Chapitre 2
Ma mère : Au nom de Jésus Christ, tu vas libérer cet enfant ! sur un ton autoritaire.
Il se mit à marcher sur les murs, étant en hauteur, il nous surplombait et faisait le tour de la pièce. Ma mère ne nous amenait jamais pour des cas de possession, elle disait que c’était trop dangereux pour nous. Voir un démon en action était une première pour moi.
C’était une vision effrayante, mais bizarrement j’étais parfaitement calme, comme si toute l’horreur qu’il inspirait ne pouvait pas m’atteindre. À l’extérieur on pouvait entendre Antoine tambouriner contre la porte.
Antoine : Qu’est-ce qui se passe ? Ouvrez !
L’enfant : Il en faut plus pour me faire partir, je vous aurais une par une. S’adressant à ma mère toujours en longeant les murs.
Ma mère : Effectivement, tu es puissant, mais ça ne sera jamais suffisant contre le Dieu que nous servons.
Il s’arrêta et se mit à rire.
L’enfant : Maman ne l’a pas encore remarqué… Haha ha, nous avons déjà perdu celle-là.
Dans l’immédiat, elle se tourna vers moi, mais je n’avais rien. Elle se tourna vers Aïda, cette dernière était traumatisée en position fœtale contre le mur, elle se bouchait les oreilles en se répétant :
« Qui m’a envoyé ici… Mais qu’est-ce que je fais là… »
Je pouvais voir la déception dans le regard de ma mère, mais elle n’avait pas le temps de s’apitoyer. Elle a saisi la Bible dans son sac et me l’a donnée.
Mère : Ouvre-la et commence à lire là où il y a le marque-page rouge.
Il faisait assez sombre, alors j’ai allumé la torche de mon portable pour lire. Après quoi, elle a saisi son crucifix, c’était une petite croix en argent dont elle ne se séparait jamais. D’après son histoire, elle serait née avec cet objet entre les mains. Comme pour confirmer la puissance de l’objet à sa vue, le démon s’est éloigné et est tombé sur le sol. Il commençait à se tortiller comme un asticot en gémissant. Pendant que je lisais, ma mère récitait également une prière en s’avançant vers la créature, pendant qu’il se tortillait.
Ma mère : Révèle ta vraie nature, quel est ton nom ? Ordonna ma mère.
Il continuait de grimacer avant de bondir dans les airs. Il se cachait dans la pénombre du plafond dont toute la surface était bizarrement devenue sombre.
Ma mère : Il va attaquer ! Cria ma mère, ne t’arrête pas Chelsea, quoi qu’il arrive.
Pendant que je continuais de lire, ma mère scrutait l’obscurité du plafond. Ensuite, comme si elle avait compris quelque chose, elle se précipita sur Aïda en criant.
Ma mère : Mon Dieu, il va la tuer !
La scène se déroula en une fraction de seconde. Dans l’obscurité, sous les rayons de lumière de ma torche, j’ai pu distinguer des griffes extrêmement longues traversant la pièce en direction de ma sœur. Ma mère m’avait dit de ne pas m’arrêter et je continuais donc à lire avec beaucoup plus d’entrain.
Je ne sais pas ce qui s’était passé, mais quand j’ai levé les yeux entre deux phrases, j’ai constaté avec horreur que la main de ma mère, cette même main qui tenait le crucifix, s’était faite déchiquetée. L’objet était à présent près de ma sœur qui se trouvait derrière notre mère. Cette dernière était figée, la bouche entrouverte et les yeux grands ouverts.
Ma mère avait le souffle court, luttant pour contenir la douleur et rester concentrée. Car oui, elle continuait de scruter le plafond de tous les côtés afin d’anticiper toutes attaques. C’est avec la voix brisée qu’elle demanda :
Ma mère : Aïda, ramasse vite ma croix et passe-la moi. Toujours en regardant le plafond.
Mais ma sœur ne fit aucun geste.
Ma mère : AÏDA ! Gronda ma mère.
C’est alors qu’un rire sinistre s’éleva dans la pièce, un rire à s'en glacer le sang. En l’entendant, Aïda prit ses jambes à son cou et partit en hurlant de terreur, sans demander son reste. La porte qui était verrouillée s’ouvrit brusquement et elle sortit en courant. Et pour la première fois, ma mère ôta les yeux du plafond pour voir sa fille fuir face à cette créature de bas étage. Et sans que je ne comprenne comment, c’est dès cet instant que le démon posa le pied au sol dans le silence le plus total.
Il était à bonne distance de ma mère qui avait le dos tourné. Je continuais de lire, mais quand je vis que ses doigts se transformaient en de longues griffes noires qu’il dirigeait sur ma mère, je ne pus continuer. Alors j’ai crié :
- MAMAN !
Mais il était trop tard, il l’avait transpercée le corps avec ses griffes avant de les retirer violemment, laissant une immense plaie béante. Du sang jaillissait en abondance. Le démon en face d’elle se tordait de rire. J’avais lâché la bible et je me suis précipitée vers elle. Je l’ai prise dans mes bras, des larmes plein les yeux.
Moi : Maman ! Maman ! Je t’en prie, reste avec moi.
L’enfant : Je me demandais où tu étais passée toi. Tu es entrée avec les autres et d’un coup, tu as disparu. Tout ce que je sentais, c’étaient des brûlures dans le dos. Maintenant, te revoilà et je me porte bien.
C’est alors que j’ai compris. Les versets que je lisais m’ont sans doute rendue invisible, mais comme Aïda n’essayait pas de lutter, elle était une cible facile.
L’enfant : C’est ton tour à présent. Me dit-il en s’avançant vers moi.
Ma mère : Arrière, démon ! Je te congédie, retourne dans le royaume des ombres !
C’étaient les paroles de ma mère. Elle les a dites d’une voix faible, mais cela a suffi pour faire fuir l’enfant. Les fenêtres s’ouvrirent violemment et il parti par l’une d’elles à grande vitesse. Pendant ce temps, le séminariste vint à notre rencontre en courant. Dans mes bras, le corps encore tiède de ma mère.
Elle venait de prononcer ses dernières paroles…..