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Chapitre 03

Chapitre 3

Fabrice et sa chérie habitent un petit appartement très douillet tout près de l’université. Quand on y arrive, ce soir-là, c’est elle qui nous ouvre la porte, un grand sourire sur le visage.

- Bonsoir, bienvenue !

Elle nous embrasse chacun, nous fait entrer et me débarrasse de la tarte que je portais.

Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé, mais c’est vraiment super étrange de se retrouver avec quelqu’un dont on passe son temps à rêver mais qu’on n’avait jamais rencontré en vrai. Ce n’est pas vraiment comme fantasmer sur une star et la rencontrer en vrai, non. C’est plus comme une sensation de déjà vu, un peu comme si on connaissait déjà la personne, alors que non.

Elle nous fait nous installer dans le séjour et s’enquiert de ce qu’on veut boire, avant de s’excuser et de disparaitre dans le couloir.

Fabrice en émerge quelques instants plus tard et viens nous saluer.

- Vous n’avez pas eu de mal à trouver la maison ?

- Non, répond Serge. Ce n’est pas caché du tout.

- Huum, chéri, fait Sonya en riant, avoue que tu t’es trompé deux fois de junction.

On éclate tous de rire. En effet, Serge a le plus mauvais sens de l’orientation qui soit. Quand on vivait tous les deux à Accra, c’était moi qui conduisait, même pour aller à l’école.

On continue à se moquer de Serge quand Agatha revient.

Je la regarde poser le plateau de boissons qu’elle tient sur la table, se baisser pour nous servir, et je suis choquée d’à quel point elle a l’air de la Agatha que je vois en rêve. Ses mains, cette façon qu’elle a de tenir la base du verre avant de le tendre, la façon dont elle penche la tête sur le côté et se mord la lèvre en versant les boissons dans les verres… elle faisait exactement comme ça, dans ce rêve dans lequel on prend le petit déjeuner ensemble avant mon mariage.

C’est à la fois fascinant et extrêmement déroutant.

Elle termine de nous servir et s’assied à côté de son homme qui entreprend de faire les présentations officielles.

- Chérie, voici mon ami Serge dont je t’ai parlé, avec sa femme Sonya et sa cousine Dalhia. Ils sont togolais.

- Ooh, donc vous parlez français ? demande-t-elle, les yeux brillants.

- Oui, Dalhia et moi, répond Serge. Sonya est ghanéenne, elle ne comprend que certains mots.

Mais apparemment, Agatha est restée bloquée au ‘’oui’’ de Serge. Elle joint les mains et les lève au ciel en criant ‘’merci Seigneur’’ en français.

Elle a l’air tellement soulagée que je ne peux m’empêcher d’éclater de rire.

- Faut pas rire, ma chérie, enchaîne-t-elle en français, son accent ivoirien se faisant aussitôt entendre. Je ne supporte plus l’anglais ! Je parle ça tout le temps, à l’école, dans la ville, avec mes amis, même avec Fabrice. Je suis en train de perdre mon français. C’est Dieu qui vous a mis sur mon chemin !

Ça, tu ne crois pas si bien dire.

- Pour ce soir, plus un mot d’anglais, décrète-t-elle.

- Mais Sonya ne comprend pas français, objecte Fabrice.

- Donc toi, cause avec elle, comme tu aimes parler anglais là.

Serge, à côté de moi, traduit à Sonya ce qu’on dit, et elle éclate de rire en même temps que nous.

Puis, brusquement, Fabrice jette un œil à sa montre et allume la télévision.

- Je suis désolé, mais il y a Chelsea- Manchester ce soir.

Voilà aussi les yeux de Serge qui se mettent à briller. Je retiens à grand peine un bâillement d’ennui. Agatha ne se donne pas cette peine. Elle lève les yeux au ciel, murmure un ‘’les hommes’’ et se lève.

- Je vais vérifier le diner, annonce-t-elle en anglais.

- Je peux venir avec toi ? je demande, un peu timidement. Je n’aime pas vraiment le foot.

- Bien sûr ! je ne vais pas t’infliger de rester aux cotés de Fab quand il regarde le foot, ce serait inhumain.

J’éclate de rire et me met debout à mon tour.

- Sonya, are you joining us?

