Résumé
Quand Tess reçoit une mystérieuse enveloppe, elle ne se doute pas de ce qui l’attend. Un nouveau lycée, un secret à garder, une nouvelle petite amie… Une seule fille viendra littéralement bousculer sa petite vie. Entre amour, haine et trahison, il faudra faire des choix difficiles. Mais quoi qu’il advienne, ne dites rien à Sarah… *** « - Je te déteste. - Et moi donc… Son souffle ne s’échouait plus sur mes lèvres, il pénétrait entre elles. Je frissonnai quand nos nez s’effleurèrent. - Mais je n’ai jamais autant désiré quelqu’un. »
01
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?___PROLOGUE____?
Quand Tess reçoit une mystérieuse enveloppe, elle ne se doute pas de ce qui l'attend. Un nouveau lycée, un secret à garder, une nouvelle petite amie…
Une seule fille viendra littéralement bousculer sa petite vie. Entre amour, haine et trahison, il faudra faire des choix difficiles.
Mais quoi qu'il advienne, ne dites rien à Sarah…
« - Je te déteste.
- Et moi donc…
Son souffle ne s'échouait plus sur mes lèvres, il pénétrait entre elles. Je frissonnai quand nos nez s'effleurèrent.
- Mais je n'ai jamais autant désiré quelqu'un. »
____PRÉSENTATION______
Je m'appelle Tess, j'ai 17 ans et toutes mes dents. J'ai une sœur jumelle, May.
Elle et moi avons des « super-pouvoirs » comme disent les gens, nous faisons de la télékinésie. Vous allez peut-être trouver ça cool et ça l'est, mais pas pour nous. Quand nous étions petites, nous avons été enlevées et élevées en laboratoire. Ceux qui nous exploitaient voyaient ça comme un don, un cadeau de la nature, une mutation bénéfique. Je vois ça comme un poids dans ma vie même si je dois admettre ça m'est souvent utile. Notre vie sociale et familiale est construite autour de ça, d'autant plus qu'une saute d'humeur entraîne inévitablement de la casse.
À part ça je suis une ado normale, je vais en cours et je sors avec la fille rêvée. Tout semblait bien fonctionner jusqu'à ce qu'elle me percute, littéralement. Elle représente tout ce que je déteste. Mais on dit souvent qu'il n'y a qu'un pas de l'amour à la haine non ?
_____LES CHAPITRES____
Crochet droit, coup de pied, étranglement et mise au sol de l'adversaire.
Je relâchai Mike et lui tendis la main pour l'aider à se relever.
- Vas-y moins fort la prochaine fois ! Tu m'as fais super mal, dit-il en se frottant la tempe endolorie.
Je ris et lui tapote la joue du plat de la main.
- Fais pas ta chochotte.
Il me poussa l'épaule, je fis mine de vaciller en riant.
Mike était mon ami d'enfance, mon seul ami en fait. Il était également le seul au courant de mes capacités cachées et trouvait ça « dément ».
J'enlevai mes gants et les rangeai dans mon casier. Mike et moi saluâmes notre coach avant de sortir de la salle de boxe. Mon père m'avait inscrite ici pour extérioriser mes émotions et me canaliser autrement qu'en envoyant valser les chaises et les vases contre les murs. Ça m'était bénéfique autant mentalement que physiquement. Ma sœur elle, avait opté pour de l'aïkido. Je ne voyais pas en quoi elle pouvait extérioriser ses états d'âme avec des cours de psychologie. Elle me répétait sans cesse que savoir se maîtriser était mieux que de se défouler et je la contredisai à chaque fois.
L'air était doux et le bitume brûlant. Les températures atteignaient des records, les gens affluaient dans les rues. Je trouvais ça stupide : quand il faisait bon il n'y avait pas un chat dehors et quand la chaleur devenait insupportable, on pouvait à peine marcher. Paris était bien trop peuplé à mon goût mais mon père avait son travail ici alors nous n'avions pas le choix. Il fallait dire que nos déménagements avaient été fréquents, c'était l'une des principales raisons pour laquelle je n'avais pas d'amis ou très peu. Mike était resté en contact avec moi, même quand je me faisais traîner à l'autre bout du monde. Je lui devait une reconnaissance et un attachement éternel.
