CHAPITRE 3
Il se leva du lit et se dirigea vers sa petite table sur laquelle étaient installés ses cahiers. Il s’en saisit un et l’ouvrit. Il se dirigea au bon milieu et en saisit une feuille à double papier. Il prit son sac et l’ouvrit. Il en sortit un stylo bleu. Il se pencha sur le papier et commença par griffonner quelque chose.
Que rédigeait-il ? Était-ce une lettre ? Si oui, alors quel genre de lettre ? Était-ce une lettre d’amour ? Ou était-ce une lettre de demande d’aide ?
À la fin, il plia la feuille et la mit dans son sac sans la relire. Il se dirigea à nouveau vers son lit et se coucha.
***
Ce matin, pendant que le soleil planait loin dans le ciel, tous les élèves de l’EPP OCBN étaient en classe.
Adolphe, le père d’Angel n’était pas en classe ce matin-là. Il était à une séance de réunion avec les autres membres de l’école.
Angel, comme étant nommé responsable de la classe, il lui était assigné comme devoir, de discipliner la classe quand le directeur ne serait pas là. À la place du directeur, c’était lui qui mettait de l’ordre dans la classe. Pour réclamer l’ordre et pour faire asseoir le silence, Angel recopiait toujours des exercices au tableau et de sa voix autoritaire et de chef, il envoyait à tour de rôle ses camarades à la correction. Ces derniers y allaient sans contestation.
Ce matin encore, c’était le même scénario. Et lorsqu’il sonna l’heure de la récréation, il donna l’ordre à ses camarades pour aller se récréer. La classe, en une fraction de secondes, se vida.
Pendant que les élèves se poussaient l’un l’autre pour sortir, le petit chef de la classe était debout à l’entrée, espérant la silhouette d’une personne qui lui tenait peut-être à cœur.
Par à coup, ses yeux embrassèrent ceux de Linda qui, poursuivant ses camarades, sortait elle aussi de la classe.
– S’il te plaît Linda, viens prendre de l’argent pour m’acheter du pâté, lança-t-il à l’adresse de la petite fée.
En réalité, Angel était plus qu’un roi dans la classe. Tout le monde était prêt à lui rendre l’honneur de ses désirs. À contrecœur, l’interpelée vint à sa suite.
– Me voici ! Tu veux acheter du pâté ? Alors donne l’argent.
À cet effet, il sourit à la petite. La petite lui sourit en retour.
Il plongea la main dans la poche et en sortit son petit portefeuille. De l’enveloppe, il en sortit une pièce de deux cent francs et dit :
– Tu as apporté aussi de l’argent ?
La petite fille lui répondit oui de la tête.
– Combien as-tu apporté ?
– Cent francs.
– Cent francs ? D’accord ! Achète-moi du pâté pour cinquante francs et toi, achète avec mon reliquat, ce que tu voudrais manger.
– Mais comment ? J’ai aussi mon argent !
– Je n’en disconviens pas ! Fais ce que je te recommande !
– D’accord ! Sinon c’était aussi le pâté que je partais acheter pour moi-même.
– En ce cas, achète-moi deux et toi, prends-en quatre.
– Mais comment tu prendras deux et moi quatre ?
– Et combien voudrais-tu en prendre ?
– Deux me suffiront !
– D’accord ! Dans ce cas, achète quatre pâtés et reviens vite ! N’attends pas qu’on sonne avant de retourner !
– D’accord, à tout à l’heure !
La jeune fille courut et se dirigea vers la cantine. Angel, voyant ce que donnait déjà sa taquinerie et son plan, était heureux. Il se voyait déjà à la porte du succès de sa prétention. Il en était fier. Seul debout dans la salle de classe, il sautait de joie.
Dans un petit coin de la classe, était assis un petit garçon. Celui-ci le regardait et était très loin d’imaginer pourquoi Angel souriait tout seul. Ce dernier ne lui demanda non plus rien. Lui non plus n’expliqua rien à personne.
Trois minutes venaient de passer. Les trois minutes paraissaient à Angel, un temps de cent-vingt minutes, soit trois heures.
Enfin, Linda revenait de la cantine les pas pressés. La voyant venir de très loin, Angel courut et alla s’asseoir à sa place. Linda, ayant mis les pas dans la salle de classe, se dirigea à son adresse.
