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Chapitre 3

En apercevant sa mère, Leo lâcha la main de Siv et courut vers elle.

_ Lucia !

La jeune femme se baissa à sa hauteur pour l’embrasser.

_ Combien de fois vais-je te demander de m’appeler maman ?

_ Non, je veux pas, répliqua l’enfant en croisant ses bras de mécontentement. Je veux faire comme Siv et t'appeler Lucia.

Sa mère soupira devant l’opposition permanente de Leo. Apparemment c’était une phase normale à cet âge mais ça devenait fatiguant à force. 

N’ayant aucune envie de se fâcher avec lui ce jour-là, elle se contenta d’ébouriffer ses cheveux sombres.

_ Salut, lui dit l’homme après les avoir rejoints, tu n’as pas eu mon message ?

Lucia secoua la tête et pris son téléphone pour vérifier.

Puis après une moue contrariée :

_ Mince j’ai oublié d'éteindre le mode " ne pas déranger ".

_ J’ai quitté le bureau plus tôt et je me suis dit que ça ferai plaisir à Leo si je venais le chercher.

_ C’est gentil pour lui. De plus je ne suis pas en avance, je suis passé faire des courses avec Maurine. En parlant de cela, je lui ai proposé de manger avec nous. Ça ne t’embête pas ?

_ Pas le moins du monde, lui sourit l’homme. Je vais enfin faire la connaissance de la chouette copine de ma voisine.

Lucia sourit devant l'entrain qu'il feignait. Il aurait sûrement préféré diner seul avec elle, mais il était le genre de gars conciliant en toute occasion.

_ Siv, il a dit qu’il veut bien qu’on aille voir les bateaux, l’interpella Leo en tirant sur sa manche.

_ Leo, le reprit sa mère. Siv à du travail, et je t’ai déjà expliqué qu’il ne fallait pas quémander des choses à tout va.

En voyant l’enfant bouder, l’homme tenta d’intervenir.

_ C’est ma faute. Il m’en avait parlé il y a un moment, et comme ce week-end je me rendait au bord de la mer, je me suis dit que vous pourriez m’accompagner.

Lucia n’avait pas envie de quitter le bourg.

Et encore moins de se balader dans des lieux aussi fréquentés que la côte.

En tant que fugitive, elle devait rester terrée dans son village et tout faire pour ne pas attirer l’attention.

Elle avait réussi à échapper aux recherches de son mari depuis plus de trois ans, elle n’allait pas tout compromettre aujourd’hui.

_ Je te remercie, mais ça ne va pas être possible, déclina-t-elle en baissant la tête. Puis à l’attention de son fils, écoute, si tu veux à la place, je peux t’emmener au manège et on mangera une glace.

_ Non, je veux pas ! S’écria-t-il en partant en courant.

_ Leo reviens tout de suite, lança Lucia qui n’aimait pas cette nouvelle manière d’exprimer son mécontentement.

Siv lui emboîta le pas et le rattrapa aussitôt.

La jeune femme comprenait que son fils grandissait, et qu’il avait besoin de faire des choses autres, que d’aller à l’école et revenir à la maison.

Mais, elle ne pouvait prendre le risque de les exposer, les conséquences seraient trop grandes.

Le dîner fût rapidement terminé, l’aide de Maurine y était pour beaucoup. Elle avait souvent fait des saisons en tant que commis de cuisine, ce qui expliquait sa vitesse dans le découpage de légumes.

Siv lui avait eu la gentillesse d’occuper de Leo, en jouant avec lui.

C’était une chose qu’il faisait régulièrement mais ce soir-là, grâce à Maurine qui le lui fit remarquer discrètement, elle prit conscience de son investissement auprès d’eux.

C'était vraiment quelqu'un de bien, songea Lucia. Qui aurait aimé l'avoir rencontré bien avant.

La faute à la fatigue ou plutôt par souci de laisser Lucia et Siv en tête-à-tête, Maurine n’attendit pas le dessert. Elle s’excusa auprès de son hôte et après quelques signes pas discrets, l’exhortant à passer aux choses sérieuses, elle s’en alla.

Siv fut amusé par la situation, et quelque part il ne regrettait pas la venue de Maurine. En tant qu’amie, elle avait surement poussé Lucia à se rapprocher de lui, ce qui n’était pas sans lui déplaire.

Quand il finit de ranger la vaisselle, il vint la rejoindre sur le sofa.

Tout en tapotant en rythme sur l’épaule de son fils endormie sur ses genoux, elle lui dit à voix basse :

_ Merci pour ton aide.

_ Ce n’est pas grand-chose, voyons. Puis après avoir couvé l’enfant du regard, Je vais le mettre dans son lit. Il sera mieux pour dormir.

_ Ne t’embête pas, je vais le…

Sans écouter ses protestation, il prit avec précaution l’enfant dans ses bras et l’emmena dans l’espace nuit qui était séparé d’une demi-cloison. Il déposa Leo dans son petit lit, et après avoir passé une main sur ses cheveux, il le couvrit.

