CHAPITRE 2

– Maman, ce n’est pas ce que tu penses !

– Et c’est quoi alors, Angel, c’est quoi ?

– C’est que je suis tombé amoureux.

– Tu es tombé quoi ? s’étonna la mère.

À cette interrogation, le jeune garçon n’osa broncher mot.

– Angel, que sais-tu de l’amour ?

Le petit garçon fixa sa mère droit dans les yeux et lui répondit d’un ton calme :

– Maman, tu me demandes ce que c’est que l’amour ? Je ne sais pas. Mais Linda me plaît beaucoup. Je suis tombé amoureux d’elle.

– Toi, tu sais comment on tombe amoureux d’une femme ?

– Maman, je ne sais pas. Mais tu sais, je n’arrive pas à contenir mes sentiments en classe surtout quand je vois cette fille. Elle me plaît, maman. Je veux bien l’épouser. Aide-moi, s’il te plaît maman ! se plaignait-il.

La mère, plus surprise qu’avant, tapota la paume droite dans celle gauche pendant plusieurs secondes en signe de stupéfaction. Elle n’arrivait pas à croire son garçon. Elle était fort surprise. Ce n’était pas qu’elle méconnaissait son enfant ; elle le savait bien d’intelligent et de désir à outrance. Elle savait bien combien son fils n’osait jamais s’exprimer avec réserve. La seule chose qui l’étonnait dans l’affaire était l’histoire d’amour qu’il faisait preuve.

Pour elle, son garçon était encore trop petit pour aborder ce thème tabou. Et le plus comble de l’histoire, voilà le petit garçon lui demandait avec une inquiétude mêlée à la tristesse, son assistance et son soutien.

Va-t-elle refuser de le soutenir dans ses désirs comme le ferait tout parent ? Que va-t-elle faire en guise d’assistance pour soutenir son enfant dans sa douleur ? Allait-elle instruire les différentes étapes de la drague à son garçon ? Va-t-elle plutôt chercher à avouer à la concernée, les sentiments de son fils ? Comment doit-elle se comporter en face d’une telle situation qui attristait son garçon ?

Devant cette série de question, la jeune femme ne savait plus que faire. Elle se concentra à regarder silencieusement son petit garçon qui ne s’était pas détaché d’elle d’une seconde du regard.

– D’accord ! En quoi te serais-je alors utile, mon Angel ?

– Maman, aide-moi à dire à Linda que je l’aime, c’est la première que je veux que tu me fasses.

– Et qui est cette Linda ?

– Linda, c’est la plus belle fille de ma classe. Elle est la plus belle fille d’ailleurs de mon école, maman.

– Et elle te connaît ?

– Oui maman ! Elle me connaît très bien. Je dirais même qu’elle me connaît plus que tout le monde dans la classe !

– En ce cas, tu as déjà gagné la première partie de ta bataille !

– Et comment, maman ?

– Il ne te reste plus grand-chose à faire ! Appelle-la et dis-lui que tu l’aimes, c’est ce qu’il te reste à faire !

– J’ai honte de le lui dire, maman !

– Alors là tu n’es pas encore amoureux d’elle !

– Comment, maman ? Comment ne suis-je pas amoureux d’elle ?

– Oui, tu n’es pas encore bien amoureux d’elle ! Si tu l’étais, tu le lui aurais déjà avoué tes sentiments !

– Je ne sais pas comment le lui dire, maman ; c’est tout ce qui me manque !

– Oh Seigneur ! Bien, voici ce que tu vas faire ; va tout près d’elle et dis-lui : Linda, je t’aime !

– Et si elle refusait, maman ?

– Si elle t’apprécie et apprécie tes qualités, elle ne refusera pas !

– Je sais bien qu’elle ne m’apprécie pas. Mais voilà que moi je l’aime ! Comment arriverai-je à la convaincre ?

Soudain, la porte claqua, c’était papa Angel, le directeur de l’école d’Angel.

– Maman, tais-toi ! Je ne veux pas que papa sache de quoi nous discutons.

– D’accord ! Alors, apprends tes leçons et demain, on saura sur quel plan nous baser pour atteindre cette fille de Linda dont tu parles.

– Merci maman ! Et Ruth, elle n’a pas encore fini de manger ?

– Tu sais bien que ta sœur mange comme un caméléon. Elle n’aime pas trop se presser et tu le sais !

– Dis-lui de vite finir de manger et de me rejoindre ici pour que je lui apprenne à écrire les lettres scripts.

– D’accord, elle va te rejoindre tout à l’heure.

Et la mère s’en fut.

***

Vingt-trois heures.

La nuit était calme et toute la famille d’Angel dormait déjà. Le garçon amoureux était lui aussi, dans son lit. Certes, le sommeil lui avait faussé compagnie. Il tournait et retournait dans le lit. Il était seul dans son lit comme d’habitude. Hormis la lumière et quelques objets d’arts qui lui tenaient compagnie, Angel était seul dans sa chambre. La veilleuse était allumée. Angel changeait incessamment de position. Tantôt il se couchait sur le dos ; tantôt sur le côté droit et ainsi de suite. Il était embrouillé. Il tournait et retournait encore. Une image se promenait dans son crâne sans cesse. Il essayait de refouler l’image mais ses efforts étaient non aboutissants. Il tournait toujours et tournait encore comme une parturiente tourne sur la table de couche.

« C’est pathétique d’être tombé amoureux » lâcha-t-il, désespéré.