Chapitre 5 : Le nom sur le certificat de mariage : Vivian Loisy
— Retourne-toi.
Théophile lance un regard au dos tendu de Vivian.
Elle fronce les sourcils, sans bouger, elle hésite encore.
— Mlle Loisy, M. Laval vous appelle.
L’assistant de réception lui rappelle.
— Mince, c’est fini ! pense Vivian.
Elle se retourne doucement, mais sa tête est encore baissée, en craignant de regarder Théophile en face.
En fait, elle a vraiment scrupule et se sent très coupable, en ayant les jambes faibles.
— Lève ta tête.
Théophile plante ses yeux sur elle, son ton est doux mais avec une majesté qui ne permet pas à Vivian de rejeter sa demande.
Elle lève la tête résolument, mais elle regarde ailleurs.
Pourvu qu’elle ne regarde pas ses yeux séduisants, elle n’est pas si effrayée.
Elle est si belle et pure, les yeux brillants, les lèvres roses et les cheveux attachés en queue de cheval, tout ça la rend capable et habile.
Avec la veste de tailleur en noir, le pantalon droit faisant ressortir ses belles jambes et les chaussures à talons blanches... cette femme est tellement élégante.
— M. Laval, qu’est-ce qu’il y a ?
Elle essaie de se relaxer et se présente naturellement.
— Qui es-tu ?
Théophile plisse les yeux légèrement.
Quand il l’a frôlée en passant tout à l’heure, il sentait un souffle familier qui se dégageait d’elle.
— Je suis Vivian Loisy, designer senior du Groupe Squidex de la Cité Y. Je viens ici pour parler avec M. Dominique Henry au sujet du projet de la décoration de l’opéra.
Elle se présente et le but de cette visite calmement.
— Vivian...
Il répète le nom par plaisir.
Mais à cause de son appellation intime, Vivian se sent un peu chaud sur son visage, et une inquiétude apparaît au fond du cœur.
Elle prie dans son cœur qu’il ne la reconnaisse pas.
De toute façon, il y a cinq ans, avec une faible lumière cette nuit-là, aussi bien, à cause des effets du médicament, Théophile ne pouvait pas la voir clairement.
En outre, elle était très maquillée. Peut-il assimiler la femme comme prostituée d’il y a cinq ans à celle qui se montre très compétente d’aujourd’hui ?
— Mlle Loisy, avons-nous rencontré quelque part ?
Il la regarde silencieusement.
Elle est surprise, avec l’air paniqué.
— M. Laval, je vis à la Cité Y, et c’est la première fois que je viens à la Cité K. De plus, un grand personnage comme vous, ce n’est pas possible de rencontrer des gens ordinaires comme moi. Vous vous êtes trompé.
Elle lui ment et donne un sourire gracieux.
— Ah bon ? dit-il en levant un peu les sourcils, il semble que je m’en souvienne mal.
Elle reste immobile anxieusement, et elle ne veut que finir cette conversation dès que possible.
— M. Laval, si vous n’avez pas d’autres choses, nous allons à la réunion.
— Mlle Loisy, j’attends avec impatience la coopération entre nos deux parties.
Il présente un sourire énigmatique, et cela rend son visage plus beau.
Vivian s’y perd un instant, mais elle se reprend rapidement.
— M. Laval, nous attendons vos suggestions avec plaisir.
Elle se relâche quand il se détourne, elle ne peut s’empêche de tirer un peu la veste, et son dos a déjà ruisselé de sueur froide.
La conversation ne durait que deux minutes, mais comme une bataille très dure, elle la rend épuisée.
Théophile détourne le regard sur la vue de dos de Vivian, et il y a un son badin de Dominique :
— Théophile, tu aimes le type comme Mlle Loisy ?
De l’école à maintenant, il n’a jamais vu que le regard de Théophile se fixait sur une femme pendant plus de trois secondes.
— Il y a certainement des secrets entre eux, pense Dominique.
Théophile jette un coup d’œil sur son visage curieux.
