Chapitre 05
Chapitre 5.
C’est dimanche et il pleut dehors. J’ai vraiment la flemme de sortir de la maison, surtout que je me suis couchée très tard hier. De plus, ma nuit a été perturbée à cause de l’appel de mon géniteur.
- Tu ne vas pas à l’église aujourd’hui ?
- Non. je réponds la tête enfouie dans l’oreille.
Il sort du lit et je ne l’entends plus. Je ne dors pas, simplement je n’ai pas envie de quitter le lit. Après quelques minutes, alors que mon ventre se met à gargouiller, je me résous à sortir du lit moi aussi. Je commence par me brosser les dents et vider ma vessie.
Ryan est devant la télé, il regarde un film. Je le dépasse pour aller à la cuisine me faire une bol de céréales. Je m’assois non loin de lui avec mon bol, mes jambes sur ses cuisses.
- Tu n’es pas venue ici me poser mille et une questions sur le film. Tu regardes et écoutes. Et pas de cris non plus.
Je rigole simplement car on sait tous les deux que c’est mission impossible. Je ne fais même pas exprès en plus, je vis le film. Heureusement pour lui, c’est presque la fin et toute mon attention est sur mon bol de lait.
Mon ventre plein, je pose le bol sur la table basse. De mes pieds, je caresse son sexe par-dessus son jogging. Il tourne sa tête vers moi et je lui souris. Je continue à le provoquer jusqu’à la fin du film. A peine le générique de fin se fait entendre que je m’installe à califourchon sur lui. Mon bassin contre le sien, je plaque mes paumes contre ses joues et pose des petits baisers sur ses lèvres. Je roule mon bassin et il pose ses paumes chaudes sur mes fesses que ma nuisette dévoile aisément. Je l’embrasse tantôt timidement, tantôt goulûment sans arrêter de rouler mon bassin.
Rapidement, Ryan me débarrasse du morceau de dentelle que je porte et se redresse pour avoir ma poitrine face à lui. Sa main prend un sein et ses dents mordillent l’autre. Je gémis légèrement en me cambrant un peu plus.
Une main sur sa cuisse et l’autre derrière sa tête, je savoure le plaisir que la langue de Ryan procure à mon tétons. Son sexe bien dure que je frotte contre mon pubis font monter en moi un plaisir de sorte que je n’en puisse plus de ces préliminaires. Je descends de ses jambes et retire son jogging et son caleçon. Son sexe se dresse comme s’il était sur ressort. Lentement je le glisse en moi et on fait l’amour avec ivresse.
On dit que les sentiments s’atténuent avec le temps, pas pour moi en tout cas. Même si la collocation n’est pas aussi rose que je ne l’imaginais, je ne me vois pas vivre avec quelqu’un d’autre. Je ne me vois pas me donner à quelqu’un d’autre. Donner mon cœur à un autre. Je l’aime comme au premier jour, sinon plus.
Je m’allonge sur son torse, lui-même allongé sur le tapis. On reprend notre souffle et nos esprits. Personne ne parle, aucun bruit si ce n’est celui émis un par la télé restée allumée.
- Je vais t’épouser Mayite.
C’est si soudain que je ne sais pas quoi répondre.
- Il paraît qu’avant de sauter le pas, on devrait s’assurer qu’on correspond aux attentes de l’autre. Pour toi c’est quoi une vie de famille ?
- Rentrer le soir du boulot et trouver ma femme en train de concocter un bon petit plat. Mes enfants en train de courir comme des monstres partout. Mon fils qui m’aide à bricoler sur la voiture ou une partie de la maison. Pour moi c’est ça le but.
- Mais la vie de famille c’est bien plus que ça.
- Je sais. Pour le moment c’est ma vision mais peut-être qu’à force de te vivre avec toi elle sera modifiée. C’est en vivant avec toi que j’ai compris l’importance de certaines choses, que j’ai appris certaines choses. Avant la cohabitation tu sais c’était quoi ma vision du couple ?
- Non.
- Baiser tous les jours à n’importe quelle heure de la journée. il dit en tournant sa tête vers moi.
- Tu es fou.
- Je t’assure que lorsqu’on a commencé le projet de ton arrivée en France, tout ce à quoi je pensais c’était que j’allais pouvoir te prendre à ma guise tous les jours non stop. Tu es venue, et j’ai changé ma vision des choses. Je ne sais pas exactement ce que j’attends de ma vie de famille à part qu’elle soit différente de celle que j’ai connue. Je pense que ce genre de choses s’acquiert avec les différentes expériences de la vie.
Je descends de son torse pour m’allonger à ses côtés. La tête sur son bras, une main sur son torse et ma jambe entrelaçant la sienne.
