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Chapitre 8

Deux ans qu’on ne s’était plus revus, deux ans qu’on s’était perdus de vue, j’avais coupé les ponts avec lui ! Mais en deux ans, je n’ai pas pu l’oublier, Mathis ! Personne ne pouvait deviner le trouble que je ressentais lorsque je revis, il n’avait pas beaucoup changé, il était toujours mignon, toujours très élégant, habillé décontracte, une chemise et un jean ; je pouvais aussi deviner le trouble qui se lisait en lui lorsqu’il nous reconnus aussitôt, surtout moi ; je n’arrivais pas à croire qu’ils se connaissent. Boris avait souri, il s’était levé brusquement, lui aussi pareil…

- Boris : Ce gars !!!! Ce gars !!!! Mathis Rengooooo !!!! Ca fait un bail !!!!

- Mathis : Boris Eltsine !!!!! Tu vis vraiment ???? J’arrive pas à le croire ! C’est bien toi là ????

Ils n’arrêtaient de s’envoyer de petites vannes, de blaguer et de rigoler à gorge déployée ; moi j’étais pas bien du tout, ils avaient vraiment l’air un peu trop familier même ; ce qui me mit encore plus mal c’était que Mathis était aussi en charmante compagnie, je priai juste que leur petite causerie s’arrête là, et qu’on s’en aille, je ne me voyais pas lui serrer la main, et surtout le regarder en face ; je les observais discrètement, je baissai constamment la tête, jusqu’à ce que j’entende Boris m’appeler…

- Boris : Eh !!! Lise viens… viens, je te présente un ancien pote !!!! Il m’a tout juste lâché comme ça du jour au lendemain !

Mathis, lorsqu’il me vit s’approcher d’eux, je pouvais sentir sa gêne à distance il avait presque ce même regard d’antan, mais il se contrôla et refréna rapidement ses émotions ; obligés de faire comme si nous ne nous étions jamais vus, sinon il allait falloir beaucoup d’explications.

- Boris : Je te présente … Mon épouse, Madame BONJO !!!!

- Mathis : Enchanté…Madame !!!!

Il avait appuyé sur le mot « Madame » comme pour me faire comprendre qu’il n’en revenait pas que je me sois finalement mariée. Il fit de même et nous présenta aussi son … épouse ! Elle paraissait plus jeune que moi et assez jolie. On se fit la bise, l’air de rien.

- Mathis : Voilà, c’est Odette !

- Boris : Enchanté Madame… je suis ravi que vous ayez enfin pu lui passer la corde …au Cou !!!! Je rigole bien sûr !

- Odette : J’en suis très flattée !

- Boris : Au fait ! pendant qu’on y est pourquoi ne pas organiser une petite sortie rien que tous les quatre ?

- Odette : Oooh chouette ! C’est une bonne idée ! N’est ce pas bébé ?

- Mathis : Euh….

- Boris : Hein ? Chérie ?

- Moi : Euh….Je ne sais pas si…

La tension était palpable dans l’air ! Il n’y avait que nous deux qui le ressentions, c’est chacun qui refoulait ses émotions en tentant de faire bonne figure ; Boris n’arrêtait d’en rajouter, je voulais qu’on s’en aille au plus vite, mais c’était peine perdue, Boris avait même insisté pour qu’on se retrouve tous les quatre …Un de ces quatre !!!

- Boris : Hein ? Mathis ? On a des choses à se dire… Pas vrai ?

- Mathis : C’est vrai !!! On a à se dire….

- Odette : Apparemment vous vous êtes perdus de vue depuis très longtemps on dirait !

- Mathis : Et comment ? On a été camarades de classe au lycée depuis quoi ? La classe de 6ème ?

- Boris : Ouiiii !!!!Et jusqu’en terminale, et toujours assis sur le même banc… Mais après on s’est perdus de vue !!!!

