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05

Par réflexe, j'applique rapidement mes bras en croix sur ma poitrine, afin de camoufler un minimum ma nudité.

- Mais pas du tout ! Je… Je… Mais, vous distinguez quelque chose ?

Il éclate de rire.

- Non, j'ai beaucoup d'intuition c'est tout. Il semblerait que je vous ai grillé sur ce coup-là !

Mes joues chauffent et je choisis le silence comme défense. Après tout, il n'a aucune preuve de ce qu'il avance. C'est avec une humeur un peu ronchon que je pénètre sous la douche. L'eau qui caresse mon corps m'apaise et le gel douche aux odeurs masculines m'embarque vers des pensées qui en feraient rougir plus d'une. À ce moment-là, je souhaiterais être dans la tête de mon homme de compagnie, pour savoir ce qu'il s'y passe.

À peine les robinets fermés, je sens une serviette chaude s'enrouler autour de moi. Me savoir ainsi nue dans ses bras, perturbe complètement mon petit cœur.

- Accepteriez-vous ma compagnie dans l'unique lit de la pièce ? En tout bien tout honneur, bien évidemment.

- Je gigote beaucoup la nuit, mais si vous ne craignez pas les coups, je n'y vois pas d'inconvénient. De plus, si quelqu'un doit dormir sur le fauteuil, ce sera moi.

- Je suis un gentleman Mme et ma réputation serait entachée si je ne recevais pas convenablement une jolie femme.

- Excusez-moi, mais comment savez-vous si je suis jolie ?

- Tout d'abord, j'ai eu droit à un rapport détaillé, un peu trop d'ailleurs, de Seige qui pour tout vous dire, semble vous trouver physiquement à son goût. Ensuite, vous avez gentiment laissé mes mains voir pour mes yeux. Il me manque encore quelques détails et j'espère les combler un jour.

- Lesquels ?

- La texture de vos cheveux, les courbes… Voyons, je bavarde et vous êtes épuisée. Allez vite vous glisser sous la couette !

Les courbes… de mon corps ? S'il savait à quel point j'ai envie que ses mains me fassent tout oublier ce soir.

Une fois allongés loin l'un de l'autre dans le lit et la lumière éteinte, je me mets à grelotter de stress. C'est alors, que comme par magie, je me retrouve enveloppée dans une bulle chaude et tendre. Je n'ose plus bouger et ne tarde pas à sombrer dans le sommeil, les lèvres posées sur son torse.

Quand je pousse la porte de la salle d'exposition, je suis éblouie par une immense pièce aux murs recouverts de plaques rouge vif. Instinctivement, je lève la tête vers le plafond ou devrais-je dire le ciel, tellement il semble inaccessible. Sa blancheur adoucie la couleur sang qui m'entoure et donne une impression de nuages moutonneux.

Vêtue comme une princesse au bras de son beau prince charmant, je me déplace avec élégance en appréciant chaque claquement de mes talons sur le parquet en bois clair. Pour la première fois de ma vie, je me sens femme fatale et sûre de moi. Ce sentiment de toute puissance et de contrôle extrême déclenche une cascade de frissons très agréable le long de mon échine dorsale. De plus, les petites caresses réconfortantes que Emile dépose sur mon avant-bras me font fondre.

Perdue dans ma bulle de bonheur, je n'aperçois pas une très jolie femme blonde qui se dirige droit sur nous. Un sourire éclatant illumine son visage de poupée, mais lorsque je croise son regard, sa joie disparaît aussi vite qu'elle est arrivée. D'un signe de tête et d'un agrandissement de ses yeux de biche, elle me fait comprendre que je dois me taire. Les agréables sensations que mon corps ressentait auparavant se transforment en quelques secondes, en sueurs froides. Ce qui n'échappe pas à mon bel Apollon.

- Il y a un problème Vanessa ? Je vous sens tendue tout à coup.

Mme diablesse ne me laisse pas le temps d'ouvrir la bouche.

- Oh Gab ! Je suis tellement contente que tu aies pu te libérer. Mais, tu es bien accompagné à ce que je vois. Tu ne me présentes pas ?

Traîtresse !

Cette chipie est une comédienne hors pair et je crains de ne pas être à la hauteur dans ce genre de discipline. Elle se pend au cou de Emile tout en lui déposant des tas de bisous avec ses lèvres recouvertes d'un rouge vif qui ne laisse aucune trace. Vous savez, ce fameux rouge baiser que portent toutes les femmes fatales. Cette pétasse est élégante jusqu'au bout des lèvres. Quant à lui, innocent, il sourit joyeusement.

- Sena ! Je suis ravi de te voir, ou pas. Je te présente Vanessa, ma journaliste particulière et non moins… amie.

Je perçois un pincement sur sa bouche pulpeuse, comme si elle n'appréciait pas que M. Lewis me côtoie. D'ailleurs, pourquoi ne voulait-elle pas que je dise que nous nous étions déjà rencontrées ? Peut-être avait-elle peur du jugement de son meilleur ami. Il est très probable que Emile ne se doute pas que sa jolie Sena écarte ses cuisses sur demande pour consoler un homme saoul et malheureux.

Tiens, quand on parle du loup…

- Allô ? Bonjour Lopez.

Je fixe la blonde platine et lui assène un sourire de diablesse.

- Excusez-moi, je voudrais sortir deux minutes, mais…

Je suis gênée, car je ne veux pas planter Emile seul au milieu de la pièce.

