Chapitre 4
Laissez-moi vous dire que c’était extrêmement compliqué. Moi, une fille frêle, devais creuser une tombe. Et comme si cela ne suffisait pas, au loin dans la brousse, je voyais des points lumineux semblables à des yeux qui m’observaient.
Je ne ressentais toujours pas la peur, mais j’étais en colère, triste, vexée, j’avais le cœur meurtri car je creusais une tombe pour ma mère. J’étais exténuée et j’avais la vision troublée par les larmes qui ne cessaient de couler.
Le ciel qui était déjà peuplé d’étoiles s’assombrissait progressivement, il y avait de l’orage dans l’air, je pouvais le sentir. Autour de moi, les points lumineux qui étaient dans la brousse s’avançaient petit à petit. À tel point que je pouvais distinguer des formes dans l’obscurité. Il y avait des hiboux, des serpents, des corbeaux géants, d’autres ressemblaient à des silhouettes humaines, de femmes et d’hommes. Certaines avaient des ailes, d’autres des queues, et d’autres semblaient avoir des défenses comme celles d’éléphants.
Moi : Vous ne me ferez rien ! grondai-je en les voyant.
Il faisait complètement sombre à présent, le tonnerre et les éclairs grondaient. Je ne voyais même plus le trou que je creusais. J’ai sorti mon portable pour allumer la lampe. Mes mains étaient pleines d’ampoules, mais je continuais à creuser. Quand j’ai pris mon portable pour changer de position, c’est avec stupéfaction que j’ai constaté en braquant les alentours que j’étais entourée de fourmis magnans. Elles étaient tellement nombreuses qu’on ne pouvait voir le sol. Mais bizarrement, autour de moi et ma mère, il n’y en avait pas, comme si elles ne pouvaient pas nous approcher. Même le cercueil était épargné.
Je me suis mise à prier au fond de moi, implorant Dieu de tout mon être pour qu’il nous accorde sa protection. J’essayais de me dépêcher, luttant contre la fatigue. Quand le trou a eu une certaine profondeur, j’ai décidé de mettre le cercueil en terre. Transporter le corps n’était pas un problème, je l’ai mis dans le cercueil et heureusement, les dimensions de la tombe convenaient. C’était le moment de le refermer.
Les silhouettes qui étaient au loin s’étaient rapprochées, elles étaient plus nombreuses. À peine avais-je commencé qu’il s’est mis à pleuvoir. Reboucher le trou était une épreuve, car on aurait dit que cette pluie avait transformé la terre en argile. Elle était lourde et difficile à manier. La fatigue me pesait sur les épaules, et la pluie se faisait si brutale que les gouttes qui touchaient ma peau étaient comme de petites aiguilles.
Je tombais de fatigue, je n’en pouvais plus, même avec toute la volonté du monde, je ne m’en sentais plus capable. Autour de moi, les ombres commençaient à s’agiter. À travers la pluie, je pouvais percevoir leurs murmures. Ils se jouaient de moi. J’étais sur le point de m’évanouir, je sentais ma conscience me quitter, quand j’ai entendu une voix comme dans un rêve.
La voix disait : « Ne t’endors pas ici, tu vas te faire attaquer ! » J’ai été réveillée comme si j’avais reçu une gifle.
La pluie avait cessé et les ombres qui m’entouraient s’étaient retirées dans la brousse, mais une d’entre elles continuait de me fixer. J’ai rassemblé mes dernières forces pour refermer le trou. Quand j’ai fini, j’ai pris le crucifix de ma mère dans ma poche et je l’ai planté sur la tombe.
Ensuite, je me suis mise à genoux et j’ai commencé à prier de toutes mes forces et de tout mon être. À chaque fois que je faiblissais ou que le sommeil essayait de m’emporter, les ombres se rapprochaient et reculaient à nouveau quand je restais éveillée.
Cette nuit-là était la plus terrible de toute mon existence, je ne devais pas faiblir.
Je suis restée dans cette position jusqu’au petit matin. Les silhouettes n'étaient plus là, mais je suis restée à genoux dans la boue. J’avais mal à la tête, j’étais si fatiguée tant physiquement que mentalement. J’étais trempée et couverte de terre.
Une voix dans la brousse a alors crié : « On n’a pas encore fini avec toi. » Après quoi des rires se sont élevés, ils riaient aux éclats. J’étais tellement en colère que je suffoquais, jusqu’à ce que j’entende la voix de ma sœur derrière moi.
Aïda : Chelsea !? C’est toi ? Qu’est-ce qui t’est arrivé ? Où est maman ?
À cet instant, je vous laisse imaginer mon état émotionnel, en la voyant débarqué comme si de rien n’était.