Chapitre 3
Elizabeth haussa un sourcil, intriguée. « Que voulez-vous dire ? »
« Nous pouvons nous perdre dans les idées et les idéaux qu’ils présentent, » expliqua-t-il. « Parfois, il est nécessaire de garder les pieds sur terre et de voir les choses telles qu’elles sont, sans les filtres de la littérature. »
Elizabeth réfléchit à ses paroles. « C’est une perspective intéressante, » dit-elle finalement. « Mais je pense que la littérature peut aussi nous aider à comprendre les vérités que nous ne voyons pas toujours dans la vie quotidienne. »
« Peut-être, » concéda-t-il. « Mais il est toujours important de faire la distinction entre la fiction et la réalité. »
Leurs échanges étaient toujours pleins de sous-entendus et de réflexion, et Elizabeth se rendit compte qu’elle appréciait ces moments de débat intellectuel avec Mr. Darcy. Mais malgré ces conversations profondes, elle restait prudente. Elle savait que son comportement envers elle et sa famille était parfois ambigu, et elle ne voulait pas se laisser emporter par des sentiments prématurés.
Alors que les jours passaient, l’arrivée de Mr. Bingley et Mr. Darcy à Netherfield continua de susciter des réactions variées parmi les Bennet et leurs voisins. Si Mr. Bingley était largement apprécié pour sa convivialité et son charme, Mr. Darcy restait une énigme pour beaucoup, y compris Elizabeth.
Mais une chose était claire : leur présence avait bouleversé le calme de Longbourn, et chacun se demandait ce que l’avenir réservait à ces rencontres fortuites qui semblaient prendre de plus en plus d’importance dans la vie des Bennet.
La soirée du bal à Meryton s’annonçait comme l’événement social de la saison, un moment où les familles les plus respectables et les jeunes gens de la région se réunissaient pour danser, discuter et, peut-être, nouer des liens plus profonds. La salle de bal était magnifiquement décorée, baignée de lumière et animée par une musique joyeuse qui invitait les invités à se laisser emporter par l’ambiance festive.
Les Bennet étaient parmi les premiers arrivés, chaque membre de la famille arborant ses plus beaux atours. Jane, avec sa beauté douce et élégante, attirait naturellement les regards, tandis qu’Elizabeth, pleine de vivacité et d’esprit, affichait un sourire amusé. Mrs. Bennet, elle, ne cachait pas son excitation, scrutant la salle à la recherche de Mr. Bingley et de ses compagnons.
Lorsque ces derniers firent enfin leur entrée, toute l’attention se porta sur eux. Mr. Bingley, toujours aussi charmant, semblait parfaitement à l’aise, saluant aimablement les uns et les autres. À ses côtés, Mr. Darcy restait plus en retrait, son visage impassible et son regard perçant. Elizabeth remarqua immédiatement cette différence d’attitude, ce qui éveilla en elle une certaine curiosité mêlée d’appréhension.
Jane et Mr. Bingley ne tardèrent pas à se retrouver, leurs sourires timides trahissant une affection naissante qui n’échappait à personne. Ils commencèrent à danser, leurs mouvements en parfaite harmonie, comme s’ils étaient faits pour être ensemble. Elizabeth, observant la scène, sentit un élan de bonheur pour sa sœur, tout en s’interrogeant sur les sentiments de Mr. Bingley. Était-il sincère, ou n’était-ce qu’une autre rencontre éphémère ?
Alors qu’elle regardait autour d’elle, Elizabeth croisa le regard de Mr. Darcy. Il se tenait à l’écart, observant les danseurs avec une expression qu’elle ne parvint pas à déchiffrer. Se sentant soudain audacieuse, elle s’approcha de lui, décidée à découvrir qui était vraiment cet homme mystérieux.
