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Chapitre 5

..........................Dans la tête de Fabelle.....................

Je ne remercierai jamais assez le bon Dieu de m’avoir sauvé. Si j’avais perdu connaissance comme Mika je n’aurais pu m’échapper de l’hôpital avant que le drame ne survienne.

Oui, un sacré drame.

Je revis le film de l’accident pendant que Demba me dépose à une clinique privée de la place où je pourrai me faire poser mon plâtre. C’est la seule personne que j’ai pensé appeler, il vient à mon secours partout et à tout moment. Il me fallait fuir vite de l’hôpital, m’éloigner de Mika. Là, je ne sais pas entre la douleur physique et la douleur morale laquelle me faisait plus mal.

Lorsque j’ai repris connaissance l’ambulance était en route pour l’hôpital, avec un effort surhumain j’ai pu me relever et faire comprendre aux secouristes qu’à part un mal de tête énorme et mon bras droit qui me faisait horriblement mal tout allait bien, mais il ont insisté pour que je me couche. J’ai demandé où était l’homme qui était avec moi dans la voiture, un Monsieur en blouse blanche m’a pointé du doigt un brancard juste sur mon côté gauche. J’ai tenté de me retourner pour le voir mais mon épaule me faisait horriblement mal, je me retins de mon geste alors et restai immobile pendant tout le trajet, mes yeux rivés sur la bouteille de la perfusion qu’on m’avait placée au bras.

Arrivés à l’hôpital on me mena au service d’urgence, mais le brancard de Mika ne nous suivait pas, j’ai vu les gens qui le tenaient nous dépasser et quelque chose de bizarre m’intriguait, je ne pus alors m’empêcher de questionner avec ma voix encore faible le médecin qui me prenait en charge, pour voir pourquoi Mika ne venait pas avec moi.

Moi : Où est ce qu’on amène mon ami ?

Le Médecin : Madame tout va bien. Calmez vous. On l’amène dans un autre service pour s’occuper de lui.

Moi : Pourquoi il n’a pas de perfusion comme moi ? Et pourquoi vous l’avez complètement couverts avec un drap blanc.

Cette fois il ne répondait plus, ceci eu l’art de m’inquiéter.

Moi : Monsieur s’il vous plait, dites moi comment va mon ami ?

Le Médecin : Madame je suis désolée, mais il faut que vous sachiez, votre ami ne va pas très bien. Il faudra vous calmer. Je soupçonne que votre bras droit soit cassé, on va vous faire tout de suite une radio pour le confirmer. On va vous amener au service d’orthopédie alors et un plâtre sera surement nécessaire pour immobiliser votre bras. A part ca d’ ici demain vous devrez aller mieux. On vous donnera des calmants qui vous aideront à dormir.

Moi : Et Mon ami ? Pourquoi il n’a pas sa perfusion ?

Il retira alors ses lunettes, prit ma main avant de plonger ses yeux dans les miens.

Le Médecin : Madame, votre ami n’a pas malheureusement survécu à l’accident, sa tête s’est cognée contre un arbre et il est décédé sur le coup. C’est votre ceinture qui vous a sauvé vous, lui n’avait pas attaché le sien donc son airbag ne s’est pas déclenché. Je suis vraiment désolé.

Je secouai vivement la tête, ne pouvant y croire. Non, non, Mika ne pouvait pas être mort. Ceci était plus que mon esprit ne pouvait accepter. Il n’allait pas m’abandonner là, non il ne pouvait pas me faire ca. Et qui allait annoncer la nouvelle à sa famille ? Non, Non, je ne pourrai supporter l’idée que sa femme garde l’image de son mari mort alors qu’il était avec une autre.

En ce moment même un urgentiste vint avec des bagages. Je vis alors ma valisette, mon sac à main, un sac à dos de Mika ainsi que son téléphone.

L’ urgentiste : Madame, ceci est vos effets. Vous voulez que je vous aide à contacter votre famille ?

Il semblait gentil, je lisais la compassion sur son visage.

Ma famille ? Mais je n’ai pas de famille à prévenir, tout sauf ca, il ne fallait que personne ne sache. Lui par contre, oui il en avait...sa femme ! Oui on devait contacter sa femme.

Je parvins alors à parler malgré mes sanglots avec le médecin.

Moi : S’il vous plait Docteur, il faut qu’on appelle la famille du mon ami qui...de mon ami

Le mot décédé ne sortait pas.

Le Médecin : Oui Madame, on va le faire ne vous inquiétez pas. Vous avez des liens de parenté ?

Moi : Non, aucun. C’est juste un ami, il a une femme et une famille et...

Je ne pouvais retenir mes sanglots, les mots ne vinrent plus.

Le Médecin : Calmez vous, il n’y a pas de problème, aidez moi juste à avoir les contacts de sa famille.

Je lui pointai du doigt alors le téléphone de Mika que l’ urgentiste venait de poser sur ma valisette juste à côté de nous. Il me le tendit.

