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Mes oreilles sifflèrent à nouveau et je sentis la main de May retomber mollement sur le plaid, signifiant qu'elle avait mit fin à notre échange.

Parfois je détestais avoir un double même s'il fallait avouer qu'elle avait souvent raison.

Le générique de fin défila sur l'écran. Mon père commença à débarrasser les plateaux-repas après avoir éteint la télé. Sarah me lâcha la main pour se lever en baillant.

- Un classique ce film, n'est ce pas Tess ?

Je rougis en souriant bêtement. Son allusion à ma concentration pendant le film fit glousser doucement ma sœur.

- Ouais, souris-je. Bon, bonne nuit.

Je pliai le plaid avant de le ranger dans l'armoire et déposai un bisou sur la joue de ma sœur qui ne manqua pas de me faire un clin d'œil plein de sous-entendus.

- C'est ça, bonne nuit.

- Bonne nuit les filles ! souhaita mon père depuis la cuisine

Je pris Sarah par la main pour l'entraîner à ma suite dans les escaliers. Je n'arrivais plus à réfléchir correctement, à savoir quoi faire et quand. May m'aurait dit de me faire confiance sauf que je n'avais pas confiance en moi et que May me faisait chier.

La porte se referma derrière nous. Je m'assieds sur le lit pour enlever mes chaussettes.

- Tess…

Je les fis planer jusqu'au panier à linge sale avant de reporter mon attention sur Sarah qui s'était avancée de deux bons mètres, sûre d'elle. Je n'avais pas besoin d'entrer dans sa tête pour savoir ce qu'elle voulait me dire. Corporellement parlant elle se trahissait elle-même. Je me levai et m'approchai d'elle doucement en lui prenant les mains.

Elle releva son regard vers moi, les joues rosies par la gêne et me dévisagea. Je fis lentement remonter mes mains le long de ses bras, caressant sa peau du bout des doigts sans la quitter du regard. Elle posa ses mains sur mes hanches, hésitante et me rapprocha légèrement sans pour autant nous coller. La tension augmentait au fur et à mesure que j'aventurai mes doigts sur sa peau et son cœur qui accélérait me provoquait des fourmillements dans le ventre. Mes mains s'arrêtèrent sur ses joues, je lui caressai le visage tendrement en l'approchant du mien. Ses mains se firent plus fermes sur mes hanches. Elle posa délicatement ses lèvres sur les miennes. Ce fut comme une explosion dans tout mon corps : je ne réfléchissais plus, mon attention était entièrement focalisée sur nos lèvres qui se trouvaient enfin après tant de mois à se chercher. C'était comme je l'imaginais, doux et émotionnel à la fois. Ses lèvres épousaient les miennes tandis que ses mains remontaient le long de mon dos, innocentes. Elle me lécha timidement la lèvre supérieure, demandant l'accès à ma langue et je frémis à ce contact. J'entrouvris la bouche pour laisser sa langue s'y immiscer avec un soupir de plaisir. Mes mains attirèrent les hanches de Sarah contre les miennes plus violemment que je ne l'aurais voulut mais elle sourit en appuyant son baiser pour le rendre plus intense. Sa langue caressait la mienne et jamais je n'aurais pensé que cela puisse être aussi agréable. Soudain, la température monta d'un cran : je me baissai pour attraper ses cuisses puis la porter sans pour autant lâcher ses lèvres. Elle fut surprise et passa ses bras autour de mon cou en croisant ses jambes autour de ma taille avec ardeur. Ses doigts s'aventurèrent dans mes cheveux qu'elle agrippa pour tirer légèrement, m'arrachant un faible gémissement. Pour seule réponse, elle plaqua son corps contre le mien. Elle entama une parsemée de baiser le long, allant de ma joue à mon oreille. Je m'avançai vers le lit, Sarah dans les bras, la fit basculer en prenant soin de ne pas la blesser avant de me pencher au-dessus d'elle, établissant un contact visuel électrisant. Sa respiration avait accéléré tout comme la mienne, elle avait perdu l'élastique qui jouait ses cheveux.

