chapitre 2
Après avoir regardé cette silhouette qu'il croyait connaître très bien, il tenta de s'en approcher mais malheureusement, elle était déjà entrée dans l'ascenseur. Il n'avait plus aucun doute. Cela faisait exactement trois ans mais il était certain que c'était elle, elle n'avait point changé juste embellit. Jamais il n'aurait imaginé la revoir de si vite et encore moins dans cette entreprise, sa séparation avec son frère avait été très douloureuse et même si c'était juste pour un jour, il avait haï cette fille vu la souffrance de son frère après cet incident.
Stern se dirigea d'un pas précipité vers le bureau de son frère et sans tenir compte des bonnes manières, il actionna la poignée et entra sans y être invité. Ce qu'il vit lui brisa encore une fois de plus le cœur, Emsig avait ce regard de cette nuit là d'il y a trois ans, la haine et la colère qui reflétait de ses yeux pouvait être asphyxiante.
Il avança et prit place dans le fauteuil en face du sien.
- tu étais si impatient, lui fit Emsig en essayant de cacher son mal être.
- est-ce ce que je crois ? C'était elle ou bien j'étais victime d'une hallucination ? Demanda Stern pour faire comprendre à son frère qu'il n'avait besoin de jouer à la comédie.
Ce fut la dernière chose à laquelle il s'attendait, jamais il n'aurait permis qu'un autre membre de sa famille pose les yeux sur Isabelle mais c'était déjà trop tard vu que Stern l'avait déjà vu mais juste, il ne voulait rien causer à son sujet.
- je comprends que tu ne veuilles pas en parler mais tu as besoin de mettre une croix sur ce passé qui te hante encore. Je sais que tu trouveras ce que je m'apprête à te dire comme une ânerie mais pour moi c'est la seule solution. Pourquoi ne pas lui demander ce qui s'était passé cette nuit là ? Tu n'avais pas eu l'occasion de lui en demander vu que tu étais si en colère.
Se levant de son fauteuil dans un mouvement furibond, il souhaitait faire valser son poing dans la mâchoire de son frère mais ce dernier était très chanceux à cause de cette haine qui le gagnait de plus en plus. Toutes les preuves étaient contre elle et il ne voyait plus ce qu'elle pouvait encore lui expliquer pour se défendre après trois ans. Il était certain d'une chose, elle était passée à autre chose et par la même occasion avait oublié leur aventure.
- a quoi bon de ressasser le passé Stern?
- pour enfin avoir une conscience tranquille. Pendant trois ans tu n'as pas pu te reconstruire, je suis certain qu'à chaque fois que tu es en face d'une femme, ce n'est que son visage que tu vois. Tu aimais tellement cette fille Emsig, crois-tu vraiment que c'est facile de l'oublier du jour au lendemain comme tu le dis? Tu prétends la haïr pour ce qu'elle t'a fait mais tu ne peux pas nier qu'au tréfonds de toi, tu n'y arrives pas, tu n'arrives pas à la haïr.
- elle est déjà partie et c'est mieux ainsi crois-moi, on a plus rien à se dire, ça fait exactement trois ans , c'est largement suffisant pour elle pour m'avoir oublié.
Stern se leva de son siège et alla se placer devant son frère, malgré les centimètres qui les séparaient, il n'était pas si petit que ça devait lui. Il lui agrippa les épaules Amicalement et le fixa d'une façon à vouloir sonder la vérité sur son visage, une attitude qui exaspérait Emsig.
- je sais qu'elle est partie, je l'ai rencontré dans le couloir et vu la course folle avec laquelle elle s'en est allée, je ne crois pas que tu l'aies reçu avec courtoisie. Frère, je ne te parle pas ainsi parce que je prends le parti de cette fille non. Tu as juste vu les preuves qu'on t'a présenté il y a trois ans, tu as mis cette fille que tu aimais plus que tout dehors et tu as coupé tout lien avec ton meilleur ami qui était plus que ton ombre. Je sais que ces deux personnes te manquent tellement. Réfléchis-y
- je verrai. Finit-il en soufflant exaspéré de l'insistance de son frère.
Lorsqu'elle réussit à stopper un taxi, elle entra comme si une orde de zombies était à ses trousses. Pendant que le taxi roulait, elle se sentait mieux apaisée. Elle souhaitait arriver chez elle très vite et se reposer tout en oubliant les évènements de la journée ou plus précisément railler cette journée de ses archives à tout jamais mais avant tout, fallait d'abord qu'elle se rende chez le père Maurice afin de lui faire part de sa décision, une décision dont elle ne doutait plus. Elle ne pouvait plus se rendre dans l'antre de cet homme et ce même pour une grande somme qui pourrait lui faire vivre paisiblement jusqu'à sa cinquième génération.
