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Chapitre 3

- Vous êtes complètement fou…

Il s'approche d'elle dangereusement. Elle recule pour chaque pas qu'il fait. Elle se retourne pour s'enfuir ne sachant pas quoi faire de mieux dans sa situation. Elle se retrouve projetée contre la porte violemment. Son corps en entrant en contact avec l'objet dur se crispe de douleur. Il la maintient aisément d'une pression à la nuque.

- Si vous cherchez de la soumission pourquoi ne pas allez en club SM comme les gens de votre espèce font et en trouver une soumise à votre goût ?

- Très bonne question.

Il lâche sa nuque et attrape ses cheveux avant de la tirer vers une porte donnant sur un autre espace de suite. Elle a beau hurler sa douleur, il ne semble en avoir rien à faire. Il ouvre la porte, la pousse sans ménagement à l'intérieur et referme derrière lui.

- Tu préfères que l'on passe aux choses sérieuses directement ou tu préfères te calmer pour que je te donne mes règles ?

- Vous n'avez pas répondu à ma question. Si je ne réponds pas à la vôtre, c'est du donnant donnant.

Il la fixe du regard et contrairement à ce qu'elle attendait, il sourit. Il semble très content et cela perturbe Natalia profondément.

- Caramela, tu me confortes dans mes idées. Mais là je n'ai pas le temps d'être gentil avec toi. J'ai besoin de ma dose.

Il s'accroupit face à elle et passe délicatement son pouce contre ses lèvres. Son regard la captive, elle se laisse attendrir par ce geste. Elle n'anticipe pas la suivant. Une claque phénoménale s'abat sur sa joue, la faisant tomber sur le côté. La douleur et la chaleur lui semblent presque irréels tellement elle ne s'y attendait pas. Mais le bruit et les forts picotements qu'elle ressent ne sont pas imaginaires. Les larmes qui coulent sur son visage également.

- Bien, mes règles. Tu n'es insolente de la sorte que quand nous sommes ici. Dehors ça ne va pas du tout.

- Je pensais que c'est ce qui vous plaisait chez moi.

- Tu obéis quand je te parle. Tu te mets à genoux en ma présence et tu attends que je te donne la permission de parler. Tu n'obéis qu'à moi, Lorenzo et Ivan. Personne ne te touche à moi. Eux ils peuvent te brusquer un peu si tu ne suis pas les ordres. Tu ne sors pas de la propriété. Tu te tiens prête à ce que je t'appelle à chaque fois que j'ai envie de te voir.

Natalia se mord les lèvres et réprime une réponse insolente comme elle sait bien le faire. Là son regard ne laisse place à aucun doute, il ne s'amuserait plus d'une nouvelle insolence.

- Tu peux répéter mes règles ?

Elle répète à la lettre ce qu'il vient de dire même si seul le dégoût la prend pour chaque mot qui sort de sa bouche.

- Parfait, dit-il en caressant sa tête. Parce que je ne me considère pas comme un dominant. Son regard se voile d'incompréhension. La réponse à ta question Caramela. Il regarde sa montre rapidement. Je vais être en retard pour mon prochain rendez-vous si cela continue, reprenons les choses sérieuses.

Il se lève et va dans un coin de la pièce pour allumer la lumière. La chambre se révèle aux yeux de Natalia. Elle est toute blanche. Le lit, les meubles, tout ce qu'il y a dans cette pièce est blanc. Mais surtout au sol, il y a une sorte de bâche blanche, elle aussi. Il revient à elle rapidement et la soulève en attachant ses poignets dans des menottes. Il accroche les menottes à une poutre dans la pièce, lui donnant toute la lassitude pour avoir accès à son dos. Natalia ne sait pas encore ce qui va leur arriver. Elle se dit qu'il va la laisser s'installer dans cette position sûrement toute la nuit, ce qui en soit n'est pas si dramatique. Au vu de tout ce qui lui est déjà arrivé. Elle aurait des crampes, mais rien de méchant.

Elle entend du bruit dans son dos, elle se met à remuer mais sa position ne lui permet pas de se retourner. Il couvre ses yeux d'un ruban et obstrue sa vue. Natalia n'est pas sereine. Tous ses sens sont en alerte. Il le sait et il en joue visiblement.

- Hé vous êtes là…

Aucune réponse à sa question.

- Répondez-moi putain…

Le silence à nouveau. Elle ne sent aucune présence autour d'elle comme si elle était toute seule. Mais elle n'a entendu aucun bruit, pouvant signifier son départ. Elle est méfiante.

- Pourquoi vous ne dites rien ? Vous étiez bien plus bavard tout à l'heure. Ou bien j'ai réussi à vous faire perdre votre langue.

