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6 - Les apparences sont trompeuses

Sémaphora :

Je fixe Tristan avec incompréhension. Il semble tout aussi étonné que moi par la réaction de l'historien. Il se lève de sa chaise pour le rejoindre, sans véritablement de difficultés parce que cet ivrogne n'avance pas très rapidement. Il se cramponne aux tables et aux chaises pour ne pas chuter tellement il est ivre. Je n'ai pas bonne conscience de le laisser partir seul dans ses conditions, il serait plus prudent de le raccompagner chez lui.

Nous suivons le duo boiteux jusqu'à ce que nous parvenons à sortir de ce bar. Enfin, je peux respirer de l'air de meilleure qualité. Je respire à plein poumons. Je les contemple avec sollicitude. Ce prétentieux historien a définitivement fini par me convaincre qu'il n'avait aucune information intéressante à nous communiquer. J'ai envie d'en rester là, mais nous devons au moins le raccompagner pour qu'il ne lui arrive rien.

Je propose à Tristan :

"- Peut-être devrions nous le raccompagner chez lui ?"

"- Oui, je pense en effet que c'est nécessaire ! Je suis désolé de sa réaction spontanée, mais d'habitude, cet homme est quelqu'un de bien. Il a juste baissé les bras suite à un coup dur dans sa vie. Il a perdu son travail, et sa femme est partie. Je suis bien placé pour savoir ce que l'on ressent quand la personne que l'on aime vous rejette." Dit-il en me fixant, mais, sans méchanceté.

Je soupire. Ignore sa dernière phrase :

"- Désolée Tristan, je doute que l'on apprenne quoi que ce soit de cet homme ! Il ne m'inspire pas confiance !" Je lui réponds.

Tristan ne partage pas mon opinion. Il attrape l'homme par la taille et pose le bras de ce dernier sur ses épaules. Il l'aide à avancer. Je suis consternée par la sollicitude dont il fait preuve vis-à-vis de cet individu. Contrairement à moi, il le respecte. Je suis curieuse. Et j'ai pris bonne note de la remarque qu'il a faite : "il sait ce que l'on ressent quand la personne que l'on aime vous rejette". 

Je me sens un peu attaquée tout de même. Il ne digère pas que je mette encore des barrières entre nous. Ce n'est pas le moment pour en discuter. Nous marchons ensemble, François et moi derrière Tristan et cet inconnu.

Nous arrivons devant une sorte de cabanon, très délabré. Le discours de Tristan sur la chute libre qu'a subi cet homme, me revient en mémoire. Cette situation peut arriver à n'importe qui. En fait, je suis triste pour lui. Et j'ai de remords sur ma manière de réagir face à lui, je décide de lui donner une seconde chance. Je veux avoir des informations sur mes ancêtres, également. Je suis prête à le croire si son récit me convainc. Je constate avec désolation sa situation actuelle.

Il pousse la porte du cabanon, et, nous pouvons entrer à l'intérieur. Je stoppe net, surprise par ce que je découvre. C'est un véritable sanctuaire, ici. 

Au fond de la grande pièce que représente le cabanon, il y a un gigantesque meuble rempli de livres tous rangés par catégorie. Il doit y en avoir au moins une centaine. Impressionnant ! Dans un autre meuble avec une grande vitrine, on distingue une sorte de tambour et de roue que je devine être des objets indiens et anciens. Je me demande bien à quoi peuvent bien servir ces instruments ? En fait, tout ce qui orne cette pièce a un lien étroit avec les amérindiens. J'ouvre de grands yeux de stupeur. Je n'en reviens pas. Comment peut-il être passionné par ces indiens à ce point ? En tous les cas, je retire tout ce que j'ai dit depuis ma rencontre avec cet homme. Peut-être trouverons nous les réponses à nos questions dans ces livres ? J'ai bon espoir ! 

Je tourne ma tête vers mon père, il est tout aussi fasciné que moi. Et il pense comme moi que nous allons pouvoir en apprendre plus sur nos ancêtres. Je trouve le moment opportun de présenter mes excuses à cet homme. 

