Chapitre 4

Et en pensant à ce que la femme de Mika pourrait vraiment ressentir là, mes pensées vont vers Mariam qui dit ne plus voir son mari qui se permet même de s’en aller un weekend. J’ai eu beau la rassurer pour ne pas créer de dégâts ; mais ayant une bonne expérience de ce dont les hommes sont capables, je suis entrain de me demander s’il ne la trompe pas car c’est la première idée qui m’est venue de la tête.

Et je me promets de m’en occuper, il faudra juste que je réfléchisse sur une bonne stratégie.

Ces hommes violents, qui montrent une forte autorité chez eux alors qu’ils se tapent d’autres filles dehors, je ne les supporte pas.

Ce Mika lui est à coup sûr du même genre. Mais, Mika de Mariam et ce Mika qui à tout hasard se trouvent avoir le même nom...Quelle folie de penser ca, je rejette finalement cette idée en prononçant le nom de Dieu tout bas et me secouant la tête.

Le Mika de Mariam son vrai nom c’est Malick. Ce Mika je sais que sa maman est chrétienne, il me l’a déjà dit dans une discussion, donc Mika est son vrai nom.

Et pourquoi je pense à tout ca ?

Je ne sais pas ce qui me prend, mais mon cœur bat de plus en vite, comme si je sens qu’une mauvaise chose va arriver.

Là on arrive presque à Diamniadio (sortie de Dakar), la route n’est pas bien éclairée et ces chantiers qui ne finissent jamais rendent la route très étroite, je me sens nerveuse.

Moi : Mika, tu veux bien baisser le son de la musique s’il te plait ? C’est une chanson Cabo love qui passe, je ne suis pas d’humeur. Je sens une boule dans le ventre que j’essaie de faire partir. La climatisation est en marche mais j’étouffe. Je touche mon front et l’humidité sentie sur ma main me confirme que je transpire.

Moi : Mika, tu veux bien baisser la vitre là, elle est verrouillée.

Il baisse la vitre et me regarde bizarrement.

Mika : Ca va toi ? Tu ne sembles pas bien.

Moi : Oui, pas au top.

Je n’ai pas la force de lui parler. Mais il insiste

Mika : Si tu ne te sens pas bien on...

Je ne l’entends plus, je vois des phares qui arrivent droit vers nous, un camion. Je veux crier mais aucun son ne sort de ma voix. A la même seconde Mika regarde en même temps que moi ébloui par cette forte lumière. D’un coup de volant il braque complètement à droite pour laisser le camion passer. Je hurle cette fois de toutes mes forces mes deux mains sur le tableau de bord, on quitte la chaussée, je vois l’ arbre, puis ca va trop vite, j’entends un bruit énorme, et c’est le flou total...

...................Dans la tête de Mariam.................................

Il est minuit trente et une minutes et je ne peux pas retrouver mon sommeil. Je veux bien tenter d’appeler Mika juste pour voir si tout va bien, confirmer qu’il est bien chez ses parents mais j’hésite, j’ ai peur qu’il ne le prenne très mal.

Depuis qu’on s’est mariés c’est la toute première fois qu’il passe la nuit dehors, et ca me donne un sentiment bizarre.

Je décide finalement d’aller dans le salon regarder un film, ca ne sert à rien de rester dans le noir si je n’arrive pas à dormir.

Au moment où je commence à enfin cligner les yeux mon téléphone sonne, c’est Mika. Je me précipite dessus pour décrocher. Peut être qu’il va me dire qu’il va rentrer plus tôt finalement. Je sors ma voix la plus douce.

Moi : Allo chéri !

La voix : Allo, Bonsoir Mme Diarra, excusez moi je suis Docteur Diop ?

Mon cœur bondit vite dans ma poitrine, mais je me retiens. Un Docteur Diop qui m’ appelle sur le téléphone de Mika à cette heure ? Mais il faut que me calme, peut être que c’est un de ses amis qui veut me dire bonjour.

Moi : Oui, bonsoir Docteur Diop.

La voix : Madame je suis désolée de vous appeler à cette heure mais il faut que vous veniez vite à l’hôpital Principal. Votre mari a fait un accident.

Moi : Un accident vous dites ? Mon mari ? Où ? Je sens ma tête tourner, mon corps qui tremble, je ne le crois pas.

La voix : Oui, on vient de les évacuer ici l’accident a eu lieu vers Diamniadio.

Mon cœur bat de plus en vite, je n’ai plus la force de tenir mon téléphone, il arrive sur le canapé tout seul.

J’ai l’impression d’être dans un cauchemar. Mika ? Diamniadio ? Accident ? Je n’en reviens pas.

Mais que pouvait il bien pouvoir faire sur la route de Diamniadio ? Une sortie entre amis ?

Je ne trouve pas réponse à tout ca, mes larmes ne sortent pas, j’ai la tête lourde.

Je reprends le téléphone et voit que le Docteur Diop a raccroché. Peut être que c’est juste une blague de Mika et sa bande de copains, je tente de rappeler.

Une voix de femme décroche, j’entends un bruit de machine « tint, tint, tint », des voix « tension, sang... », Je ne parle pas malgré cette voix qui me crie « Allo, allo, allo ! ».

Je raccroche lentement et munie d’une forte courage retourne dans ma chambre. Je mets un jean et un T-shirt, les premières ballerines que je vois et me dirige vers ma voiture.

C’est mon mari, il faut que je sois sur place au plus vite, il faut que je sois à ses côtés là et assez forte pour le soutenir. J’espère juste qu’il n’a rien de grave.

Je prononce des prières tout au long du trajet. Je ne peux pas appeler ses parents tout de suite, je me dis devoir évaluer d’ abord sur place s’il en vaut vraiment la peine. Je pense appeler Fatou, mais elle doit être dans un profond sommeil déjà et peut être que Mika n’ a rien de grave. J’arrive à l’hôpital vingt minutes plus tard et me dirige directement aux services d’urgence.

À suivre.