Natalia sait que ce n'est pas forcément malin de provoquer son kidnappeur. Mais ne rien savoir, être dans le flou total est encore moins évident pour elle. Elle qui a l'habitude d'un certain niveau de contrôle dans sa vie. Une main froide attrape durement sa fesse droite la faisant gémir de douleur, tant le contact est brutal et soudain. Un souffle chaud apparaît à proximité de ses oreilles. Il est là, il a toujours été là. Même si cela ne constitue pas une victoire, elle est bien contente de voir qu'elle arrive à le faire réagir. Un bruit qu'elle a du mal à reconnaître brise le silence dans lequel ils sont. Il s'éloigne à nouveau d'elle. Son corps avait pris quelques degrés à son contact, en perd maintenant.

- …

Natalia n'a même pas le temps de commencer ce qu'elle s'apprêtait à dire, qu'un coup violent vient vider l'air dans ses poumons. La douleur est tellement vive que tout son corps tremble avant de s'appuyer sur la poutre pour reprendre des forces. Ses genoux fléchissent…

- Maintiens la position.

Son ton est différent de tout à l'heure. Natalia sent que l'ambiance vient de changer drastiquement. Il lui a dit, il lui a dit qu'il lui ferait du mal. Il fait claquer l'objet dans ses mains et Natalia comprend qu'il s'agit d'une ceinture. Les coups s'enchaînent sur son dos sans cadence. Le ruban l'empêche de prévoir les prochains coups et son corps ne réagit qu'après l'avoir reçu. Son dos est chaud, elle pleure, elle a mal, elle se sent perdre pied et perdre conscience. Elle a beau hurler et supplier, cela ne semble lui faire qu'augmenter l'intensité des coups. Elle se résigne et accepte son sort. Elle sait que personne ne peut la tirer de là. Personne ne viendra à son aide. Elle est dans les mains de ce fou, jusqu'à ce qu'il soit satisfait. Au bout d'un moment, elle glisse dans l'inconscient tellement la douleur est trop forte pour elle, elle ne sait plus le nombre de coups qu'elle a reçus, elle imagine son dos qui ne doit plus ressembler à rien du tout, elle s'imagine lentement mourir.

Puis tout s'arrête. Elle perçoit difficilement une sonnerie résonner dans la pièce. Elle entend à peine des voix d'hommes discuter dans son dos. Elle entend des mouvements. Elle essaie de tendre l'oreille mais tout son corps lui fait un mal de chien. Une porte s'ouvre et après, le silence reprend ses droits dans la pièce. Elle se sent partir, elle s'évanouit.

En se réveillant le lendemain, Natalia se retrouve dans le lit de sa chambre habituelle. Elle ne se rappelle pas comment elle est revenue mais elle imagine bien que c'est grâce à lui. Elle est couchée sur le ventre et essaie de basculer sur le dos quand une douleur vive lui arrache un hurlement, avant de lui empêcher tout mouvement. Les larmes refont surface sur ses joues, en même temps que les souvenirs de la veille. La porte de la chambre s'ouvre et un garde apparaît à l'entrebâillement. Il la regarde quelques secondes avant de refermer la porte. Elle n'aura aucune pitié ici. Elle ne sait pas ce qu'elle a fait pour mériter une telle sentence.

La porte s'ouvre à nouveau et cette fois-ci des pas entrent dans la pièce. Natalia ne bouge pas, la tête sur le côté.

- Caramela...

Encore sa voix. Comment ose-t-il après tout ce qu'il lui a fait subir hier? Natalia veut se tourner et le traiter de tous les noms, mais son intuition l'en dissuade. Rien n'est plus suicidaire que d'énerver un psychopathe. Parce que c'est bien ce qu'il est à ses yeux. Elle veut s'en sortir, elle va tout faire pour. Parce qu'il mérite de finir en prison.

- J'espère que tu as bien dormi. Il s'assoit sur le lit, et la retourne sur le dos pour que leurs visages se croisent. Le dos de Natalia la lance, mais elle fait tout pour ne pas montrer sa douleur. Ne pas montrer qu'elle a peur de lui, qu'elle a mal. Veux-tu venir petit-déjeuner avec nous ?

- J'ai le choix maintenant ? Elle joue la surprise ingénue. Depuis quand ?

- Pas vraiment. Mais je vais en profiter pour te mettre de la crème à nouveau et sortir te fera le plus grand bien.

Natalia ne comprend pas ce qui lui arrive. Elle ne comprend pas la logique de cet homme face à elle. Hier il la battait et aujourd'hui il lui demande de lui tenir compagnie pour aller déjeuner. Un vrai bipolaire.

- Natalia. Ne m'oblige pas à me répéter.