- Mathis : C’est vrai…

Je me mentais à moi-même, il fallait que je me l’avoue, Mathis me faisait vraiment de l’effet, et ce plus qu’avant ; en deux ans je n’avais rien oublié ! Il était toujours le même, à la seule différence qu’il était pris, pareil pour moi, nous étions pris chacun de l’autre, chacun menait sa petite vie de couple. Lui et sa femme avaient l’air vraiment de s’aimer, il n y avait qu’à voir la façon dont ils se touchaient ou bien la manière qu’Odette avait de poser sa tête sur son épaule à chaque fois. Je faisais tout pour rester de marbre, vu qu’il le lui rendait bien ; Boris avait trop insisté pour qu’on se joigne à leur table en fin de compte, ils avaient beaucoup à se dire… Vive les retrouvailles des anciens potes !!!! Dieu seul sait comment lorsque deux mecs, lorsqu’ils se revoient après tout ce temps perdu, ont des tonnes de choses à se dire… Je pestais en silence dans mon coin, obligée de jouer le jeu et de jouer aussi les amoureuses !

Bien sûr Boris ne savait pas être discret sur la chose, il ne manquait plus que ça, qu’il étale toute notre vie ! Quel gros ridicule ! Mathis était plus calme et plus réservé, il ne parlait pas trop de sa vie de couple, mais ses faits et gestes montraient tout le contraire, ils étaient très expressifs, je ne sus pas si c’était pour me choquer ou bien si le faisait naturellement. Mais à mon égard, il avait l’air un peu indifférent, il faisait celui qui ne me connaissait vraiment pas ; d’ailleurs il ne m’adressa à aucun moment la parole ! Odette et Boris étaient les plus bavards en fin de compte ; Mathis, il causait beaucoup plus avec Boris sur leur vie d’antan, les souvenirs et tout ça ; il souriait beaucoup, un sourire très très nerveux ! Mais il ne me regardait pas du tout ; moi j’avais la tête dans mon verre de jus et je tripotais mon téléphone toutes les secondes, par moment je pouvais lever mes yeux et lui lancer un regard furtif, et je constatais tout juste qu’il était le même, doux, attentionné, mais envers sa go quoi de plus normal !

Un gars dont j’ai refusé les avances depuis longtemps qu’avais – je espéré ? Je n’étais pas dans mon assiette, je ne voulais plus rester là ! J’eus soudain une envie pressante d’aller au petit coin, mais surtout une envie pressante de respirer franchement et de me détendre, je voulais prendre de l’air, il fallait que je sorte pour quelques minutes.

- Moi : Chéri… Tu m’excuses, je vais au p’tit coin…Et je dois passer un coup de fil, je reviens, donne moi 10 minutes !

Il était temps, je manquais vraiment d’exploser, je me vidais la vessie, et je m’éclipsai un peu à l’extérieur dans un coin un peu à l’écart, je prenais un peu d’air…

- Lisa ?

Ca faisait déjà 15 minutes que j’ y étais, je voulais plus retourner à l’intérieur, je priais juste qu’ils en finissent avec leur divers interminables, je me sentais mal, je me senti tout d’un coup nostalgique ; je repensai tout juste à lui, à nos derniers moment, surtout la façon dont on avait fait l’amour… C’est sa voix que j’entendis derrière moi, je sursautai…

- Moi : Tu… M’as fait peur…

- Mathis : Ce … N’est que moi !

- Moi : Tu fais quoi là ? Retourne les retrouver, il ne faut pas qu’on nous voie tous les deux, on ne se connait pas !

- Mathis : Mon téléphone à sonné et je me suis levé !

- Moi : Tu … en as pour quelques minutes tout juste…

- Mathis : Exactement, juste le temps de te poser cette question !

- Moi : laquelle ?

- Mathis : Pourquoi ?

- Moi : Je… Ne te suis pas !

- Mathis : Pourquoi tu l’as épousé ?

- Moi : Je… Je…

- Mathis : Es tu heureuse ?

- Moi : Et toi ? Tu l’es ?

- Mathis : Moi… Je le suis, c’est une fille bien ! Et toi ?

- Moi : c’est pareil !

