Chapitre 9
Alors que la poignée de la porte fait un bruit indiquant que quelqu’un essaie d’entrer, je me faufile rapidement, et à pas de loups à côté du lit que je veux soulever légèrement pour me glisser en dessous. Je sors plusieurs jurons à voix basse en réalisant que je ma corpulence m’empêche de passer. Lorsque je me calme, je n’entends plus grand chose. J’essaie de guetter dans ma position sans trop bouger et ne vois rien. J’en conclus donc que la personne est repartie.
Pourtant, des bruits relatifs au brassement de l’air et à des pas qui s’enfoncent dans le tapis me retiennent sur place. Ce n’est qu'à cet instant que je vois une ombre apparaître à quelques centimètres de ma position. Je retiens mon souffle, attendant que le sort décide de la suite des événements. Vous dire que je ne crains rien serait un énorme mensonge. Le silence se brise, me donnant une mini crise cardiaque.
Lui: Allo, oui rassure les collaborateurs que j’arrive dans un instant. Non rien de grave, c’est juste une tache. Oh je suis certain qu’elle sera virée...d’accord je mets une autre chemise et je vous rejoins.
Il s'assoit un petit instant puis son ombre disparait à nouveau. J’entends un bruit de meuble avant qu’il ne revienne ici. Vu que je n’ai pas la certitude qu'il soit armé ou pas je préfère ne rien tenter avant d’avoir une vraie ouverture. Nul doute que s’il a une arme avec lui, il serait capable de s’en servir s'il me voyait. J’ai fait assez de coups pour savoir que ce sont des choses qui arrivent. Je vis dans un monde dangereux.
Lui: Oui Okili, je n’oublie pas. On se voit après ma réunion.
Après ce qui me parait une éternité, j’entends enfin la porte de la douche s’ouvrir puis se refermer. J’attends encore quelques secondes avant de sortir de là, on ne sait jamais. Je me tourne vers le lit, vais prendre la sacoche en question et trouve ce que je cherche. Je marche rapidement vers la porte et l’ouvre aussi lentement que possible alors que l’eau résonne encore du côté de la douche. Je veux la fermer aussi doucement que je l’ai ouverte mais un bruit de déclic se fait entendre. Sans chercher à comprendre, je m'élance dans le couloir comme si ma vie en dépendait, avant que quiconque ne puisse me voir, empruntant le même chemin, loin des regards. Je cherche ma voiture des yeux une fois dehors et la localise où je l’ai laissée. La sacoche dissimulée dans ma veste, je vais monter et envoie le message à X pour lui signaler que c’est bon. Roulant jusqu’au coin de rendez-vous, je ne tarde pas à voir apparaitre X. Il vient tranquillement s'asseoir à l'arrière. X: C’est bon? Tu as trouvé l’appareil?
Moi: Ouais! X: Aucun soucis?
Moi: Aucun! Je passe mon bras à l'arrière pour le lui remettre et un silence de plomb s’en suit. Je suppose qu’il est en train de vérifier certaines données.
X: tu sais que tu es efficace toi? Moi: Tu ne me donnes pas trop de travail non plus.
X: Quelqu’un t’a vu à l'étage? Moi: Non!
X: Bien! Moi: Autre chose? X en bougeant: Ton argent est dans le coffre.
Moi: Top! Le niveau d'adrénaline descendant un peu plus chaque minute, je fonce vers mon repère. Je l’ai échappé belle, encore une fois... Le ngue: Tu ne te plains plus de ton bras toi.
Gringo: Je sais, elle m’a fait un bon massage. Le ngue: Mais tu joues à quoi avec elle en fait?
Gringo: je ne joue pas, elle a mon fils, elle peut s’occuper quelque fois de son père. Moi: Hum!
Gringo: Ton hum veut dire quoi? Moi: Zappe many!
Gringo: Mais à quel niveau de Déborah? Moi: Tchips! Le ngue: Oh donc il ne t’a pas dit?
Gringo: Dis quoi! Moi: Le ngue tu abuses hein.
Le ngue: On l’a vue hier vers Nzeng. Gringo: Comment elle t’a dit quoi? Moi: C’est une blagueuse.
