Quatre
C'est un filet de lumière qui me réveille de l'assoupissement dans lequel je m'étais perdue, après notre étreinte. Je mets quelques secondes pour émerger et machinalement je me retourne. Je n'ai pas le temps de me demander où peut bien se trouver Roman que j'entends les jets d'eau de la salle de bain attenante à la chambre.
Bizarrement, je ne me sens pas assez à l'aise pour rester là et minauder avec lui dans le lit. Alors je m'extirpe des draps, ramasse mes vêtements et les met rapidement sur moi. Je sors à pas de velours de cet endroit qui m'a subitement mise mal à l'aise.
Pourquoi? Pourquoi me suis-je laisser séduire par cet homme que je connais à peine? Certes, il est incroyablement beau, néanmoins sa symétrie parfaite reste vénéneuse! Il y a une chose en lui qui me dérange, mais je ne saurai mettre le doigt dessus. Mon sixième sens me faisait part d'un danger qui semble couver à rester à ses côtés, cependant je ne pouvais m'empêcher de lui céder. D'ailleurs, de ma vie je n'ai jamais vécu une expérience sensorielle aussi intense! Sa façon de me toucher, de me regarder, d'aller au-devant de mes désirs... c'était à la fois troublant et terriblement excitant.
Alors que je passe avant la bibliothèque qu'il m'a fait visiter plutôt, je suis irrésistiblement attirée à l'intérieur. J'ai envie de voir une dernière fois cette merveille architecturale qui m'a émerveillée et aussi faite basculée dans l'abandon. Je me rends sur le mur annexe que je n'ai pas pu admirer comme je le souhaitais. Les ouvrages qui s'y trouvent semblent plus récents. Je lis rapidement les titres et reconnait les ouvrages publiés par Cassandre Édition, je souris presque en me disant que peut-être Roman m'a lu sans savoir que c'était moi. D'ailleurs, je sursaute presque en voyant les trois tomes imaginés par moi mais signé par Anton Baltik. Je tire sur l'un des livres mais le repose presque instantanément en entendant la voix derrière moi.
- Bianca? Dit Roman avec étonnement. Je pensais que tu étais parti... dit-il en s'avançant vers moi, les cheveux mouillé et une serviette autour des hanches pour seul vêtement.
- Je... je regardais c'est tout.. répondis-je vaguement. Il faut que j'y ailles, j'ai assez tardé comme ça...
- Eh! Où tu vas? Tu ne veux pas rester un peu? Dit-il en me prenant dans ses bras.
- Il faut vraiment que j'avance sur mon projet et je ne veux pas te déranger plus longtemps.
- Tu ne me dérange pas. Je crois que je n'ai pas été assez explicite on dirait... j'aime bien être avec toi. Dit-il en me regardant droit dans les yeux.
Je reste silencieuse un moment, troublée par l'intensité de son regard. Il sent mon émoi et en profite pour m'embrasser passionnément, me remémorant les voluptés que nous avons partagés quelques heures auparavant.
- Reste encore un peu... souffle-t-il contre mes lèvres. Je te jure que tu ne le regretteras pas.
Je n'ai pas la force de lui refuser ce qu'il me demande et une fois encore, je me laisse convaincre. Envoutée par ses caresses et ses supplications. Avec assurance, il me prend dans ses bras et me ramène à la chambre où il me dépose sur le lit encore défait. Il s'allonge sur moi sans préambule et déchire presque les boutons de mon chemiser, qu'il lance à terre. Ses gestes sont moins doux que la première fois mais m'électrise toujours autant. Il est à la fois pressé et avide de parvenir à ses fins. La serviette autour de ses hanches à puis longtemps rejoint le reste de mes affaires et à présent, il dévore ma bouche tout en caressant mon sexe. Du bout de sa langue et fait le contour de mes lèvres avant de coller son front contre le mien.
- Retourne-toi. Dit-il d'une voix sombre.
Sans réfléchir, je fais ce qu'il me demande. Je sens ses doigts griffer doucement mon dos avant de glisser jusqu'à mes fesses, qu'il pétrit avec empressement. Il se positionne au-dessus de moi et je sens son érection contre ma peau. Je sais qu'à partir de maintenant il ne va pas se retenir, qu'il va être brutal mais c'est ce que je veux, c'est ce que j'attends et d'une façon étrange, il l'a sentie.
