Chapitre 7
Je pose mes paumes de mains sur mes tempes alors qu'il me parle.
-Aller Jack...Fais disparaitre la douleur qu'elle t'inflige.
Je tente de me concentrer sur ma raison. Je repousse cette voix de plus en plus oppressante.
-Soulage toi Jack...Tu sais que ça fait du bien...
Les larmes me montent au yeux alors que j'ai l'impression de ne rien contrôler.
-Prends le bout de verre. Fais toi mal...Soulage toi...Tu sais que tu aimes la plénitude que ça procure...
Ma main se tends d'elle même vers le verre scintillant sous mes yeux. Le verre est doux sous mes doigts. Mon cœur bat à toute vitesse dans ma cage thoracique alors que mon souffle devient de plus en plus saccadé.
-Aller...Puis à qui tu vas manquer ? Personne ne t'aime. Tu es un tueur...De la mauvaise graine...
Sa voix devient de plus en plus forte dans ma tête. Les larmes coulent. Je sais plus ce que je fais. Je suis perdu. Mes oreilles bourdonnent. J'ai mal à la tête. J'ai froid. Je rapproche le bout de verre de mon poignet gauche. Mes yeux fixent cette fine ligne bleu qui traverse ma peau. Je sens mon sang pulsé dans mes veines. L'adrénaline dicte mes gestes.
-Plus qu'un petit effort...Tu dois laisser vivre tes proches heureux...Mabel mérite mieux que toi...
Les traits enfantins de ma sœur défile sous mes yeux. Ma raison reprend le dessus. Mon corps est comme sortie de cette phase de soumission au mal. Je jette le bout de verre contre le mur en face de moi. Un cri de rage sort de ma gorge.
-Non !!! Fout moi la paix !!!
Les sanglots passent mes lèvres. Je pleure à chaudes larmes, ma tête plongé entre mes bras. Mon corps est secoué par des spasmes. Cette voix, ce démon, ma partie "sombre", ma bipolarité, elle reprends chaque jour un peu plus le dessus. La peur consume mon être. Je suis terrifié à l'idée de replonger dans la folie. J'ai peur de retomber dans cette dépression bipolaire.
Mon esprit est encore embué par l'alcool alors que je me lève de dans le douche. Je pose une main peu sure sur la poignée de la cabine de douche. Je tire sur la porte puis je pose mes pieds sur le tapis de sortie de douche. Ce contacte doux et chaud me fait du bien. Je titube. L'alcool circule dans mon sang. J'ai du mal à voir. Ma vision est trouble. La nausée me monte sous la glotte alors que je marche avec lenteur vers la sortie. Ma tête tourne tellement que je dois me raccrocher au chambranle de la porte pour ne pas me retrouver étaler comme une crêpe au sol. Un rire semblable à celui d'un fou sort de ma gorge.
-Aller !! J'ai un peu trop bu.
Je rie encore alors que j'entreprends la descente des marches de l'escalier. Je ne parviens pas à distinguer correctement les marches. Je vois double, voir même triple.
-C'est un touuut pitit peu dangereux !
Je rie encore. Je ne rie autant que lorsque j'ai un coup dans l'aile. Plus je descends, plus mon envie de vomir est intense.
Chaque marche est un obstacle à franchir. La hauteur des marches ne m'a jamais paru aussi grande. A chaque fois que mon pied nu touche enfin une marche, un haut le cœur me retourne les boyaux. La dernière marche est enfin franchie et je me cramponne encore à la barre collé au mur.
-Je devrai plus boire comme ça. C'est pas bien !
Je lâche enfin la barre et je titube nu au milieu du salon. Mes pieds sont écorchés par les bout de verre encore au sol depuis près d'une semaine.
-Fais chier !
Je marche alors que mes jambes s'emmêlent entre elles. Mes yeux se posent sur l'objet de ma convoitise. Un sourire de bienheureux se pose sur mes lèvres alors que je m'affale presque sur le petit guéridon contre le mur.