- On se voit demain au lycée ? demanda mon ami.
- Malheureusement, ouais.
Il m'embrassa la joue et pris la direction opposée à la mienne, les mains dans les poches. Ce garçon avait tout pour lui mais refusait de le voir.
Je poussai la porte d'entrée et fis planer mon sac pour le faire atterrir dans le placard.
- Tess on avait dit pas de ça dans la maison…
Ma sœur, une éternelle perfectionniste et par la même occasion, une version copiée collée de l'originale.
- Économie d'énergie.
Faux. Utiliser nos pouvoirs nous demandait un minimum de concentration et un afflux sanguin important car le cœur pompait bien plus pour nous donner une force supplémentaire mais je n'avais pas envie de débattre avec ma sœur maintenant. J'ouvris le frigo en quête d'en-cas mais celui-ci se referma net sous mes yeux. Je poussai un soupir d'agacement.
- May…
- Tu sors de sport.
- Justement, je crève la dalle, rétorquai-je.
Mon géniteur fit irruption dans la pièce et déposa un chaste baiser sur mon crâne avant de faire de même avec ma sœur.
- Salut les filles, belle journée ?
- Ouais, dîmes en même temps.
Mon père posa une lettre sur la table. Je n'y prêtai pas de suite attention et rejoingnis ma sœur à table pour éplucher une mandarine. La yeux de May ne quittaient pas son manuel de maths, elle faisait de temps à autre remonter ses lunettes sur son nez avec une grimace. Je peinais à dévêtir mon fruit si bien que je me munis d'un couteau pour couper des tranches directes. Une fois ma patience satisfaite, je portai un à un les quartiers improvisés à ma bouche, le regard divanguant. Mon attention glissa sur le courrier que mon père avait mise sur la table. L'une des lettres était à mon nom accompagné de celui de ma sœur. Je la regardait un long moment puis interrogeai mon père du regard.
- Je ne sais pas de qui c'est chérie, je ne l'ai pas lue, m'assura ce dernier.
Je fronçai les sourcils. Maladroitement, je coupai un morceaux de sopalin pour m'essuyer les mains avant de prendre l'enveloppe avec une certaine curiosité.
La précipitation et la curiosité me poussèrent à arracher les derniers pans de papiers qui collaient encore à l'enveloppe. Qui pouvait bien m'écrire ? J'étais un peu comme Harry Potter dans son placard, personne ne connaissait mon existence nouvelle de ma sœur. Mon père ne trouvait pas ça gênant contrairement à moi qui détestais vivre dans le déni et la solitude. Les seules fois où les lettres m'étaient destinées, c'était quand Mike partait en vacances et qu'il pensait à moi. La lettre enfin libérée, je la dépliai soigneusement et lu son contenu en silence.
« Vous reviendrez. »
Mon père me pris la lettre des mains, me voyant perplexe et la lu avant de la faire passer à ma sœur qui s'en servit comme brouillon de calcul. Quelques secondes plus tard elle claqua des doigts et nota une suite de chiffres sur sa copie soigneusement rédigée. Elle s'apprêta à jeter son brouillon improvisé quand son regard parcouru enfin les quelques mots barrés de ses chiffres. Elle me sonda du regard en essayant de trouver la moindre trace de colère ou même d'inquiétude.
May : Ça va ?
Tess : Ça va.
Cet accès privé à la communication mentale nous était d'une telle praticité, que des conversations orales étaient inutiles en présence de monde. Elle s'adossa à sa chaise et roula en boule le papier griffonné avant de tenter un lancer dans la poubelle, ce qu'elle ne manqua pas. Elle jubila intérieurement avant de revenir au vif du sujet :
- Pourquoi ?