Sans même me prévenir, il s'enfonce en moi en un coup de rein. Je m'accroche à l'oreiller devant moi, tant la sensation me dépasse. Il est si profondément ancré en moi, que s'en ai totalement jouissif. D'abord lent et long, il trouve sa cadence et à présent il me pilonne avec furie sans jamais me donner de répit. Je gémis à chacune de ses pénétrations, bouleversée par le plaisir qu'il fait naitre en moi.
- C'est ça que tu attendais? Que je te prenne comme ça? Me chuchote-il à l'oreille. Dis-moi que c'est ce que tu veux?
- C'est ce que je veux... articulai-je avec difficulté.
- Plus fort? Souffle-t-il en connaissant déjà la réponse.
- Oui. Dis-je au bord du précipice.
Il sur-élève mes hanches, trouvant l'angle encore parfait pour me faire atteindre de nouveau les cimes du plaisir. Il attrape mes cheveux et les enroulent autour de son poignets pour accentuer ses vas et viens, je jouis instantanément. Un orgasme dévastateur s'empare de moi, telle une décharge d'adrénaline que je n'avais jamais connu avant. Mon corps tremble et j'ai du mal à retrouver le court de ma respiration, alors qu'il me pilonne encore avec impatience, prolongeant ainsi mon plaisir.
Je tends mon bras derrière moi et agrippe sa fesse pour l'encourager à se libérer à son tour, ce qu'il fait presque immédiatement dans un cri guttural. Il s'effondre sur moi et je sens son coeur battre contre mes omoplates, sa peau est mouillée de sueur et il est alanguit à cause du traitement qu'il vient de m'infliger.
- Tu es absolument splendide. Dit-il essoufflé.
- Je pourrai te dire exactement la même chose... tu n'avais vraiment pas envie que je m'en ailles on dirait.
Il se retire et s'allonge sur le matelas afin de mieux reprendre sa respiration.
- Pas tout de suite en tout cas, mais si tu veux retourner à la maison d'ami pour travailler, rien ne t'oblige à rester. Dit-il tout à coup.
Je fronce les sourcils en espérant avoir mal entendu ce qu'il vient de dire. Je me retourne et le vois alanguit, regardant le plafond.
- Tu me congédie après avoir eu ce que tu voulais, c'est ça? Dis-je contrariée.
- Bien sûr que non! J'ai une vidéo-conférence dans une demi-heure et comme je sais que tu étais pressée de retourner à ton livre...
Je me lève sans rien dire et ramasse mes vêtements par terre et les met rapidement.
- Bianca... ne le prend pas comme ça...
- La ferme! Dis-je avec virulence. Tu crois que je ne comprends pas ton petit manège? Tu ne voulais pas que je partes tout de suite parce-que ce n'était pas toi qui l'avait choisi mais moi! Tu viens de te prouver à toi même que tu pouvais m'avoir quand tu le voulais, tu es content? Les hommes comme toi je les repère de loin... Je me suis laissé aller parce-que j'en avais envie et aussi parce-que ça faisait longtemps...
Je ne poursuis pas ma phrase ne voulant pas trop en révéler sur ma vie privée, mais ne décolère pas pour autant.
- Va te faire foutre! Dis-je avec dégoût.
Je quitte la chambre et descends rapidement les escaliers. J'entends ses pas derrière moi et active la cadence. Une fois en bas, je le vois nu sur la rambarde en train de s'adresser à moi.
- Bianca! Attend! Je suis désolé... je ne voulais pas...
- Tu viens de me dire que tu avais une vidéo-conférence? Je te laisse donc en paix! Et j'attends par la même occasion, que tu fasses de même avec moi. Dis-je avant de lui faire un doigt d'honneur et de quitter ce maudit manoir!
...
Croyez-le ou non, mais cette petite partie de jambe en l'air m'a donné encore plus d'inspiration. J'ai écrit presque deux chapitres d'une traite sans même repenser à la scène pathétique d'il y a quelques heures. Non mais quel abruti! Il croyait vraiment qu'il allait pouvoir me manipuler comme-ci j'étais un oiseau tombé du nid?
Après... il avait presque réussi avec ses prouesses sexuelles de haute voltige à me détourner de mon travail, mais ayant compris la manoeuvre, cela m'a refroidie. Il était si sûr de lui ces derniers jours, sa façon de ne me pas me laisser le choix de passer du temps avec lui, sous prétexte que je suis dans la maison d'à côté... il doit certainement faire ça dès qu'une nouvelle résidente à son goût loue sur le domaine.
