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03

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Lopez…

Je savais qu'il passerait me voir, comme il l'a toujours fait à chacun de mes anniversaires.

Petits, nous étions voisins, donc autonomes pour nous rencontrer quand bon nous semblait.

Il pénètre subitement dans mon antre sans me demander la permission, ôte ses vêtements, pas son caleçon tout de même et se glisse sous mes draps.

- Joyeux anniversaire ma marmotte à moi.

Il m'enveloppe de ses bras et je me remonte le moral en m'enivrant de l'odeur épicée que son cou diffuse.

- Merci toi ! Tu sais toujours comment réchauffer mon cœur.

- Eh oui, je suis l'homme idéal, que veux-tu !

Il ricane tout en goûtant le sel de ma peau. Mon mal-être est si intense, qu'à ce moment précis, j'ai des envies qui me dépassent. Je désire que Lopez me console plus, encore plus profondément, mais c'est insensé.

Seulement, à peine ma raison retrouvée, il chahute en me mordillant les épaules. Ma réaction n'est sûrement pas celle qu'il pensait. Non, je ne me mets pas à éclater de rire, à mon plus grand regret, je perds tout contrôle et mes traîtresses de cordes vocales émettent un délicieux gémissement. Pour couronner le tout, mon corps perfide, se cambre afin d'accueillir de nouveau ses dents sur ma peau. Je sens les muscles de Lopez se raidir et ses doigts s'agripper dans mes omoplates. Son souffle chaud et accéléré me caresse la nuque, ce qui encourage encore un peu plus mes hanches à se tortiller. Mon esprit et ma chaire sont totalement dissociés. Je veux juste oublier ce jour maudit et comme une idiote, c'est dans les bras de mon meilleur ami que je vais me perdre dans l'oubli. Collée tout contre lui, juste vêtue d'une nuisette en satin, je sens rapidement qu'il est réceptif aux appels de mon corps. Lui aussi doit agir par instincts primitifs, sans réfléchir à la situation dans laquelle nous nous trouvons. Ses lèvres douces et chaudes à la fois, m'embrassent la mâchoire à plusieurs reprises, en passant d'une extrémité à l'autre avec une irrésistible sensualité. Puis, proche de mon oreille, j'entends mon prénom prononcé dans un souffle. Ces syllabes susurrées avec un ton transpirant d'excitation forment un brasier dans mon bas-ventre qui, en une fraction de seconde, carbonise le peu de retenue que mon cerveau me dicte. N'y tenant plus, je saisis à pleine main le visage de mon partenaire et me jette sur sa bouche fiévreuse. Il répond instantanément à mon baiser comme s'il l'attendait depuis toujours. Dans la foulée, sa langue cherche un passage pour caresser la mienne et m'invite à danser une valse endiablée. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, mes poumons cherchent de l'oxygène, mes mains explorent frénétiquement le corps de Lopez sans réussir à s'en rassasier et je comprends que jamais je n'ai eu autant envie de faire l'amour avec un homme.

C'est lui qui met fin à notre baiser et tout en caressant ma lèvre inférieure de la pulpe de son pouce, il s'adresse sérieusement à moi.

- Mon amour, si tu veux arrêter, dis-le tout de suite, avant…

- Continue Lopez. Continue et ne réfléchis pas, s'il te plaît.

Mon épiderme le réclame et mes mots le supplient presque d'apaiser le brasier qui me dévore de l'intérieur. Ma réponse illumine son visage d'un sourire coquin et il ne se fait pas prier plus longtemps pour recouvrir mon corps avec le sien. Un petit doute s'insinue en moi, sur ce que je suis en train de faire, mais à la seconde où il prend place en moi, une tornade de plaisir emmène loin, très loin, cette hésitation.

- Lopez !

- Oui Mon coeur, dit-il en m'embrassant sur le front.

- J'adore ton cadeau d'anniversaire.

Nos rires ricochent contre les murs où quelques minutes auparavant, nos jouissances résonnaient.

- Et moi, j'adore te combler de cadeaux.

Nous aurions pu passer le dimanche entier à apprécier cette merveilleuse journée, dans les bras l'un de l'autre, si, la sonnette de ma porte n'avait pas retenti.

- Tu veux bien aller ouvrir et dire que je viens de disparaître sur une autre planète ?

- Avec joie.

Il enfile juste son jean et se dirige torse nu vers la porte d'entrée.

