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- Elle est bizarre la nouvelle tu trouves pas ?
La voix de Sarah me tira de mes rêveries. Elle s'était redressée sur ses coudes et me regardait. Ses cheveux retombaient en cascade sur ses épaules et sa poitrine, lui donnant un air d'assurance.
- Casse-couilles surtout, grognai-je.
- Tess, ton langage !
La douce voix de May me fit doucement rire. Quelques secondes plus tard, elle passa dans le couloir, le panier de linge sale entre les bras.
- Va laver le linge toi, lui ordonnai-je en souriant.
Elle ne bougea pas pendant un instant puis m'envoya un tee-shirt sale appartenant à mon père. Je parai son lancer d'un regard et le vêtement tomba sur le sol, stoppé par ma barrière invisible. Ma sœur me tendit son majeur puis attira le tee-shirt vers elle avant de se diriger vers le lave-linge en me promettant une vengeance.
- J'adorerais avoir une sœur, me confia Sarah.
Ses yeux étaient rieurs et son sourire s'était élargit en voyant notre complicité puérile.
- Je te fais un prix si tu veux.
- Je t'emmerde Tess !
La voix résonnante de ma sœur parvint du bas des escaliers et Sarah éclata de rire. Ça peut paraître cliché mais c'était le plus beau rire du Monde. Je la regardai, hypnotisée par sa bonne humeur et mon regard s'attarda sur son cou. Quand elle riait, une veine ressortait légèrement, me donnant des envies. Elle s'était arrêtée, nos regards s'étaient accrochés l'un à l'autre dans un silence électrisant.
- Les filles, je suis rentré ! cantonna mon père, me faisant sursauter. Tess, tu peux commander chinois pour ce soir ?
Mon père savait comment me rendre heureuse. À la simple évocation du repas de ce soir, mes yeux brillèrent.
- Ouais ! m'exclamai-je.
Sarah me héla avant de me lancer mon téléphone. Le numéro du restaurant était dans mes contact et ça ne m'étonnerai même pas que le quart de leur salaire soit payé de notre poche. J'appelai le restaurant et commandai nos plats habituels en demandant l'avis de Sarah.
La voix offensée de ma sœur résonna depuis en bas :
- Papa ! T'as continué Prison Break sur mon compte !
Le rire de mon père s'ensuivit. Les plaintes de May me firent doucement sourire.
- Pas cool. J'espère qu'elle s'est pas faite spoiler, dit Sarah en riant
- Tess, Sarah ! Vous voulez regarder quoi ce soir ? demanda ma sœur.
- On va descendre parce que sinon elle va continuer à hurler et ça serait teeeellement dommage qu'elle perde sa voix ! ironisai-je.
Mon amie me frappa gentiment l'épaule. Je feignis la douleur ce qui la fit bouder quelques minutes.
Nous descendîmes les escaliers quatre à quatre puis je me jetai sur le canapé et par la même occasion, sur May qui sursauta.
- Pff, t'es con, soupira-t-elle.
☆
Elle rit avant de me montrer les quelques films qu'elle avait repéré en tapotant des doigts sur les os de ma colonne vertébrale. Nous nous mîmes d'accord sur Harry Potter avec unanimité ce qui provoqua les râlements de mon père :
- Oh non pas lui ! En plus il me soûle avec ses lunettes et sa tête de victime !
Nous avons alors opté pour un bon vieux Fast & Furious sous les arguments de mon géniteur.
Nous voici donc sur le canapé sous un bon plaid à manger la malbouffe asiatique.
- Ils sont forts ces chinois, dit mon père la bouche pleine.
Ma sœur et moi réagîmes d'une même voix :
- Papa !
Mon père étouffa un rire et il manqua de s'étrangler avec ses nouilles.
Sarah avait glissé sa main sous le plaid. Elle me caressait la cuisse en longs vas et viens, me faisant frissonner de plaisir à chaque passages. Au bout de dix minutes, je n'eu plus la concentration nécessaire pour le film, la nourriture Sarah. Ses doigts taquinaient l'élastique de mon pantalon et je sentais grandir une boule en bas de mon ventre.
Je finis sonc par laisser tomber mon repas à moitié fini.
- Tu ne finis pas ? me demanda May.
- Oui, tu peux finir May, répondis-je à sa question dissimulée.
- Je t'ai déjà dis combien je t'aimais sœurette ?
Je ris faiblement et elle se rua sur l'assiette de riz cantonnais en reversant quelques grains au sol.
- Bah bravo, ça se voit que c'est pas toi qui fait le ménage, râlai-je.
- Parce que t'y contribues peut-être ?
Nos chuchotements agaçants furent stoppés par mon père et Sarah :
- Chhhht !
May et moi nous fusillâmes du regard avec un sourire après s'être promis de donner suite à cette discussion.
La jolie brune continuait de faire glisser malicieusement ses doigts jusqu'en haut de ma cuisse. Parfois, elle pressait ma jambe avec de lourds sous-entendus dans ses actions. Elle avait l'air satisfaite de l'effet qu'elle déclenchait en moi car elle posa sa tête sur mon épaule après avoir laissé un chaste baiser sous mon oreille. Elle savait pertinemment que je n'étais pas insensible à cela. Je me fis aussi discrète que possible et descendit ma main jusqu'à celle de Sarah pour entrelacer nos doigts et faire cesser cette torture bien qu'elle soit plaisante. Mes oreilles sifflèrent et je fis claquer ma langue contre mon palais avec agacement.
Tess : Quoi ?
May : Fait la monter à l'étage soeurette
Ma tête pivota tellement rapidement que je me fit claquer le cou, me faisant pousser un gémissement de douleur. Le rouge me monta aux joues, elle pouvait avoir des sous-entendus assez obscènes. Je doutais parfois de ma relation sanguine avec elle.
May : T'as très bien compris.
Tess : Pourquoi tu dis ça ?
May : Tu ne suis même plus le film, je parie que tu sais même pas qui est ce type là
Elle me montra un mec plutôt baraqué d'un léger coup de tête et je me sentis bête.
Tess : C'est pas le garagiste ?
Ma sœur pouffa de rire ce qui lui valut tous les regards sur elle
- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? demanda Sarah.
- Rien je pensais à autre chose.
Elle reprit son sérieux après quelques minutes avant de me fusiller du regard.
May : Le garagiste. Arrête tes conneries un peu. Allez, lance-toi.
Tess : De quoi tu parles ?
May : Fais pas l'innocente ça se voit qu'elle t'aimes bien et que ses sentiments sont partagés.
Mes oreilles sifflèrent à nouveau et je sentis la main de May retomber mollement sur le plaid, signifiant qu'elle avait mit fin à notre échange.
Parfois je détestais avoir un double même s'il fallait avouer qu'elle avait souvent raison.