– Je suis de retour, lui dit-elle dès qu’elle arriva à sa hauteur.
– D’accord, assieds-toi à côté de moi !
– Et si Aziz venait, où va-t-il s’asseoir ?
– C’est moi qui t’ai dit de t’asseoir. Entre Aziz et moi, qui est le maître ici ?
La petite lui sourit et lui répondit que c’était lui.
– Et alors ? Et pourquoi tu as peur d’Aziz ?
– Tu sais bien que c’est sa place !
– C’est lui qui a acheté le banc ?
Facilement comme ça, Angel arrachait des rires à Linda de ses propos.
– Ou bien, ce sont ses parents qui les ont achetés ?
– Pas du tout ! s’exclama Linda.
– Alors, assieds-toi et ne calcule personne ! D’ailleurs, ici, à part mon père, c’est moi le chef ! Donc, à part mon père qui va te réprimander, sache qu’il n’y a plus personne d’autre à part moi ! Et tu sais, à partir d’aujourd’hui, quiconque qui va te provoquer, dénonce-moi seulement son nom ! Je vais lui régler son compte.
– Hum ? Tu veux désormais me protéger contre tout danger ?
– Exact !
– D’accord, c’est gentil de ta part ! À présent, je vais repartir à ma place.
– Tu as quel problème au juste ? ou bien tu as peur de rester longtemps avec moi ?
– Non ! Comme je ne fais rien ici, j’aurais préféré retourner à ma pla…
– Reste là ! J’aimerais qu’on mange notre pâté ensemble. Tu n’as pas acheté de l’eau ?
– Non, c’est parce que tu n’en as pas commandé !
– J’avais oublié !
– Alors, veux-tu que j’aille te l’acheter ?
– Non ! Laisse ! Ou bien tu auras soif ?
– Je ne crois pas !
– En ce cas, laisse tomber ! Mais tu sais, j’ai un petit papier à te remettre après.
– Ah bon ? Un petit papier ?
– Oui, un petit papier.
– Et où est-il ?
– Il est dans mon sac !
– Et qu’attends-tu pour me remettre ça !
– Rien !
– Alors donne-moi ça en même temps !
– D’accord, Linda ! Mais bien avant, promets-moi une chose.
– Quoi ?
– Promets que tu ne le déplieras qu’à la maison.
– Je croyais que c’était un exercice !
– Oui, c’est bien un exercice ! Mais celui de maison.
– D’accord ! Et je ne peux pas le parcourir d’yeux avant d’arriver à la maison ?
– Non ! Je voudrais que tu le lises avec beaucoup d’attention, raison pour laquelle je voudrais que tu fasses la lecture à la maison.
– D’accord ! C’est promis que je le lirai à la maison !
– Merci !
Angel ouvrit légèrement son sac et en sortit un cahier duquel il arracha une feuille pliée.
– Allez, tiens, c’est ça !
Croyant aux propos de son interlocuteur, Linda empocha la feuille sans l’ouvrir et remercia Angel de s’être donné la peine à lui rechercher un exercice.
– Je t’en prie, répondit-il.
Soudain, la sirène retentit de nouveau : c’était la fin des récréations.
– Bon, je peux aller à ma place ?
– Oui, vas-y ma chérie.
L’expression « ma chérie » amusa la petite qui, d’un sourire aux lèvres, demanda :
– Moi, ta chérie ? Tu es sérieux ou bien tu blasphèmes ?
Angel en sourit et répondit :
– Je suis sérieux ! Ou ne suis-je pas assez beau pour être ton amant ?
– Si nous finissons les études et que c’est la volonté de Dieu de nous unir, qui sommes-nous pour en contredire ?
À cette phrase, la petite se dirigea vers sa table pendant que l’amoureux, quant à lui, la regardait se hâter vers sa place.
***
Il était midi et les élèves sortaient de leur classe respective et prenaient la direction de leur maison. Angel, scotché à son banc, observait silencieusement le mouvement de ses camarades. Il les observait en silence et avec beaucoup d’attention. D’un petit coin de la classe, la petite Linda lui fit au revoir de la main. Angel, d’un petit sourire admiratif, leva le ton et de sa belle voix, murmura :
– Oui, à ce soir Linda.
Linda, sans répondre un seul mot, continua sa marche vers la cour.