Son regard se noircit. Elle se lève tant bien que mal. Il la prend dans ses bras et la soulève en mode princesse avant de sortir de la pièce. Ils croisent différents hommes dans les couloirs de la villa avant d'arriver à une sorte de terrasse, qui donne une vue sur un grand jardin entretenu. Des hommes à différents coins du domaine surveillent, armés comme en temps de guerre. Autour d'une grande table, elle reconnaît Mateo, Rosa et Catalina. Ils déjeunent tranquillement. Andres la dépose sur un transat, avant de recevoir des mains de Ivan un pot de crème, qu'il applique avec douceur sur son dos. Natalia ne dit rien, mais elle peut voir au regard légèrement inquiet et surpris de Rosa, qu'elle va garder des marques. Elle ne veut pas que l'on la prenne en pitié, elle déteste cela. Et surtout, il lui a profondément interdit de le contredire ou de lui manquer de respect en face d'autres personnes. Elle n'est pas prête à en subir les conséquences. On joue, quand on a des cartes en mains et tant qu'elle n'est pas rétablie, elle n'a aucune carte dans les siennes.

- Tu peux te relever maintenant ?

Sa voix est comme la chantilly à ce moment. Douce, suave, rauque. Natalia semble même entendre poindre une goutte d'inquiétude. Ce qui ne fait que renforcer la folie de ce type. Et sur sa dangerosité. La crème a agi et elle se sent apaisée, les picotements et la douleur se calment.

- Oui monsieur.

Elle n'a pas oublié. Elle voit qu'il est content. Il la félicite d'une caresse fugace. Il l'aide à s'asseoir sur une chaise à ses côtés sur la table en face de Mateo et des filles. Il claque des doigts et des servantes apparaissent pour leur servir le petit-déjeuner. Elle se met à manger en silence, en suivant avec beaucoup d'intérêt la discussion entre les 2 hommes. Ivan s'assoit à son tour après être revenu sans le pot de crème et avec Lorenzo.

- La pêche a été bonne Mateo ?

- Plus que fructueuse. C n'a pas menti quand elle a dit que cette information serait de poids. J'ai envoyé Kylian et les autres s'en occuper ce matin. J'aurais adoré les accompagner, mais Catalina n'a pas voulu me lâcher ce matin.

En disant cela, il l'approche de lui et l'embrasse fougueusement le tout sous le regard un peu courroucé de Rosa. Mais elle ne dit rien. Drôle de dynamique eux aussi.

- Et toi ? On m'a dit que Sofia était passée te voir hier soir.

- Oui, elle est venue.

Mateo regarde avec intérêt la réaction de Natalia face à cette annonce. Elle reste calme et fait comme si de rien était. Elle ne sait même pas qui est cette femme.

- Tu auras du mal à choisir entre elles au bout d'un moment.

- Ce que je fais des deux ne te concerne aucunement Mateo.

- Oui bien sûr. Il se lève et s'en va, un sourire détendu sur le visage. Rosa et Catalina le suivent au pas. Je te ferai signe quand on les aura coffrées.

Un bruit de couvert brisé met fin au silence laissé par leur départ. Natalia se tourne vers Ivan, la source. Sa main est rouge de sang.

- Il m'aura fait perdre l'appétit.

- Ne t'excite pas Ivan. Mais je peux comprendre ce que tu veux dire. Combien de temps on va encore supporter sa tête ?

- Ce n'est pas le moment de parler de cela. J'ai promis à Scario que je veillerai sur son fils à sa mort.

- Je sais, mais ça fait déjà 3 ans que tu gères les problèmes derrière lui. Tout le monde dans le milieu sait que tu es le gilet de sauvetage de ce gamin. Sans toi, il n'y a plus aucune garantie. Plus aucune trêve.

- Où veux-tu en venir Lorenzo ?

Le regard d' Andres se fait assassin face à son bras droit. Ils se font face quelques instants et Lorenzo lève les mains en signe d'abandon.

- Comment ça s'est passé avec C ?

Cette fois-ci le couvert qui se brise est celui dans la main d'Andres. Une servante vient rapidement lui apporter un tissu pour arrêter le saignement et remplacer le couvert. L'ambiance est lourde.

- Égale à elle-même. Mais c'était la dernière fois.

- Cette femme est une vraie sorcière Andres. Tu le sais très bien. Tu n'aurais jamais dû accepter de payer pour Mateo.

- Il va me le payer, c'est clair. Mais pas pour le moment. Elle m'a aussi donné une information intéressante à son sujet.

- Au sujet de ton frère ?

- Oui à son sujet. Il se peut que je puisse finir ce que j'ai commencé il y a quelques années très bientôt. Les choses s'accélèrent en Europe.