- Une vie de famille n’est pas compatible avec les sorties tous les weekends avec les copains. Une vie de famille c’est prendre au moins un repas ensemble. C’est sortir avec ses enfants, leur faire découvrir des choses et par la même occasion leur enseigner.
- Je sais. Je sais un peu à quoi m’attendre et c’est pour cela que je profite de ma jeunesse. C’est pour cette raison que je t’ai dit ne pas être prêt à accueillir un enfant maintenant. Je veux vivre tant que je le peux.
- Vis avec moi alors. Je suis moi aussi ton amie n’est-ce pas ?
- Ma meilleure amie. Mais on n’a pas forcément les mêmes délires. Tu te sens plus à l’aise au restau, ciné ou dans une salle de jeux. Moi j’aime l’ambiance, le show. J’aime les clubs, la fête, le monde de la nuit. Alors même si on sort, j’aurai toujours besoin de mes amis qui comprennent mes délires.
- Ok !
- Hey ? il m’interpelle en soulevant mon menton de son index. Je t’aime ok ! Deux personnes peuvent s’aimer et avoir des centres d’intérêts différents. Je sors en boîte mais je reviens toujours à la maison. Je traîne avec mes gars mais je fais l’effort de créer des activités pour nous, rien que pour nous.
- Ok ! je réponds rassurée.
- On doit aller faire des courses mais je n’ai toujours pas reçu d’argent.
- J’ai encore des sous sur moi, on a de quoi tenir la semaine.
- On y va alors.
- Je vais me doucher d’abord.
Je me lève et ramasse nos vêtements que j’emporte avec moi dans la douche. J’attache mes cheveux en chignon haut, couvre ma tête d’un bonnet de douche et me place sous le jet d’eau. Je vois et entends Ryan entrer dans la pièce son pénis entre les mains. Sans dire mot, il se place derrière moi. Je me cambre les mains appuyées contre le mur et écarte mes jambes. Il soulève une de mes jambes et me pénètre d’un coup. Je le ressens jusque dans mes cheveux. Il relâche ma jambe et me tient par les hanches. L’eau coule directement sur mes fesses, je me cambre un peu plus et il se met à faire des mouvements de vas et viens.
On rentre les bras chargés de courses et légèrement trempés par la pluie. Aussitôt je sors mes marmites pour faire à manger pendant que Ryan range les courses. Puis il s’adosse contre le frigidaire pour me tenir compagnie.
Après manger, on se pose devant un film histoire de digérer car juste après on doit se mettre à bosser.
L’année scolaire est bien vite passée. Ryan et moi avons validé notre année, maintenant il ne reste qu’à prier pour l’alternance. Cet été, Ryan va en vacances dans le sud avec ses amis pour deux semaines. Un trip entre mecs donc impossible pour moi de faire partie du voyage. Pour m’occuper, j’ai trouvé un petit job chez un fleuriste. Ryan a promis qu’on irait en Italie pour une semaine à son retour histoire de m’adoucir le cœur.
Je travaille mais en même temps je continue à nous chercher des alternances. Et mes jours libres, je vais à la danse. J’ai commencé des cours de danses de salon et danses latines pour m’occuper et perdre un peu les kilos accumulés pour tenir l’hiver.
- Ce n’est par pour que les gens te touchent n’importe comment là-bas ! Ryan me menace à travers l’écran de mon téléphone.
- Pour danser il faut bien qu’on se touche, ce sont des danses de couples. je le taquine.
- Tu veux m’énerver ? Tu veux me tester ?
- Reste tranquille. Profite de la plage là-bas en paix.
- Je n’aime vraiment pas la robe que tu as choisie.
Alors là c’est le pompon. J’arrête de marcher pour éclater de rire en pleine rue.
- Tu es trop chou quand tu es jaloux.
- Je ne suis pas jaloux, je te mets en garde. Je ne partage pas ce qui m’appartient surtout pas mon panier de fruits.
- Ton quoi ? je me remets à rire.
- Arrête de rire tu m’énerves.
C’est plus fort que moi, je me plie en deux et ris aux larmes. Les gens doivent me prendre pour une folle. Agacé, il coupe l’appel. Je le rappellerai ce soir, je suis déjà en retard.
Le cours dure une bonne heure. Je ressors de là trempée de sueur et étrangement avec plus d’énergie. Je marche vers le parking et déverroue la voiture à distance. J’ai « eu » mon permis. Pas ici mais au Gabon. Maman Lou me l’a « acheté ». Évidemment j’ai étudié le code et Ryan m’a appris à conduire. Aujourd’hui je conduis sans crainte, je peux me déplacer toute seule dans la ville.