- Mathis : Tant mieux alors…

Il se retourna et me planta la, ni plus ni moins. Il s’était rapproché plus près de moi et m’avait regardé droit dans les yeux, il y avait cette lueur que j’avais perçue, cette même lueur dans son regard, le même qu’il m’avait lancé quand je m’étais retrouvée chez lui et lorsqu’il m’avait suppliée de tenter quelque chose avec lui, d’essayer tout juste, j’avais dit non ! Je voulais toujours me sentir libre, mais aujourd’hui je suis prisonnière, de ce mariage, prisonnière de mes sentiments, OUI !!!! Je l’avoue j’étais amoureuse de Mathis… Mais c’était bien trop tard ! Malgré tout ce qui avait pu se passer, le meurtre de son père, et le fait que ma mère en était l’auteure, j’étais plein de regrets ; J’avais reçu sa phrase comme une petite gifle, il était heureux et ça se voyait quand même, je les enviais, j’avais cette petite jalousie en moi tout simplement. J’eus soudain envie de pleurer, mais ce n’était ni l’heure ni le moment, je ne devais pas flancher, surtout pas en ce moment.

- Boris : T’as mis une éternité…Odette fête ses 28 ans le week –end prochain, elle nous invite ! Son gars est calme là il ne dit rien !!! Si je suis empêché Lisa pourra y aller et nous représenter, car j’ai souvent des programmes très très divergents, mais ne vous en faites pas on y sera !!!!

- Moi : Chouette ! (je l’avais dit de manière très hypocrite)

- Odette : Je vous invite ! Voilà !!! Mathis, je ne sais pas ce qu’il a prévu, mais …. La tradition veut que ce soit une surprise…. N’est ce pas bébé ?

- Mathis : Exactement…

Elle se pencha vers lui et lui vola un petit baiser, il répondit assez rapidement. J’eu le cœur un peu serré, et je baissai rapidement la tête car Mathis venait de me lancer un regard un peu perçant. Elle fêtait ses 28 ans, le même âge que j’avais à l’époque où il me faisait des avances ! Maintenant j’en ai 30 !!! Pensai je intérieurement, je commençais à me sentir vraiment vieille fille et en plus sans enfants.

- Odette : Dites ! Vous avez des enfants ?

- Moi : Euh…

- Boris : Pas encore… Mais ca ne saurait tarder… Hein ma douce ? On doit relancer la machine pas vrai ? Je dois fais bouger mes zozos là !!!

- Moi : Très drôle !

- Boris : Et vous ?

- Odette : On a un petit garçon de 10 mois !!!

- Boris : Félicitations !!!

- Moi : C’est bien … Féli…

Mon souffle failli s’arrêter ! Mathis et Odette avaient un enfant !!!! Ils avaient une petite famille bien à eux ! Moi qui n’avait jamais envié qui que ce soit, voilà que ça me prenait !

- Odette : Il s’appelle Mathieu, un peu comme son père quoi !

Odette était très ouverte, elle aussi en faisait un peu trop et se vantait à tous les coups, Mathis était parfois silencieux, cette fois ci, à l’insu de tous, je pouvais sentir son regard tendre sur moi, il avait parfois les deux mains croisées qu’il ramenait devant sa bouche et je le sentais me lorgner tout le temps, je ne sais pas si c’était pour voir ma réaction et autre chose, mais ce qui était sûr c’est que par moment je pouvais deviner sa colère envers moi, je pouvais deviner ce qu’il ressentait, comment je l’avais envoyé balader sous prétexte que je n’étais pas une femme qu’on épouse ; je le lui avais craché au nez, que j’aimais cette liberté, ma liberté au détriment de son attirance pour moi ; aujourd’hui il pouvait juste me narguer avec sa belle à ses côtés, il pouvait le faire aisément devant moi. Je finis par tapoter discrètement Boris, il fallait qu’on s’en aille, j’étais au bord de l’énervement, j’arrivais plus à supporter ce regard parfois pesant sur moi, cette façon de me narguer et d’une Odette qui piaillait sans cesse. Boris était emporté par les causeries, si bien qu’il ne senti même pas ma main tapoter discrètement sa cuisse. Je finis par le lui dire à haute voix.

- Moi : Chéri, on doit s’en aller il se fait tard ! Et en plus ils ont un bébé qui les attends à la maison…

- Odette : Oui ! C’est vrai, nous même nous devons partir…Il est avec sa grand-mère, mais il commence déjà à nous manquer déjà n’est ce pas mon cœur ?

