’incertitudes, Jane souffrant d’un rhume tenace qui refusait de s’atténuer.
Elizabeth arriva à Netherfield en fin de matinée, le cœur battant d’anxiété. Elle fut accueillie par un domestique qui la conduisit immédiatement à la chambre de Jane. En montant les escaliers, Elizabeth ne put s’empêcher de noter l’élégance et le luxe de la demeure, contrastant fortement avec la simplicité de Longbourn.
Jane était allongée sur un lit somptueux, pâle mais souriante à la vue de sa sœur. « Lizzy, tu es venue, » dit-elle d’une voix faible mais heureuse.
« Bien sûr que je suis venue, » répondit Elizabeth en s’asseyant près du lit, prenant la main de Jane dans la sienne. « Comment te sens-tu ? »
« Un peu mieux, » répondit Jane. « Mr. Bingley et ses sœurs ont été très attentifs. Le médecin dit que je devrais être sur pied bientôt. »
« Je suis soulagée de l’entendre, » dit Elizabeth. « Mais tu dois te reposer et ne pas te précipiter. »