-Ohh !
Je rie encore. Je suis sur une autre planète. Je me sens juste bien et heureux. J'éloigne mes douleurs et mes tourments l'espace de quelques heures. Je me sens libre et enfin apaiser. Je ne m'occupe plus de personne. Je peux enfin être l'égoïste que j'étais avant, celui qui pensais qu'a lui.
La bouteille au liquide jaunâtre me fait de l'oeil. Un sourire resplendissant effleure mes lèvres alors que je devise le bouchon de la bouteille. Les effluves de cet autre Whisky apaisent mes plaies béantes. Je porte le goulot de la bouteille de Label 5 à mes lèvres et je me délecte de son gout qui met mes papilles gustatives en ébullition. Je fini par m'échouer encore nu sur le canapé. Ma tête pends dans le vide alors que je suis adossé à l'accoudoir. Un frisson me parcours la peau alors que j'observe mon épiderme se couvrir de chair de poule. Je tire sur le plaid qui est posé sur le dossier pour couvrir ma nudité encore humide. La chaleur irradie mon corps alors que l'alcool dévore mon foie.
J'attrape avec paresse la télécommande sur la table basse. Les matchs de football américain, de baseball et les films à l'eau de rose sont les seules choses qui passent à la télé à cette heure de l'après-midi.
Mon estomac cri famine. Je ne parvient pas à me souvenir la dernière fois que j'ai fais un vrai repas. Je ne sais même pas quand est-ce que j'ai fais une nuit complète ou alors que je me suis rendu au travail. Mon esprit est submergé par mon fort taux d'alcoolémie. La chose que je sais c'est que j'ai du finir quasiment tout le stock de bouteille d'alcool.
Mon envie de régurgité est plus que présente. Mais je continu à boire car si je cesse l'espace d'une minute, les images reviennent et plus douloureuse que jamais. Le sang me monte doucement à la tête alors que je continu à balancer ma tête dans le vide. Mes paupières sont lourdes et j'ai une affreuse envie de dormir.
La bouteille revient à mes lèvres dans un geste mécanique. J'ai l'impression d'être mon père, ce vieil ivrogne sans estime de soi. Preuve, je suis allongé, nu et alcoolisé dans une maison qui ressemble étrangement à un taudis.
-Et tu crois vraiment que tu vas récupéré ta sœur ? Tu es pitoyable !
J'accuse le coup. Je me redresse d'un bon alors que la voix refait son retour dans mon esprit.
-Tu ne mérite même pas de vivre. Andrew était bien mieux que toi. C'était à toi de te faire renversé, pas lui !
Je pose la bouteille entre mes jambes repliées en tailleur avant de placer mes mains de part et d'autre de mon crâne. J'agite ma tête dans tout les sens alors que la voix de mon moi "sombre" me lacère l'âme.
-Tu mérite de rester seul jusqu'à la fin de ta vie. Tu aurai du te taillader les veines. Tu ne mérite pas une place dans la vie de tes proches.
Mon corps est prit de spasmes alors des tremblements me parcours le corps.
-Mais tais toi !
Ma salive devient rare dans ma gorge alors que mes doigts se referment sur la peau de mes avants bras. Mes ongles s'enfoncent dans mes muscles.
-Tu dois mourir. Tu dois arrêter d'être un poids pour les autres.
Mon corps se crispent dans son entier alors que mes oreilles se mettent à bourdonner. Sa voix résonne dans ma tête comme une horrible piqure de rappel.
-Souvient toi du sang sur la chaussée. Partout du sang. Et le cri, le cri déchirant de ton frère quand il a rencontré cette auto par ta faute. Tu as provoqué sa mort.
Les images de la mort de mon frère défilent sous mes yeux comme un générique de fin d'un mauvais film. Un haut le cœur me monte à la gorge.
-Tais toi ! Putain !