Mon père commençait à triturer ses doigts avec nervosité. Ce fit un silence, laissant tonner la trotteuse infernale de l'horloge. Il soupira puis formera quelques mots incompréhensibles. J'aimais mon père plus que tout mais un sentiment de rancœur se nichea dans mon estomac. Ayant le fâcheuse manie de trouver un coupable à tous malheurs, j'attribuai celui-ci à mon père en énumérant les différentes raisons. Pourquoi nous avait-il traîné aux quatre coins du monde si cet homme savait constamment où nous étions ? Mon père répondit :
- Pourquoi maintenant ? C'est surtout ce que j'aimerais savoir
Je n'arrivais pas à croire qu'après tout ce temps, cet homme ne nous ai pas oublié. Et mon père…
Il m'avait promis la sécurité et une bonne éducation. Il nous avait dit à May et moi que personne ne nous reprendrait, que ma mère n'était pas morte pour rien en voulant nous sauver. Je commençai à lui en vouloir d'autant plus en revoyant défiler des images que j'avais refoulées aussi profondément que possible. Avait-elle donc enduré toute cette torture pour rien ? Un sentiment de panique brouilla ma vue et je mis mes mains devant mes yeux par réflexe. Mentalement, je comptai mes respirations jusqu'à dix en imaginant un escalier où chaque marche était l'un de ces numéros. Ça ne marchait pas tant que ça, mes poumons inspiraient de moins en moins d'oxygène, ma tête tournait et mon cœur résonnait dans mes tympans. Mon mental céda soudainement et je relevai vivement la tête, envoyant le récipient à fruits contre le mur. Mon père et ma sœur sursautèrent sans oser bouger plus. Je pouvais sentir May me bousculer mentalement à coups de paroles rassurantes mais je la chassais aussitôt fait. Je serrai les poings en enfonçant mes ongles dans la chair de mes paumes. Voyant ses tentatives vouées à l'échec, May se leva calmement et caressa mes avant-brasdu bout des doigts mais je m'écartai d'elle d'un geste sec. Elle n'y était pour rien, j'en avais conscience mais cet impression d'étouffement s'accentuait au moindre contact. Je me retournai vivement vers mon géniteur et lui reprochai tout ce que j'avais en tête :
- Tu m'avais dit qu'il ne nous trouverait pas. Que tout ça c'était terminé !
- Tess…
Mon père s'approcha de moi avec douceur pour tenter de me rassurer. Sa voix réussi à m'apaiser quelques instants avant que le flot trouble de mes souvenirs ne refasse surface. Piégée par une enfance que l'on m'avait ôtée, je ne trouvais rien de mieux que de le lui reprocher par tous les moyens. Je reculai jusqu'à heurter la commode de mon dos. Mon père continua à avancer de manière à ce que je ne trouve pas d'échappatoire. Il avait l'air épuisé de toutes ces sautes d'humeurs mais ne cherchait que mon réconfort. Je pouvais à présent sentir mon cœur soulever ma poitrine, prise d'une violente panique à cette idée de piège.
- Qu'on pourrait vivre normalement !
Comme pour me protéger, je fis valser des assiettes à travers la pièce. Mon père se baissa à terre pour se protéger d'éventuels résidus, me permettant une issue à son emprise. Je me faufilai et rejoingnis le centre de la pièce où May se tenait debout avec.
Je ne voulais même pas savoir à quel point j'avais l'air ridicule.
- Qu'on allait repartir à zéro et qu'il n'y aurait plus de comptes à rendre à personne !
Mon père fit volte-face, furieux cette fois. Il avait compris que la manière douce n'était plus une option dorénavant et qu'il fallait y aller de main forte. Je fis glisser une chaise sur son passage pour ralentir sa course. May qui n'avait pas dit son dernier mot, prit le contrôle du siège et le remit en place pour laisser champs libre à mon père qui me prit le poignet avec force. J'avais dépassé les limites et j'en étais consciente.
- Arrête tes enfantillages ! Tu te calme immédiatement ou c'est moi qui vais te calmer !