- Tu me fais de l'effet Tess, depuis le début.

Je plissai les yeux, attendrie avant de me ruer sur ses lèvres qui m'accueillirent avec envie. Je montai à califourchon sur elle et lui embrassai le cou, accentuant sa respiration et ses caresses sur mon dos. Je descendis mes baisers en lui aspirant doucement la peau de part et d'autre, les yeux clos et les mains serrées dans ses mèches brunes. Elle gémit mon nom faiblement. Je passai une main sous son tee-shirt en la laissant raisonnablement sur sa hanche. Celles de Sarah ne cessaient de faire des vas-et-viens sur mon corps et par un élan d'excitation, elle les posa finalement sur mes fesses ce qui me fit frémir. Nos regards s'accrochèrent. Elle me fit brusquement basculer sur le dos, se retrouvant en position de force.

- C'est moi qui prends les commandes, souffla-t-elle les joues rouges.

Je grognai pour montrer mon désaccord face à ce changement de situation mais cela la fit sourire d'avantage. Elle se rapprocha de mon oreille en mordillant le lobe, faisant monter l'excitation qui se logeait dans mon ventre. Je bloquai ma respiration en attrapant ses hanches pour l'attirer contre moi et l'embrasser comme si ma vie en dépendait. Elle ondulait ses hanches sur les miennes en s'accrochant à mon cou. Elle attrapa soudainement l'ourelet de mon tee-shirt pour ôter la barrière qui nous séparait. Je posai vivement mes mains sur les siennes. Elle s'arrêta brusquement, me regardant avec incompréhension. Je secouai doucement la tête pour lui faire comprendre que je n'étais pas prête. Pas ce soir.

Elle sourit avant de m'offrir un doux baiser et de poser sa tête en haut de ma poitrine, son visage enfoui dans mon cou. Je lui caressai doucement le dos, suivant les os de sa colonne vertébrale en me laissant emporter par son odeur et son souffle régulier dans mes oreilles.

Le soleil passait à travers les rideaux pourpres. Nous avions laissé la fenêtre ouverte suite aux chaleurs de la nuit. J'ouvris petit à petit les yeux, filtrant la lumière qui agressait mes paupières. J'étendis les bras en croix pour m'étirer, poussant la couette grâce à mes pieds. Petit à petit, les souvenirs de la veille se bousculèrent dans ma tête. Le rouge me monta aux joues. Des fourmis lancèrent un nouvel assaut dans le bas de mon ventre. Je me redressai soudainement en réalisant que j'étais anormalement seule dans le lit.

- Sarah ?

Pas de réponse. Je me maintiens en appui sur les mains, cherchant la jolie brune des yeux. En vain. J'enfilai à la hâte une longue chemisie piquée au hasard dans mon armoire puis ouvris la porte à la volée. Je me laissai glisser sur la rambarde en me rassemblant les cheveux en un chignon disgracieux.

- May ? appelai-je.

J'atterris avec souplesse et fonçai en direction de la cuisine. Elle ne pouvait pas être partie avec ce qui c'était passé entre nous.

- Tess ?

Je m'arrêtai net et fis volte-face en soupirant de soulagement. Mes yeux rencontrèrent les siens. Je lui sourit tendrement.

- Tu dormais si bien, je ne voulais pas te réveiller, me sourit Sarah.

Elle était assise sur le canapé, les jambes repliées contre sa poitrine. Elle avait la télécommande dans les mains, le générique un épisode de sa série en fond. Je me penchai par-dessus l'accoudoir pour lui déposer un chaste baiser sur les lèvres qu'elle prolongea en me maintenant la tête.

- Quel accueil, murmurai-je entre deux baisers.

- Salut sœurette, déjà réveillée ? Il est à peine midi ! cantonna May.

Sa voix claironnante me fit sursauter. Je m'écartai vivement de Sarah qui rougit instantanément. May passa derrière moi et me tapa nonchalamment les fesses.

- May ! ris-je en prenant un air faussement vexé.

