Chapitre 2
Vincenzo avait passé une journée éreintante, le spa de l’hôtel était ce qu’il lui fallait pour se détendre un peu avant le dîner.
Il proposa à Natale de l'accompagner, mais l’assistant avait encore beaucoup à faire.
Sans quitter son écran des yeux ce dernier lui dit :
_ Allez-y et profitez pour deux. Les massages sont exceptionnels d’après les notations clients.
_ Je ne vais pas me faire masser, je vais juste transpirer un peu au sauna, précisa l’homme.
_ Ah oui ? Eh bien, je ne rate rien dans ce cas. Je n’ai jamais réussi à tenir plus de cinq minutes dans ces pièces infernales. Sans compter que je me choppe un coup de chaleur à chaque fois.
_ Tu es vraiment une petite nature, le taquina Vincenzo avant de sortir de la suite.
A cette heure, les gens commençaient à affluer dans le hall, entre les nouveaux arrivants et ceux qui allaient faire un tour dans les boutiques de l’hôtel.
Alors qu’il venait de quitter les ascenseurs et qu’il se dirigeait vers le couloir qui menait au spa, une voix féminine l’interpella.
_ Monsieur Caruso ?
Vincenzo se retourna vers la jolie jeune femme qui lui faisait signe de la main.
Elle n’avait pas l’air d’une de ses groupies fortunées qui le collaient à chaque fois qu’elles le croisaient.
L’élégance sobre et l’attention mesurée qu’elle avait porté à son maquillage et sa coiffure, laissait deviner qu’elle était là pour des raisons professionnelles.
_ Lui-même, répondit-il alors qu’elle l’avait rejoint d’un pas pressé.
_ Vous ne me connaissez sûrement pas, fit-elle un peu hésitante, mais nous devons dîner ensemble ce soir. Je suis la nouvelle Présidente de Navy-Tech, Selena Lafond.
_ La nouvelle Présidente ? S’étonna Vincenzo qui n’avait pas l’habitude de voir des personnes de sa tranche d’âge à la tête d’une société aussi spécifique que Navy-Tech.
_ Oui, mon père a jugé bon de me laisser reprendre les rênes, expliqua-t-elle en esquissant un sourire aimable.
Vincenzo l’écoutait sans trop bien comprendre la décision qui avait été prise par leur conseil.
Pourquoi changer pour un dirigeant moins expérimenté, et dans un moment où l’entreprise était aussi instable ?
_ Je vois et bien félicitation pour cette promotion, lui dit-il sans conviction aucune. On se voit au dîner de ce soir dans ce cas ?
_ Attendez… vous êtes pressé ? Bredouilla la femme qui n’était visiblement pas insensible au charme naturel de l’homme. En réalité, je suis là pour vous rencontrer. Puis-je vous offrir un verre ? J’aimerais vous parler un peu seule, et avant nos discussions officielles…
Vincenzo qui n’avait aucune envie de perdre plus de temps à tergiverser avec la représentante d’une entreprise en faillite, enfonça ses mains dans ses poches, plongea son regard dans le sien et dit sur un ton coupant :
_ Désolé mais j’ai d'autres engagements, alors si vous voulez aborder un point en particulier, je vous suggère de le faire tout à l’heure…
Selena Lafond replaça une mèches de ses longs cheveux cuivré derrière l’oreille tout en regardant l’homme s’éloigner.
Son regard froid et son attitude distante et assurée l’avait totalement déstabilisé.
Elle qui était du genre rentre dedans et insistante pour obtenir ce qu’elle voulait, se retrouvait contrite.
Se mordant la lèvre inférieure de déception, elle comprit que les négociations n’allaient pas être simples avec lui.
Elle devait informer son père, l'obtention du délai qu'ils espéraient, était couru d'avance...
Il était seize heures quand Lucia et sont amie terminèrent leur journée de travail.
En sortant de l’exploitation agricole où elles étaient employées, elles passèrent au supermarché pour faire quelques courses.
_ Ça te dirait de manger avec nous ce soir ? Proposa Lucia à Maurine. Tu pourras faire la connaissance de Siv comme ça.
La jeune femme se tourna vers elle avec des yeux ronds et dit :
_ Quoi ? Tu veux que ce gars me maudisse pour avoir accepté de venir tenir la chandelle ?
_ De quelle chandelle tu parles ? C’est juste un repas comme on en a déjà fait à plusieurs reprise.
_ A d’autres tu veux…
Au fond d’elle-même Lucia savait que son amie avait raison, mais il lui était plus facile de nier l’évidence, et de penser que c’était la gentillesse et l’altruisme de Siv qui motivait son attitude envers elle.
_ Tu divagues complètement, c'est juste un ami rien de plus.
_ Très bien va pour le dîner, répliqua Maurine sur un ton de défiance. Et on verra bien s’il m’accorde autant d’attention qu’à toi.
_ Maurine…
_ Si j’ai raison, je veux que tu fasses un effort et que tu lui laisses une chance.
_ Mais enfin…
_ Il n’y a pas de mais qui tienne. Je ne comprends pas pourquoi tu fuis les gens à ce point mais ce type mérite un peu plus de considération de ta part. Premièrement, il est mignon, ensuite, il est prévenant, mais surtout, il est mignon…
Lucia se mit à rire devant les arguments avancés par sa copine.
D’une certaine manière, elle lui rappelait Josie et son tempérament excentrique.
Les courses rapidement faites, les deux jeunes femmes rentrèrent.
Lucia preta des vêtements secs à sa collègue afin qu’elle se sente plus à l’aise et passa, elle aussi, une tenue confortable.
_ Maurine, lui dit-elle en jetant un bref œil à sa montre. Je peux te laisser finir de ranger les courses, je ne suis pas en avance.
_ Tu veux que je te dépose en voiture ?
Lucia secoua la tête et d’un sourire reconnaissant, elle déclina :
_ L’école est à peine à deux minutes, et puis, ils font toujours sortir les enfants avec un peu de retard.
_ Comme tu veux. Je vais préparer le goûter de mon petit amour dans ce cas…
_ Il va sauter de joie en voyant toutes les bêtises que tu lui as acheté, lui dit Lucia en secouant la tête de dépit. Et moi je vais encore passer pour la méchante mégère qui va s’interposer entre lui et toutes ces sucreries.
_ Oui et bien chacun son rôle. Moi je suis la tata gaga et toi sa Rabat-joie de mère. Aller vas t'en, tu vas être en retard…
Lucia se laissa mettre à la porte, et une fois dehors, elle lui lança :
_ J’ai hâte que tu ais un petit bout toi aussi. Tu me verras arriver tous les quatre matins avec une réserve de bonbons et de gâteaux.
_ Si ton voisin n’est pas accro à toi comme tu le prétends, ton vœux se réalisera peut-être plus vite que tu ne le crois.
Sous le regard entendu de Maurine, la jeune femme se décida à partir.
En arrivant devant la grille de la petite école communale où son fils était scolarisé depuis peu, Lucia s’arrêta.
Avec un grand sourire attendrit, elle fit signe à Leo qui arrivait en compagnie de Siv.
En la voyant, l’enfant lâcha la main de l’homme et vint vers elle en courant.
_ Lucia !