4.
*****Mohamed CISSÉ
Si on m'avait dit que j'allais frôler la mort le lendemain de mon retour au pays, j'allais dire que c'est faux. Que la personne délire complètement. Mais voilà que c'est la traumatisante réalité.
Il y a un jour de cela, ma famille et moi étions réunis pour célébrer mon retour au pays après des années passés à l'étranger plus précisément au Japon. Et voilà que le jour qui a suivi a failli virer en la tragédie. J'aurais pu mourir mais Allah en a décidé autrement.
J'ai été attaqué par des bandits alors que je rentrais. Ils ont pris ma carte de crédit, mon téléphone et mes papiers. Ils ont également pris des objets de valeur qui m'appartenait tels que ma montre et ma chaîne en or qui m'a coûté une fortune.
Et comme si ça ne suffisait pas, ils m'ont tiré dessus. Je pouvais mourir mais ça n'a pas été le cas. Honnêtement, j'ignore ce qui s'est passé et comment je me suis retrouvé à l'hôpital.
Je vais bien. D'après l'infirmière avec qui j'ai parlé tout à l'heure, j'ai été opéré et ils ont retiré la balle de ma poitrine. Un bandage recouvre présentement la partie. J'ai demandé à ce que l'infirmière me passe son téléphone pour que je puisse appeler ma famille. Au moins ma mère parce que je sais qu'elle doit être entrain de se faire du souci pour moi.
J'aimerais la rassurer.
Infirmière : Communiquez-moi le numéro de votre mère je vous prie.
Ce que je fais. Elle lance l'appel et me remet le téléphone. Ça sonne. La voix de ma mère se fait entendre après un moment.
Ma mère : Oui allô c'est qui?
Moi : C'est moi maman. C'est Mohamed.
Ma mère : Mohamed ? Oh mon Dieu où es-tu? Je me fais du souci pour toi. J'ai eu un pressentiment. Est-ce tu vas bien ?
Moi : Je vais plus ou moins bien maman. Je me trouve à l'hôpital mais t'inquiète pas. Ça va.
Ma mère : À l'hôpital ? Comment ça ? Qu'est ce qui t'est arrivé ? Dit-elle en panique.
Moi : Ne t'inquiète pas maman. J'ai été agressé par des malfrats. Ils m'ont tiré dessus mais Dieu merci je vais bien.
Ma mère : Oh mon Dieu ! Tu es dans quel hôpital ?
Moi : Un instant maman. Je demande.
Je décolle de l'oreille et demande à l'infirmière qui me renseigne sur l'hôpital. Je l'indique à ma mère par la suite.
Ma mère : Ok j'arrive tout de suite.
Elle a raccroché. Je fais aussi de même de mon côté puis retourne son téléphone à l'infirmière.
Moi : Merci beaucoup.
Infirmière : Je vous en prie monsieur.
Moi : Ma famille est déjà en route.
Infirmière : D'accord. Je vous laisse. Excusez-moi.
Je l'interpelle. Elle revient sur ses pas.
Elle : Oui? Il y a un problème ?
Moi : Euhmmm il y a quelque chose qui m'intrigue. Comment je me suis retrouvé ici? Je veux dire qui m'a amené ici? Je ne me souviens malheureusement de rien.
Elle : Ce sont deux jeunes femmes qui vous ont ramené.
Moi : Deux jeunes femmes ?
Elle : Oui, d'après ce qu'elles ont dit, elles vous ont trouvé inconscient dans la rue et ont décidé de vous conduire ici. Et elles ont bien fait parce qu'elles vous ont sauvé la vie.
Moi : Et est-ce qu'elles ont donné leurs noms ou quoi que ce soit pour que je puisse les remercier ?
Elle : Elles ont eu à remplir des formulaires. Si ça se trouve, il s'y trouve ce que vous recherchez. Je vais m'occuper de ça pour vous.
Moi : D'accord merci beaucoup. J'aimerais surtout connaître leurs noms, adresses et numéros de téléphone. Je tiens vraiment à les remercier pour ce qu'elles ont fait pour moi.
Elle : Compris. Je vais vous trouvez tout ça.
Moi : Merci beaucoup. C'est gentil.
Elle : Je vous en prie. Excusez-moi.
Moi : Bien sûr.
Elle a ensuite disposé. Quelques minutes après qu'elle soit partie, je vois la porte s'ouvrir et ma mère faire son entrée.
Elle s'est littéralement jeté sur moi.
Ma mère : Oh mon fils ! Mon Mohamed tu vas bien ? Dis-moi.
Moi : Oui maman je vais bien. Ne t'inquiète pas.
Ma mère : Oh mon fils ! Dieu merci ! J'ai eu tellement peur.
Elle me serre contre elle. Ce qui me fait mal au niveau de la blessure.
Moi : Aïe maman.
Elle me relâche.
Ma mère : Excuse-moi. Ça va ? Excuse-moi.
Moi : Ne t'inquiète pas.
«Mohamed» crie ma fiancée Anissa, qui vient aussi de faire son entrée.
Elle laisse tomber son sac à l'entrée avant de venir se jeter sur moi.
