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Chapitre 3

Chenoa

Je soulève un enfant au vol et le coince sur ma hanche. Barnabé gigote comme un diablotin pour m'échapper,

mais il se bidonne tellement qu'il finit par s'avachir sur mon épaule, épuisé.

- Tata, pas l'eau, me chuchote-t-il avec son air de chenapan irrésistible.

- Désolé, mon grand, mais ce soir, c'est l'anniversaire d'Ébony. Tout le monde doit se faire beau !

- Non ! Moi, je veux zouer !

chaloula Parc a 1o. e de toue a, en et metu gate de me ensuite ancel ne dan sont ou a re

au baquet installé dans la cour.

L'orphelinat jouit d'une grande salle d'eau, mais Ébony a souhaité inviter certains camarades de classe à son anniversaire. Pour la féliciter de ses progrès à l'école, Jon et Harley accueillent donc, pour la journée, une dizaine d'enfants en plus de ceux qui logent au sein de l'institution.

Notre mission du jour : les préparer pour la fête, qui aura lieu dans l'immense pièce commune servant de

réfectoire et d'espace de jeux, en plus de décorer les tables.

Barnabé était le dernier chenapan en vadrouille dans le jardin du centre. Ses camarades sont réunis sous l'auvent, surveillés par une nounou qui leur fait répéter leur alphabet pour les occuper. Je ne suis pas certaine que ça les retienne indéfiniment, mais l'heure des réjouissances approche, ce qui nous laisse un espoir d'atteindre cet objectif.

- Tu as l'air désœuvrée, me lance Harley en surgissant comme une tornade dans mon dos.

- J'étais en train de me demander si Kpedetin verrait un inconvénient à ce que je me jette dans sa baignoire...

J'ai attrapé une suée à courir après Barnabé !

Le sourire d'Harley enlumine son regard. Le petit ne fait pas partie de ses pensionnaires, mais elle l'a recueilli et soigné il y a trois ans, quand il a perdu une main dans un accident de zems?. Depuis, il est rentré chez ses parents et bénéficie du soutien de l'association pour sa scolarité.

- Tu peux utiliser la salle d'eau, tu le sais, me réprimande-t-elle gentiment.

- Je suis à dix minutes à pied de mon appartement, je vais aller me changer.

- Emmène ton homme, me lance Bérénice, le bras droit d'Harley. Les gars l'ont entraîné dans une partie de

foot et il est couvert de poussière !

- Ce n'est pas mon homme ! m'insurgé-je en maudissant l'air réjoui, voire extatique, de mes deux

interlocutrices.

- Te vexe pas, rajoute Bérénice. Il est aussi beau que Dieu l'a fait et réchauffera ton lit pour de longues nuits

encore.

Son sourire large comme le monde m'oblige à ronchonner dans mon coin. Depuis que je suis arrivée accompagnée, j'écope de remarques toutes plus dégoulinantes de gentillesse les unes que les autres, si ce n'est que personne n'intègre que Ciaran n'est pas mon mec.

- Et il était temps qu'il vienne pour prendre soin de toi ! conclut l'adorable mégère, que j'étranglerais bien si je

ne m'exposais pas à de la prison ferme.

- Ciaran est un ami, insisté-je néanmoins.

- Mais il est beau ! me contre Bérénice. Et prévenant. Alors, le laisse pas filer !

Je grommelle entre mes dents. Cela dit, je ne peux pas contester cette version des faits. Ciaran s'est coulé dans le moule dès son arrivée, proposant son aide d'emblée et acceptant de jouer avec les enfants quand ils ont voulu commencer une partie de foot. Son enthousiasme et sa bonne humeur ont réussi à les conquérir en quelques minutes, là où il m'a fallu des semaines.

Au fond, ce qui me perturbe vraiment, c'est que cela fait longtemps que je n'ai pas vu Ciaran aussi à l'aise et

épanoui.