De toute façon, ce n'est plus mon problème! Je ne quitterai cette maison que lorsque j'aurai assez avancé dans l'écriture. Je n'ai pas le temps de réfléchir à une date départ que j'entends frapper à la porte. Il me suffit de regarder rapidement par le fenêtre pour reconnaitre la silhouette de Roman. Il m'a laissé tranquille quelques heures et le revoici à la charge, mais cette fois-ci je n'ai passe temps pour son jeu de séduction ridicule. Je décide de ne pas répondre et de faire la morte. Je me re-concentre à mon ordinateur et me mets à taper le début du chapitre trois. Le silence revient et pense qu'il a enfin compris que je n'étais plus prête à participé à ce jeu sans fin. Malheureusement, je sursaute en entendant la porte d'entrée s'ouvrir avec fracas. Je sors de mon bureau et vois Roman dans l'entrée.
- Pourquoi tu m'ignores?! Dit-il avec virulence.
- Comment es-tu entré?
- Je suis chez moi je te signale et j'ai un double des clefs.
- Alors tu loues une maison à des gens tout en y pénétrant quand tu veux? L'intimité tu connais?
- Réponds-moi! Pourquoi tu m'ignores?
- Écoute, je ne te dois rien! Et puis je n'ai pas le temps de jouer avec toi, je te l'ai déjà dit! On a coucher ensemble très bien! C'était très agréable mais ça s'arrête ici et maintenant! Tu ne m'intéresse pas Roman, en revanche mon livre lui ne s'écrira pas tout seul et je ne laissera pas ma chance passer à cause d'un type comme toi!
- D'un type comme moi? Tu t'étais fait une opinion avant que nous ne dinions ensemble la première fois.
- En effet et la façon dont tu t'es comporter aujourd'hui, m'a prouvé que j'avais raison.
- Parce-que je t'ai dit de rentrer chez toi, après que nous ayons fait l'amour? Écoute, j'ai été maladroit, tu ne peux pas m'éconduire à ma première erreur.
- On a pas fait l'amour. On a couché ensemble, ce qui est très différent. Et puis avoue-le, je te facilite la tâche, tu n'auras pas besoin de m'inventer des excuses ridicules pour m'éconduire, je me retire de mon propre chef.
- Tu racontes n'importe quoi! Dit-il en avançant vers moi.
Il essaye de me prendre par le bras mais je recule ne voulant aucun contact avec lui, reconnaissant une certaine faiblesse face à son touché.
- Ne fais pas ça Bianca... qu'est-ce-qu'il faut que je fasse pour que tu ai une autre opinion de moi? Je te jure que je si tu me laissais une chance, tu verrais que je ne suis pas celui que tu crois.
- Je viens de te le dire Roman... laisse-moi tranquille. Je veux juste la paix. Si tu sais que tu ne pourras faire autrement que de débarquer ici pour m'importuner, alors je m'en irai. Je rentrerai chez moi, est-ce-que c'est clair?!
Il me regarde décontenancé, visiblement agacé par la tournure des événement, il ne s'est certainement jamais vu éconduire de cette façon. Je joue le tout pour le tout car je ne veux plus qu'il tourne autour de moi. J'en ai la certitude maintenant, cet homme est dangereux et je ne peux pas le laisser entrer dans ma vie comme il le fait depuis quelques jours.
- Bien... si c'est ce que tu veux... je ne reviendrai plus t'importuner Bianca. Dit-il d'une voix brisée.
Il dépose son jeu de clef sur la petite table de l'entrée et marche vers la sortie. Devant l'encadrement de la porte, il s'immobilise un instant puis se retourne doucement.
- Je ne veux pas que tu partes à cause de moi, alors sachant que je ne pourrai pas me tenir à distance, surtout si tu es aussi près, c'est moi qui m'en vais. Dit-il avant de quitter le perron.
Lorsqu'il disparait, je souffle de soulagement, ayant le sentiment d'avoir gagner une bataille mais pas la guerre. Malgré tout, mon instinct me dit que le prochain départ de mon hôte est peut-être une occasion inespéré pour être sûr à son sujet.
Si il quitte le manoir, il va falloir que je trouve le moyen d'y pénétrer afin de poursuivre l'investigation à laquelle je m'étais prêter plus tôt dans la bibliothèque, mais qui a été interrompue par mon désir et le sien. Car plus le temps passe, plus je me dis que ce n'est pas un hasard s'il possède mes ouvrages dans sa collection.
Avant de définitivement faire une croix sur cette histoire, j'aimerais savoir si Roman Eden cache quelque chose.