Mes joues étaient trempées de larmes que je n'avais même pas senti couler. Je saignais des oreilles sous la pression télékinésique. Sa main était tendue derrière son épaule comme pour me gifler et je savais qu'il en était capable. Je durcis mon regard à son encontre et ce manque de respect lui suffit pour faire siffler sa main vers ma joue. Mon visage passa de la haine à l'effroi en anticipant ce geste tant de fois répété. Non, pas encore, je refusais. Prise de court, je me protégeai de mon bras libre en criant :
- Non !01
?___PROLOGUE____?
Quand Tess reçoit une mystérieuse enveloppe, elle ne se doute pas de ce qui l'attend. Un nouveau lycée, un secret à garder, une nouvelle petite amie…
Une seule fille viendra littéralement bousculer sa petite vie. Entre amour, haine et trahison, il faudra faire des choix difficiles.
Mais quoi qu'il advienne, ne dites rien à Sarah…
« - Je te déteste.
- Et moi donc…
Son souffle ne s'échouait plus sur mes lèvres, il pénétrait entre elles. Je frissonnai quand nos nez s'effleurèrent.
- Mais je n'ai jamais autant désiré quelqu'un. »
____PRÉSENTATION______
Je m'appelle Tess, j'ai 17 ans et toutes mes dents. J'ai une sœur jumelle, May.
Elle et moi avons des « super-pouvoirs » comme disent les gens, nous faisons de la télékinésie. Vous allez peut-être trouver ça cool et ça l'est, mais pas pour nous. Quand nous étions petites, nous avons été enlevées et élevées en laboratoire. Ceux qui nous exploitaient voyaient ça comme un don, un cadeau de la nature, une mutation bénéfique. Je vois ça comme un poids dans ma vie même si je dois admettre ça m'est souvent utile. Notre vie sociale et familiale est construite autour de ça, d'autant plus qu'une saute d'humeur entraîne inévitablement de la casse.
À part ça je suis une ado normale, je vais en cours et je sors avec la fille rêvée. Tout semblait bien fonctionner jusqu'à ce qu'elle me percute, littéralement. Elle représente tout ce que je déteste. Mais on dit souvent qu'il n'y a qu'un pas de l'amour à la haine non ?
_____LES CHAPITRES____
Crochet droit, coup de pied, étranglement et mise au sol de l'adversaire.
Je relâchai Mike et lui tendis la main pour l'aider à se relever.
- Vas-y moins fort la prochaine fois ! Tu m'as fais super mal, dit-il en se frottant la tempe endolorie.
Je ris et lui tapote la joue du plat de la main.
- Fais pas ta chochotte.
Il me poussa l'épaule, je fis mine de vaciller en riant.
Mike était mon ami d'enfance, mon seul ami en fait. Il était également le seul au courant de mes capacités cachées et trouvait ça « dément ».
J'enlevai mes gants et les rangeai dans mon casier. Mike et moi saluâmes notre coach avant de sortir de la salle de boxe. Mon père m'avait inscrite ici pour extérioriser mes émotions et me canaliser autrement qu'en envoyant valser les chaises et les vases contre les murs. Ça m'était bénéfique autant mentalement que physiquement. Ma sœur elle, avait opté pour de l'aïkido. Je ne voyais pas en quoi elle pouvait extérioriser ses états d'âme avec des cours de psychologie. Elle me répétait sans cesse que savoir se maîtriser était mieux que de se défouler et je la contredisai à chaque fois.
L'air était doux et le bitume brûlant. Les températures atteignaient des records, les gens affluaient dans les rues. Je trouvais ça stupide : quand il faisait bon il n'y avait pas un chat dehors et quand la chaleur devenait insupportable, on pouvait à peine marcher. Paris était bien trop peuplé à mon goût mais mon père avait son travail ici alors nous n'avions pas le choix. Il fallait dire que nos déménagements avaient été fréquents, c'était l'une des principales raisons pour laquelle je n'avais pas d'amis ou très peu. Mike était resté en contact avec moi, même quand je me faisais traîner à l'autre bout du monde. Je lui devait une reconnaissance et un attachement éternel.
- On se voit demain au lycée ? demanda mon ami.
- Malheureusement, ouais.
