chapitre 3
Regardant sa fille après le départ de Manuella, elle ne put s'empêcher de regarder sa fille dans les moindres détails, elle avait beau nier mais l'évidence était là, Capucine était la marque nette et sans reproche de la réalité qu'elle voulait fuir. Jamais elle n'aurait accepté si elle avait eu le choix que sa fille ressemble autant à cet homme. Parti dans le sud après l'incident d'il y a trois ans, les débuts n'avaient pas été facile mais au moins elle tenait le coup. Huit mois plus tard, elle avait donné naissance à sa fille et se trouvait seule, tout devenait compliqué pour elle et il fallait bien qu'elle vive. Il a fallut qu'elle contacte de nouveau le père Maurice afin qu'il l'aide, ce qu'il accepta sans soucis.
Décidant de retourner dans le centre après la promesse faite par le père Maurice, elle ne s'attendait point à ce que sa nouvelle chance soit aux côtés de la boîte Deleu &fils. Ce fut dans la matinée de son tout premier jour de travail, vu qu'elle n'avait pas besoin de CV, qu'elle apprit qu'en réalité, elle retournait dans ce lieu où tout avait commencé, où tout avait pris de l'ampleur, ce lieu où elle avait ressenti pour la première fois l'amour au sens propre.
Elle se remémorait des moments où elle apercevait de l'amour briller dans les yeux de cet homme qui lui faisait perdre tous ses moyens. Ce fut le beau temps avant la tempête comme le disait les acteurs de la guerre froide car en une nuit, tout le calme fut transformé en un brouhaha où les lieux devinrent un champ de bataille. Elle avait tout perdu, l'homme de sa vie, l'amour de sa vie, le parfait amour. Regardant sa fille, elle comprit que ça ne servait plus à rien de regretter ou d'en vouloir à qui ce soit, il fallait juste qu'elle se batte pour sa fille.
Attendant avec impatience son frère aîné, Stern n'en pouvait plus de le voir autant meurtri, cette situation avait déjà duré trois longues années où Emsig s'était abandonné dans le travail pour faire passer cette mauvaise période de sa vie mais aucune amélioration en vu. Il comptait bien intervenir de gré ou de force juste pour qu'il se reprenne. Lorsque la porte s'ouvrit en un fracas, il le vit entrer d'un pas rapide ce qui définissait l'absence de calme intérieur chez lui.
- tu n'as toujours pas retrouvé ton calme à ce que je constate.
- non, je ne crois que je le retrouverais de sitôt, il me semble que tu trouves les choses plus faciles mais crois-moi Stern rien n'est facile, surtout pour moi en ce moment.
Il comprenait parfaitement car dans cette situation, il ne croirait pas qu'il aurait survécu. Mais si déjà son frère avait continué de vivre pendant ces trois années, il ne pensait pas que ce soit une journée qui l'achève.
- je sais et je t'assure que je comprends parfaitement mais ne penses-tu pas qu'elle a vraiment besoin de ce boulot ? Tu n'es pas du genre rencunier Em, tu aurais pu te renseigner de sa situation auprès du père Maurice vu qu'il est celui qui est venu plaider pour elle.
Oui il avait hésité plusieurs fois à le faire mais doté d'un égo surdimensionné, il ne voulait pas du tout qu'il pense qu'il s'intéressait encore à elle ou bien qu'il s'inquiétait pour elle bien qu'il mourrait d'envie d'en savoir plus. Juste repenser à ce qu'il avait vu, la voir en peignoir en compagnie de son ami l'avait complément détruit, il ne voyait aucune excuse qui pourrait atténuer sa douleur ou sa haine à son égard.
- pourquoi ? Pourquoi ferais-je cela? Tu étais présent Stern, tu étais témoin de mon anéantissement, tu me donnes l'impression d'être le mauvais dans cette histoire, ne penses-tu pas qu'elle serait revenue me voir si vraiment elle était innocente?
- moi à sa place j'aurais fait pareil, non je ne te porte pas pour responsable et je ne plaide pas en sa faveur, juste que tu te libères de ce fardeau qui ne te quitte pas. Offres lui ce poste.
Lassé de se disputer avec son frère pour une fille qui ne l'intéressait plus, il décida de céder, après tout, ce n'était pas pour un poste de femme de chambre qu'il la recrutait.
- d'accord, je vais y réfléchir mais je ne te promets rien.