Mathis ne répondit pas, il avait une main sur la joue, il sourit maladroitement ; je finis par perdre patience, surtout que j’avais pas de petite culotte, le moment n’était plus adéquat. Au moment de partir, Boris et Mathis se s’échangèrent leurs numéros de téléphone et Odette n’oublia de nous rappeler d’être à sa fête le vendredi prochain.

- Odette : Vous y serez hein ???? Lisa je compte vraiment sur toi ! Si ton mari ne peut pas être là toi au moins tu pourras y être n’est ce pas ?

- Moi : Bien sûr…

Mathis faisait mine de nous entendre, il avait mit sa main autour de la taille d’Odette. A aucun moment il ne m’avait adressé la parole, sauf quand je m’étais éclipsée et tout ce qu’il put me dire au moment de nous séparer, fut juste un « Au revoir…. Madame !!! » Et il appuya encore sur le mot « Madame » pour me faire comprendre pleins de choses…

Une fois dans la voiture j’étais gonflée à bloc ! Boris n’a fait que se ridiculiser auprès de Mathis et de son épouse…

- Boris : Comment ça ? Ridicule ?

- Moi : Tu n’étais pas obligé de tout leur dire…Sur notre vie ! Ca sert à quoi ?

- Boris : Mais ! Je vois pas où est le problème ! Mathis et moi on…

- Moi : C’est bien là le problème !!!! Ce Mathis l’as-tu entendu une seule fois parler de sa vie privé ? A part sa femme qui n’arrêtait pas de se vanter à tous les coups !

- Boris : Mathis et moi on se connait depuis l’enfance, depuis très longtemps ma chère… Tu n’en as pas l’idée, on s’est juste perdus de vue, mais on se connait très bien ! Alors le fait de le revoir là comme ça par hasard tu ne sais pas ce que je ressens !

- Moi : Tu pouvais lui parler de ta vie intime mais pas en ma présence, je n’aime pas ça !

- Boris : Vous vous connaissez ???

- Moi : Non !!!

- Boris : Alors ???? Il n’est pas ce genre de mec, il est sans complexes, c’est quelqu’un de très bien, je le connais, il ne juge pas les gens… Tu sais il a beaucoup souffert de la mort de son père… Tu as appris l’histoire de la « Tueuse du sans soucis » ? Tout le monde en parlait !

Mon cœur s’arrêta de battre en quelques secondes ! « La tueuse du sans soucis » rien qu’à l’entendre, je devenais toute pâle. Boris avait rencontré ma mère lors des présentations et pendant notre mariage, mais il n’avait jamais fait le lien ; ma mère après toute cette histoire avait appris à se faire très discrète ! Pendant son incarcération, elle avait été très malade au point d’en avoir les séquelles sur son physique, du coup à sa sortie elle était presque méconnaissable, elle avait beaucoup fanée et maigrie. Elle ne put retrouver sa fraîcheur d’antan. Boris ne fit jamais le lien direct avec nos noms, il était bien trop amoureux pour en faire la remarque et était très loin d’imaginer qu’il pourrait s’agir de cette femme… « La tueuse du sans soucis ».

- Moi : Oui… J’en ai entendu parler, pourquoi ???

- Boris : Il en a été traumatisé, d’ailleurs je pense que c’est pour cette raison qu’on s’est perdus de vue cette histoire a fait en sorte qu’il s’éloigne de tout le monde… Tu te rends compte ???? Ils avaient tout perdu, sa mère a même vendu les beignets au carrefour IPTEC ici à Yaoundé ! On l’appelait même « ass !!!! »

- Moi : Ah bon ? Je vois …

- Boris : Mais il a beaucoup changé !

- Moi : En bien ou en mal ?

- Boris : Je pense qu’en bien, il n’est plus celui que je connaissais à l’époque, il a l’air plus humble, plus posé, plus calme….

Et plus doux aussi, pensai-je intérieurement.

- Moi : Je comprends donc ton euphorie !

- Boris : Mathis… C’était mon ami d’enfance, c’était mon meilleur ami !!!

QUAND LE PASSÉ NOUS RATTRAPE ON NE PEUT PAS FAIRE MARCHE ARRIÈRE HEIN? COMME ON DIT SEULS LES MONTAGNES NE SE CROISENT PAS LA SUITE NOUS DIRA....

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