Je rentre à la maison prendre une longue douche. Vêtue de mon pyjama, j’appelle Ryan qui ne décroche pas. Il doit être sorti avec les autres. Je ne me pose pas plus de questions et me mets à détacher mes tresses. J’y passe une bonne partie de la soirée avant de me replonger sur les recherches d’alternance.
Il est plus de 22h. J’appelle de nouveau Ryan avant d’aller me coucher. Il répond et j’entends une porte qui se ferme. Ça veut dire qu’il sort d’une pièce pour me répondre or je n’entends pas de bruit.
- Oui chérie ? Bonsoir.
- Tu n’as pas vu mes appels ?
- Si, je comptais te rappeler mais ensuite j’ai été distrait. Ça va ? Comment était ton cours ?
- Ça va, le cours était vraiment trop cool. Et toi ?
Pendant que je lui parle, je me mets au lit.
- Bah de mon côté aussi c’est cool. Je t’envoie des photos tout à l’heure.
- Il y a des filles là-bas ?
- Aucune. Nous sommes cinq jeunes hommes en vacances.
- Hum !
- Tu ne me crois pas ?
- Bref ! Je peux prier ?
- Vas-y.
Je descends du lit me mettre à genoux et prier avec Ryan en haut-parleur. A la fin de la prière il répond juste « amen » et je le libère.
Ce n’est pas ma première nuit sans lui, je ferme les yeux et m’endors aussitôt. La sonnerie du réveil me tire de mon sommeil. Je sors du lit sans perdre de temps pour la douche. Je me lave les cheveux et fais poser un masque le temps de me savonner. Je sèche rapidement mes cheveux et les attache en chignon. Un jean, un crop-top et mes baskets, je suis prête à affronter la journée.
Je fais l’ouverture du magasin avec le propriétaire puis je vais prendre mon petit-déjeuner à l’arrière boutique. C’est aussi à ce moment que je profite à appeler Ryan. Il doit dormir vu qu’il ne répond pas.
Mon téléphone dans la poche, je travaille toute la journée. Toute la journée debout sous cette chaleur. Toute la journée à aller et venir. Que c’est pénible !
A la pause déjeuner, je consulte mes mails. Une entreprise m’a répondu pour l’alternance, j’ai un entretien la semaine prochaine. Folle de joie, j’essaie de joindre Ryan pour le lui annoncer mais son téléphone sonne plusieurs fois puis plus du tout. Son téléphone est carrément éteint. Là c’est le pompon. Pour ne pas m’énerver pour rien, j’appelle mamounette et lui donne la nouvelle. C’est une énorme épine que je lui retire du pied si vraiment je suis retenue. On discute jusqu’à la fin de ma pause et je vais travailler.
C’est à 21h. 21h34 que Ryan daigne me rappeler. Le culot !
- Ton téléphone avait quel problème cette fois ?
- Je ne trouvais plus mon chargeur.
- …
J’entends de son côté le bruit d’une porte puis des chuchotements.
- Allô chérie ?
- Rappelle-moi quand tu rentres.
Je coupe et ignore ses deux premiers appels. Je ne réponds qu’au troisième. Il se fait plus doux.
- Mais pourquoi tu te fâches ? Hein maman ? J’ai fait quoi ?
- Tu as oublié ton chargeur où ?
- Il était dans mes affaires mais je le croyais perdu.
- Tu mens !
- Je mens comment maman ?
Cette appellation n’est pas anodine. Il essaie de me ramollir le cœur. La porte s’ouvre à nouveau et j’entends très distinctement une voix féminine appeler son prénom.
- Chérie je peux te rappeler ?
- Essaie voir. Raccroche je vais voir.
- …
- C’est qui cette fille ? Tu n’as pas dit que vous n’étiez qu’entre mecs ? C’est qui cette fille ?
- Elle est avec Daniel je vais t’expliquer plus tard bébé.
- « bébé ? » je peux entendre la fille s’indigner.
L’imbécile ose couper l’appel. Je rappelle il ne répond pas. Je ne cesse pas de rappeler jusqu’à ce qu’il me réponde. Il m’aurait fallu cinq tentatives pour l’avoir.
- Je rentre sur Paris c’est bon ! Tu as gagné.
- C’est ton problème, dès ce soir je te laisse ton appartement.
Cette fois j’éteins mon téléphone et vais faire mes valises. Je ressens une énorme douleur dans la poitrine et ma vue est troublée par mes larmes. Je ne réfléchis pas, je ne pense à rien, juste vider mes vêtements dans les valises.
