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****Roman****
Ma tante, son mari et ses enfants m'avaient donc laissé seul au salon, et étaient tous partis vaquer à leurs occupations. Elle ne m'avait remis que 5000fc avec lequel il fallait que je me débrouille pour la journée entière.
J'étais donc parti étudier ce jour-là et tout s'était très bien passé pour moi. J'avais fait la connaissance de quelques condisciples étudiants et nous nous entendions plutôt bien.
Il était 17h lorsque je sortais de la fac pour me diriger chez moi.
Pendant donc que je marchais, un véhicule bien fumé de partout, vint aussitôt stationner devant moi. Cela m'effraiea :
Nadege : salut ? ! Dit-elle après avoir baissé la vitre.
Roman : Euh salut ? !
Nadège : je t'ai fait peur hein ? ? Désolée.
Roman : qui es-tu ? ?
Nadège : Quoi ? ? Tu ne me connais pas ??
Roman : non...enfin si ?
Nadège : ?
Roman : ton visage me diy quelque chose au fait...
Nadège : Hum ? ! Je m'appelle Nadège, on est de la même promotion.
Roman : Ah voilà ! Je me disais bien ça mais j'hésitais.
Nadège : Oui c'est ça, menteur comme ça !
Roman : ? pas du tout. Je te dis la vérité.
Nadège : ouais c'est ça ?. Mens-moi ?
Roman : Oh ?
Nadège : et toi c'est Roman, c'est ça ?
Roman : Oui. Comment ça se fait que tu me connaisses si bien ??
Nadège : eh doucement hein ! Prends pas la grosse tête. Je te connais car on t'a tous remarqué aujourd'hui en cours. Tu as l'air très intelligent.
Roman : Ah bon ? Merci ?, je le prends pour un compliment.
Nadège : j'ai dit '' tu as l'air '' donc reste calme ?
Roman : ?? t'es drôle
Nadège : ? Hum ! Dis-moi un peu, tu vas où comme ça ?
Roman : je rentre chez moi.
Nadège : c'est loin d'ici ?
Roman : bah je crois.
Nadège : tu crois ? ?
Roman : en fait, je ne maîtrise pas vraiment la ville. C'est ma première fois d'y être, et même ce matin je me suis perdu en venant à la fac.
Nadège : Ah bon ? ? Donc tu n'es pas kinois ?
Roman : Non. Je viens de...
Nadège : Hop ! Attend...
Roman : ?
Nadège : ne me dis rien. Monte, tu vas tout me raconter autour d'un verre.
Roman : hein ? ?
Nadège : Quoi ? Ne me dis pas que tu as peur de moi ? ?
Roman : non mais...
Nadège : Mais rien du tout. Monte, allez ! N'aie pas peur.
Silence.
Nadège : On va juste discuter un peu, ensuite je te ramènerai chez toi. D'accord ?
Roman : euh... D'accord ? !
C'est donc ainsi que je montai dans la voiture de Nadège, et celle-ci m'emmèna dans l'un des restaurants le plus beau et le plus propre de la ville. Jamais je n'avais vu autant de nourriture et autant de luxe dans ma vie.
****20h00****
Nous mangeâmes, bûmes, discutâmes et même rigolâmes pendant plusieurs heures, au point nous n'avions même pas vu le temps passer :
Nadège : ton histoire est triste tu sais ??
Roman : oui mais ce n'est pas grave non plus. Aujourd'hui j'ai grandi et Dieu prend soin de nous ?.
Nadège : C'est ça. Je suis contente de voir que tu es aussi croyant.
Roman : C'est la moindre des choses, sans Dieu ma vie n'aurait aucun sens. Nous serions tous morts s'il n'avait pas été là.
Nadège : vraiment, gloire à lui ?
Roman : et toi, parle-moi un peu de toi, tu veux ?
Nadège : te parler de quoi précisément ? ?
Roman : de ta famille, d'où tu viens et de ce que tu fais en dehors des études...
Nadège : bah je viens aussi de province comme toi. Je suis du sud Kivu et mon père est ministre là bas.
Roman : oh c'est vrai ? ?
Nadège : Oui.
Roman : Waouh ! Je suis donc en face de la fille d'un ministre ? ?
Nadège : ?? n'exagère pas, toi aussi !
Roman : Ça doit être chouette de vivre dans autant de luxe.