Le ngue: Donc si elle veut te donner le truc tu signes?
Moi: Tchips! Ils me font siffler les oreilles un moment avec Deborah et je me contente de les ignorer. C’est l'inconvénient d’avoir des potes, toujours à te parler de choses qui te gasent. On a effectivement vu mademoiselle Deborah comme le ngue l’explique mais on a continué notre chemin. Je pense à la dernière question du ngue qui ne me laisse pas indifférent, après tout je suis un homme et Deborah n’est pas repoussante non plus. Pourtant, cela m’a un peu énervé qu’elle raconte ce que je fais avec elle à sa soeur impolie là et les derniers événements m’ont refroidi vis a vis d’elle. Gringo: Vous êtes au courant pour le gars qu’on a poula (poignardé) vers DP? Moi: Ouais Le ngue: C'était un ancien footballeur je crois.
Moi: Ah bon? Gringo: Ouais! Il était avec sa nga. C’est sûr qu’il a fait le ndoss. Moi: La nga était avec lui c’est normal. Gringo: Quel seince?
Le ngue: Donc si tu es avec une nga tu laisses les gars faire ce qu’ils veulent?
Gringo: Many je l’attrape pour qu’elle court avec moi. Le ngue/Moi: kiakiakiakiakia
Le ngue: En parlant de femmes, je ne sais pas si je vais pouvoir venir avec vous mardi.
Moi: Comment? Gringo: Tu fuis? Le ngue: Les gars les femmes de la maison sont trop pointues. Et avec Elodie dans les parages, ce sera difficile de faire ce qu’on fait sans être take. Je peux pas les dribbler toutes les deux. Moi: Tu vas trouver un truc. Le ngue: J’ai envie de bouger d’ici depuis un moment. Et puis j’ai envie de tirer mes gos chez moi.
Gringo: Qu’est ce qui t’en empêche? Le ngue: Tu vois la vieille laisser défiler les femmes chez elle?
Gringo: Mais c’est toi qui paies les factures non?
Moi: Ça change rien pour les maters. Le ngue: Si si! Je pourrais le faire, c’est juste par respect que je me retiens.
Moi: On est passé par là. Le ngue: Ouais!
Gringo: krkrkrkr On reste toute la journée chez le ngue vu que les femmes de cette maison sont allées se faire coiffer. Lorsqu’elles reviennent, c’est avec de nouvelles têtes et j’avoue que cela leur va bien. Donc elles ont fait 4 h de temps pour ça? Les femmes…On salue chaleureusement ma Julie qui va dans sa chambre. Elodie vient s’installer avec nous après avoir fait la bise à tout le monde, y compris moi. Elle va se caler aux côtés de son grand frère. Elodie: Mettez TV pardon! Le ngue: Y a quoi sur TV ?
Elodie: le journal non? Le ngue: Pour faire quoi?
Elodie: Mettez seulement! On fait ce qu’elle dit et on parle en ignorant la télé. Je me demande bien, alors que je lui jette des regards furtifs, ce qu’elle peut trouver important à y regarder, ce sont toujours les mêmes programmes. On se tape tout le journal télévisé en discutant de nos choses quand elle éteint la télé, ah enfin elle s’est résignée. Elle piaffe et secoue la tête. Elodie: Les journalistes vraiment!
Gringo: Tu voulais quoi? Elodie: Mais tu ne sais pas qu’il y a un scandale dans Libreville?
Le ngue: Quel scandale? Elodie: Tchouooo vous aussi!
Moi: … Gringo: parle seulement! Elodie: On a attrapé un gars du gouvernement avec un autre homme. Le ngue: Attrapé comment?
Elodie: Genre ensemble non! Gringo: Genre pd? Elodie: Oui gué! Une vidéo circule.
Gringo: Donc ils se tripotent et ils filment. Moi: Faut être stupide pour filmer des c****ries pareilles. Elodie surprise que je réagisse: Ce sont des choses qui peuvent arriver par accident. Et puis on ne sait pas si ce sont eux qui ont filmé aussi. Moi l’ignorant: ...