J'ai toujours apprécié son côté sauvage, même quand il paraissait taciturne. Et je réalise que, d'une certaine façon, j'aimais qu'il ne soit pas accessible au premier abord. Quand nous étions en tournée, alors que Connell enchaînait les fêtes, souvent accompagné de Pharell, je restais avec Ciaran pour des soirées qui, au lieu d'être plan-plan, se révélaient source de paix et de réconfort. Nous ne discutions pas forcément de choses importantes, mais sa présence me tranquillisait. Et c'est au cours de ces intermèdes à deux que nous avons composé nos meilleurs morceaux.

Un vent de nostalgie malvenue me cueille sans que je m'y sois préparée. Je n'ai pas renoncé à la musique c'est impossible, puisque cet univers fait partie de moi -, mais je n'ai jamais regretté d'avoir abandonné The Keels.

Peut-être parce que j'ai le sentiment profond qu'à un moment, nous nous sommes perdus.

Trop de compromis... La pression des chiffres... Des plannings toujours plus contraints... Les projets de plus

en plus démentiels de Connell...

Moi, je rêvais d'une pause, et ma grossesse a symbolisé ce souffle dont j'avais besoin à l'époque. L'espoir que

ma vie ne se résumait pas à la scène et à ces projecteurs qui me filaient des migraines.

- Empruntez le 4x4, suggère Harley. Au passage, tu pourras t'arrêter au carrefour et racheter quelques

bouteilles de soda ? Jon pensait qu'on avait du stock quand on a fait les courses, et on risque d'en manquer.

- Pas de soucis. C'est tout ce qu'il te faut ?

- Oui, on refera un plein après-demain quand on descendra à Porto Novo, avant le début du culte Oro.

- Le culte Oro ? s'invite Ciaran en nous rejoignant avec Jon.

- Il s'agit d'un événement lié à la religion endogène, répond Jon. Les femmes sont censées ne pas regarder cette divinité et doivent donc rester cloîtrées durant les cérémonies. Avant de bâtir nos murs d'enceinte, on a créé des couloirs derrière les dortoirs des filles pour leur permettre de voir le jour pendant cette période.

- Et ça dure longtemps ? questionne Ciaran, les yeux arrondis de stupeur.

Je ne peux me retenir de rire devant son air estomaqué. Avec ses cheveux en bataille et la poussière qui macule son visage, il devrait paraître sale et négligé, mais c'est tout le contraire. Il rayonne littéralement, comme s'il s'était libéré d'un poids.

Peut-être est-ce le cas, songé-je après une courte réflexion. Le tandem Connell/Ciaran a toujours fonctionné autour d'un point de gravité unique. Dévorant, si je dois me fier à la personnalité de mon ex-mari. Non pas que Ciarar lui ait été soumis, mais la lumière s'est naturellement concentrée sur Connell.

- Une semaine, répond Harley, et ça débute dans trois jours. Nous respectons évidemment cette coutume, c'était nécessaire pour que nous nous intégrions, et certains hommes n'hésitent pas à se montrer agressifs envers les femmes qui s'en affranchissent. J'ai d'ailleurs proposé à Chenoa de venir s'installer ici pendant le culte, mais maintenant que tu es la...

- Je veillerai sur elle, assène Ciaran en ignorant mon regard assassin.

- Parfait ! note Jon sans cacher son soulagement.

- Nous allons vous prêter la voiture pour que vous alliez vous changer avant la fête, rajoute Harley.

- Ouais, j'ai bien besoin d'une douche, reconnaît Ciaran en soulevant son tee-shirt trempé.

- Eh bien, allons-y ! dis-je d'un ton pincé en saisissant les clés tendues par Jon. Le mâle protecteur veut peut-

être conduire ?

Jon et Harley s'eloignent en s'esclaffant.