Anissa : Oh mon Mohamed tu n'as rien. Dieu merci. J'ai eu tellement peur quand maman m'a appelé pour me dire ce qui s'est passé. Tu vas bien ?
Moi : Oui je vais bien. Ne vous inquiétez pas.
Anissa : Sûr ?
Moi : Sûr et certain.
Anissa : Je suis soulagée de l'apprendre.
Elle commence à m'embrasser.
Moi : Je vais bien chérie alors cesse de t'en faire.
«Comment il va?» raisonne la voix de ma petite sœur qui vient également d'arriver.
Elle se précipite vers mon lit.
Elle : Grand frère ça va? Me demande t-elle inquiète.
Moi : Pour la énième fois, je vais bien alors ne vous en faites pas. Je vais bien.
Elle : Ah Dieu merci.
Ma mère : On doit retrouver ceux qui t'ont fait ça pour les faire payer.
Anissa : Oui maman. Je suis totalement d'accord avec vous. Ils doivent le payer. Dis-moi bébé, tu as réussi à voir quelque chose qui puisse aider les policiers à les retrouver ?
Moi : Malheureusement, non! Tout est allé si vite que je n'ai pas eu le temps de voir quoi que ce soit.
Anissa : D'accord ce n'est pas grave. Mais on va tout de même déposer une plainte.
«Dis grand frère, qui t'a amené ici?» demande Bintou, ma sœur. «Ne me dis pas que c'est les même personnes qui t'ont agressé qui t'ont aussi conduit ici»
Moi : Non! Ce n'est pas eux. Moi même je n'ai aucune idée de mes sauveteurs.
Ma mère : C'est sûrement des anges que Allah a envoyé pour te sauver. Ne réfléchis plus trop.
Moi : Ce sont des anges oui mais pas des anges avec des ailes. Et j'aimerais les retrouver pour tout au moins les remercier.
Ma mère : Je ne suis pas contre cela. Il faut les retrouver. Moi aussi j'aimerais les remercier pour t'avoir sauver la vie. Je ne sais pas ce que je ferais si jamais il t'était arrivé quelque chose de grave. Mais Allah a fait grâce.
Anissa : Moi non plus, je ne sais pas ce que je serais devenue si je t'avais perdu bébé. Je ne m'en remettrai pas.
Elle m'embrasse sur la bouche. Je lui souris.
Moi : Ne t'inquiète pas. Je vais bien maintenant.
*****Ramatou DIAWARA
Plus le temps passe, et plus cette fille du nom de Zahara devient obéissante et docile. Elle fait tout ce que je lui dis comme si j'étais son dieu sur terre. Cette bâtarde continue toujours de penser que je suis sa mère alors que je ne le suis pas. Ni elle, ni sa sœur ne sont mes enfants. Son père, mon mari a eu deux enfants avec une autre femme hors mariage.
Il les a ramené à la maison après la mort de leur mère pour que je les élève. Bien évidemment, ça ne m'a pas enchanté parce que non seulement je n'avais pas d'enfants mais comme si ça ne suffisait pas, je devrais encore élever les enfants adultérins de mon mari. Pour moi, c'était de trop mais j'avais tout de même accepté parce que je n'avais nulle part où aller et aussi parce que je commençais à avoir des projets sur les filles plus précisément sur Zahara. J'admets qu'elle est très belle et donc j'ai pensé qu'elle pouvait me rapporter beaucoup d'argent si elle se prostituait.
Cette idée me tenait tellement à cœur que j'en avais même eu à parler de ça à mon mari mais il refusait catégoriquement. Ce qui faisait qu'on se disputait à chaque fois. Il m'a même menacé de me quitter si je continuais à lui parler de ça.
Mais comme nulle ne connait l'avenir, il a fini par mourir avant moi. Ou dois-je dire, je l'ai aidé à mourir. Eh oui! Vous avez bien entendu. Zahara n'a jamais tué son père. C'est vrai qu'elle lui a tiré dessus ce jour là mais ça ne pouvait pas le tuer.
Je me suis donc moi même chargée de terminer le boulot à sa place. J'ai donc tiré plusieurs autres fois sur mon mari puis j'ai fait porter le chapeau à Zahara parce que j'ai pensé que ça allait être plus facile de l'amener à faire ce que je voulais si elle se culpabilisait de la mort de son père. Et c'est exactement ce qui s'est passé.
Aujourd'hui, je suis riche tout simplement parce qu'elle se prostitue soit disant pour nous nourrir et scolariser sa sœur. Pourtant, ce n'est pas l'argent pour survivre après la mort de son père qui nous manquait. Son père avait laissé une somme considérable pour elle et sa sœur et avec ça, on pouvait très bien s'en sortir.
Sans parler de la scolarité qu'il avait déjà soldé jusqu'en terminale pour toutes les deux. Non seulement, on avait suffisamment pour manger mais aussi elles pouvaient continuer les études sans problème.
Zahara a arrêté les études pendant que sa petite sœur, elle, continue de fréquenter. Si ça ne tenait qu'à moi, elles allaient toutes deux se prostituer pour moi mais je crains que Zahara ne se rebelle parce que j'aurais touché à sa sœur. Donc je prends soin de la petite pour que Zahara continue d'être sage.