- No, réponds celle-ci, déja très absorbée par les joueurs qui apparaissent sur le stade. I’d rather stay here, if you don’t mind.

- Elle adore le foot, j’explique à Agatha.

- Je constate. It’s okay, dit-elle ensuite à Sonya, we’ll be back soon.

Comme si elle allait le remarquer. Quand il y a le foot à la maison, entre Serge et elle, j’ai l’impression d’être transparente.

Agatha nous entraîne dans la cuisine, enfile un tablier et m’en tends un sans cérémonie.

Elle me demande de découper certaines choses pour la vinaigrette de l’entrée, pendant qu’elle s’occupe de son poulet au four.

On se met au travail, d’abord en silence, puis elle se met à m’interroger sur ma vie. Au bout de 20 minutes, nous sommes totalement détendues l’une en compagnie de l’autre et bavardons comme de vieilles amies.

A un moment, alors qu’elle et en train de laver la vaisselle utilisée pour la cuisine, on sonne à la porte.

Elle soupire avant de me demander :

- Dalhia, tu peux aller ouvrir, s’il te plait ? Si je compte sur Fabrice, Audrey va dormir devant la porte aujourd’hui.

J’accepte, essuie mes mains – j’étais en train d’essuyer la paillasse – et vais ouvrir la porte.

Audrey, qui était en train de fouiller dans le sac qu’elle porte à l’épaule, lève la tête quand elle entend le bruit de la porte.

- Aah, ce n’est pas trop…

Elle s’interrompt quand elle me voit et jette un petit coup d’œil rapide au numéro de l’appartement. Ça me fait sourire.

- Bonsoir.

Elle a l’air encore plus surprise du fait que je parle français et me regarde fixement.

- Je suis Dalhia, la cousine de Serge, l’ami de Fabrice, ceux qu’ils ont invité à diner.

- Ah. Bonsoir.

Elle est froide. Tout le contraire d’Agatha.

- Agatha est occupée, alors elle m’a demandé d’ouvrir la porte.

Elle hoche la tête, murmure un ‘’merci’’ et se penche pour soulever les nombreux sacs qui étaient posés à côté d’elle.

- Besoin d’aide ?

- Non, merci, ça va aller.

Bon…

Je me contente donc de tenir la porte pendant qu’elle entre avec ses affaires, et la suit quand elle se dirige vers la cuisine.

Elle y entre à peine qu’elle commence à parler à Agatha. J’ai l’impression qu’elle la gronde, mais je n’en suis pas sure, elle parle une langue qui ressemble au twi, mais que je n’arrive pas à comprendre.

Agatha répond aussi dans cette langue et Audrey lui donne un coup sur la tête avant de poser ses affaires sur la table de la cuisine.

Agatha se tourne vers moi en riant :

- Dalhia, ne fais pas attention à cette sauvage-là, elle ne sait pas se tenir.

Audrey lui fait un doigt d’honneur et commence à déballer les paquets qu’elle a apporté.

Il y a du poisson braisé, de l’attiéké (un plat ivoirien) et des gaufres

Pendant qu’Audrey va ouvrir les placards de la cuisine pour sortir des plateaux, Agatha ouvre la boite à gaufres et se met à en manger.

Elle pousse la boite devant moi :

- Sers-toi !

Je secoue doucement la tête. Elles sont recouvertes de chocolat et de vermicelles colorés et ont l’air super appétissantes, mais non.

Agatha me regarde comme si j’avais perdu la tête.

- Tu n’aimes pas les gaufres ?

- Pas vraiment, non.

Audrey, qui était en train de servir la nourriture dans les plateaux lève la tête aussitôt.

- Quoi ? Comment on peut ne pas aimer les gaufres ?

- Il y a du lait dedans, je n’aime pas le lait.

C’est comme si j’avais dit que Obama était blanc. Je crois qu’il n’est pas possible d’être plus scandalisée qu’elles ne le sont.

Audrey est la première à se reprendre et demande d’une petite voix, comme si elle allait pleurer :

- Mais pourquoi ?

- J’en sais rien. Je n’aime pas le goût. En plus, je me sens toujours mal après en avoir pris.

- Mal comment, demande Agatha.

- Maux de ventre, nausées, vertiges…

Elle hoche la tête sans rien dire.