Son retour quelques minutes plus tard, me glace le sang. Il est livide et la colère se lit dans son regard. Il ramasse nerveusement le reste de ses vêtements, puis me crache froidement qu'il est attendu par une jolie blonde et que je ne dois pas compter sur sa présence ce soir chez mon père. Je ne comprends rien à ce qu'il vient de se passer, mais tout ce que je sais, c'est qu'en une seule et même journée, mon meilleur ami vient de me faire vivre des sentiments diamétralement opposés.

Un bonheur idyllique vient de céder sa place à un poignard planté dans ma poitrine.

Que ce passe-t-il ?

Emile

Waouh ! Il connaît ma date de naissance, cela signifie qu'il a enquêté sur moi. Mais, jusqu'à quel point ?

Je suis très touchée et le doux parfum que ces roses dégagent me fait oublier quelques instants, l'altercation qui vient de se passer dans ma chambre. Une fois redescendue de mon moelleux nuage, je réalise l'impensable : Lopez m'a fait une crise de jalousie.

Je suis bien décidée à tirer les choses au clair et cela dès ce soir.

Je pensais, qu'une fois calmé, Lopez reviendrait à mon appartement pour m'accompagner au dîner organisé par mon père. Or, 19 h 30 s'affichent sur mon horloge et personne en vue.

Je me sens perdue. Tout s'emmêle dans ma tête, cette perte de contrôle avec lui et l'indubitable attirance physique que j'éprouve pour Emile Lewis. De toute façon, je me torture pour rien, puisque Lopez m'a juste apporté à sa manière, un peu de réconfort rien de plus.

Pourtant, je ne peux m'empêcher de caresser doucement les parties de mon corps recouvertes de ses lèvres peu de temps avant. Jamais, je n'ai ressenti d'émotions si intenses.

C'est donc cela le secret du plaisir ?

Coucher avec son confident pour atteindre le septième ciel ?

Non, je divague là !

Une chose est sûre, ce rapprochement intime ne doit plus se reproduire. Son amitié m'est bien trop précieuse pour risquer de la perdre.

Comme je le craignais, la maison de Papou grouille de membres de la famille. Oncles, tantes, cousins et… il manque l'essentiel.

Lopez ne peut pas me faire faux bond, pas un soir comme celui-ci. Il sait à quel point je souffre de l'absence de ma mère et lui seul est capable de combler ce manque.

Tiens, ma sœur a eu la délicatesse de ne pas se pointer avec l'amour de sa vie.

Qu'ils crèvent en enfer ces deux-là !

Où es-tu mon double ? Tu n'as jamais manqué un de mes anniversaires. Tu as pourtant si bien enchanté le début de cette journée, ne m'abandonne pas maintenant.

Mon ventre se serre et je connais la cause de cette douleur. L'abandon… ce putain d'abandon qui a jalonné ma minable vie. J'ai beau me voiler la face en affichant une mine réjouie chaque jour que Dieu fasse, mais la vérité c'est que je suis si insignifiante que personne ne s'attache à moi. La preuve, ma propre mère ne se soucie pas de mon sort.

- Ça va Mon coeur ? Tu as l'air songeuse. Mais au fait, ton jumeau ne t'accompagne pas ce soir ? C'est étrange.

Oh oui, je vais parfaitement bien ! Si j'étais sûre de ne pas causer de retard à un train, je me jetterais dessous.

- Je vais très bien mon Papou. Ne t'inquiète pas. Comment ne pas être heureuse avec une telle fête ? Merci beaucoup.

Et voilà… sourires, embrassades, compliments et tutti quanti.

Mon quotidien quoi ! Une mise en scène perpétuelle du bonheur.

- Et Lopez alors ?

Vas-y Papou, remue le couteau dans la plaie, je ne saigne pas suffisamment.

- Il s'excuse… une affaire importante avec un client l'a retenu au bureau.

Et c'est pour qui le Pinocchio d'or ? Moi et cela depuis de nombreuses années.

Malgré tout, la soirée se déroule dans la bonne humeur et je joue à la perfection mon rôle de fille épanouie et intéressée par la vie de chacun.

Seulement, à 23 h 00, n'y tenant plus, je colle des bises sur les joues rougies par l'alcool et quitte la demeure de mon enfance.

Vingt minutes plus tard, je fais les cent pas sous la fenêtre de chambre encore allumée de Lopez. Je rassemble mon courage pour entamer une discussion avec lui et ainsi lui rappeler que sa réaction face à un simple bouquet de fleurs était démesurée et inappropriée.