J'écope, de la part de Ciaran, d'un sourire éblouissant, entre séduction et amusement. Un sourire qui me rappelle l'adolescent dégingandé et trop mince qui, autrefois, me poursuivait en riant dans la lande. L'un comme l'autre, nous aimions nous promener dans la nature et nous étendre dans l'herbe fraîche pour contempler les nuages.

J'ai découvert, bien plus tard, que Ciaran fuyait un enfer qui ne s'est achevé qu'à sa majorité.

- Vu la conduite dans le coin, je vais laisser l'expérience parler, me taquine-t-il en montant côté passager.

Je grimpe derrière le volant en levant les yeux au ciel. Il m'a fallu des mois pour oser me lancer. Les routes béninoises ne sont pas de très bonne qualité, en dehors de celles de Cotonou et de Porto Novo, mais la circulation... c'est un cauchemar indescriptible.

S'il y a moins de voitures que de motos et de Mobylettes, ces dernières se faufilent dans tous les sens, sans respecter le moindre Code de la route. Une seule règle s'impose vraiment : la grosseur du véhicule. À ce jeu, le 4x4 de Jon est un moyen efficace de tracer son chemin. Ce qui n'exclut pas d'être vigilant, car les ornières sont, par ici, nombreuses et dangereuses - la faute aux pluies qui ruissellent à certaines périodes de l'année et abîment les sols.

- J'aime beaucoup cet endroit, me lance Ciaran une fois que je me suis élancée sur la voie principale. Jon et

Harley font vraiment un chouette boulot.

- Ce sont des passionnés avec un cœur gros comme le monde, validé-je. Ils ne se contentent pas d'aider des enfants, ils essaient de leur apprendre à se débrouiller par tous les moyens possibles. Tu as vu le jardin et le bassin derrière la maison ? Ils leur enseignent des rudiments de culture et de pisciculture.

- Ouais, Jon m'a montré. Il m'a expliqué que son but était de les rendre autonomes et de leur mettre entre les

mains le plus d'outils nécessaires.

- Ces enfants n'ont pas de famille. Sans ce soutien, ils erreraient dans les rues.

- Je suis heureux que tu puisses, toi aussi, compter sur eux, conclut-il lorsque je me gare devant mon

immeuble.

Je sors de la voiture sans un mot. La vérité, c'est que le Bénin et l'association de Jon et Harley m'ont sauvé la vie. Je ne suis pas certaine que j'aurais tenu ma promesse sans cet investissement qui exclut que je m'apitoie sur mon sort. Ici, la pauvreté et la mort ne sont pas des vues de l'esprit. C'est une partie du quotidien de tous ceux qui vaquent à la recherche d'un lendemain meilleur.

Pas de misérabilisme ou d'appel à la commisération. Chacun œuvre pour avancer, avec ce qui lui est alloué.

Et la réalité n'est pas forcément une alliée. Se soigner, par exemple, est une gageure, un défi insurmontable même pour beaucoup. Des enfants meurent de déshydratation et les femmes enceintes ont un pied dans la tombe à chaque fois qu'elle porte la vie.

Je pénètre dans mon appartement avec une boule dans la gorge. Mais, étrangement, je ne me sens pas

lestée comme c'est parfois le cas.

- Passe le premier, proposé-je à Ciaran, pressée de m'enfermer dans ma chambre.

J'ai besoin d'une minute pour souffler. Je m'allonge sur mon lit, pas bien certaine d'apprécier les émois que cette journée près de Ciaran a réactivés en moi. Contrairement à hier, je n'ai pas ressenti de colère ni d'amertume, juste le plaisir de retrouver un ami perdu depuis longtemps - et, curieusement, ça m'effraie. Salement.

Parce que, si je sonde mes convictions profondes, je n'ai pas le droit d'éprouver des émotions positives ? Tant

que ça touche les autres, c'est acceptable, mais que je sourie de nouveau comme si de rien n'était...