Audrey elle, me pose une main sur l’épaule et murmure ‘’yako’’.

- Hein ?

- Ça veut dire ‘’ je compatis’’. C’est dans ma langue, le baoulé.

- C’est ça que vous parliez, tout à l’heure ?

Elle hoche la tête et se replonge dans son service pendant qu’Agatha entreprend de m’apprendre les rudiments de la langue.

Quand, à la mi-temps du match, Fabrice vient voir ce qu’on fait, je sais déjà dire bonjour et viens manger.

Agatha me renvoie au salon, vu que le match est interrompu avec Audrey et elle termine seule de porter les plats sur la table et de tout installer.

Une fois que tout est prêt, on passe à table. Fabrice fait la prière et Agatha le service.

Ce sont des hôtes charmants, attentifs aux moindres besoins de leurs convives.

On mange tout en conversant tranquillement jusqu’au moment du digestif.

Nous sommes tous assis dans le séjour, une tasse de café ou de thé devant nous, accompagnée des gaufres d’Audrey.

Tous, sauf moi. J’ai repris une part de la tarte aux fruits que nous avions apporté.

Agatha se sent donc obligé de raconter à son chéri que je n’aime pas les gaufres.

Serge rigole pendant que Fabrice affiche lui aussi un air surpris.

- Elle n’aime pas le lait, ajoute Agatha.

- Tu es intolérante ou tu n’aimes pas ? demande Fabrice.

- Je ne sais pas.

- Elle dit que ça lui fait des malaises. Explique-lui, me dit-elle, il est médecin, il pourra peut-être trouver une solution.

Je n’ai pas envie d’avoir une solution. Je suis très bien comme a, à ne pas aimer le lait.

Voyant que je ne réponds rien, Agatha se met à expliquer à son chéri les malaises que j’ai quand je consomme du lait.

- Tu as des carences en calcium?

- Oui.

Il hoche la tête, exactement comme fait mon docteur.

- C’est certainement une intolérance. On peut faire des tests pour confirmer ça si tu veux, comme ça tu auras un régime alimentaire adapté.

- J’ai déjà un régime alimentaire adapté.

Serge éclate de rire.

- Ne manger que du poulet, ce n’est pas vraiment un régime alimentaire, Liah.

- Tu ne manges que du poulet ? s’exclame Audrey.

- Mais ce n’est pas ma faute, je ne supporte que ça. Tout le reste me fait des malaises. Le poisson déclenche des crises d’asthme, la viande de bœuf me provoque de l’eczéma (conséquences : carence en fer) et celles de porc et d’agneau me donnent de l’urticaire.

Agatha me regarde comme si je venais d’annoncer que j’avais perdu mes deux parents et que j’étais seule au monde.

- Tu es sérieuse ? demande Audrey, soudain toute triste.

Il n’y a que moi que ça ne dérange pas de me nourrir exclusivement de poulet ?

- Tout à fait. Mais ce n’est pas grave, je suis…

- Bien sûr que si, interrompt Agatha. Il faut que tu prennes rendez-vous avec Mawuli, c’est un ami de Fabrice, il est diététicien. Tu ne peux pas continuer à vivre aussi malheureusement.

Mais je suis très heureuse, dans ma condition de mangeuse de poulet.

Serge aussi, au lieu de me défendre, il ne fait que rire.

Fabrice, comme si on l’avait piqué, sort son portable de sa poche et se met à pianoter dessus. Le temps de réaliser, il est en train d’exposer mon ‘’cas’’ à son ami et de lui décrire mes ‘’pathologies’’.

Ils discutent quelques minutes, sans que personne ne soit préoccupé par mon air effaré et quand il raccroche, il m’adresse un sourire radieux.

- Il veut que tu passes le plus tôt possible. Note son numéro, tu l’appelleras pour prendre rendez-vous.

Et il se met à débiter le numéro de téléphone du type.

Voyant que je ne réagis pas, Serge sors sn téléphone et note le numéro du docteur.

Je suis certaine que demain, à la première heure, ma mère va m’appeler pour me harceler de prendre rendez-vous avec lui. C’est Seye qui sera content, il a toujours pensé que je devrais voir un vrai spécialiste de la nourriture, au lieu de me contenter de bannir de mon alimentation tout ce qui ne me convient pas. Il m’avait même une fois traînée chez un nutritionniste, lors d’un de mes séjours à Lagos. L’homme là a de l’argent à gaspiller.