— Tu penses trop.
— ...
Dominique perd les mots.
Théophile le frôle en passant et revient au bureau de président. Il s’assied derrière un grand bureau en palissandre noir.
Il ouvre le tiroir du bas droit, et tire deux certificats de mariage.
Ces deux certificats avaient été laissés dans son bureau il y a plus de deux ans, Théophile y a juste jeté un coup d’œil, et ne les jamais revus.
Et maintenant, ils sont aussi nouveaux que ceux délivrés il y a trois ans.
Théophile ouvre l’un d’eux, et il y est écrit que le titulaire de ce certificat est « Vivian Loisy » et que son époux est « Théophile Laval ».
La femme sur la photo, non maquillée, portait la queue-de-cheval. Quoique son chemisier blanc semble simple, elle avait toujours un tempérament inimitable.
Alors l’homme à côté portait aussi une chemise blanche, avec l’expression indifférente sur son beau visage. Ces deux personnes étaient unies en apparence mais désunies dans l’esprit.
En effet, cette photo de mariage était créée par le montage photographique.
Théophile n’est même pas apparu pour obtenir le certificat, tout était fait par son ami.
Parce qu’il a eu un accident de voiture et qu’il était obligé de rester à l’hôpital avec les jambes blessées. Mais il était impératif d’obtenir le certificat, donc il ne le faisait que par la notarisation vidéo avec l’aide de Walbert Muller.
— Vivian Loisy, c’est toi, qui je n’ai jamais vue.
Il prend son téléphone portable et compose un numéro.
— Walbert, devine qui j’ai rencontré aujourd’hui ?
A l’autre côté, Walbert se fige pour un instant.
— Qui ? La fille de la famille Mercier qui est revenue de l’étranger ? Elle te harcèle encore ?
— C’est Vivian Loisy.
Théophile s’appuie sur le dossier de la chaise, et il met légèrement une main sur le bord de la table, mais ses yeux se fixent toujours sur le certificat de mariage.
— ...
Walbert se fige encore pendant une seconde avant de comprendre subitement.
— Théophile, si tu ne l’avais pas mentionné, je l’aurais presque oublié. Elle t’a trouvé ? Ce n’est pas possible, elle ne sait même pas que tu es celui avec qui elle est mariée. Et elle semble être une personne bien sage, sinon je ne l’aurais pas choisie pour toi.
La belle-mère de Théophile avait manœuvré sourdement sans cesse après avoir pris pied chez les Laval, et Théophile devrait se marier pour hériter des parts sociales. Il n’avait pas choisi celle qui était arrangée par sa belle-mère et son père, donc il avait essayé de trouver une candidate en secret.
Il n’avait pas pensé que Walbert lui a présenté Vivian Loisy, qui était désespérée à ce moment-là.
Vivian avait besoin d’argent, et Théophile avait besoin d’une épouse contractuelle. Les deux parties seraient libres au bout de trois ans, et la seule obligation était de respecter le contrat et de traiter l’autre partie comme une inconnue.
Ainsi, c’était tellement logique, et toutes les formalités étaient faites par Walbert. Donc pour Théophile, ses connaissances sur son épouse nominale sont limitées à la photo et au nom figurant sur le certificat de mariage.
— Elle est designer du Groupe Squidex, et vient pour parler du travail aujourd’hui.
Théophile ne s’attendait pas à ce qu’il rencontre sa femme nominale dans l’entreprise.
— Parler des affaires avec ton épouse, qu’est-ce que tu en penses ?
Walbert rit et dit pour badiner.
— Elle n’est pas à la hauteur d’être reçue par moi.
Théophile répond assez fièrement.
— Oui, quoi qu’il en soit, il ne reste que plus de deux mois pour la durée de trois ans, et avant le divorce, c’est mieux de ne pas avoir de tracasseries avec elle.
Walbert pense à éviter tout ennui possible.
— Bon.
Théophile raccroche.
Vivian Loisy...
Mme Laval...