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CHAPITRE 06

« Mél. » Chloé pose sa main sur mon épaule. « Tu es sûre que ça va ? » Elle plisse les yeux.

« Oui tout va bien. » J'essaye de faire bonne figure.

Mes amies se lancent quelques regards et je suis à deux doigts de craquer mais je ne dis rien.

« Pourtant tu es bizarre depuis que tu es arrivée. »

« Je suis là depuis cinq minutes. » Je lâche un rire.

« Oui mais tu sembles un peu... Triste. » Joséphine s'approche à son tour.

« Non mais ça va les filles. » Je m'éloigne.

« J'ai du mal à te croire. » Sophia me lance un petit regard.

« Et bien ne me crois pas. » J'hausse les épaules.

« Tu es certaine que ton entretien c'est bien passé ? » Joséphine me regarde avec suspicion.

« Non justement, je n'ai pas encore eu les résultats. » Je me braque.

Je m'en veux d'éprouver ces sentiments là mais elles commencent à m'agacer avec leurs questions.

« Tu sais Mél, ce n'est pas grave si jamais tu n'es pas prise. » Chloé me regarde avec compassion mais c'est la phrase de trop.

« Non mais tout va bien. » J'insiste plus durement et je me dirige vers la cuisine. « Je vais prendre un verre si c'est le seul moyen de vous rassurer. » Je saisis un verre que je remplis avec du vin.

Je lève ensuite mon verre avant de boire quelques gorgées.

« Contentes ? » Je les fixe.

« Tu n'en as pas mis un peu trop là ? » Sophia dédaigne enfin de se lever de son fichu canapé.

« Non c'est parfait. » Je jette un coup d'œil à mon verre.

« Bon, n'oublie pas de manger un peu quand même, pour éviter de finir complètement ivre. » Joséphine grimace.

Je saisis alors une poignée de chips que j'enfourne complètement dans ma bouche.

« Contentes ? » Je répète la bouche pleine.

Les filles se lancent un énième regard qui me tend un peu plus.

« Arrêtez de vous regarder comme ça alors que je suis là. » Je lâche légèrement sèchement avant de boire une autre gorgée.

Elles ont déclenché ce qu'il ne fallait pas déclencher.

Je sais qu'elles sont simplement préoccupées par mon état mais là, tout de suite, je m'en fiche.

« C'est juste ton changement d'attitude très soudain qui est un peu bizarre mais enfin bon, ce n'est pas grave. Tu as surement besoin de décompresser. » Chloé lâche nerveusement.

« Voilà, exactement, j'ai besoin de décompresser. » Je bois une autre gorgée.

« Et bien. » Sophia dit un peu gênée. « Je vais me préparer. »

« Je viens avec toi. » Chloé la suit et en quelques secondes je me retrouve seule avec Joséphine.

Un long silence s'installe, seuls les craquements des chips entre mes dents se fait entendre.

« Mélissa, tout va bien ? »

Je soupire bruyamment.

« Oui tout va bien. Plus vous me posez la question et plus ça m'énerve. »

« C'est juste qu'on ne comprend pas, tu as une attitude très bizarre. Tu arrives ici, tu es blanche comme neige, tu ne sembles pas joyeuse et puis en une fraction de seconde tu te mets à mal nous parler. Il s'est passé quelque chose de grave ? »

« Non rien. »

« Tu t'es disputée avec Samuel ? »

« Pas du tout. Samuel n'a rien à voir avec ça. »

« Tu appréhendes de le voir ce soir ? Parce que la dernière soirée que tu as faites a mal tourner ? »

« Joséphine, ça n'a rien à voir avec lui. »

« Alors quoi ? »

« Alors rien. » Je m'agace. « Arrête de vouloir à tout prix croire qu'il se passe quelque chose. »

« Par contre Mélissa, calme-toi. » Son regard change. « Si on réagit comme ça c'est que nous sommes inquiètes alors sois mignonne et parle nous autrement. »

J'arrête de mâcher mes chips et je soupire.

« Excuse-moi Joséphine. » Je ferme un court instant. « Vous avez raison. » Je dis pour calmer l'atmosphère. « J'ai juste besoin de décompresser. » Je force un petit sourire pour la rassurer. « Vous n'y êtes pour rien, c'est vrai. »

« Je comprends, il n'y a aucun problème mais c'est un peu chiant d'être un punching-ball. »

« Vous n'êtes pas mes punching-balls. Je suis désolée, je vais boire un coup ça va me calmer. » Je me resserre un peu de vin.

« Finalement, peut-être que voir Samuel ce soir va aussi te détendre. »

« On les rejoint quelque part d'ailleurs ? »

« Directement en soirée je crois, enfin c'est ce que Benjamin a dit à Chloé. »

« Ils sont vraiment proches ces deux-là. »

« Oui mais je crois que c'est purement amical. »

« Je n'en suis pas si sûre. »

« Du côté de Chloé ça l'est. »

J'ai un mouvement de recul.

« Ah oui ? »

« Oui. »

« Elle n'en a jamais parlé. »

« Si, plusieurs fois d'ailleurs. »

Je cligne plusieurs fois des yeux.

« Hum... Je n'étais pas là alors. »

Joséphine change d'expression.