_ T’inquiète pas bonhomme, je vais tout faire pour que tu puisses aller voir les bateaux, lui promit-il à voix basse…

 

Dans l’un des salons privés du palace, Vincenzo qui avait fini son dîner d’affaire se leva de table en même temps que les directeurs de ses sociétés d’import-export.

La Présidente de Navi-Tech ainsi que ses collaborateurs restaient assis, encore sonnés par la décision de l’homme.

Dans un sursaut, Selena Lafond se dit qu’elle e devait faire quelque chose. 

Elle se leva à son tour et interpella le jeune P.D.G.

_ Monsieur Caruso. Puis-je m’entretenir avec vous un instant ? S’il vous plaît.

La sentant acculée, Vincenzo comprit qu’elle était arrivée à point, et qu’elle allait commencer à discuter sérieusement.

Toutes les personnes présentes quittèrent la pièce pour leur laisser le terrain libre.

_ Mademoiselle Lafond, commença-t-il par dire sur un ton concluant et empli de suffisance, sachez que j’ai accepté de m’occuper de ce dossier alors que mon temps est précieux, et que n’importe lequel de mes collaborateur aurait pu clore. A la demande insistante de votre père, je suis venu écouter ce que vous aviez à proposer. Seulement, Vous vous êtes présentés ici sans aucun plan de compensation réaliste, ou alternative satisfaisante à me proposer.

Selena se retrouvait dans l’exacte situation qu’elle redoutait.

Cet homme était un requin et son père avait vraiment eu tord de penser qu’il se montrerait magnanime devant une femme.

Si elle ne faisait rien l’entreprise de sa famille allait finir en liquidation et pire encore, une bonne partie de ses employés allait se retrouver sans rien…

Vincenzo l’observait tandis qu’elle se débattait avec ses idées. Son air renfrogné et pensif montrait qu’elle tenait à cette société, et qu’elle chercherait à limiter la casse par tous les moyens.

_ Monsieur Caruso, lui dit Selena avec inquiétude. Vous savez qu’en nous retirant vos contrats et votre appui, vous condamnerez Navy-Tech ? Elle soupira devant l’air faussement ennuyé de l’homme puis sur un ton plus combatif, je peux vous assurer que si vous nous donnez une chance, nous saurons la mettre à profit.

_ Vous avez de graves problèmes de trésorerie et vous n’arrivez pas à terminer des navires que nos armateurs attendent depuis plus d’un an.

_ Vous avez raison, et c’est précisément pour cela, que je ne m’opposerais pas à ce que Navy-Tech intègre le groupe Sar-Corp. Enfin si cela vous intéresse...

Un sourire satisfait se peignit sur les lèvres harmonieuses de Vincenzo, un sourire qui fit frémir Selena.

C’était donc ce qu’il attendait. Il reconnaissait le potentielle de sa société, et l’obtenir était son but depuis le départ…

_ Et bien, il vous en aura fallut du temps avant d’en venir au concret.

_ Vous vous doutiez que j’allais vous proposer le rachat ?

_ Je savais surtout que vous n’aviez pas d’autres alternatives… Et après être venue me rencontrer pour tâter le terrain, vous avez compris que je n’étais pas du genre à me laisser amadouer par de simples promesses.

Au premier coup d’œil, elle avait vu qu’il était différent de ses autres clients.

Le charisme qui se dégageait de lui, n’était pas feint.

Il en imposait vraiment, que ce soit par son génie ou même son caractère.

Elle venait de perdre un bien précieux mais au lieu de se morfondre, elle n’eut qu’une envie, c’était commencer à travailler sous les ordres de ce personnage au flegme implacable et au magnétisme puissant.

_ Vous m’avez percé à jour, sourit-elle d’un air séducteur. Et si je comprends bien, mon offre vous intéresse ?

_ J’ai déjà demandé que le nécessaire soit fait, vous aurez très vite de nos nouvelles.

Sur ses mots, Vincenzo allait s’en aller quand Selena le retint.

Il scruta la main qu'elle venait de poser sur son bras avant de la questionner de son profond regard bleu.

_ On pourrait aller boire un verre ailleurs et fêter cette nouvelle transaction, lui proposa-t-elle avec l’espoir de rallonger leur entrevue et pouvoir profiter encore un peu de sa présence.

_ Vous n’êtes pas sensée vous réjouir d’avoir perdu votre société, feignit-il de lui reprocher.

_ Disons que je vous y accompagne pour noyer mon chagrin… et puis vous savez, ce qui compte pour moi, c’est que les hommes et les femmes qui travaillent pour nous depuis des années, ne se retrouvent pas sans rien. Le reste n’est qu’aléa du business.

Il lui avait suffit d’une phrase pour que Vincenzo la reconsidère.

Il avait toujours apprécié les personnes portant des valeurs. Et alors qu’il s’était mis en tête de virer tous les dirigeants de cette société nouvellement acquise, il se dit qu’il ferait peut-être exception avec elle.

_ Bien, va pour le verre dans ce cas.

_ Je vous invite, tant que je peux encore le faire, plaisanta-t-elle en ne lâchant pas son bras et en s’y accrochant comme s’ils étaient des connaissances de longue date…

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