Décidément, ramener ces enfants à la maison était la meilleure chose que mon mari pouvait faire pour moi. Grâce à son infidélité, je suis riche à présent et je me venge de la même occasion. Une pierre deux coups comme on le dit si bien.
Hahahaha !
[Deux jours plus tard...]
*****Mohamed CISSÉ
J'ai quitté l'hôpital depuis hier et actuellement je me trouve dans la maison de mon défunt père. Celle où ma mère habite avec ma sœur.
Je suis dans ma chambre en compagnie de ma fiancée Anissa.
Anissa : Tu veux que je t'apporte un truc à boire ? De l'eau ? Un jus de fruits ?
Moi : Un jus de fruits me ferait plaisir.
Anissa : D'accord bébé. Je te l'apporte tout de suite. Dit-elle en se levant.
Elle est partie. Comme convenu, avant de quitter l'hôpital, j'ai eu à prendre les contacts des jeunes femmes qui m'ont sauvé la vie récemment.
Je décide de les appeler. Je compose le premier numéro. C'est le numéro d'une dénommée Zahara Touré. Ça sonne.
Aucune réponse !
J'insiste. Elle ne décroche toujours pas.
Je finis par abandonner puis décide d'appeler le second numéro. Celle-ci s'appelle Stella Kounde. Ça sonne. Elle finit par décrocher.
Elle : Oui allô.
Moi : Allô, c'est bien Stella Kounde?
Elle : Oui pourquoi ?
Moi : Bonjour, je m'appelle Mohamed CISSÉ. Je suis l'homme que vous avez conduit à l'hôpital il y a de cela deux jours. J'avais reçu une balle. Vous vous rappelez ?
Elle : Annnhhh oui! Vous allez bien à ce que je constate.
Moi : Oui ça va par la grâce de Dieu.
Elle : Je suis contente pour vous.
Moi : Je suis vraiment reconnaissant pour ce qui vous avez fait pour moi. Vous et votre amie. Raison pour laquelle j'ai décidé de vous rencontrer en personne pour vous témoigner ma gratitude.
Elle : Je ne pense pas que ce soit nécessaire. Ce n'est rien vous savez.
Moi : J'insiste s'il vous plaît. Je vous en prie. Laissez-moi vous remercier comme il se doit.
Elle : Ok bon ! C'est à dire que... vous avez parlé à Zahara ? Elle a dit quoi? Parce qu'à vrai dire, c'est elle que vous deviez remercier. C'est elle qui a insisté pour qu'on vous conduise à l'hôpital.
Moi : Ah bon! Malheureusement, je n'ai pas réussi à la joindre.
Elle : Je vois. Bon voilà, ce qu'on va faire, je vais parler à Zahara puis on vous fera signe d'accord ? On vous communiquera l'endroit où on se verra. Ça marche ?
Moi : (tout joyeux) Oui ça marche. Merci beaucoup.
Elle : Il n'y a pas de quoi. Au-revoir.
Moi : Bye.
Je raccroche. J'essaie à nouveau de joindre la première mais elle ne décroche toujours pas.
Zahara ! Quel prénom magnifique.
*****Zahara TOURÉ
Comme à chaque fois, je me suis rendue dans la boîte ce soir pour me trouver des clients. Soudain, je sens une main me tirer. C'est Stella.
Elle parle mais je n'entends rien à cause de la musique qui joue fort. On ressort de la boîte.
Moi : Qu'est ce qui se passe ?
Stella : Je t'avais prévenu mais tu n'as pas voulu m'écouter.
Moi : (confuse) De quoi tu parles ?
Elle me traine un peu plus loin.
Stella : Je savais qu'on aurait dû laisser l'homme de la dernière fois à son sort. Et je ne m'étais pas trompée quand j'ai dit qu'on aurait dû écrire de faux noms et de fausses adresse sur le formulaire de l'hôpital.
Moi : Et pourquoi ça ?
Stella : Figure-toi qu'on nous cherche maintenant à cause de ça. Un homme m'a appelé aujourd'hui et prétend être l'homme mourant de la dernière fois et qu'il aimerait nous rencontrer pour nous remercier. Mais moi je n'ai pas cru un seul instant à tout ce qu'il a dit. Je suis sûre que c'est un piège pour nous attraper parce que l'homme est mort et la police doit penser que nous avons quelque chose à voir avec sa mort. Je suis sûre que c'est ça. Oh mon Dieu qu'est ce qu'on va faire ?
Je n'ai pû retenir mon rire.
Moi : Hahahaha ! Riai-je à gorge déployée.
Stella : Qu'est ce qui te fait rire inh?
Moi : Je ne suis pas sûre que c'était la police mais il n'y a qu'une seule manière de le savoir c'est d'accepter de les rencontrer.
Stella : Quoi!
Moi : Oui. On doit le faire. Ne t'inquiète pas. Tout va bien se passer. On a rien fait de mal. Tu n'as pas de raison d'avoir peur.