« Si mais quand elle a vu que ça ne t'intéressait pas, elle a arrêté de t'en parler. »

Je la fixe longuement, comme si un coup de massue venait de s'abattre sur moi.

« C'est quoi cette réflexion soudaine ? »

Les bras m'en tombent.

« Depuis que tu connais tes résultats de test, tu ne parles que de ton entretien pour ta bourse. »

« Oui parce que c'est important pour moi. »

« Certainement et on l'a tout de suite compris mais tu en as vraiment parlé tout le temps. »

« Comment ça, tout le temps ? »

« Tu en parlais à chaque fois qu'on se voyait. »

« Parce que je pensais que ça vous intéressait. Je tiens juste à rappeler que vous avez sacrément fait la gueule quand je vous ai annoncé que je participais à ce programme boursier parce que Samuel avait été au courant avant vous. »

« Oui c'est vrai. Mais c'est devenu un peu chiant. »

Alors là, j'hallucine.

« Je sens qu'il se passe quelque chose là, alors profites-en Joséphine, lâche tout ce que tu as dire. »

« C'est bon, je viens de te le dire. »

« Non, ce n'est qu'un petit bout ça. »

« Tu ne parlais que de ça Mél, constamment, au repas, au café, au téléphone, en classe et dès qu'on parlait d'autre chose, ce n'était jamais aussi important que ta bourse. »

J'ai un mouvement de recul.

« Et Samuel aussi l'a ressenti. » Elle ajoute.

« Pardon ? » Je tombe des nues. « C'est lui qui m'a proposé de m'aider. »

« Oui mais il ne pensait pas que tu serais comme ça. »

« Comment ? Et puis, depuis quand il se confie à toi ? »

« Pas à moi personnellement, il en a simplement un peu parlé l'autre jour quand nous étions en pause. »

« Ah. D'accord. C'est nouveau ça. Vous vous voyez pendant les pauses. » Je réponds avec amertume.

« Tu sais très bien qu'on s'est tous rapprochés. » Elle soupire.

Un silence s'installe et je mange une énième chips.

« Et pour en revenir à Chloé, oui, elle a commencé à un peu te parler de ce qu'il se passait avec Benjamin mais excuse-moi pour ma vulgarité, tu n'en avais rien à foutre. »

Je reste silencieuse quelques secondes, complètement sonnée par ce qu'elle est en train de me dire.

« Pourquoi tu décides de me sortir ça d'un coup ? »

« Parce que pendant toute ta période de révision tu nous as parlé comme de la merde Mélissa et là ce soir, c'est un peu trop. »

« Tu ne crois que tu abuses un peu là ? »

« Non pas du tout. » Chloé sort de la chambre.

« Ah donc c'est un sentiment général ? Même mon copain le pense et personne n'a pensé à venir me voir ? » Je m'agace.

« Nous ne sommes pas non plus sans cœur, nous n'allions pas te le dire pendant que tu révisais. » Chloé répond.

« Et donc ce soir était pour vous, le bon moment ? »

J'ai envie de leur dire que de toute façon je n'ai pas été prise mais je me retiens.

« Tu avais juste besoin d'être un peu remise à ta place. » Joséphine ajoute et je décide de ne même plus répondre.

« D'accord. » C'est la seule chose que je réponds. « Pas de problème. »

« Mél, ne te vexe pas, on se dit simplement les choses pour éviter qu'il y ait des rancœurs ou des non-dits. » Sophia s'approche.

« Il n'y a aucune rancœur. » Je lâche. « Absolument aucune. » Je me ressers du vin. « Depuis une semaine et demie plus personne me supporte mais pas de problème. »

« Tu ne nous insupportes pas. » Sophia ajoute. « Tu as juste été un peu... Chiante. »

« Et ça va ? Ça vous a plu de parler dans mon dos ? » Je demande sèchement en les fixant une par une.

« Putain mais Mél, qu'est-ce que tu peux être bête. » Sophia s'agace.

« Conne, tu peux le dire, je sais que ça te brule les lèvres. »

Elle me regarde quelques secondes.

« Oui Mélissa, qu'est-ce que tu peux être conne. Et tu sais quoi ? Heureusement que ta période de bourse est terminée parce que tu étais à la limite du supportable, tu nous as parlé comme tes chiens, rien n'était aussi important que ta stupide bourse et en toute honnêteté, on espère tous secrètement que tu ne seras pas prise pour que tu comprennes qu'il y a autre chose dans la vie. » Elle lâche avant de repartir dans la salle de bain.

Ma gorge se serre pendant que je regarde mon amie partir et je vois les deux autres filles me lancer un regard avant de partir la rejoindre.

Ma respiration est un peu forte et je décide de terminer cul-sec mon verre de vin.

Ma tête tourne légèrement mais ça m'est bien égal.

La dernière phrase de Sophia était le coup de grâce.

Mais ce qui me fait aussi de la peine, c'est de savoir que Samuel a aussi eu ce ressenti et que je n'ai même pas su le voir.

J'ai du mal à déglutir mais je ne bouge pas de ma chaise haute pour aller les rejoindre.

Je devrai probablement aller les voir pour reconnaitre mes torts mais je n'en ai pas envie. Je préfère rester dans mes pensées tout en buvant mon verre de vin absolument dégueulasse.

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