Gringo: C’est vrai hein, qu’est ce qu’ils gagneraient à filmer et diffuser la déo? Le ngue: Mais le gars du gouvernement c’est qui? Elodie: Je sais quoi? On en parlait au salon. Certaines ont vu la vidéo en question apparemment. Moi j’ai juste pitié de la femme du monsieur hein. C’est trop bizarre de voir ton gars faire ce genre de choses. Le ngue: Ah c’est entre eux là bas. Elle va supporter avec le gain. Elodie: Quel argent? Pardon oh argent ou pas je ne peux pas rester avec un homme pareil. Aka!
Le ngue: Tu sais quoi de la vie toi? Elodie: Tchips! Vous faites quoi? Sortons un peu! Le ngue: je ne sors pas avec ma petite soeur. Gringo: Je t’invite au bars.
Elodie: Hiiiii tu es moins cher hein Arnaud. Gringo: A prendre ou à laisser.
Elodie: Non, je ne vais pas dans les bars. Je peux appeler qui pour sortir? Le ngue: A cette heure?
Elodie: je te rappelle que je vis seule hein! Le ngue: Ouais mais tu ne sors pas.
Elodie: mais rhooo! Le ngue: Je ne discute pas. Reste un peu à la maison!
Elodie: Lilian je n’aime pas tes choses oh. Je suis venue avec mon argent. C’est quelle prison? Le ngue: … Elodie: Tchips! C'est parce que je suis fatiguée hein. Elle bouge les jambes en boudant, ce qui me fait sourire. Elle a l’air d’un bébé. Bien Sûr je trouve que Lilian a raison, raison pour laquelle Gringo et moi ne disons rien. Bien que nous ayions changé de sujet, je me remets à penser au dit scandale. C’est quand même curieux que ce scandale survienne après que j’aie pris cet appareil pour Pierre. Bon cela ne sert à rien de se poser des questions inutiles.
Elodie oublie rapidement L’accrochement avec Lilian et parle désormais avec gringo. Finalement, elle nous invite ce week end manger sa nourriture et gringo accepte automatiquement. Vu que Lilian habite ici, c’est clair qu’il sera de la partie. Je m'évade à nouveau dans mes pensées. Ce n’est qu’un instant après que je remarque qu’ils ont tous les yeux sur moi. Moi: Quoi?
Elodie: Tu n’as pas répondu. Moi: Repondu à quoi?
Elodie: On peut le faire chez toi? Moi: Ici y a quel problème? Le ngue: Y a maman. Elle ne va pas forcément apprécier le bruit et l’alcool. Moi: Heu…
Gringo: De toute façon c’est mieux qu’on le fasse chez toi. Moi: Y a pas de place chez moi
Elodie: Y a de l’espace derrière non? On ne va rien casser.
Moi: Pourquoi pas... Elodie: C’est oui? Moi: Ouais
Elodie: Ok! Demain je fais les courses. Tu as de la place pour mettre la nourriture au frais?
Moi: Juste ce qui va au frigo, on n’a pas de congélateur. Elodie: OK!
On reste encore un peu avant de partir pour ne pas faire trop de bruit, ma Julie est endormie. Je rentre chez moi en réfléchissant à ce que je pourrais faire de ma valise d’argent. C’est assez bien caché mais on ne sait jamais si plusieurs personnes bourrées tournent dans les parages, ils pourraient bien la découvrir. La chambre d’Aristide est la seule à se fermer à clef et je ne vois pas comment mettre le sac dans la mienne serait plus prudent que de le laisser à l'extérieur. Vraiment Elodie me complique la tâche avec ses idées. Pfff bon on va improviser.
Ce n’est qu’un seul jour après tout… Comme convenu, Elodie passe à la maison accompagnée d’Aristide pour déposer certaines de leurs courses. Je suis à l'arrière lorsqu’ils viennent, en train de faire un peu de muscu pour tuer le temps et vois Aristide apparaître en premier. Aristide: On est là.
Moi: Tu étais avec Elodie? Aristide: Oui, je ne devais pas la laisser faire les courses seule grand. Moi: Ah! Aristide: Ça doit te déranger un peu.