Ma première idée fut de faire défiler d’ abord le journal des appels, le dernier appel était mon numéro, j’eus le reflexe de le supprimer. Puis je filtre tous les appels qui m’étaient destinés dans son journal que je supprime aussi. La main gauche toujours tremblotante je fais de même pour les messages qu’on a eu à échanger. Puis j’entre dans son répertoire et efface mon numéro.

Ceci fait, je retourne sur la messagerie, il était facile de retrouver ceux de son épouse, les lires me fit mal, beaucoup trop mal. Sa femme lui envoyait plein de messages d’amour presque toutes les heures, elle était nommée « Ma vie » dans sa liste de contact.

Après avoir lu un ou trois messages, j’entre dans les options et sortit le détail du contact, je vis le numéro.

Mais je le relis encore. Repose le téléphone pensant que c’était le choc qui me perturbait assez pour que ce soit le flou dans ma tête. Je soulève ensuite le téléphone et observe encore l’écran. Etais je entrain de devenir folle.

Moi : Docteur s’il vous plait, vous pouvez m’aider à prendre mon téléphone dans mon sac à main.

C’était dans la poche du dos, il me le tendit.

Tremblant comme une feuille je le saisis, entre dans mes contacts, ouvre la numéro de Mariam que je connaissais pourtant par cœur.

Je sentis le même sentiment d’étouffement qu’avant le choc, tout tournoyait autour de me tête, je fermai les yeux.

Ce Mika que je croyais chrétien comme sa maman l’était et qui est mort juste à mes côtés est le même Malick qu’on surnommait Mika ? Malick de Mariam ? Ce Mika qui me disait s’être marié depuis deux ans alors que Mariam s’est mariée juste il y’ a huit mois c’était le Mika de Mariam ?

Allahou Akbar, Allahou Akbar répétais je. Etait ce vraiment possible ?

J’ouvre mes yeux bouffis de larmes.

Le Médecin me regarde, constatant mon visage suppliant. Il le remet surement sur le compte de l’accident.

J’avais envie de lui crier que j’ai trahi et détruit la vie de ma meilleure amie, que j’ai tué le mari de ma meilleure amie. Si je n’avais pas accepté de partir avec lui il ne serait pas mort.

Moi : Docteur, il me faut partir d’ici.

Le Médecin me regardait comme si j’étais folle.

Le Médecin : Partir ? Vous ne pouvez pas, il faut qu’on s’occupe de votre bras.

Moi : Non Docteur, il me faut partir. Je vais aller dans une clinique qu’on s’occupe de mon bras, je ne peux pas rester ici.

Le Médecin : Si vous avez les moyens vous pouvez oui, mais on va dégager toutes nos responsabilités de ce qui pourrait vous arriver.

Rester ici serait le pire, je ne pourrai supporter de regarder Mariam en face ainsi que toute sa famille, je ne voulais pas qu’elle garde cet image de son mari et de moi toute sa vie.

Moi : Docteur s’il vous plait je ne pourrai pas vous donner plus de détail mais si je reste ici la vie de sa femme sera à jamais détruite. Je vous en supplie il me faut partir et il ne faudrait pas qu’elle sache que son mari était avec quelqu’un. Ce qui est fait est déjà fait, elle gardera en plus de la mort de son mari l’idée qu’il la trompait avec une autre.

Il m’observa cette fois silencieusement, je sentais du dégoût et de la pitié sur son visage, mais je ne m’attardais pas sur ca, il y’ avait plus urgent.

Le médecin : Bien, je vous laisse.

Moi : Non non Docteur, s’il vous plait ceci est son téléphone, le numéro de téléphone de sa femme est là. S’il vous plait, il ne faut pas qu’elle sache le suppliais je encore.

Je lui tendis alors le téléphone qu’il prit avec nonchalance et sortit de la salle d’urgence.

Je pris alors le mien, et suppliai Demba de me rejoindre le plus tôt possible à l’hôpital, il était au plateau, donc dix minutes plus tard il était déjà là.

Pendant qu’on sortait de l’hôpital notre véhicule a croisé celui de Mariam juste au niveau du portail, mais elle ne faisait attention à personne, sa tête était ailleurs.

........................Dans la tête de Mariam.......................

Je me gare et me dirige directement aux services d’urgence, j’ai cru que le chemin entre ma maison et l’hôpital durait une éternité.

Je demande après le Docteur Diop, à quelques passants en blouse, on m’indique une porte. Je l’ouvre doucement, quelques personnes sont là alités, un Monsieur est entrain de prendre le pouls d’un des patients, je lui fais signe de la main et ressors. J’ai toujours détesté les hôpitaux.

J’attends mais n’ ai pas la force de rester sur place, je longe le couloir et essaie de regarder par les vitres de quelques pièces, c’est des chambres hospitalisations.

J’ai une forte envie de les ouvrir une à une et essayer de trouver où on avait installé Mika, mais je ne pense pas sage de déranger tous les patients, alors je me décide à retourner au bureau qu’on m’avait initialement indiqué et attendre encore devant la porte.

Je ne sais pas combien de temps j’ai attendu, trois minutes, cinq ou quinze ? Tout va au ralenti.