Il m'embrassa la joue et pris la direction opposée à la mienne, les mains dans les poches. Ce garçon avait tout pour lui mais refusait de le voir.
Je poussai la porte d'entrée et fis planer mon sac pour le faire atterrir dans le placard.
- Tess on avait dit pas de ça dans la maison…
Ma sœur, une éternelle perfectionniste et par la même occasion, une version copiée collée de l'originale.
- Économie d'énergie.
Faux. Utiliser nos pouvoirs nous demandait un minimum de concentration et un afflux sanguin important car le cœur pompait bien plus pour nous donner une force supplémentaire mais je n'avais pas envie de débattre avec ma sœur maintenant. J'ouvris le frigo en quête d'en-cas mais celui-ci se referma net sous mes yeux. Je poussai un soupir d'agacement.
- May…
- Tu sors de sport.
- Justement, je crève la dalle, rétorquai-je.
Mon géniteur fit irruption dans la pièce et déposa un chaste baiser sur mon crâne avant de faire de même avec ma sœur.
- Salut les filles, belle journée ?
- Ouais, dîmes en même temps.
Mon père posa une lettre sur la table. Je n'y prêtai pas de suite attention et rejoingnis ma sœur à table pour éplucher une mandarine. La yeux de May ne quittaient pas son manuel de maths, elle faisait de temps à autre remonter ses lunettes sur son nez avec une grimace. Je peinais à dévêtir mon fruit si bien que je me munis d'un couteau pour couper des tranches directes. Une fois ma patience satisfaite, je portai un à un les quartiers improvisés à ma bouche, le regard divanguant. Mon attention glissa sur le courrier que mon père avait mise sur la table. L'une des lettres était à mon nom accompagné de celui de ma sœur. Je la regardait un long moment puis interrogeai mon père du regard.
- Je ne sais pas de qui c'est chérie, je ne l'ai pas lue, m'assura ce dernier.
Je fronçai les sourcils. Maladroitement, je coupai un morceaux de sopalin pour m'essuyer les mains avant de prendre l'enveloppe avec une certaine curiosité.
La précipitation et la curiosité me poussèrent à arracher les derniers pans de papiers qui collaient encore à l'enveloppe. Qui pouvait bien m'écrire ? J'étais un peu comme Harry Potter dans son placard, personne ne connaissait mon existence nouvelle de ma sœur. Mon père ne trouvait pas ça gênant contrairement à moi qui détestais vivre dans le déni et la solitude. Les seules fois où les lettres m'étaient destinées, c'était quand Mike partait en vacances et qu'il pensait à moi. La lettre enfin libérée, je la dépliai soigneusement et lu son contenu en silence.
« Vous reviendrez. »
Mon père me pris la lettre des mains, me voyant perplexe et la lu avant de la faire passer à ma sœur qui s'en servit comme brouillon de calcul. Quelques secondes plus tard elle claqua des doigts et nota une suite de chiffres sur sa copie soigneusement rédigée. Elle s'apprêta à jeter son brouillon improvisé quand son regard parcouru enfin les quelques mots barrés de ses chiffres. Elle me sonda du regard en essayant de trouver la moindre trace de colère ou même d'inquiétude.
May : Ça va ?
Tess : Ça va.
Cet accès privé à la communication mentale nous était d'une telle praticité, que des conversations orales étaient inutiles en présence de monde. Elle s'adossa à sa chaise et roula en boule le papier griffonné avant de tenter un lancer dans la poubelle, ce qu'elle ne manqua pas. Elle jubila intérieurement avant de revenir au vif du sujet :
- Pourquoi ?