"- Monsieur, je m'excuse de ne pas vous avoir pris au sérieux. Vous allez mieux ?"

Je lui demande car il est toujours aussi pâle que tout à l'heure dans le bar. Il m'intrigue de plus en plus. Il ne répond rien à mes excuses. Il est conscient ou quoi ? Je m'inquiète pour lui ! Ne va-t-il pas faire un malaise ?

Mon regard se pose sur Tristan qui l'aide à se poser sur son lit. Il ouvre son réfrigérateur, presque vide, et il trouve tout de même un peu de beurre, et prends un morceau de pain d'hier qui traine sur la table. Il décide de lui faire manger une tranche pour qu'il puisse aller mieux. Je suis attendrie par cet homme, notamment par son cadre de vie. 

Il relève la tête et arrête ses yeux sur moi. Il me dévisage, cela devient vraiment très embarrassant. Il semble que je l'intrigue, à mon tour. Il vient juste de remarquer ma présence, on dirait. C'est comme s'il été attiré par moi. Il continue à me dévisager, comme s'il venait de voir un fantôme. Je préfère ignorer son regard perçant. Ce qui le retient sur moi, je n'en ai aucune idée. J'ai noté la frayeur qui s'est emparé de lui lorsque j'ai évoqué le rite de passation.

Je m'approche de sa bibliothèque, je deviens soudainement curieuse. Je commence à lire les dos des livres pour essayer d'en trouver un sur les croyances et les pratiques des amérindiens. L'homme se lève, et vient se poser à côté de moi. Il sait ce que je cherche. Il me sort un ouvrage et me le tend. Je regarde le dos, il traite des origines des amérindiens.

En fait, il a tout un côté de meuble qui traite de ce sujet. J'emporte le livre sur le canapé et je lis le sommaire. Il évoque les différents rituels pratiqués par les amérindiens.  Je commence à feuilleter les pages pour trouver les renseignements dont j'ai besoin. Il m'observe attentivement, puis il regarde mon père. Il a l'air d'avoir repris ses esprits.

Il ose poser la question qui lui trotte dans la tête :

"- Pour quelle raison avez-vous besoin d'informations sur le rite de passation de pouvoir ?" 

"- Parce-que mon fils a été enlevé, et, j'ai toutes les raisons de croire que c'est la tribu dont était issue ma grand-mère qui l'a emmené !"

Je lui explique. Il écoute attentivement ma réponse. Il n'a plus rien de l'homme ivre que nous avons rencontré dans le bar.

"- Et c'est lui qui devez recevoir le pouvoir ?" Il me questionne.

"- Oui ! Vous avez l'ai d'être informé sur cette question. En fait, nous n'avons aucune idée de ce que nous cherchons et surtout où chercher ! Et, nous n'avons aucune idée en quoi consiste ce rite." Je lui dis, admettant ma faiblesse.

Il ne répond rien, il réfléchit. Il nous regarde tous les trois. Et semble hésiter à communiquer avec nous.

J'insiste, donc :

"- Et mon grand-père nous a informés que si le rite de passation ne se déroulait pas correctement, mon fils risquait d'hériter du pouvoir des ténèbres. Et, je ne veux pas que cela arrive. Alors, vous devez nous aider, s'il vous plaît !" Je l'implore à présent.

Il baisse la tête pour songer à ce que nous venons de lui annoncer. Il contemple longuement ses mains jointes. Sa réflexion est lente et je m'impatiente.

Soudain, il nous surprend :

"- Je vais vous aider parce-que le pouvoir des ténèbres règne sur notre Terre ! Il a quel âge votre fils ? Me demande-t-il.

"- Il a six mois."Je lui dis avec une pointe au cœur.

"- Ils vont avoir besoin de vous pour terminer le rite. Soit, ils vous retrouvent en premier, soit il va falloir les retrouver. Je vais vous aider !" Me répond-t-il.

"- Comment ?" Je lui demande.

"- Je sais où chercher, vous et moi, nous avons les mêmes ancêtres.................." M'annonce-t-il.

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