C'est vrai quoi ! Nous ne sommes pas en couple à ce que je sache. Nous avons juste fait tomber quelques barrières entre nous, pas de quoi en faire tout un pataquès.

Je crapahute donc les trois étages qui me séparent de lui et pénètre dans son antre. Des petits bruits s'échappent de la chambre à coucher, alors, plus très sûre de moi, je me dirige vers celle-ci.

La porte est entre-ouverte. Je glisse doucement mes doigts dessus et en la poussant, je chuchote le prénom de mon ami. Mais, une vision d'horreur me coupe le souffle, les jambes et également l'espoir d'un échange chaleureux entre nous. Mon corps ne répond plus à mon désir de prendre mes jambes à mon cou, afin de fuir cette situation. Mon visage reste figé en gardant mes yeux et ma bouche grands ouverts. Mon sang se glace d'effroi et envoi des décharges électriques qui me font grelotter de part en part. D'interminables secondes s'écoulent avant que Lopez sente ma présence, mais quand c'est le cas, il me saisit les bras sans ménagement.

- Ah, te voilà Mon coeur ! Il ne manquait plus que toi. Je t'en prie, allonge-toi avec nous. Je commence seulement les préliminaires et quand il y en a pour une, y'en a pour deux. Lopez partage. Il a l'habitude, n'est-ce pas Vanessa ?

Il me secoue comme un prunier tout en me hurlant dessus. Il titube et peine à garder son équilibre, dès qu'il agite un peu trop mon corps. Je ne l'ai jamais vu dans un état pareil, sauf peut-être lors de sa soirée spéciale dix-huit ans.

D'ailleurs, après cette fête où il a découvert que l'abus d'alcool le rendait agressif, il ne boit jamais plus de deux verres. Apparemment, ce soir, il a dérogé à la règle qu'il s'était fixé. Je ne suis pas à l'aise du tout, il est méconnaissable et me fait atrocement peur. Je commence à paniquer et de gros sanglots m'empêchent de respirer normalement.

La jolie poupée Barbie, elle, n'est pas du tout perturbée par la scène, car elle a saisi un magazine automobile qui traînait sur la table de nuit de Lopez et le feuillète patiemment, allongée à plat ventre. Elle représente tout à fait, la pétasse qui attend sa partie de jambes en l'air en effectuant des ciseaux avec ses gambettes.

- Arrête ! Lâche-moi tout de suite ! Tu me fais mal et tu es ivre mort.

J'essaie tant bien que mal de me dégager de son emprise, mais il est beaucoup trop fort. Mes suppliques n'ont pas l'effet escompté, à savoir de la pitié, bien au contraire, cela semble plutôt l'exciter. Il me sourit grassement et se rue sur moi d'une façon bestiale. Il plaque mon dos contre le mur et m'écrase avec son corps. Je ne peux plus bouger. Je suis complètement à sa merci. L'angoisse se propage alors dans mes veines comme du venin de vipère et plutôt que de frapper, je geins, pleure, supplie…

Lui, imperturbable, malaxe mes seins, lèche ma nuque, frotte son bassin contre le mien en mimant une brutale pénétration. À ce moment précis, j'ai envie de disparaître pour toujours. Lopez… mon Lopez… l'homme qui me protège depuis mon plus jeune âge, est en train de détruire le semblant de cœur rafistolé qu'il me reste.

- Pas suffisamment bourré pour ne pas réussir à m'occuper de deux femmes !

En prononçant cette phrase, il éclate d'un rire diabolique, ce qui réveille mes nerfs.

Dans un élan de survie, je lui colle de toutes mes forces, mon genou dans ses parties intimes. La douleur lui tire un râle animal, mais avant de s'écrouler sur le sol, il tente de s'agripper à mon pull. Sa main heurte alors ma lèvre, qui se fend comme un fruit trop mûr. Un liquide chaud coule le long de mon cou, mais je ne prends pas le temps d'évaluer les dégâts et quitte les lieux telle une furie.

Une fois à l'extérieur et surtout libre, je m'assois sur le bord du trottoir, afin d'essayer de calmer les tremblements qui envahissent mon corps. Il m'est impossible de conduire dans cet état, or je ne veux pas rester trop longtemps dans les parages de peur que le monstre engendré par l'alcool, ne revienne terminer ce qu'il a commencé

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