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Chapitre 3

Antoine : Chelsea, qu’est-il arrivé ? J’ai vu Aïda partir en courant !

Moi : ….

J’étais à genoux près du corps de ma mère. Elle avait l’air si paisible. Si on faisait abstraction du sang et des plaies, on aurait pu croire qu’elle dormait. Je n’ai rien trouvé de mieux à faire que de prendre sa croix et la déposer sur sa poitrine. Je ne reconnaissais pas les gens autour de moi, leurs voix me semblaient si lointaines.

Mère de l'enfant : Où est passé mon fils ? Qu’est-ce que vous lui avez fait ?

Moi : ….

Mère de l’enfant : Il y a du sang partout ! Vous avez tué mon enfant !

Elle se mit à crier et à se rouler par terre, hurlant que nous avons tué son enfant.

Père de l’enfant : Les anciens nous disaient bien que c’était des charlatans, mais nous avons voulu croire en leur Dieu. Voilà le résultat !

Antoine : Calmez-vous !

Père de l’enfant : Je ne peux pas me calmer, vous nous avez fait sortir pour pratiquer sur notre enfant, assassins ! Gronda le père.

À ces mots, j’ai senti comme une décharge électrique, je me sentais loin mais les paroles de ce type m’ont fait redescendre.

Moi : Tu oses nous traiter d’assassins ! Tu ne vois pas le corps de ma mère devant toi ? C’est ton fils qui l’a tuée ! Espèce de sorcier, tu invoques le démon dans ton enfant et tu viens dire quoi !?

Mère de l’enfant : Quel démon ? Quel démon ? Mon enfant n’avait pas le démon en lui. C’est vous qui êtes venus avec.

Les mots ne pouvaient plus suffire, j’ai bondi sur cette femme, mais Antoine m’a retenu, m’emmenant à l’extérieur. Dehors, il y avait du monde. Je pense que les cris de la femme ont alerté les gens dans les environs. J’essayais de me calmer, sous les paroles rassurantes d’Antoine. Je balayais la foule du regard, il n’y avait que des villageois. Aucune trace de Aïda.

Le chef du village est sorti de la foule et s’avançait vers moi et Antoine. Les parents de l’enfant étaient sortis pour rejoindre la foule.

Chef : Que se passe-t-il ?

La mère : Ils disent que mon enfant a le démon en lui. Cria-t-elle sans s’avancer.

Chef : C’est vrai ?

Antoine lui a expliqué la situation, tout comme le fait que la créature avait tué ma mère. Le chef écoutait avec intérêt, avant d’entrer dans la case pour regarder la dépouille. Je ne sais pourquoi, mais j’avais l’impression qu’il était soulagé.

Il a ordonné à quelques jeunes de transporter le corps jusqu’à la chefferie où elle était supposée reposer avant l’enterrement. Je les ai suivis avec Antoine et la foule. Ils l’ont déposée sur un lit de paille dans la cour, comme si ce lit avait été préparé à l’avance pour elle.

La foule qui était toujours là formait un cercle autour. Les gens s’asseyaient à même le sol, comme s’ils étaient venus regarder un film. Le soleil commençait à se coucher, on se regardait les uns les autres sous les rayons orangés de ce dernier. Antoine qui était à côté de moi me chuchotait à l’oreille.

Antoine : Je dois aller chercher le réseau pour téléphoner. Attends-moi ici.

Chelsea : C’est mieux que j’aille chercher Aïda ensuite on va rentrer.

Antoine : On ne peut pas rouler la nuit ici, et puis tant que je ne suis pas revenu, ne laisse pas ta mère seule avec ces gens. Tu dois garder un œil sur elle.

Après quoi, il est parti. C’est depuis cet instant que mon calvaire a commencé. Car quand je me suis retrouvée toute seule, le chef a annoncé qu’il devait faire des rituels avant l’enterrement.

Moi : Comment ça ? Quels rituels ? M’indignai-je.

Notable1 : Dans ce village, les corps doivent être mis en terre le même jour. Elle ne peut pas passer la nuit hors de la terre.

Notable 2 : Mais avant, on doit suivre la tradition pour l’enterrer selon nos coutumes.

Chelsea : Non, je ne suis pas d’accord. Elle doit reposer dans notre cimetière familial, pas ici.

Notable1 : Mais ma fille…

Chelsea : J’ai dit non ! Vous ne la toucherez pas.

Chef : Tu es une étrangère ici et tu oses contester nos croyances ? Encore un de ces enfants à qui les blancs ont lavé le cerveau.

