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Chapitre 5 : Confiance

Chapitre 5 : Confiance

_ Tu vois qu’ils ont bien fait d’accoster pour la nuit, déclara Madok. Cette tempête n’en était pas une petite, ajouter aux rocailles qui pullulent dans cette partie de la mer, on serait probablement dans le fond des eaux à l’heure qu’il est.

Heddy acquiesça de la tête tout en portant son infusion à ses lèvres.

_ Tu as probablement raison, j’espère juste qu’ils ne vont pas traîner encore des heures à quai et que le capitaine donnera l’ordre de lever l’encre au plus vite.

_ Ne t’en fait donc pas, on sera à Albatra au plus tard demain. Ce n’est pas ce que l’on espérait, mais c’est toujours mieux que rien.

L’officier et son second qui avaient terminé de prendre leur petit-déjeuner, montèrent sur le pont où se trouvaient déjà leurs hommes.

Quelque chose semblait les intriguer et c’est avec attention qu’ils observaient le quai plus bas.

_ Qu’est-ce que vous faites, attroupés ici ? leur demanda Heddy après avoir tapé sur l’épaule de l’un deux.

_ J’ai l’impression que ces types recherchent quelqu’un, fit l’un des soldats en désignant quelques personnes à la carrure massive et à l’air pas commode. Ça fait plusieurs paquebots qu’ils fouillent…

_ Ce sont probablement des pirates, supposa Madok en incurvant la lèvre de mépris. L’un d’eux s’est peut-être volatilisé avec un précieux butin, d’où cette traque.

_ Bon, ce n’est pas tout, mais moi je vais descendre abreuver les chevaux, annonça le sous-officier à ses camarades.

_ Tu peux rester, lui dit son chef, je vais y aller moi-même. Mon destrier était plutôt nerveux hier soir et je préfère m’en occuper personnellement.

_ Bien, c’est comme tu voudras.

Madok laissa ses hommes à leur conjecture sur la présence de ses bandits et descendit à la soute.

_ Allons du calme, c’est moi, fit-il tandis que les montures renâclaient bruyamment. Je sais, je sais, vous en avez assez d’être là, et bien moi aussi, figurez-vous. Si ça peut vous rassurer, on sera arrivé d’ici peu…

Dans le coin de l’écurie de fortune, juste sous un amas de paille, Madok aurait juré que quelque chose avait bougé. Ce fut bref et mal éclairé par la lampe à huile accrochée au mur, mais c’était bien présent. Puis il repensa aux hommes qu’il avait vu sur le quai.

Sous ce monticule se trouvait peut-être l’objet de leurs recherches ?

À en juger par la taille, l’officier se dit qu’un homme n’aurait pas pu se trouver, caché là. Un enfant

Peut-être… ou une femme…

Le sang de l’homme ne fit qu’un tour.

Il avait oublié ce petit détail, puisque dans les mers avoisinant leurs territoires ce genre de pratiques n’existait pas. Mais oui, ces bandits devaient sûrement compter la vente d’humain dans leurs sombres commerces. Et les femmes étaient le produit que ces lâches pouvaient le mieux exploiter.

Lentement, et toujours sur ses gardes, il s’avança vers l’amas qui restait autant que possible, immobile.

Et alors qu’il fut tout près, il déclara dans la langue du nord :

_ Je sais que vous vous cachez de ces pirates…

Il ne finit pas sa phrase qu’un dos apparut de dessous la paille avant de se redresser. D’un pas vif, la jeune femme voulut s’enfuir, mais Madok fut plus rapide.

_ Allons je ne vous veux pas de mal…

L’officier resta tout aussi interdit que sa prise. Il toisa cette jeune femme tout en comprenant qu’il l’intriguait tout autant…

***

Le cœur d’Anisha battait à tout rompre et son corps tout entier ne désirait qu’une chose, c’était fuir. Cependant, l’homme qui la retenait par le bras, la questionna au plus haut point et c’est malgré elle qu’elle l’examina de la tête au pied.

_ Ne fuyez pas, continua l’inconnu après une longue seconde à la contempler, vous serez en danger si vous quittez ce navire maintenant. Les hommes qui vous recherchent, fouillent toutes les embarcations, si j’étais vous, je ne leur faciliterais pas la tâche en sortant.

Anisha ne lut aucune véhémence dans le regard de l’homme, mais après tout ce qui lui était arrivé, elle ne pouvait faire confiance au premier venu.

_ Écoutez, ce que je peux faire c’est vous laisser ici et monter vous chercher des vêtements. Une fois cet accoutrement délaissé, vous pourrez m’accompagner jusqu’à ma cabine, là-bas personne ne vous cherchera.

_ Et qui me dit que vous ne me vendrez pas à ces bandits ? osa enfin dire la jeune femme sur la défensive.

Sans qu’elle ne s’y attende, l’homme la relâcha et se mit à sourire. Il était franchement beau et tout la poussait à baisser sa garde, seulement, elle avait appris à ne pas se fier aux apparences.

_ Qu’aurais-je à gagner en vous dénonçant ?

_ Qu’est-ce que j’en sais moi ? De l’or, des bijoux ?

_ Croyez-moi, je n’ai absolument pas besoin de leur or et encore moins de leurs bijoux. Pour le reste, si vous ne voulez pas me faire confiance, vous pouvez toujours aller vous cacher ailleurs. Seulement vu la ténacité avec laquelle ils harcèlent les navires, ils auront vite fait d’obtenir le droit de venir fouiller les soutes et les cales.

Anisha resta silencieuse tout un moment, avant de hocher la tête de résignation.

_ Très bien. Je… je vais vous faire confiance…

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