Une fois le numéro noté, ils arrêtent enfin de parler de mes troubles alimentaires et on passe à un autre sujet de conversation.

Nous restons chez Fabrice encore une heure avant de nous décider à prendre congés.

Quand nous partons, ils nous raccompagnent, Agatha, Audrey et lui, jusqu’à la voiture, au bas de l’immeuble.

Nous les remercions de l’accueil et promettons de nous revoir bientôt, avant de nous en aller.

Tout le trajet du retour, Sonya ne cesse de dire à quel point ils étaient charmants et combien elle avait passé une belle soirée.

Quand nous rentrons à la maison, Serge insiste pour que je l’aide à nettoyer la maison. Comme je m’y attendais, il en profite pour essayer de me convaincre d’aller voir le diététicien de Fabrice dès le lendemain.

Au bout de 15 minutes de monologue, et parce que j’ai hâte d’aller me coucher pour parler avec Marina, je lâche une vague promesse de lui téléphoner et lui souhaite bonne nuit.

Je vais ensuite prendre une douche et prier avant de me mettre au lit et d’appeler Seye puis Marina. Je m’endors à 2 heures du matin, trop emportée dans mon lèguèdè .

Le lendemain, Serge vient me réveiller à 7 heures pour m’emmener chez le médecin. Apparemment, il a déduit de mon manque d’enthousiasme de la veille que je n’allais pas l’appeler et pris le parti de le faire pour moi.

Je pense que si Seye n’avait pas eu l’air tellement emballé quand je lui en ai parlé la veille, je l’aurais copieusement insulté avant de le chasser de ma chambre.

Mais comme je suis une bonne copine, qui prend en compte les désirs de son chéri, j’accepte de sacrifier mon sommeil. Et je fais bien, parce que maman m’appelle vers 11 heures pour me demander comment s’est passé mon rendez-vous chez le médecin. Je vous disais que Serge allait s’empresser d’aller raconter ça à mes parents, non ?

Si on ne peut même pas être maigre en paix…

****

‘’Look in my eyes and then tell me tell me what you see

This picture of love endlessly and it’s framing you and me

So won’t you be my lady I will be your man

Together we can make it if you’ll take my hand’’

Je grogne dans mon sommeil et enfonce ma tête dans l’oreiller.

‘’Till my dying day I love you oooh till my dying day I love you

Baby won’t you say I need you ooh, till I die I will never leave your side’’

La voix de Banky W continue à retentir dans la chambre et à murmurer des paroles douces, pendant que je me tourne et retourne dans mon lit, essayant d’occulter la sonnerie de mon portable et de me rendormir.

‘’You are the beat my heart drums to

You’re the sunshine through my night

Let me be the one you run to

Through the darkness I’ll be your light’’

Il n’a pas l’air de vouloir couper. Merde.

Je finis par tendre la main pour tâtonner sur la table de chevet à la recherche de mon portable.

Quand je le trouve enfin, la sonnerie s’est interrompue.

Pour reprendre deux secondes aussitôt après.

Mouillé c’est mouillé, je ne peux que décrocher.

- Allo, chéri ?

- Ce n’est pas chéri, répond une voix féminine à l’autre bout du fil.

J’éloigne le portable de mon oreille et plisse des yeux pour pouvoir regarder qui m’appelle : le numéro n’est pas enregistré dans mon répertoire.

Ça m’apprendra à mettre la sonnerie que Seye s’est attribuée comme la sonnerie commune pour ne pas que mon père me demande d’où sort cette chanson d’amour. Me voilà en train de décrocher les appels de numéros inconnus à 8h du matin, croyant que c’est mon bébé.

- Allo ? reprend la personne, voyant que je ne dis rien. Dalhia ?

- Oui, c’est moi.

- Évidemment, que c’est toi. C’est Agatha.

- Ah. Bonjour, comment tu vas ?

- Laisse ça. Tu es à la maison ?

Hein ?

- Non, je suis à Tema.

- Je sais. Je demande si tu es à ta maison, à Tema là.

Man, on est samedi, il est 8h, je dois être où ?

