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Malédiction

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Darkness
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Résumé

Avez-vous déjà vu la mort s'acharner sur quelqu'un ? Tout être humain est appelé à mourir car la faucheuse est inévitable. Elle peut prendre différentes formes, mais nous mène tous au même destin. Je m'appelle Chelsea Lema et je vais vous raconter comment j'ai accidentellement maudit ma petite sœur et comment nous avons réussi à échapper à la mort.

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Chapitre 1

On dit souvent que même des paroles anodines peuvent causer de gros dégâts. C’est une vérité que j’ai vécue et ressentie. Je vais vous raconter la pire erreur de ma vie, une erreur causée par des paroles en l’air.

Vous ne le savez peut-être pas, mais il existe des familles qui possèdent des dons divins de génération en génération. Ma mère fait partie de ces personnes vers lesquelles les gens se tournent quand ils ont des problèmes d’ordre spirituel. Elle a la capacité de voir la vie des gens et de connaître les vertus spirituelles et le pouvoir des plantes. Elle se débarrasse également d’esprits mauvais et l’église a souvent recours à elle pour des missions diverses.

Malgré cette vie, elle a réussi à fonder une famille avec mon père, un homme d’affaires qui passe la plupart de son temps hors du pays. C’est ainsi qu’elle a eu ma sœur et moi, nous sommes de fausses jumelles. Je suis l’aînée d’environ 10 minutes, et aujourd’hui nous avons toutes les deux une vingtaine d’années. Mais l’âge est le seul point commun, car nous ne nous ressemblons pas du tout. Aïda est beaucoup plus belle, avec une taille fine et des formes généreuses, des cheveux longs et un beau teint chocolat, alors que je n’ai rien de fameux. Disons que je ne suis pas le genre de fille pour qui on se retourne dans la rue.

En général, nous avons un train de vie normal et nous ne manquons de rien. Ma mère disait toujours que bien avant notre naissance, elle savait que ma sœur et moi possédions les mêmes dons qu’elle. Étant ses filles uniques, elle nous amenait parfois pour l’assister dans ses missions lorsque le problème n’était pas trop important, une manière pour elle de nous initier à son travail petit à petit. Même si elle nous laissait toujours le choix de suivre cette voie ou non.

Étant étudiante, j’étais très occupée par la faculté de médecine, tandis que ma sœur avait arrêté ses études après le lycée, ce qui faisait qu’elle passait plus de temps avec notre mère contrairement à moi. Ma mère, étant beaucoup plus proche d’Aïda, la voyait déjà prendre sa relève.

Enfin bref, voici le résumé de notre situation globale. Aujourd’hui, nous nous rendons dans un petit village situé au nord du pays, à la demande du père Philippe, l’unique aumônier de ce village. Il était venu en personne solliciter l’aide de ma mère pour un cas “complexe” selon ses dires.

Au moment de reprendre la route, il a été retenu en ville pour un problème familial, c’est pourquoi nous sommes partis sans lui.

Nous étions en route pour le village de Galdoum, en voiture avec le chauffeur, qui n’est autre qu’un séminariste du nom d’Antoine. Ma sœur, ma mère et moi y allons pour un séjour de deux jours.

D’habitude, je suis toujours enthousiaste à l’idée d’apprendre auprès d’elle, mais plus nous avancions, plus je me sentais anxieuse. Mon instinct me hurlait de faire demi-tour, ce qui se voyait.

Ma mère a remarqué mon état et m’a demandé si j’allais bien. J’ai répondu que je me sentais fatiguée. Elle m’a alors demandé si nous avions bien récité les prières qu’elle nous avait remises la veille au soir, surtout moi, car elle se méfiait vraiment de ce village.

Aïda a affirmé que nous les avions toutes récitées, mais en réalité, nous ne l’avions pas fait ensemble. Après quelques heures de route, nous sommes enfin arrivés à Galdoum.

Le village était petit et les habitations étaient des cases en terres cuites, réparties un peu partout. Nous sommes allés saluer le chef, qui nous a fait un accueil chaleureux sans grande cérémonie. Il nous a accordé une case pour notre séjour et nous a fait comprendre que si nous ne nous immiscions pas dans ses affaires, tout irait bien. Avertissement auquel ma mère n’a rien répondu, peut-être par respect ou alors parce qu’elle était déjà en méditation, je suppose.

Nous avons rangé nos bagages et le séminariste nous a dirigés vers la famille dont l’enfant est souffrant. L’enfant était gardé dans un lieu reculé du village, une grande case à moitié délabrée.

*Aïda*

“Ça y est, nous sommes devant la maison”, pensai-je.

Je tremblais de tous mes membres tellement j’avais peur, car je n’ai jamais apprécié suivre ma mère dans ces histoires. Elle veut qu’on prenne la relève, mais ça ne m’intéresse pas. Tout ce que je veux, c’est une vie tranquille. Pourquoi faudrait-il que l’invisible se mêle du visible ? C’est une question que je me pose depuis très longtemps déjà. Ce serait tellement plus simple si chacun restait à sa place… Je n’ai qu’à faire semblant de participer comme à chaque fois, en espérant que ma mère ne le remarque pas.

*Chelsea*

Les parents du petit sont sortis de la bâtisse pour nous accueillir. Ils semblaient fatigués et amaigris, faut croire que l’enfant leur a donné du fil à retordre.

Ma mère : Bonjour, je suis envoyée par le père Philippe, expliquez-moi la situation.

Pour toute réponse, la femme s’est mise à pleurer et s’est blottie contre son mari.

L’homme semblait dépassé.

Homme : Ça fait maintenant plusieurs jours que l’enfant fait des rêves où quelqu’un le bat et l’oblige à faire des travaux divers. On ne l’avait pas pris au sérieux jusqu’à ce que des cicatrices et blessures commencent à apparaître sur son corps.

Ma mère : Des blessures !? C’est étrange, allons voir ça.

Nous sommes entrés, la maison avait trois pièces et il n’y avait pratiquement pas de meubles, juste un petit canari dans un coin. L’enfant se trouvait dans la plus grande pièce. L’unique meuble qui s’y trouvait était un lit d’une place.

L’enfant était endormi, allongé sur le dos comme un cadavre. Il devait avoir dans les sept ans, vêtu seulement d’une culotte. Sur son corps, on pouvait voir des traces de fouets, des griffures et des brûlures. Ma mère s’est approchée et a posé sa main sur son front. Il a ouvert les yeux pour la fixer. Par la suite, j’ai remarqué qu’il n’avait pas cligné des yeux à aucun moment.

Ma mère : Son corps est brûlant… Antoine, fais sortir ses parents, dit-elle calmement.

Antoine : D’accord, répondit-il en sortant sans protester.

Aida : Qu’est-ce qu’il y a maman ? demanda-t-elle la voix tremblante.

Ma mère : Cet enfant n’est pas envoûté, il est possédé.

Immédiatement, les fenêtres et la porte se sont fermées sur Antoine et le couple qui étaient déjà à l’extérieur. Aida a poussé un cri en reculant jusqu’à se coller contre le mur. L’enfant a bondi et s’est accroché à l’angle d’un des murs. Il était sur ses quatre membres comme une araignée. La pièce était faiblement éclairée, mais on pouvait voir ses yeux blancs brillants comme des diamants nous fixer.

L’enfant : Je croyais que tu ne m’avais pas vu, a-t-il dit avec une voix caverneuse.