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CHAPITRE 05

Je me tourne vers la porte hésitant à rentrer une nouvelle fois et à les supplier de me laisser une chance mais je retrouve rapidement la raison.

Je saisis alors mon sac et je fouille à l'intérieur pour trouver mon téléphone.

Je vois un message de ma mère me demandant comment tout s'est passé et je décide de l'appeler.

J'avale ma salive pour retenir mes larmes et j'attends qu'elle décroche.

« Oui ma chérie. Tu es sortie ? »

« Oui, à l'instant. »

« Alors ? Dis-moi tout. »

Je vais pour tout lui balancer mais pour je ne sais quelle raison, je ne réponds rien.

« Mél ? » Elle demande après quelques secondes. « Tu es là ? »

« Oui excuse-moi, je pensais à autre chose. » Je secoue doucement la tête.

« Alors, comment tu le sens ? »

« Et bien... » Je commence. « On verra. »

« Tu auras les résultats quand ? »

Je ferme doucement les yeux et je m'assois sur une des chaises installées dans le couloir.

« Dans la semaine, je pense. » Ma gorge se serre.

« Bon, et comment tu le sens alors ? »

« Honnêtement, je n'en sais rien. Je ne préfère pas me prononcer. »

« Je suis sûre qu'ils t'ont adoré ma Mél, tu vas être prise. » Je l'imagine sourire et je me passe une main sur le visage.

« On verra. » Je répète sans grande conviction.

« Tu sais, je pense que ça va te faire du bien de sortir ce soir, ça va te vider un peu la tête. »

« Oui. »

« Tu rentres à la maison ou tu vas directement chez Joséphine ? »

« Directement chez Joséphine. »

« Et tu dors où ? »

« Chez les filles. » Je mens. « Je verrai avec qui je rentre. »

« Bon, très bien, tiens-moi au courant surtout. »

« Oui ne t'inquiète pas. »

« Aller, je te laisse ma chérie et je suis sûre que tu as assurée. »

« À plus maman. »

Je raccroche et je reste quelques secondes à regarder dans le vide avant de me décider à me lever et quitter l'établissement.

Je n'ose même pas appeler les autres membres de ma famille pour leur tenir au courant du déroulé de mon entretien.

Ma mère avait enfin accepté que je m'en aille, elle était même devenue ma première supportrice et voilà maintenant que je ne pars plus.

Je suis tout simplement incapable de lui annoncer.

Je sais bien qu'elle serait quand même très fière de moi, qu'elle me dira que ce n'est pas grave, que je pourrai tenter une prochaine fois et elle aura entièrement raison, au fond.

Mais moi, je ne le vois pas et ne le vis pas comme ça.

J'ai beaucoup trop travaillé, j'en ai rêvé, je me voyais déjà là-bas et maintenant je dois revenir en arrière, faire comme si cette bourse n'avait jamais existé.

Mon projet vient tout simplement de tomber à l'eau et c'est entièrement de ma faute.

Tout ça parce que je n'ai pas fait partie d'une association étudiante lorsque je suis arrivée en première année.

Comme quoi, ça tient à peu de choses.

Mais pour l'instant, je suis dans un état d'esprit où je ne veux pas l'accepter, je suis tellement en colère contre moi-même et tellement triste d'être disqualifiée aux portes de ce programme.

C'est pourquoi, je ne me sens pas prête à l'annoncer à mes proches parce que ça serait le dire à voix-haute et donc craquer, complètement.

Je préfère garder ça pour moi, ça me permet de contenir toute cette peine, cette déception et cette colère à l'intérieur de moi, m'empêchant, bizarrement, de ne pas évacuer mes émotions.

Je n'ai d'ailleurs pas versé une larme depuis que je suis sortie de cette salle de l'enfer et je dois avouer que ça me surprend beaucoup parce que ce n'est pas l'envie qui m'en manque.

Je me retourne une dernière fois vers la devanture de mon établissement et je finis par me diriger chez Joséphine.

Je sens plusieurs fois mon téléphone s'agiter dans mon sac et j'en déduis que mes amis essayent de prendre de mes nouvelles. Mais j'ignore complètement ces appels préférant laisser mon esprit ailleurs.

Je sors à la station de métro la plus proche de l'appartement de Joséphine et je compose le code sur le petit tableau digital.