Non ! Ma pénitence est peut-être excessive ou incompréhensible, mais elle me tient chaud, comme si, en me collant à la peau, elle conférait du sens au drame qui m'a ébranlée. Au fond, en perdant ma fille, j'ai perdu mon droit au bonheur.

Une équation simple qui ne résout pas mon dilemme. Je me tourne sur le côté et contemple le mur blanc. Je dois tellement à Pharell que mon impuissance à l'aider me lamine. The Keels ne peut renaître de ses cendres, à moins que...

L'idée surgit, si élémentaire que je me giflerais de ne pas y avoir songé plus tôt.

Je bondis de mon lit et émerge de ma chambre, le cœur battant d'excitation. Celle de Ciaran est vide, et je file vers la cuisine pour l'attendre à la sortie de la douche. Je ne sais pas pourquoi je n'y réfléchis pas à deux fois avant de m'y précipiter. La salle d'eau est située dans un renfoncement sombre, et le cagibi est dépourvu de lumière, sauf si l'on souhaite s'électrocuter.

Ciaran est bien occupé à se laver et n'a logiquement pas fermé la porte. Le visage renversé sous le pommeau qui déverse sur lui un filet plus qu'un jet énergique, il s'abandonne à la caresse de l'eau. Ses cheveux mouillés ne suffisent pas à dissimuler la courbure musclée de ses épaules et le fantastique tatouage qui habille son dos. Deux chevaux, crinières au vent, jaillissent d'un cercle de feu encré sur son omoplate gauche.

J'ai déjà admiré ce magnifique tableau et suis surprise de découvrir le minuscule ange qui a été positionné sur

le flanc opposé. Une larme solitaire perle des cils de l'enfant, comme la preuve d'une tristesse infinie.

Je reste en apnée, alpaguée par un sentiment étrange de reconnaissance. Ce tatouage mime si parfaitement ma perte que je me mets à trembler. Puis c'est une autre vérité qui s'impose et m'envoie une gifle aussi magistrale.

Mon corps réagit. Explicitement. De cette partie de mon intimité qui est demeurée si longtemps en hibernation qu'il me faut quelques secondes pour analyser et saisir la raison des frémissements au creux de mon ventre.

Non!

Pas maintenant!

Pas avec... Ciaran!

Jamais...

Je recule d'un pas, un poing bloquant le cri indigné qui sourd de mes lèvres.

Du désir... Je suis dévorée de désir... Brûlante du besoin de toucher cette peau humide qui me fait miroiter un

océan de délices.

Devant ce corps d'homme qui s'expose dans le plus simple appareil et la puissance brute d'émotions que je ne comprends pas, je me liquéfie. Viscéralement.

Je cligne des yeux, atterrée.

Blessée.

Dévastée.

Que mes désirs se soient comme endormis, c'était juste, comme une punition à la hauteur du décès de ma fille. Je ne peux pas renaitre à la vie. Je ne veux pas que mon corps se réveille sous ces fourmillements qui prônent le plaisir.

Je trébuche maladroitement et me rétablis en m'appuyant contre l'évier, un mouvement qui attire l'attention de

Ciaran. Il pivote simplement la tête, mais nos regards se croisent, se télescopent, s'accrochent, s'esquivent...

Haletante, je me réfugie dans le salon, une main plaquée sur la poitrine. Mon cœur s'emballe, bien trop vite, bien trop fort, mais c'est la tempête d'émotions qui me met à terre. Répand dans ma bouche un goût amer, pétri d'une culpabilité abjecte.

- Chenoa? Ça va?

J'inspire lentement, essaie de recouvrer l'emprise sur mes sens et essuie mes paumes moites sur le devant de mon jean avant de pivoter vers Ciaran. Les hanches ceintes d'une serviette, il sèche ses longues mèches en les frottant et me considère avec un air si interrogateur que mon pouls cesse de battre.

Merde ! Depuis quand il est aussi sublime ? Aussi torride ? Aussi mâle ?