« Mr. Darcy, » dit-elle avec un sourire poli, « vous ne semblez pas apprécier la danse autant que Mr. Bingley. »
Il la regarda, surpris par sa franchise. « Ce n’est pas que je n’apprécie pas la danse, Miss Bennet, » répondit-il calmement. « Mais je préfère observer avant de participer. »
« Observer ? » répéta Elizabeth, intriguée. « Et qu’observez-vous, exactement ? »
« Les gens, » dit-il en la fixant intensément. « Leurs comportements, leurs interactions. C’est fascinant de voir comment chacun réagit dans une situation sociale comme celle-ci. »
Elizabeth haussa un sourcil, amusée. « Et que pensez-vous de ce que vous avez observé ce soir ? »
Mr. Darcy hésita un moment, puis répondit : « Il y a beaucoup de chaleur et de gaieté ici. Mais aussi beaucoup de superficialité. »
Cette réponse prit Elizabeth au dépourvu. « Superficialité ? Vous trouvez ces gens superficiels ? »
« Pas tous, » précisa-t-il. « Mais il est facile de voir qui cherche à impressionner et qui est simplement lui-même. »
Elizabeth sentit une pointe de défi monter en elle. « Et que diriez-vous de moi, Mr. Darcy ? Suis-je superficielle ? »
Il la regarda longuement avant de répondre, comme s’il pesait chaque mot. « Vous, Miss Bennet, êtes une énigme. Vous avez de l’esprit, de l’intelligence, mais aussi une certaine malice. Vous n’êtes pas facile à lire. »
Elizabeth ne sut comment interpréter cette réponse. Était-ce un compliment ou une critique ? Elle décida de ne pas s’attarder sur la question et de changer de sujet.
« Et Mr. Bingley ? Que pensez-vous de sa nouvelle amitié avec Jane ? »
Un léger sourire apparut sur le visage de Mr. Darcy. « Mr. Bingley est un homme de bon cœur. Il voit le meilleur en chacun, ce qui est à la fois une force et une faiblesse. Quant à Miss Bennet, elle semble être une jeune femme très aimable. »
« Elle l’est, » confirma Elizabeth avec fierté. « Jane est une personne exceptionnelle, pleine de douceur et de générosité. »
Mr. Darcy acquiesça. « Cela se voit. Mais parfois, il est difficile de discerner les véritables intentions des gens. Le cœur humain est complexe. »
Elizabeth se demanda s’il faisait allusion à quelque chose de précis, mais avant qu’elle ne puisse poser une autre question, une dame s’approcha pour parler à Mr. Darcy, mettant fin à leur conversation. Elizabeth se retira, légèrement frustrée de ne pas avoir pu en apprendre davantage.
La soirée se poursuivit, et Elizabeth ne put s’empêcher de garder un œil sur Mr. Darcy. Il dansa quelques fois, mais semblait toujours distant, comme s’il ne se laissait jamais complètement aller. En revanche, Mr. Bingley était l’âme de la fête, dansant avec plusieurs jeunes femmes, mais revenant toujours vers Jane, comme attiré par une force irrésistible.
À un moment donné, Elizabeth surprit une conversation entre Mr. Bingley et Mr. Darcy. Elle ne put entendre que quelques bribes, mais le ton de Mr. Darcy était grave, presque réprobateur. Elizabeth se demanda ce qui pouvait bien le préoccuper à ce point.
Alors qu’elle se trouvait près du buffet, Caroline Bingley, la sœur de Mr. Bingley, s’approcha d’elle avec un sourire condescendant.
« Miss Bennet, » dit Caroline d’un ton sucré, « j’espère que vous passez une agréable soirée. »
« Très agréable, merci, » répondit Elizabeth, méfiante.
« Je vois que Jane et mon frère s’entendent à merveille, » continua Caroline en jetant un coup d’œil vers le couple. « C’est toujours agréable de voir de nouvelles amitiés se former, n’est-ce pas ? »
« En effet, » acquiesça Elizabeth. « Jane est ravie de faire la connaissance de votre frère. »