La nouvelle semble exciter Ivan, tandis qu'elle laisse de marbre Lorenzo. Son regard se fait vide quelques instants. Quand il reprend conscience, il fait un sourire discret à Natalia.

- Ce n'est pas non plus le moment de discuter de cela. On empêche Caramela de manger tranquillement. Je pensais qu'elle en avait besoin après ce que tu lui as fait subir hier.

Le bras de Natalia se fige quand elle entend son nom dans la conversation. Elle essaie de se faire minuscule. Elle pourrait mourir de honte de savoir qu'il est au courant. Voir qu'ils le sont tous. C'est même peut-être lui qu'elle a cru entendre discuter avec Andres hier avant de s'évanouir.

- Mais ce n'est que le début. On s'est à peine amusé ensemble hier.

Lorenzo ne répond rien à cela. Il connaît son patron. Amusement qu'il ne valide surtout pas. Mais il n'a rien à dire.

- Michelle, vient cet après-midi à la villa avec les enfants, ils pourront traîner ensemble.

- Si tu veux, répond laconiquement Andres, tout en restant dubitatif face à la demande de son bras droit. Mais elle ne reste pas sans surveillance.

- Évidemment.

- On y va Ivan, on a des choses à gérer avant la fin de la journée.

- Oui patron.

Ils se lèvent tous les deux et laissent Lorenzo et Natalia seuls à seuls. Lorenzo se lève à son tour.

- Je sais que je ne peux pas vraiment t'aider. Mais cet après-midi te permettra de souffler avant qu'il ne revienne vers toi.

Il s'en va et laisse finir son repas dans un silence complet. Elle ne sait pas quoi penser de la déclaration de Lorenzo. Il semble bien différent de son patron. Mais lui aussi fait partie d'un gang. Il ne doit pas être blanc comme neige.

Une fois son déjeuner terminé, Natalia rentre dans la villa. Elle sait qu'elle est surveillée de près. Elle n'a aucune utilité à rester dehors. Elle se promène dans la maison, oubliant même qu'elle ne porte qu'une nuisette transparente. De toute façon, il lui a lui-même dit : personne en dehors de Ivan et Lorenzo n'avait le droit de la toucher. Elle ne veut pas l'admettre mais c'est un sacré gage de sécurité pour le moment. Elle arrive dans une immense cuisine. Les servantes s'éclipsent quand elle arrive. Elles doivent également avoir reçu des ordres clairs. Elle ne comprend pas sa position ici. Elle n'est pas là pour coucher avec lui, il reçoit d'autres filles comme a bien pu signifier Mateo ce matin. Il ne l'a jamais touché dans ce sens-là. Comme si elle ne l'intéresse pas. C'est quand-même assez blessant pour la femme qu'elle est. Elle s'installe devant l'îlot et réfléchit à toutes les informations qu'elle possède. 2 chefs, pas toujours en accord. Un bon point pour elle peut-être pour la suite. Andres est plus âgé que Mateo. Elle-même a 29 ans, donc ils doivent tous avoir plus ou moins la trentaine. Toujours armés, leurs gardes également. Lorenzo semble être celui qui a le plus pitié d'elle. Mais elle ne sait pas s' il pourrait constituer une porte de sortie pour elle, il semble assez fidèle à son Maître. Ivan c'est un cas mort dès le départ. Il se méfie d'elle constamment. Il serait capable de l'abattre dès que Andres lèverait le sourcil dans ce sens. Sans aucun remord et aucune pitié. Mateo ? Il y a déjà Rosa et Catalina, ce n'est pas le moment d'aller s'immiscer dans leur étrange dynamique. Mais surtout, il a l'air d'un vrai serpent. Elle se doute qu'elle ne peut pas lui faire confiance.

Les pensées de Natalia sont interrompues par l'arrivée d'une jeune femme dans la cuisine portant un enfant dans ses bras et une autre enfant accrochée à ses jambes. Des gardes la suivent portant des sacs de courses.

- Tu dois être Natalia...

- Oui...

- Je suis Michelle, la femme de Lorenzo.

- Ah d'accord...

- Sarah, lâche-moi un peu s'il te plait. Sinon je ne vais jamais pouvoir finir de ranger. La petite se détache d'elle un tout petit peu. Ne t'inquiète pas ma puce, papa va bientôt arriver et te prendre dans ses bras. Elle se tourne vers les hommes derrière elle. Déposez tout sur l'îlot et laissez-nous.

- Madame, nous avons l'ordre de garder un œil sur elle, répond un en parlant de Natalia.

- Je ne me rappelle pas vous avoir demandé votre avis. Obéissez.

Sa voix est limpide. Ils font ce qu'elle dit et s'en vont. Natalia est surprise. Voilà peut-être sa future porte de sortie : Michelle.

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