Un sourire en coin vint étirer les lèvres de Stern, il était convaincu que ce n'était pas encore terminé, il avait certes gagné la bataille mais pas la guerre. Il avait hésité pendant longtemps de faire ses propres recherches sur Isabelle dès lors qu'il l'avait aperçu.
Après ce moment devant son frère qui n'était pas différent du moment d'un prisonnier devant la cour de justice, il accéléra le pas dans le seul but de rejoindre au plus vite ses appartements. Une fois dans la pièce, il se laissa dans son grand lit et ferma les yeux. Les souvenirs de son passé commencèrent à défiler dans sa tête, un parfait bonheur qu'il avait rêvé avec elle. Il ne cessait de se demander où est-ce qu'il avait fauté, n'était-il pas présent pour elle ? Ne la soutenait-il pas assez? Toutes des questions pareilles se bousculèrent dans sa tête au point de vouloir lui faire exploser la cervelle.
- assez se cria t-il à lui même sans s'en rendre compte.
Il se leva d'un bond et alla se placer devant le Grand miroir qui ornait le mur de sa salle de bain. Il avait l'impression que quelque chose avait changé en lui, il se sentait si vulnérable et cette situation lui déplaisait fortement. Il sera les poings prêt à les écraser sur cette glace qui changeait son apparence selon lui, lorsque quelqu'un fit son entrée. Il se retint pour ne pas qu'on le voie comme un animal sauvage.
Remarquant qu'il s'agissait de Stern, il souffla d'exaspération, car il avait l'impression d'être surveillé comme un gamin de cinq ans dont on avait peur qu'il fasse des bêtises.
- tu n'es pas prêt à me lâcher dis-donc. Dit-il d'un ton neutre.
Il ne répondit rien et passa à côté de lui pour aller prendre place sur le rebord de la baignoire. Il se retourna face à lui avec un expression de colère, ce qu'il fit semblant de ne pas voir.
- ne t'inquiètes pas petit frère, je ne vais pas me suicider voyons, cesse de me suivre comme une mouche à la recherche d'une odeur noséabonde.
- je ne vois pas pourquoi tu te suicidrais mon cher grand frère, as-tu encore mal? Ça fait exactement trois ans que ça s'est passé, je sais que tu ne ressens plus rien alors arrête de te justifier.
Sentant ses muscles se tendre vu que l'ironie présente dans les propos de son frère n'était point passée inaperçue, il se décida de lancer le deal.
- très bien, je vais relever le défi, je vais trouvé un moyen d'entrer en contact avec elle et je lui demanderai de revenir à l'entreprise.
- et si elle disait non après ton humiliation ? S'asarda de demander Stern.
- tu ne vas qu'à même pas me demander d'aller trainer à ses pieds afin qu'elle revienne, c'est avec mon argent que je vais la payer putain, elle a besoin de ce travail et moi je ne manquerai pas de candidat pour le poste.
Constatant qu'il était déjà assez hors de lui, il décida de ne pas en rajouter et s'en alla de sa suite. Son comportement le déplaisait fortement mais il fallait bien qu'il le fasse, car le comportement de certains laissait croire que quelque chose s'était bien passé dans la maison et il voulait ramener son frère à en voir plus clair.
Toute la nuit, Emsig n'avait pas pu fermé les yeux. Il avait Certes accepté de relever ce défi mais il pouvait bien avouer qu'il regrettait déjà cette décision. À une époque, elle était sa secrétaire et son amoureuse mais comment pouvait-il lui redonner ce même poste alors qu'il ne voulait même pas la sentir? La situation se corsait pour lui et il en était bien conscient quoi que persistant.
Il ne cessait de se convaincre qu'il en avait encore pour toute la nuit et la matinée du lendemain pour se faire à l'idée qu'il devait désormais rencontrer son visage dans ses locaux chaque jour. Quelques règles devaient aussi changer ne put s'empêcher de penser l'homme. Il ne voyait pas continuer de la tutoyer sous peine de lui arracher son tailleur un de ces quatres matins.
L'amour était toujours présent dans son cœur malgré la haine. Ces deux sentiments contradictoires créait en lui un volcan dont les larves étaient si chaudes. Il voulait fouiller dans sa vie pour savoir ce qui s'était passé mais d'autre part, il avait peur d'avoir raison et de souffrir après. Il lui avait tout donne selon lui mais comme l'être humain est un éternel insatisfait, elle n'avait pas pu vivre avec.
Chaque jour, il voulait à tout prix regretter le fait de l'avoir rencontré, d'avoir un jour partagé sa vie avec elle mais il n'y arrivait pas, tout était plus fort que lui.