- Désolé pour la douche, continue-t-il comme s'il n'était absolument pas perturbé que je l'aie vu nu.

Ce qui est peut-être le cas. Ciaran me scrute droit dans les yeux, sans une once de gêne ou de quoi que ce

soit de trouble dans le regard. Je me sens bête, le corps bouillonnant d'un feu absurde.

La honte fait baisser ma température, sans toutefois effacer complètement l'empreinte de mon désir. C'est impossible, alors que Ciaran se balade à demi nu devant moi.

- Tu ne veux pas aller t'habiller ? suggéré-je. Je... j'ai une idée pour Pharell.

- Quoi ? Tu n'es pas gênée, quand même ? Tu m'as déjà vu moins vêtu que ça... me renvoie-t-il d'un ton si

innocent que je fronce les sourcils, perplexe.

Pas dans ces circonstances... Pas avec ce désir ridicule qui incendie mes veines...

Ciaran se met à rire et, à mon grand désarroi, comble la distance qui nous sépare. Sa paume se pose sur ma joue en une caresse chaude et réconfortante. Je suis à deux doigts de céder à une impulsion stupide et de me lover contre lui pour satisfaire un besoin dévorant et brutal de contact. Comme si, à cette seconde, l'isolement que je me suis imposé ces derniers mois se fissurait pour révéler un abysse qui me prouve que je suis affamée.

Un peu plus désespérée, surtout.

Je m'écarte de Ciaran sans réussir à retenir un mouvement d'humeur. Sans lui, j'en serais encore à vaquer à mes occupations, avec pour seul objectif de tenir un jour de plus. Je veux retrouver cet état béni qui, pour autant qu'il soit d'une saveur insipide, exclut ce bourdonnement déchaîné dans mes veines.

- Il faut que vous me remplaciez, annoncé-je avec brusquerie. The Keels peuvent remonter sur scène avec

une autre chanteuse.

Ciaran croise les bras sur son torse, une réaction qui me fournit une réponse indigeste.

- Vous y avez déjà songé, bafouillé-je avec un sentiment étrange de trahison.

- Barney était persuadé que tu allais revenir et il a proposé cette solution le temps que tu te rétablisses.

- Et ?

- Nous avons refusé.

Le ton manque de fermeté. Distille un doute encore plus désagréable dans mon esprit.

- Nous ?

- - pes pue e soutal dot continue quo quilarve aenovele a sa place.

Après la mort de Bella, Connell ne m'a pas simplement harcelée pour que nous discutions de notre couple et de notre avenir. Il était obsédé par l'idée de planifier notre prochaine tournée, comme si c'était à l'ordre du jour. Cet enfoiré m'a même envoyé un avocat avec la liste des actions qu'il intenterait à mon encontre si je ne terminais pas l'album en cours d'enregistrement.

- The Keels, c'est ta voix, Chenoa, précise Ciaran d'un ton sec. Ta voix, et pas une autre ! Personne ne peut te remplacer, et ça n'arrivera jamais. (Il soupire longuement, puis finit par esquisser un demi-sourire en coin.) Écoute, je sais qu'on doit discuter de ça, mais... ce soir, c'est l'anniversaire d'Ébony. Je ne connais pas beaucoup cette petite, mais ce n'est pas ton cas et je ne pense pas que tu aies envie de la décevoir en ratant la fête.

Ciaran se penche vers moi et m'embrasse sur la joue. Un geste qu'il a accompli des milliers de fois sans que

ça déclenche jamais chez moi une série de frissons.

Heureusement pour moi, il s'éloigne avant de remarquer ma réaction totalement inappropriée. Mes pommettes me brûlent de honte, mais aussi de quelque chose de bien plus intense. Ciaran est mon ex-beau-frère, un ami d'enfance, surtout. Il a été mon confident lorsque j'étais adolescente, puis mon partenaire de création au sein de notre groupe. Je ne peux pas le désirer !

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