La sonnerie de l’interphone se fait entendre dans tout l’appartement. Je vais répondre.
- Bonsoir Mayite. C’est Jacob.
- Bonsoir. Ryan n’est pas là.
- Je sais. Tu m’ouvre s’il te plaît ?
Je lui ouvre par politesse et retourne faire mes valises jusqu’à ce que j’entende cogner à la porte.
- Tu peux m’aider s’il te plaît ?
- Bien sûr. C’est pour quoi ?
- Faire descendre mes valises.
- Tu vas quelque part ?
- Oui. Chez une amie.
- Ryan le sait ?
- Tu m’aides ou pas ?
- Wow ! Wow ! Attends.
Il prend son téléphone et appelle quelqu’un. Je comprends à la conversation que c’est Ryan au bout du fils. Je vais de pièce en pièce ramasser le plus important dans l’immédiat. Je ne calcule pas Jacob qui me demande de prendre le téléphone.
- Il prend le prochain train.
- C’est bien. Tu pourras garder sa maison jusqu’à son retour.
- Il m’a demandé de ne pas te laisser partir. Pas avant son arrivée.
- On verra alors.
Je suis tellement en colère. Il m’a laissée ici toute seule pour aller se la couler douce avec des filles. Le même sud dans lequel il ne voulait pas que j’aille pour le nouvel an. Je suis trop jeune pour avoir ce genre de problème. Trop jeune.
Mes affaires rangées tantôt dans des cartons, tantôt dans des sacs et valises, je commence à le tirer vers le salon. Au moment de vouloir franchir la porte, Jacob se tient devant moi.
- S’il te plaît Mayite, pour moi. Je te le demande, s’il te plaît attends-le.
- Je n’ai pas besoin de l’attendre. j’explose de colère. Qu’il continue de prendre du bon temps avec sa copine.
- Je ne sais pas ce qui se passe. Il se fait tard, même si tu veux partir, pas comme ça. Pas à cette heure. Ce qui se passe entre vous, ce qu’il a fait ou pas, je n’en sais rien. Mais je ne peux pas te laisser partir je ne sais où à 23h. Si tu veux, je t’emmène chez moi. Demain tu viens prendre tes affaires et tu vas où tu veux.
Après plusieurs minutes de négociations, il réussit à me convaincre de ne pas partir. Anaïs vient passer la nuit avec moi et pour la première fois de ma vie je confie mes problèmes de couple à quelqu’un d’autre que ma mère.
Anaïs reste neutre. Elle me demande de ne pas m’emporter et que pour le moment rien ne l’incriminait. Il y avait une fille mais Ryan n’était pas le seul garçon.
- Mais pourquoi elle semblait étonnée qu’il m’appelle « bébé » ?
- Seul Ryan peut répondre à cette question. Il sera là dans quelques heures.
On échange jusqu’à pas d’heure et au réveil, elle m’invite à un brunch. On discute, rigole, c’est vraiment une fille cool. Après le brunch, on va faire du lèche-vitrine. A notre retour à l’appartement il est 15h passées de quelques minutes.
L’appartement est propre. Mes affaires sont pour la plus part rangées à leur place habituelle. Ryan et Jacob sont assis sur le canapé. Le couple décide de nous laisser discuter entre nous et s’en va.
- C’était qui cette fille ?
- Une fille comme ça que Daniel a draguée.
- Tu lui as dit que tu étais en couple ?
- Pourquoi je lui donnerai ce genre de détails ? Elle était avec Daniel.
- Tu mens !
- On appelle Daniel si tu veux.
- Lol ! Parce que Daniel va me dire quoi ? C’est Daniel qui va te vendre ?
- Donc qu’est-ce que je dois faire pour que tu me crois ? il se fâche. Si tu ne voulais pas que j’y aille, il fallait me le dire au lieu de gâcher mes vacances.
- J’ai gâché tes vacances ? je demande ahurie.
- Tu n’as pas cessé d’appeler.
- Parce que je ne devais pas t’appeler ?
- J’étais avec mes amis, je n’avais pas forcément le temps ou l’envie de répondre au téléphone. Mais pour peu que je ne réponde pas, c’est le drame. Tu me fais une scène jusqu’à me prêter des intentions de voir ailleurs. Si cette fille était ma copine, pourquoi je suis là ?
- Retiens cette date et retiens bien tes paroles. De mon côté j’ai noté absolument tous les détails. Cette conversation se retournera contre toi et tu regretteras amèrement de m’avoir prise pour une idiote.
Je continue dans la chambre où je reste enfermée à me préparer pour mon entretien de la semaine prochaine. Plus que jamais, il me faut cette alternance.