- Oui, je suis chez moi.

- Super. Avec Audrey, on arrive chez toi.

Quoi ?

- Elle a découvert une boutique où on vend du lait sans lactose, donc elle en a acheté et veut te refaire des gaufres.

Quoi ?

- Elle trouve que c’est un scandale que tu n’aimes pas les gaufres.

Quoi ?

- On a aussi acheté plusieurs variétés de poisson, on va cuisiner ça pour tester ceux auxquels tu réagis mal et ceux que tu arrives à manger.

Quoi ?

- Bref, on arrive. Tu préfères qu’on t’attende au Tema Central Mall ou à ton université ?

Pardon, pincez-moi, je dois être en train de rêver.

- Bon, reprend Agatha sans me laisser en placer une, Audrey me signale qu’on vient de dépasser, donc on va t’attendre à ton université.

Quoi ?

- On sera là dans trente minutes à peu près. On te fait signe quand on arrive. A toute.

Et elle raccroche aussi sec.

Merde. Agatha est encore plus agitée et intrusive que dans mes rêves.

Putain, elle a dit qu’elles seraient là dans combien de temps ? merde, je n’aurais jamais le temps de ranger la maison – pardonnez le bordel d’une fille qui a passé deux semaines dans les champs et qui ne rentrait que pour se laver et dormir – et de prendre une douche en moins de 20 minutes.

Bon, la vie, c’est un choix.

Je saute hors de mon lit, commence à ramasser tous mes vêtements sales qui trainent dans la chambre et les fourre dans mon panier à linge sale. Je vais au salon ranger les restes de poulet frits qui étaient sur la table, et vider le réfrigérateur de tout ce qui est périmé – lait acheté par Serge que je n’ai jamais ouvert, œufs, fromage, jambon...

Je lave rapidement la vaisselle de la veille, essuie l’évier et passe un coup de balai. Puis, je fonce dans ma chambre me laver les dents et le visage. J’enfile ensuite une jolie abaya bleue (cadeau de Seye) ainsi que des sandales en cuir et brosse mes cheveux. Même si je ne suis pas lavée, au moins je suis jolie. Et quand on me voit, personne ne peut le deviner.

Je prends mon sac à main, m’assure que j’ai de l’argent et sors précipitamment de chez moi.

Ces filles là aussi, quelle idée de débarquer chez moi à l’improviste comme ça ?

Quand j’arrive devant la Central University College, 20 minutes plus tard, elles sont déjà là. Elles m’attendent, adossées à une jolie berline blanche.

Agatha, quand elle me voit, s’approche et me prend dans ses bras sans autre cérémonie. Je suis un peu gênée, vu que j’ai fait l’impasse sur la douche, mais je n’en laisse rien paraitre.

Audrey, elle, fait preuve de plus de retenue. Elle se contente de me faire la bise avec un petit sourire.

Agatha, en organisatrice du séjour, exige qu’on y aille, parce que selon elle, on a plein de choses à faire pour la journée.

Je propose qu’on passe d’abord au mall, parce qu’il n’y a que du poulet dans mon frigo. Les résultats de mes tests avec le diététicien confirment ce que je savais déjà : intolérance au lactose et allergie aux protéines donc pas de lait classique, ni de lait de soja, ni de viande bovine, ni de viande apparentée ou dérivée des protéines de viande bovine. En gros, régime au poulet quoi ! Bon, j’’admets, il m’a dressé une liste des produits que je pouvais manger, les tests qu’on a effectué étant très complets, mais tout ça c’est trop compliqué.

- Alors, Dalhia, fait Agatha une fois qu’on est toutes montées en voiture et qu’on s’est mises en chemin pour le mall.

- Alors quoi ?

- Alors, c’est qui ce chéri que tu croyais qu’il t’appelait, ce matin ?

- Agatha !! s’écrie Audrey.

- Quoi ? Pardon, ne fais pas comme si tu n’as pas envie de savoir aussi. On était toutes les deux en train de se poser la question !

- Ce n’est pas une raison pour demander ça comme ça, tu es intrusive.

- Laisse-moi ici avec ton gros français.

Je les regarde discuter, et tout ce que je peux faire, c’est secouer la tête.

Dire que j’avais hâte de les rencontrer…

*lèguèdè: commérages

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