Moi : Même sans ça, vous avez dit vous-même que nous sommes étrangers. Chez nous, on n’enterre pas nos morts chez les gens.

Une violente dispute a éclaté. On aurait dit qu’ils voulaient par tous les moyens que je cède pour qu’ils puissent amener ma mère je ne sais où.

J’étais à bout. Ils ne voulaient pas me laisser tranquille. Il faisait nuit à présent, Antoine n’était toujours pas revenu. Comme je ne changeais pas d’avis, le chef ordonna aux mêmes jeunes qui avaient transporté le corps de le déplacer vers une des cases dans la cour. Je me suis interposée.

Moi : Si vous voulez la toucher, vous devez me passer sur le corps, comme c’est déjà la force.

Physiquement, je n’avais aucune chance face à tant de gaillards, mais je devais tenir. J’étais sur le point de me faire frapper quand un homme intervint.

L’homme : Arrêtez de tourmenter cette enfant.

C’était un homme grand de constitution robuste. Il avait en main un sac plein de provisions et, dans l’autre main, une machette. Il semblait revenir du champ.

Murmure dans la foule : C’est le petit frère du chef, le charpentier du village.

Chef : Qu’est-ce que tu veux, Habib ? Retourne couper tes planches et laisse-moi gérer nos affaires. En colère.

Habib : Tu brutalises les jeunes filles maintenant ? Quel genre de chef fais-tu ?

Chef : Ce n’est pas ton problème.

Sans prêter attention au chef, il s’est approché de moi et a dit :

Habib : Prends-la avec toi et va-t’en. Ce qu’ils veulent faire ici n’a rien à voir avec la tradition.

Moi : Quoi ?

Habib : Je t’ai demandé de partir !

Je ne savais pas trop comment la transporter, alors je l’ai portée avec mes mains. Je croyais qu’elle serait vraiment lourde, mais ça devait être un miracle, car elle était beaucoup plus légère que ce que je pensais. À travers mes vêtements, je pouvais sentir son corps frigorifié. Cette sensation m’a ramené à la réalité, et j’ai laissé échapper quelques larmes.

Derrière moi, je pouvais entendre Habib menacer les gens du village en brandissant sa machette.

Habib : Si quelqu’un tente de l’approcher, je vous jure que je vais découper cette personne. Soyez un peu humains de temps en temps, c’est une enfant.

Personne n’osait bouger après ses mots.

Je ne savais pas où aller. J’ai d’abord cherché la voiture, mais rien. Elle n’était pas où on l’avait laissée. Instinctivement, je suis retournée sur le lieu du drame. C’est-à-dire vers la grande case qui était à l’écart du village. Il faisait nuit, j’étais éclairée par les rayons lunaires. Près de la maison, il y avait un manguier. J’ai déposé le corps à son pied. Le crucifix était toujours sur sa poitrine. Je l’ai saisi pour le glisser dans ma poche avant de m’asseoir à côté d’elle.

Combien de temps avait passé, je n’en avais aucune idée. J’ai été tirée de ma rêverie de temps à autre par les bruits qui s’échappaient de la brousse. Des bruits que je ne pouvais identifier. C’est alors que la voix de Habib m’a fait sursauter.

Habib : Alors c’est ici que tu te cachais !?

Je me suis levée en sursaut. Il était juste à côté de moi, avec une caisse ressemblant à un cercueil sur la tête.

Moi : « Qu’est-ce que tu veux ? »

Habib : « Tu dois l’enterrer. » Il pose le cercueil sur le sol.

Moi : « Comment ça ? »

Habib : « Je pense que tu n’as pas encore compris, ils ont tout fait pour t’isoler. Tu as bien fait de refuser leurs rituels, sinon ils auraient emporté l’âme de cette personne. Maintenant, tu ne peux pas te balader avec un cadavre dans les bras. Prends ce cercueil et enterre-la. Au moment de quitter cet endroit, tu pourras venir la chercher. »

Moi : « Qu’est-ce qui me dit que vous n’êtes pas comme eux ? »

Habib : Rien ne le garantit, mais s’il y a une chose qui est vraie, c’est que dans ce village, un corps ne doit pas passer la nuit. Si tu veux la protéger, enterre-la et prie beaucoup ton Dieu. Avec un peu de chance, il t’aidera.

Moi : Vous n’allez pas m’aider ?

Habib : Je ne suis même pas censé être là. Crois-moi petite, j’ai fait mon possible pour toi, la suite te revient.

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