Le monsieur finit par sortir et hoche la tête, sans ouvrir la bouche. Du genre « Madame vite je suis pressé », je ne m’attarde pas sur ce détail, je veux savoir s’il est Docteur Diop et où est Mika.

Moi : Bonsoir Docteur, un certain Docteur Diop m’a appelé tout à l’heure pour me dire que... que mon mari a été évacué ici en urgence après un accident...je...

Il se détend alors un peu, et je vois même l’éclair d’un sourire traverser son visage.

Il confirme ensuite que c’est bien lui Docteur Diop.

Docteur Diop : Suivez moi s’il vous plait Madame. Etes vous accompagnée ?

Je lui fais signe que non. Il me dirige vers une pièce juste à côté qu’il ouvre à clé, ce n’est pas une salle d’hospitalisation mais un bureau de consultation, je commence à avoir un mauvais pressentiment mais il faut que je me calme.

Il m’indique alors le siège visiteur vide, sur l’autre il y’ avait une pile documents, je m’installe, silencieuse.

Docteur Diop : Madame je suis désolée mais il faudra être forte pour ce que je vais vous dire. Votre mari n’a malheureusement pu être pris en charge après son accident...

« Que veut dire n’a pas pu être pris en charge au juste ? Ils l’ont transféré dans un autre établissement sans me prévenir à l’avance ? Je préfère le laisser finir avant de lui dire mes quatre vérités ! »

Il marque une pause un bref un moment puis continue.

Docteur Diop : On a rien pu faire pour le sauver...Il est décédé sur le coup Madame, je suis sincèrement désolée de vous apprendre ceci...

« J’étais dans un cauchemar ou dans la vraie vie, il parlait de quoi lui ? Qui n’a pas pu être sauvé sur le coup ? Qui est décédé ? Non il m’a confondu avec une autre, je dois lui repréciser qui je suis »

Moi : Non, non, un moment, excusez moi, arrêtez. Vous vous trompez de personne, je suis Mme Diarra, mon mari s’ appelle Malick Diarra. La personne dont vous me parlez là ce n’est pas lui. Lui il était avec des amis et a quitté ma maison en début de soirée, lui...Docteur vous vous trompez de personne, rassurez moi ?

Je parle beaucoup trop vite. Mais je suis convaincue qu’il se trompe de personne.

Il entre sa main dans sa poche et en sort...un téléphone, qu’il pose sur le bureau, c’est celui de Mika, ma tête tourne.

Le Médecin : Si ceci est bien le téléphone de votre mari il est très probable qu’on parle de lui. Et on a retrouvé dans son sac à dos sa porte monnaie avec sa pièce d’identité où il a été bien marque Malick Diarra. Je suis désolé Madame. Ceci doit être un grand choc pour vous mais c’est la volonté de Dieu, il en a décidé ainsi.

Mais ? Mais c’est quoi toute cette histoire ? Ce n’est pas possible ? Ce n’est pas mon Mika qui est mort, ce n’est pas du tout possible que ce soit, je suis toujours convaincu que c’est une mauvaise farce.

Moi : Monsieur, Puis je voir cet homme dont vous me parlez.

Docteur Diop : Si vous en avez la force Madame oui, je vous accompagne à la morgue.

Je n’avais jamais vu un mort de ma vie, mais me sentait prête à le faire, juste pour démontrer à ce Monsieur que ce n’est pas mon Mika qui est mort.

Moi : Oui, je le suis.

Il se lève alors.

Docteur Diop ; Suivez moi alors Madame.

Je lui emboite le pas, essayant de me munir de tout mon courage. Jamais je n’aurais soupçonné autant de force en moi.

On longe le couloir où je m’étais aventurée un peu plus tôt, puis descendons deux marches avant de dépasser un second bâtiment, puis deux. On arrive au fond de l’hôpital, Docteur Diop me tend la main j’accepte car je commence à trembler à nouveau. Je perds petit à petit ma force quand je lis « MORGUE » marqué tout en rouge sur la façade du bâtiment qu’on est entrain de traverser. Mais je ne veux pas faire demi tour même si mon cœur bat de plus en plus vite, je dois confirmer qu’ils ont tort.

Il pousse une porte, puis une deuxième, l’odeur des lieux me fait tourner la tête, mais je serre fort sa main. Il m’amène dans une grande pièce pleine d’armoires tout le long d’un mur, surement une chambre froide, j’essaie de ne pas les regarder, ce lieu me terrorise. On avance au milieu de la pièce, sur un lit d’hôpital un corps se repose, couvert d’un drap blanc, je ferme les yeux.

Monsieur Diop : Vous êtes prête Madame ?

Je veux lui crier que non, lui dire que je ne veux plus voir, mais je ne peux pas. J’expire fort et ouvre les yeux, puis hoche la tête. Il retire sa main auquel je me cramponnais de toutes mes forces, retire le drap juste au niveau de sa tête, je le regarde, l’observe. On dirait qu’il dort, tout en paix. Je veux le secouer, le réveiller, lui demander de me dire ce qu'il fait là couché ici, et pourquoi il fait semblant d'être mort.

À suivre.

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