Moi en essuyant mon visage avec une petite serviette: C’est rien c’est la famille.
Elodie en apparaissant à son tour: Tu préfères qu’on laisse le charbon dehors ou… Aristide: Oui?
Elodie: Je...heu...bonjour Celio! Moi: Ça va?
Elodie: Oui… Elle choisit de se concentrer sur Aristide. Ils parlent de charbon et de grillades tandis que je les observe sans rien dire. On dirait un couple. Lorsqu’elle retourne à l'intérieur avec Aristide je continue ce que je faisais, et ce jusqu’à ce qu’ils s’en aillent. Le week-end arrive et je suis réveillé très tôt par un bruit provenant de la porte d'entrée. Qui me dérange à cette heure? J’enfile rapidement un débardeur au dessus de ma culotte et vais ouvrir pour tomber sur Elodie, tenant un sac dans ses mains. Le ngue apparaît à sa suite, un sac plus grand dans les siennes. Moi: Il est 8h
Le ngue: Ouais on sait, laisse nous passer! Elodie: Pardon mais préparer prend du temps et j'aurais autre chose à faire après. Aristide n’est pas encore venu? Moi: Non!
Je lui prends le sac des mains et on dépose Lilian et moi les affaires à l'arrière pour qu’elle les place comme elle le souhaite. On l’aide à allumer le feu et disposer les marmites qu’elles a apportées. Elle sort la nourriture et embarque une partie dans la cuisine. Le ngue: Bon, moi je vais faire un tour. Moi: Comment? Et tu me laisses seul?
Le ngue: Je n’aime pas rester dans une maison lorsqu’on prépare encore.
Moi: Bon dis à Gringo de venir en case en partant. Le ngue: Top!
Il s'éloigne de chez moi et je vais dans la cuisine le signaler à sa petite soeur.
Elodie: Ok! Je ne ferai pas trop de bruit si tu retournes dormir. Moi: Tu as besoin d’aide?
Elodie: Tu sais préparer? Moi: Pas vraiment non.
Elodie le sourire moqueur: Donc j’aurais pas besoin d’aide. Une amie arrive avec Aristide pour m’aider.
Moi: Ok! Elodie: Et heu merci de nous permettre d’utiliser la maison. Moi: C’est rien. Mon portable sonne au même moment et je vois X s’afficher sur l'écran. Je la regarde un petit moment et m'éclipse pour répondre. Lorsque je reviens dans la cuisine, elle est en train de couper des légumes. Elodie: Un soucis?
Moi: hein? Elodie: Tu es devenu nerveux en regardant ton portable. Moi: Rien de sérieux. Elodie: Ok! Je peux te poser une question?
Moi: Ouais Elodie: Le tatouage sur ta poitrine? C’est quelle langue? Moi: Russe Elodie: Il veut dire quoi?
Moi: Oiseau de l’ombre! Elle me regarde en fronçant les sourcils.
Elodie: C’est un peu sinistre, comme toi souvent. Moi: Ouais!
On discute on long moment, enfin je l’écoute faire la conversation lorsqu’elle se met à couper de la banane. Elle discute avec moi la tête baissée sur ce qu’elle fait. Cette activité qui en temps normal n’a rien d’exceptionnel, attire mon attention. Elle a de beaux pieds en passant. Remontant petit à petit, je détaille ses jambes fortes et lisses, me demandant si sa peau est aussi lisse partout. Je vais plus haut examinant ses mains. Ses gestes sont précis et rapides et je me retrouve à remplacer ce qu’elle tient dans ses mains par autre chose. A vrai dire, j’ignore de quoi elle est en train de parler parce que, les yeux au niveau de son buste, je me demande comment la petite Elodie a fait pour devenir aussi...femme en seulement quelques années. Ou c’est moi qui ne voyais pas bien je sais pas trop. Je me rends compte assez tard qu’elle a arrêté de parler et me regarde aussi. Wow! L’air devient soudain lourd dans la pièce.
Calme toi Celio! Cest la petite du ngue...