Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

Chapitre 5

*Aïda*

Quand j’ai entendu ma mère dire que l’enfant était possédé, j’ai perdu tous mes moyens. Je n’avais qu’une envie, m’enfuir de cet endroit, mais mes jambes ne pouvaient plus me porter. J’étais là à terre, espérant que tout cela passe. Ma mère me parlait, mais je ne l’entendais pas. Je ne sais pas comment elle s’est retrouvée devant moi.

En face d’elle, il y avait un monstre avec de longues griffes, tellement monstrueux que je suis incapable de le décrire. Et il y avait du sang, beaucoup de sang.

J’ai pris mes jambes à mon cou et me suis enfuie. Antoine était dehors près de la porte, il a essayé de me parler, mais je ne l’ai pas écouté. J’ai couru à travers toute la brousse, derrière moi j’entendais des pas qui me suivaient. Ils se rapprochaient à toute vitesse, mais à chaque fois que je me retournais, je ne voyais rien.

Est-ce que le démon me suivait ? Je n’en savais rien, jusqu’à ce que je trébuche et que ma tête heurte un arbre. C’était le noir complet.

Quand j’ai repris mes esprits, il était tard, le soleil venait de se coucher. J’avais un léger mal de tête et mes vêtements étaient couverts de sable. Je me suis levée, j’ai consulté mon portable, mais il n’y avait pas de réseau. Il était 18 heures, j’ai marché en direction du village. Tout était calme. J’ai réussi à trouver la maison qu’on nous avait confiée.

Je croyais y trouver ma mère et ma sœur, mais il n’y avait personne. Il y avait des réserves d’eau et de nourriture. J’ai pris une douche, je me suis changée et j’ai mangé le repas que nous avions préparé avant de venir.

Je n’étais pas inquiète, car je savais que ma mère était quelqu’un de coriace. J’ai fait des efforts pour ne pas penser à ce démon qui me faisait horriblement peur. J’ai commencé à jouer à un jeu mobile sur mon portable pour me changer les idées, jusqu’à ce que le sommeil m’emporte.

J’ai fait un rêve cette nuit-là où ma mère me regardait de loin. On était toutes les deux en face de la chefferie du village et on se fixait sans rien dire. Elle était à une bonne distance de moi, je ne pouvais pas l’approcher.

Elle se contentait de me fixer jusqu’à ce que je me réveille. C’était le matin et j’avais l’impression que des yeux m’observaient. J’ai regardé dans la chambre, mais il n’y avait personne. Maman et Chelsea n’étaient pas rentrées. Légèrement inquiète, je suis sortie pour retourner à la maison où je les avais laissées. J’étais toujours effrayée, mais il me fallait avoir le cœur net.

Sur le chemin, des villageois chuchotaient à mon passage. Un passant a dit à un autre : “Regardez-la, c’est sa fille!” Ne leur prêtant pas attention, j’ai continué mon chemin. Sous le manguier qui était à côté de la maison, j’ai reconnu la silhouette de Chelsea. Elle était à genoux devant un tas de terre sur lequel était plantée une petite croix. La croix dont maman ne se séparait jamais.

Moi: Chelsea!? C’est toi ? Qu’est-ce qui t’est arrivé ? Où est maman ?

Quand elle s’est retournée, j’ai vu qu’elle avait une sale mine et que ses vêtements étaient couverts de boue. Elle me fixait avec des yeux rouges de colère mêlés à de la fatigue.

*Chelsea*

En la voyant, je n’ai pas pu contenir ma colère.

Chelsea : Aïda ! Aïda ! Où étais-tu ? Pourquoi as-tu fui alors que maman avait besoin de ton aide ?

Aïda : J’étais à la maison, je vous attendais ! J’étais inquiète pour vous!

Chelsea : Tu nous attendais ? On avait l’air de jouer à un jeu quand tu es partie ?

Aïda : Mais j’avais peur !

Chelsea : Tu avais peur !?...

Je me suis mise à masser mes tempes pour essayer de me calmer.

Aïda : Dis-moi où est maman ? Je ne la vois nulle part.

C’est alors que j’ai explosé.

Chelsea : Maman ! Maman ! Elle est là, regarde, en désignant la tombe du doigt.

Aïda : Non, tu mens ! Elle ne peut pas être là !

Je l’ai agrippée par le bras et je l’ai poussée sur le tas de terre, elle s’est laissée tomber dessus.

Chelsea : La voici, ta mère est là-dedans, et tu sais quoi ? Elle est morte à cause de toi !

Aïda : Non, non ! Ce n’est pas possible ! Disait-elle en pleurant.

Chelsea : Elle t’a demandé de l’aide et tu t’es enfuie sans te soucier d’elle, et le démon en a profité pour la tuer, c’est de ta faute!

Aïda : Mais j’avais peur ! Toujours en pleurant.

Chelsea : Elle nous a demandé si on était sûres de pouvoir tenir ! Si tu ne t’en sentais pas capable, tu aurais dû refuser, mais tu es venue malgré tout.

Aïda : ….je…je

Chelsea : À cause de toi, on n’a plus de mère, elle est partie ! Ai-je crié.

Aïda : Pardon… pardon… je suis désolée !

J’aurais dû me taire, j’aurais dû m’arrêter là, mais il a fallu que je me défoule, il a fallu que j’en dise trop.

Chelsea : Ce n’est pas à moi de te pardonner. De la même façon que maman a trouvé la mort, je souhaite que tu meures de la pire des manières. Je te jure que la mort mettra tout en œuvre pour t’ôter le souffle de vie et à ce moment, tu iras lui demander pardon en personne.

Quand j’ai prononcé ces mots, j’ai senti une force me quitter, mais je n’y ai pas prêté attention. Je suis partie en colère, laissant ma sœur en pleurs sur la tombe.

Je ne le savais pas à cet instant, mais dans un excès de haine, je l’avais maudite. Chose que j’ai amèrement regrettée par la suite.

Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.