Sarah secoua la tête avec un sourire moqueur. Ma sœur pouvait avoir des gestes si crus que j'en étais facilement gênée. Un silence se fit. Le téléphone de ma sœur vibra ; elle se jeta presque dessus et nous informa quelques secondes après :

- Elya fait une soirée vendredi. Ça vous dit ?

Je regardai instinctivement Sarah qui me sourit comme pour me dire que si j'y allais, elle serait avec moi. Nous étions mercredi, la nouvelle allait vite circuler au lycée et il y aurait certainement un paquet de monde dont la moitié n'étudiait même plus. Elya connaissait beaucoup de gens et partout où elle allait, elle était appréciée et se faisait des amis. Ses soirées étaient toujours un succès. Or, je n'y avait jamais mis un pieds contrairement à May.

Je m'assieds sur le canapé, appuyant mon dos contre l'épaule de Sarah qui passa un bras autour de ma taille.

- Ça pourrait être sympa, répondis-je.

May sourit et pianota sur son téléphone avant de relever les yeux vers moi. Elle équarquilla brièvement les yeux avant que son visage ne s'adoucisse pour laisser place à de la tendresse. Elle m'envoya un coussin d'un geste du menton.

- Cachotière, lâcha-t-elle.

Je levai les mains pour me protéger le visage mais pas assez rapidement car le coussin me rebondit sur la tête avant de retomber au sol. Je pus d'ailleurs constater que ma sœur n'avait pas nettoyé les grains de riz qu'elle avait laissé tomber la veille. Je m'enchantai de le lui faire remarquer :

- T'aurais pu ramasser ça.

- J'attends samedi, c'est le jour de ménage donc autant tout faire d'un coup.

- Flemmarde, ajoutai-je, en plus ça sera un lendemain de soirée. Tu vas être complètement pétée.

Elle me sourit avec exagération et se laissa tomber sur le canapé, posant sa tête sur mes genoux. Je lui caressai les cheveux, passant mes doigts entre ses mèches blonde. Elle ferma les yeux. Quand nous étions détenues, elle pleurait souvent, apeurée par les cris et les gémissements qui résonnaient parfois dans le bâtiment. Pour l'endormir ou la consoler, je la prenait contre moi en lui caressant les cheveux lentement. Nous avions vécu des événement dont nous avions gardé des traces, comme ce tatouage derrière l'oreille. Une lettre de l'alphabet grec. May et moi abordions Sigma. Toutes les personnes étant passées par cet enfer y avaient eu droit. Pas les mêmes lettres, mais le même tatouage au même endroit.

- Mike arrive, lacha Sarah.

May s'était endormie sur mes genoux. Elle avait pris ma main, la serrant doucement.

- Comment ça il arrive ? lui demandai-je.

Mike s'invitait chez nous ? Comme ça sans nous prévenir ?

Je n'arrivais pas à savoir si c'était de l'impolitesse ou une mauvaise habitude. Sarah me déposa un baiser sur la joue avant de me répondre :

- Je ne sais pas il m'a juste dit : « j'arrive chez les jumelles ».

Je consultai mon portable sans y voir de messages, pareil pour celui de May. Je pris une grande inspiration, me convainquant de rester calme quoi qu'il arrive. Non mais de quel droit ? Sarah me prit le menton pour me faire pivoter la tête et m'embrasser tout doucement les lèvres, faisant courir ses doigts le long de ma joue. Elle s'écarta légèrement pour ancrer tendrement ses yeux dans les miens et me dire d'une voix de soie :

- Il doit simplement penser que tu as l'habitude de le voir venir ici sans prévenir.

Je restai près de sa bouche et haussais les épaules.

- Ouais.

Elle sourit et moi aussi. Je l'embrassai, plus passionnément cette fois avant de reposer ma tête sur son épaule et de fermer les yeux, profitant de ce moment.

Mon téléphone vibra sur mes cuisses, Sarah le prit me lisant le message.

- C'est Mike, il te dit qu'il est là.