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Une fois à l'extérieur et surtout libre, je m'assois sur le bord du trottoir, afin d'essayer de calmer les tremblements qui envahissent mon corps. Il m'est impossible de conduire dans cet état, or je ne veux pas rester trop longtemps dans les parages de peur que le monstre engendré par l'alcool, ne revienne terminer ce qu'il a commencé.

Les mains hésitantes, je sors mon portable de mon blouson et fais défiler la liste de mes contacts pour solliciter l'aide d'un d'entre eux. Un nom attire mon attention et sans réfléchir plus longtemps, j'appuie sur « appeler ».

Il est presque minuit, j'ai froid, peur et peu de chance qu'il me réponde à cette heure si tardive.

- Allô ?

Le son de sa voix me rassure et je relâche en partie la tension qui m'écrase la poitrine. Si bien que j'éclate en sanglots sans réussir à placer une phrase cohérente, à part, « Emile », « Emile »

- Vanessa ? Vanessa ! Que vous arrive-t-il ? Où êtes-vous ?

Je ne maîtrise plus rien. Je balbutie des débuts d'explications, puis renifle, crie, pleure à chaudes larmes.

- Mais où diable êtes-vous ?

- Je… je…

L'émotion me submerge et je suis dans l'incapacité de lui donner l'adresse de Lopez.

- Vanessa ! Dis-moi tout de suite où tu te trouves !

Son tutoiement et l'inquiétude que sa voix véhicule me percutent comme une flèche. Bizarrement, cela me permet de retrouver la raison.

- Boulevard de Verdun. Assise sur le trottoir.

- Alors, écoutez-moi bien. Vous allez rester au téléphone avec moi jusqu'à ce que Seige vous dépose à mon hôtel.

Je l'entends appeler son acolyte, sûrement avec une seconde ligne et ensuite, il continue à converser avec moi comme convenu. Je n'aurais jamais imaginé être un jour aussi heureuse de voir Brutus se diriger vers moi. Étonnamment, Seige me relève avec grand soin et me soutient par la taille jusqu'à sa voiture blindée. Dix minutes me séparent de mon sauveur, mais sa voix qui coule délicieusement en moi, me permet de patienter.

Mon cœur se serre et subitement, je me sens honteuse, idiote même d'avoir eu la bêtise d'appeler cet homme en pleine nuit. Je ne suis plus très sûre de vouloir entrer dans cette chambre et devoir affronter M. Lewis.

La fatigue, le relâchement de mes nerfs, la tristesse, la peur, le désarroi, tout cela mélangé, me pèse sur les épaules au point de me voûter et d'avoir envie de me rouler en boule, en position fœtale sur le sol. Seulement, une caresse affectueuse sur mon omoplate me ramène à la réalité.

- Ne craignez rien Mme Joana. Vous avez fait le bon choix en téléphonant à mon patron.

Sa voix se veut rassurante. Il ouvre la porte et d'un geste lent du bras, me signifie de pénétrer. Je camoufle alors mes mains tremblantes dans les poches de mon blouson, puis aspire une goulée d'air afin de m'insuffler le courage nécessaire pour rejoindre Emile. Il se tient debout au pied de son lit et en le voyant triturer ses doigts au point de les arracher, je devine son inquiétude à mon égard.

-Vanessa. Enfin vous voilà !

Il se précipite vers moi, enfin vers le bruit de mes pas je suppose et ouvre ses bras pour m'y accueillir. Sans prendre la moindre seconde de réflexion, je m'élance vers lui comme une femme perdue dans le désert apercevant une oasis.

Le visage blotti contre son torse, je m'enivre de son odeur épicée. Ses bras vissés autour de moi m'envoient des signaux rassurant. Sa force, sa protection, me permettent de déposer le terrible fardeau que je traîne.

- Merci Seige. Je vais m'occuper seul de Vanessa maintenant.

- Bien M.. Bonne nuit et appelez-moi si besoin.

Je ne réponds pas et ne me retourne pas plus, pour le voir sortir. Mon cocon est bien trop apaisant pour que je souhaite le quitter.

Les minutes passent sans que notre duo ne se brise, puis la question fatidique tombe.

- Que s'est-il passé ?

Je sens la contraction de ses muscles sur ma peau et je perçois une pointe d'agacement dans sa voix grave.

- Lopez, c'est…Il… Je ne veux plus jamais le voir.

L'horrible scène défile sous mes yeux et des salves de sanglots m'empêchent d'expliquer quoi que ce soit à mon adorable garde du corps.

- Chut…doucement… calmez-vous, tout va bien maintenant. Vous allez prendre une douche bien chaude et vous reposer ensuite. Demain, vous me raconterez si vous le souhaitez.

En pansant mes maux avec ses mots, il saisit mon visage entre ses mains et avec une douceur infinie, explore chaque millimètre de ma peau. En caressant ma lèvre et mon menton, il sort brutalement de ses gonds.

- Putain ! Le connard ! Il a osé vous frapper ?

Ses doigts ont perçu le gonflement de ma lippe et sûrement senti le sang séché sur mon menton.

- Non, non. Il a perdu l'équilibre… S'il vous plaît, pas ce soir…

- Bien sûr Vanessa. Pardonnez-moi. Je vais vous chercher un de mes tee-shirts et un caleçon pour la nuit. Allez vous détendre sous l'eau, cela vous fera le plus grand bien.

- Oui, mais…

Je me sens idiote, seulement je suis très angoissée à l'idée de me retrouver seule.

- Il y a un problème ? Ce sont les vêtements ? Je suis navré, mais je ne porte jamais de robe ou de dessous en dentelle.

Son sourire, mon Dieu, son sourire.

Cet homme est un appel au sexe et à moins d'être lesbienne ou nonne, impossible de ne pas brûler de désir pour lui.

- Non, ce n'est pas ça. Je suis anxieuse et…

- Oh ! Vous n'avez pas envie de vous retrouver seule ?

Il lisait en moi comme dans un livre ouvert et pour une fois, je suis rassurée qu'il ne puisse pas me voir rougir.

- C'est idiot, n'est-ce pas ?

- Ce qui est idiot, c'est d'être mal à l'aise avec moi. Je vous rappelle ma très chère, qu'une taupe est clairvoyante à côté de moi.

J'adore son autodérision et ne peux m'empêcher de pouffer de rire.

- Je préfère vous savoir joyeuse, même si c'est à mes dépens. Allons vous laver alors ! Enfin, moi j'utiliserai juste ma voix pour vous tenir compagnie.

Sa voix est taquine et me permet de me détendre un peu.

- Emile ?

- Oui Vanessa…

- Merci.

En prononçant ce petit mot, je lui dépose un baiser léger comme une plume, sur la joue. Puis, j'agrippe mon bras au sien et l'emmène à la salle d'eau. Une fois la porte refermée derrière nous, Emile s'adosse contre de mur en calant ses mains dans le creux de ses reins. Intimidée, j'ôte mes habits froissés sans le quitter du regard. Il reste silencieux et moi, je le détaille. J'admire les traits parfaits de son visage, dont juste une partie est totalement camouflée derrière ses lunettes opaques. Puis, mes yeux balayent son torse moulé dans un tee-shirt noir uni, son jean ciel parfaitement ajusté et pour finir, mon regard s'attarde sur ses pieds nus sans défauts eux aussi.

- Vanessa, vous me gênez à me détailler ainsi.

Quoi ? Il me voit ?

Par réflexe, j'applique rapidement mes bras en croix sur ma poitrine, afin de camoufler un minimum ma nudité.

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