Mon souffle est rapide. Ma cage thoracique se soulève à une rapidité déconcertante.
-Je ne veux plus t'entendre ! Laisse-moi !
Les larmes coulent encore et toujours. J'ai l'impression d'avoir tout perdu. J'ai l'amère sensation qu'une force mystique me maintien la tête sous l'eau, que je n'arrive pas à reprendre mon souffle, que je perds petit à petit la raison, que je meurs lentement et dans la plus grande des douleur.
-Je ne veux pas avoir mal !
Ma voix résonne dans le salon alors que je suis seul, nu et assis négligemment sur le canapé en cuir.
-J'en est marre de pleurer !
Un cri de détresse accentue mes tremblements. Je ne contrôle plus mes membres.
-Je ne veux plus avoir mal !
Mes ongles lacèrent ma peau. Je suis presque aphone à force de crier ma détresse. J'ai mal. Je suis détruit. Je vois la terrible lueur de la dépression qui me rappelle à elle.
-Je veux oublier ces 3 derniers mois.
Gouter au bonheur à été ma pire expérience. Je ne suis pas fait pour être heureux. A chaque fois que je goute au bonheur, même du bout des lèvres, la chute est rude. Mais cette fois ce n'est pas la faute de mes démons ou du moins pas complètement. L'amour fait mal. Terriblement mal. C'est la douleur la plus insupportable qu'il soit possible de ressentir. L'amour ne fait pas que détruire la confiance en soi, l'égo ou alors le bonheur, non, elle détruit tout simplement l'espoir. Et l'espoir c'est ce qui constitue tout à chacun.
Je suffoque presque à cause de mes larmes. J'ai du mal à respirer. Mon poumon devient douloureux. La douleur m'irradie jusqu'à devenir presque insupportable. La peur gagne mon être. Un florilège de sentiments se partagent mon cœur, la peur, la colère, la rage, la douleur, le remord, la tristesse et tant d'autres. J'ai l'impression de ne plus contrôler mon cerveau. Je sais plus ce que je dois faire. Je suis dans un brouillard que je connais déjà.
Avec tout ça, je me rends compte que j'ai presque dessaouler. C'est surement pour ça que je replonge une énième fois dans mes pensées. J'attrape la bouteille de Label 5 encore en équilibre entre mes cuisses. Je porte le goulot à ma bouche et je bois tel un ivrogne, un habitué des bars miteux des bas fond de Manhattan.
Alors que je descends la bouteille de Whisky, je regarde avec aucun intérêt une vulgaire télénovela cubaine. Je fais une grimace de dégout alors que les acteurs s'échangent leurs salives. La colère monte doucement en moi.
-Pourquoi elle t'aime et moi Elsa se fout carrément de moi ?
Le dégout se mélange avec la colère pour former ainsi un terrible cocktail explosif.
-Il a quoi de plus que moi ce Simon de merde ? Il peut pas crevé ce con ! Putain !
Alors que la bouteille est presque vide, la voix de mon géniteur, le créateur de mes démons interne résonne dans ma tête.
-Il est normale lui au moins. Pas un connard de dépressif bipolaire et encore moins cancéreux. Tu n'es pas digne de la si jolie femme qu'est Elsa. T'es une putain de merde Jack !
Cette voix inarrêtable dans ma tête fini part libérer ma colère. J'attrape la télécommande entre mes long doigts. Je resserre ma main autour du petit boitier noir jusqu'à que la jointure de mes doigts devienne blanche. Je respire fort, tel un bœuf. Mes pupilles se dilatent alors que je lance avec une force quasi surhumaine la télécommande à travers l'écran de la télé écran plat suspendu au mur.
-Je veux mourir !
Je fini par m'assois sur le bord du canapé alors que l'adrénaline retombe comme un souffle. Le plaid à carreaux est posé sur mes épaules alors que je serre douloureusement la mâchoire en observant mon carnage.
J'ai mal. Je me perds. Je sombre dans la rage.