- Pas de soucis Vanessa, je vais commencer la visite avec Gab.

Je la remercie du bout des dents et me dirige vers l'extérieur pour affronter la conversation téléphonique. J'ai voulu jouer la maligne devant Sena, mais maintenant je stresse à l'idée de parler avec Lopez.

- Mon coeur ?

- Arrête de m'appeler comme ça ! Je suis vraiment fâchée contre toi, tu sais ?

- Oui et tu as raison de l'être. Il faut absolument que je te voie ma Vanessa.

- Là, ce ne va pas être possible. Je suis au musée avec…

- Avec lui… Je m'en fous de ce type, je veux te parler, mais pas au téléphone. C'est trop impersonnel.

- Désolée Lopez. Je te rappelle dès que possible.

Je sais qu'il va s'entêter à vouloir me rencontrer tout de suite, alors je raccroche sans attendre sa réponse. À mon plus grand étonnement, il n'insiste pas.

Sans plus attendre, je retourne affronter Sena.

- Merci Sena, je réintègre ma place auprès de Emile.

Son regard noir me laisse entendre qu'elle ne m'apprécie pas, mais alors pas de tout.

- Vous m'avez manqué très chère Vanessa. Avez-vous envie de parler de cette conversation avec moi ?

- Non. Nous allons découvrir les toiles ?

- Avec plaisir.

J'apprécie fortement qu'il n'insiste pas, car à ce moment précis, j'ai juste envie d'oublier tous mes problèmes.

Une fois face aux tableaux, la magie Emile opère de nouveau. La façon dont cet homme se sert de ses mains pour découvrir les aspérités de la peinture, me captive totalement. Je trouve ces caresses d'une sensualité extrême et je me prends même à m'imaginer à la place de ces croûtes. Pour ma part, je lui décris avec le plus de détails possibles, ce que je vois. Puis, mon satané portable se remet de nouveau à sonner dans ma petite pochette ornée de brillants. Je n'ai pas le temps de décrocher, mais un message vocal m'attend.

Je suis dehors Mon coeur et je t'attendrai le temps qu'il faudra. Je veux te voir !

Et il insiste beaucoup sur le « veux ». Je m'excuse donc auprès de Emile et l'abandonne encore entre les griffes de« jolies gambettes ».

Le vent frais s'engouffre dans ma chevelure dès que je mets le nez dehors. Lopez est là, de l'autre côté de la route. Il se tient le dos appuyé contre la portière passagère de sa voiture et tire nerveusement sur sa cigarette. Depuis quand avait-il repris à fumer ? Je l'observe quelques secondes avant de m'apprêter à le rejoindre. Il porte un bomber noir, un jean clair et des tennis blanches. Puis, comme avertit par son sixième sens que quelqu'un l'observe, il lève la tête et me fait un signe de la main. Ma gorge est sèche et j'ai du mal à avaler la boule d'angoisse qui s'y est logée.

Arrivée à sa hauteur, je vois distinctement son visage et surtout l'étendue des dégâts présents sur celui-ci. Mon cœur se serre aux vues des cratères qui cernent ses magnifiques yeux et ma colère s'évanouit en fumée. Il ouvre grand ses bras et ses yeux me supplient de venir y plonger. À cet instant, je ne réfléchis à rien et me blottis contre son torse. Ce cocon si doux, si chaleureux où depuis toujours, je déverse mon trop-plein de douleur. Nous restons ainsi un long moment sans parler, pour ne pas gâcher la magie de nos retrouvailles. Puis, lentement, je me dégage de son emprise, caresse tendrement sa barbe négligée et s'en même réfléchir, dépose un petit baiser sur ses lèvres. Seulement, lui, rongé par le remords, approfondit brusquement notre étreinte. Surprise, je ne réussis pas à repousser l'accès de sa langue dans ma bouche, peut-être aussi, parce que j'en ai autant envie que lui.

Que m'arrive-t-il ? Que suis-je en train de faire ? Emile, Lopez… Lopez, Emile. Je dois me rendre à l'évidence, ces deux hommes sont très importants pour moi et mon cœur ne sait plus où il en est.

Ses doigts empoignent frénétiquement mes cheveux, ses lèvres dévorent avidement ma peau et pour couronner le tout, le sel de ses larmes sur ma bouche me fait perdre le peu de raison qu'il me reste. Puis, il saisit fermement mes joues entre ses mains.

- Je suis désolé. Je m'en veux terriblement et je ferai tout pour me faire pardonner de mon comportement de salaud. Tu sais à quel point je tiens à toi. Tu le sais ça ?

- Oui, je le sais. Ne recommence plus jamais ça, tu m'entends ?

- Plus jamais.

Doucement, je me dégage de son emprise pour essayer de me ressaisir et c'est à cet instant que Lopez prononce la phrase de trop.

- Cet homme n'est pas un homme pour toi. Tu n'es pas de son monde et il te jettera dès qu'il aura fini de jouer avec toi.

Aussitôt, Madame colère reprend place dans mes entrailles.

- Premièrement, tu ne connais pas Emile et deuxièmement, tu es bien placé pour me dire ça. Ta pouffe blonde a déjà fini de jouer avec toi ? Bien évidemment, que je suis bête, une fois satisfaite de tes services, elle retourne dans son beau monde en compagnie de son meilleur ami.

- De quoi parles-tu ? Parce que, elle et lui sont…

- Hé oui, le monde est petit, tu ne trouves pas ?

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