Heureuse de le trouver dans la cour en compagnie des enfants, elle avança vers lui consciente de la tristesse qu'elle s'apprêtait à faire apparaître sur son beau visage ridé. En l'apercevant, le père Maurice sût directement que quelque chose n'allait pas et ce fut la raison pour laquelle il avança aussi vers elle afin qu'ils aient une conversation privée, enfin loin des tout petits.
- mais ce n'est pas à cette heure ci que le travail se termine Isabelle et si je dois interpréter ton expression faciale, ça ne s'est pas bien passé.
- Exactement mon père, je te l'avais bien dit, plus jamais je ne pourrai avoir une conversation courtoise avec cet homme, il me hait et rien ne pourra changer l'avis qu'il a de moi. Il m'a clairement avoué qu'il me laissait travailler dans cette entreprise juste pour toi, sinon jamais il ne m'aurait laisser y mettre pied.
Il avait mal pour ces deux jeunes gens qui n'arrivait toujours pas à trouver un terrain d'entente. À côté de l'aide qu'il offrait à Isabelle afin qu'elle puisse prendre soin de sa fille normalement, il avait pensé que cela les rapprocherait aussi afin que certaines vérités soient dites mais là il constatait qu'il avait tout faux.
- bien je comprends, reprit le père Maurice. Que comptes tu faire maintenant ?
Sur le coup elle n'en savait rien mais dire qu'elle allait retourner supplier cet homme pour qu'il la reprenne c'était hors de question. Elle avait eu sa dose en ce lapse de temps passé en sa compagnie et non elle ne pouvait plus s'y aventurier.
- pour le moment je ne sais pas mais après m'être reposée, je verrai ce que je pourrai faire et merci encore mon père pour l'aide.
Après lui avoir dit au-revoir, elle s'en alla vers sa maison, ce fut la pire journée de toute sa vie. Alors qu'elle était à fond dans sa sieste, elle entendit la porte claquer et lorsqu'elle se réveilla, elle vit Manuella avec sa fille dans les bras. Très vite, elle ouvrit ses bras et sa fille vint s'y réfugier heureuse de revoir sa mère même si la séparation n'avait été que pour quelques heures.
- ça s'est bien passé ? S'empressa de demander Manuella.
- non, répondit Isabelle après quelques minutes de silences. Non et je dois me mettre au travail afin de trouver quelque chose à faire. J'ai décidé de ne pas y aller, enfin de ne pas travailler dans ce lieu.
C'était un mensonge et elle en était consciente mais c'était hors de question qu'elle parle durement de cet homme devant sa fille malgré son âge. Elle ne comprendrait pas certes, mais les paroles avaient une puissance singulière.
- et que vas-tu faire maintenant ?
Qu'allait-elle faire? Elle même n'en savait pas. Avoir un poste avec des heures réglementées n'était pas du tout une chose facile, elle voulait un travail qui ne l'éloignerait pas de sa fille car elle était la seule chose qui lui restait de merveilleux. Mais aussi confiante comme elle l'avait toujours été, elle savait qu'elle trouverait quelque chose.
- je ne veux pas trop te donner des conseils mais cet homme ne t'a pas lui même repoussé alors pourquoi ne veux tu pas travailler dans sa boîte? C'était une occasion en or pour toi de pouvoir vivre paisiblement et être avec ta fille, Dieu seul sait combien le père Maurice a couler de sueur pour te trouver ce travail Isa.
-je sais très bien Manu, mais sur le moment tu n'es pas à ma place pour comprendre la raison de ma réticence, c'était certes une occasion en or mais elle implique beaucoup trop de chose.
Elle et cette histoire qu'elle pensait enfoui ne put s'empêcher de penser Manuella déterminée à la raisonner sur sa mauvaise façon de voir les choses.
- oui ça implique beaucoup trop de chose comme un passé que tu tiens tant à oublier mais ce que tu ne veux pas comprendre c'est que tu es liée à ce passé éternellement Isa, ta fille est le fruit de ce passé que tu tiens tant à fuir et si tu constitue ainsi, tu pourras finir par haïr ta propre fille parce que tu finiras par penser qu'elle t'empêche d'avancer. Je ne te demande pas d'aller chialer devant cet homme pour lui demander de te pardonner ou autre mais vas juste travailler. Peu importe comment il te regardera mal, concentre toi juste sur ton travail.
- Merci Manu, je vais y réfléchir et merci d'avoir gardé Capucine, tu es là meilleure.
Elle lui faisait cette promesse mais n'en était pas si sûre car vu la façon dont cet homme qui autrefois, la regardait avec des étoiles dans les yeux l'avait regardé avec haine, elle ne voulait plus jamais entendre parler de lui.