Mon père commençait à triturer ses doigts avec nervosité. Ce fit un silence, laissant tonner la trotteuse infernale de l'horloge. Il soupira puis formera quelques mots incompréhensibles. J'aimais mon père plus que tout mais un sentiment de rancœur se nichea dans mon estomac. Ayant le fâcheuse manie de trouver un coupable à tous malheurs, j'attribuai celui-ci à mon père en énumérant les différentes raisons. Pourquoi nous avait-il traîné aux quatre coins du monde si cet homme savait constamment où nous étions ? Mon père répondit :
- Pourquoi maintenant ? C'est surtout ce que j'aimerais savoir
Je n'arrivais pas à croire qu'après tout ce temps, cet homme ne nous ai pas oublié. Et mon père…
Il m'avait promis la sécurité et une bonne éducation. Il nous avait dit à May et moi que personne ne nous reprendrait, que ma mère n'était pas morte pour rien en voulant nous sauver. Je commençai à lui en vouloir d'autant plus en revoyant défiler des images que j'avais refoulées aussi profondément que possible. Avait-elle donc enduré toute cette torture pour rien ? Un sentiment de panique brouilla ma vue et je mis mes mains devant mes yeux par réflexe. Mentalement, je comptai mes respirations jusqu'à dix en imaginant un escalier où chaque marche était l'un de ces numéros. Ça ne marchait pas tant que ça, mes poumons inspiraient de moins en moins d'oxygène, ma tête tournait et mon cœur résonnait dans mes tympans. Mon mental céda soudainement et je relevai vivement la tête, envoyant le récipient à fruits contre le mur. Mon père et ma sœur sursautèrent sans oser bouger plus. Je pouvais sentir May me bousculer mentalement à coups de paroles rassurantes mais je la chassais aussitôt fait. Je serrai les poings en enfonçant mes ongles dans la chair de mes paumes. Voyant ses tentatives vouées à l'échec, May se leva calmement et caressa mes avant-brasdu bout des doigts mais je m'écartai d'elle d'un geste sec. Elle n'y était pour rien, j'en avais conscience mais cet impression d'étouffement s'accentuait au moindre contact. Je me retournai vivement vers mon géniteur et lui reprochai tout ce que j'avais en tête :
- Tu m'avais dit qu'il ne nous trouverait pas. Que tout ça c'était terminé !
- Tess…
Mon père s'approcha de moi avec douceur pour tenter de me rassurer. Sa voix réussi à m'apaiser quelques instants avant que le flot trouble de mes souvenirs ne refasse surface. Piégée par une enfance que l'on m'avait ôtée, je ne trouvais rien de mieux que de le lui reprocher par tous les moyens. Je reculai jusqu'à heurter la commode de mon dos. Mon père continua à avancer de manière à ce que je ne trouve pas d'échappatoire. Il avait l'air épuisé de toutes ces sautes d'humeurs mais ne cherchait que mon réconfort. Je pouvais à présent sentir mon cœur soulever ma poitrine, prise d'une violente panique à cette idée de piège.
- Qu'on pourrait vivre normalement !
Comme pour me protéger, je fis valser des assiettes à travers la pièce. Mon père se baissa à terre pour se protéger d'éventuels résidus, me permettant une issue à son emprise. Je me faufilai et rejoingnis le centre de la pièce où May se tenait debout avec.
Je ne voulais même pas savoir à quel point j'avais l'air ridicule.
- Qu'on allait repartir à zéro et qu'il n'y aurait plus de comptes à rendre à personne !
Mon père fit volte-face, furieux cette fois. Il avait compris que la manière douce n'était plus une option dorénavant et qu'il fallait y aller de main forte. Je fis glisser une chaise sur son passage pour ralentir sa course. May qui n'avait pas dit son dernier mot, prit le contrôle du siège et le remit en place pour laisser champs libre à mon père qui me prit le poignet avec force. J'avais dépassé les limites et j'en étais consciente.
- Arrête tes enfantillages ! Tu te calme immédiatement ou c'est moi qui vais te calmer !
Mes joues étaient trempées de larmes que je n'avais même pas senti couler. Je saignais des oreilles sous la pression télékinésique. Sa main était tendue derrière son épaule comme pour me gifler et je savais qu'il en était capable. Je durcis mon regard à son encontre et ce manque de respect lui suffit pour faire siffler sa main vers ma joue. Mon visage passa de la haine à l'effroi en anticipant ce geste tant de fois répété. Non, pas encore, je refusais. Prise de court, je me protégeai de mon bras libre en criant :
- Non !