Nadège : oui, Dieu nous fait grâce. On ne se plaint de rien en tout cas ?.
Roman : vraiment ?
Nadège : Roman, je veux t'aider...
Roman : pardon ? ?
Nadège : tu m'as bien entendue, je veux t'aider ?.
Roman : en quoi faisant ??
Nadège : je vais te donner de l'argent. Je suis sûre que ça vous aidera ta famille et toi. Je...
Roman : Nadège, c'est très gentil de ta part mais non merci.
Nadège : mais pourquoi ? ?
Roman : bah parce que tu en fais déjà assez comme ça. Je ne veux pas être un poids pour toi.
Nadège : mais ce n'est rien ça. Je t'ai juste offert un repas ?
Roman : peu importe, Nadège. Ma mère m'a appris à ne jamais abuser de la générosité des gens.
Nadège : mais tu n'abuses de rien du tout. C'est moi qui te le proposes en plus.
Roman : et en contrepartie de quoi vas-tu m'aider ?
Nadège : en contrepartie de rien du tout.
Roman : Hein ? ? Ah ça non ! Tu ne peux pas me donner autant d'argent gratuitement !
Nadège : Pourquoi ?
Roman : Parce que l'argent gratuit n'existe pas dans ce monde. Tout se fait toujours en contrepartie de quelque chose.
Nadège : Eh ? ! OK dans ce cas, considère cela comme un cadeau de... D'une amie à toi ?.
Roman : Hum ?
Nadège : allez s'il te plaît, accepte.
Roman : ?
Nadège : S'il te plaît ? ! Sinon je vais me sentir vexée ?
Silence.
Roman : Okay c'est bon ! J'accepte.
Nadège : Youpi ?
Roman : mais à une condition...
Nadège : laquelle ?
Roman : Une fois que j'aurai un travail stable, je te rembourserai tout. D'accord ?
Nadège : mais Roman ?
Roman : pas de mais, Nadège. C'est comme ça ou rien ?
Nadège : ouf ? ! Bon d'accord, ce n'est pas grave ?
Roman : bien ?
Silence.
Nadège : Bon bah, on a fini je pense. Allons je vais te ramener chez toi.
Roman : d'accord. Et merci pour le repas.
Nadège : je t'en prie ?
Après avoir quitté le restaurant, Nadège m'avait aussitôt conduit jusque devant chez moi, avant de me déposer et de s'en aller.
Il était 22h lorsque j'entrai finalement à la maison et je trouvai celle-ci très silencieuse.
Je me dirigeais donc vers ma chambre car je ne voulais pas déranger ceux qui dormaient, lorsque ma tante surgit aussitôt de nulle part :
Nono : Ça alors ! Monsieur n'est à Kinshasa que depuis un jour et se comporte déjà en déserteur ? ?
Roman : ? Salut ma tante ! Je m'excuse sincèrement. Je...
Nono : tais-toi ? ! T'ai-je demandé des explications ?
Silence.
Nono : je te préviens, n'ose plus jamais faire une telle chose dans ma maison, sinon je t'assure que tu vas pleinement le regretter. Est-ce clair ?
Roman : très clair ma tante. Je te promets que c'est la dernière fois que cela se produise.
Nono : oui c'est la dernière, car si tu refais encore une telle chose, je te vire de cette maison sans préavis ?.
Roman : ?
Après m'avoir crié dessus comme elle savait le faire, ma tante s'en alla. J'étais sur le point de continuer mon chemin vers ma chambre, mais elle m'interrompit à nouveau :
Nono : et où comptes-tu aller comme ça ? ?
Roman : je vais dans ma chambre, ma tante.
Nono : quelle chambre ?
Roman : ?
Nono : avant d'y aller, assure-toi d'abord que tous les récipients qui sont à l'extérieur sont remplis.
Roman : ? mais ma tante, je viens d'arriver et je suis extrêmement fatigué ?.
Nono : eh bien fallait y penser avant d'aller te promener.
Silence.
Nono : remplis-moi tous ces récipients car mes enfants auront besoin de prendre leur bain demain matin. Bonne nuit. Dit-elle avant de s'en aller.
J'étais resté là, bouche bée, entraîn de l'observer partir. Je n'avais pas le choix que d'obtempérer à ses ordres malheureusement.