Je ferme les yeux un court instant afin d'oublier et de mettre de côtés ces dernières heures.

Je prends ensuite une profonde inspiration et en passant dans l'entrée, je jette un coup d'œil au grand miroir près de l'ascenseur.

Je m'y arrête quelques secondes et je me tapote doucement les joues pour essayer de faire revenir de la couleur sur mon visage.

J'ai le teint tellement terne, les yeux fatigués, des cernes noirs et aucune joie de vivre.

Je tente alors différents sourires qui sonnent tous plus faux les uns que les autres et je me résigne à simplement jouer la comédie même si personne ne sera dupe.

Je tourne la tête et je monte dans l'ascenseur qui s'ouvre directement sur la porte d'entrée de Joséphine.

« Alors ? » Je vois mes trois amies se tenir dans l'entrée.

Je sors de l'ascenseur légèrement surprise et je secoue doucement la tête pour me ressaisir.

« Et bien, on verra. » Je force un sourire certainement ridicule.

« C'est tout ? » Sophia semble déçue. « Ils ne t'ont rien dit ? »

« Non, ils étaient très impassibles avec des visages fermés. »

« C'est pour te déstabiliser ça. » Chloé pouffe. « Tu n'as pas à t'en faire. »

« Oui j'espère que c'était ça. » J'essaye de ne pas paraitre trop triste.

« En tout cas tu as une sale gueule. » Se moque Sophia. « Ils t'ont recalé ou quoi ? »

« Mais pas du tout, ils ne peuvent pas lui dire comme ça, de but en blanc, qu'elle n'est pas prise. » Joséphine donne une petite tape sur l'épaule de Sophia.

Je ne réponds rien et je fais mon possible pour faire bonne figure.

« Tu recevras les résultats par mail non ? » Me questionne Chloé.

« Oui c'est ce qu'ils ont dit. »

« Et tu les auras quand ? » Elle poursuit.

« Fin de semaine, début de semaine prochaine. Je pense. » J'hausse les épaules.

« De toute manière, on sait que tu vas être prise, c'est une évidence. » Sophia roule des yeux en souriant.

Et bien, la preuve que non.

« Hum... » Je reste très évasive.

« Bon, tu ne vas tout de même pas rester sur le paillasson, rentre. » Joséphine rigole.

« Oh, oui bien sûr. »

Les filles se décalent et je rentre à l'intérieur de l'appartement.

« Tu as changé la déco ? » Je demande en enlevant mon manteau.

« Oui, j'ai trouvé pleins de super belles choses de seconde main. »

« J'adore, c'est vraiment très beau. » Je me mets un peu plus à l'aise.

« C'est vrai, tu aimes ? »

« Oui vraiment. » Je souris et Sophia s'avachit sur le canapé afin de continuer à siroter son verre de vin.

« Fais attention par contre. » Joséphine lance un regard à notre amie. « Ça me ferait vraiment chier que tu fasses une tâche. »

Sophia roule des yeux.

« Elle est comme ça depuis qu'on est arrivées, c'est insupportable. » Elle me regarde et je lâche un petit rire.

« C'est juste que j'y tiens, à mon appartement. » Elle grince des dents.

« Sers-toi un verre, ça va te détendre. » Sophia roule des yeux avant de boire une gorgée de sa boisson.

« Oh d'ailleurs, je me suis arrêté dans une petite épicerie pour prendre de quoi grignoter. » Je sors quelques paquets de biscuits apéritifs de mon sac pour les poser sur le petit comptoir.

« Ah, c'est une très bonne idée ça. » Chloé se dirige vers moi pour ouvrir un premier paquet.

« Bois un peu de vin aussi, ça te fera vraiment du bien. » Sophia me regarde.

« Non ça ira merci. » Je force un sourire.

« Mais Mél, on sort ce soir. » Joséphine me regarde consternée.

« Oui et ? »

« Tu ne vas tout de même pas arriver là-bas sans avoir bu une goutte d'alcool ? »

« Et bien si. » Ma gorge se serre.

Je n'ai pratiquement rien manger de la journée tellement j'étais angoissée par cet entretien et je sais que je ne mangerai pas plus ce soir étant donné que mon appétit a été coupé depuis que j'ai quitté l'établissement.

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