Brune incendiaire
Emme.
J’entre dans ma chambre et je claque la porte.
Mais qu’est-ce qu’il a à m’interroger sur des affaires qui ne le concernent pas du tout ? Ce sont mes affaires, il n’a pas le droit de s’en mêler. Je m’assois sur le lit. Mes choix, mes décisions, tout cela ne regarde que moi et personne d’autres. Il m’a posé tellement de questions. Exactement comme le faisait Lucas, il ne posait des petites questions banales pour tout savoir et à la fin ne frapper encore et encore.
Je ferme les yeux et les souvenirs reviennent à la surface. J’étais dans les vignes, je me suis tout d’un coup arrêté devant une plante qui était entrain de sécher. Je me suis accroupie pour voir de plus près. Sergio, celui chargé de s’occuper des champs est venu me trouver là, accroupi devant une plante.
- Madame Dos Santos ?
- Sergio venez donc voir ça.
Il s’accroupit près de moi pour voir de quoi je parlais.
- J’ai l’impression que cette plante se dessèche . Elle n’est pas malade au moins ? Elle ne risque pas de contaminer les autres ?
Il a souri avant de me répondre.
- Ne vous en faites pas, c’est tout à fait normal. Elle est juste entrain de sécher mais rien de grave alors soyez rassurée.
- Pendant un instant j’ai eu très peur.
- C’est beau de voir à quel point vous êtes attachée à cette vigne.
- Cette vigne est toute la vie de mon mari alors je m’en préoccupe aussi.
Le visage de Sergio se referme, il redresse et me tend sa main que je saisis pour me redresser aussi. Sauf que je titube sur mes talons et nous nous retrouvons tous les deux par terre.
- Il faudra vraiment que j’arrête de venir avec des talons hauts dans la vigne.
- Je le crois aussi, dit Sergio en éclatant de rire.
Il m’aida à me redresser et je nettoyais mon pantalon. Je suis ensuite rentrée au domaine prendre une douche, j’ai enfilé une robe d’été blanche et des sandales.
Le soir, lorsque Lucas revient au domaine, j’ai déjà fini de faire la cuisine, et je suis entrain de dresser la table.
- Mon amour, tu es déjà là ? J’ai fait des côtelettes de bœuf. Juste un instant je finis ça.
- Où étais tu cette journée ?
- Dans les vignes pourquoi ?
- Et qu’étais tu aller y chercher ?
- Rien. Je voulais juste me promener.
- C’est tout ? Dit-il en me saisissant violemment le bras.
- Oui c’est tout.
Lucas continue de plus en plus à serrer mon bras. Je sens les larmes me monter aux yeux.
- Lucas je t’en prie tu en fais mal.
- Dis-moi avec qui tu étais dans les vignes ?
- Mais je n’étais avec personne voyons.
Avant que je ne m’en rende compte, une gifle stridente s’était abattue sur ma joue. Je me retrouve par terre, ma joue le lance, du sang sort de mon nez.
- Tu étais avec cet idiot de Sergio. Tu riais avec lui bien cachée dans les vignes. Et tu oses me mentir ?
Je n’avais pas la force de lui répondre, je n’avais pas la force d’ouvrir la bouche.
- Espèce de sale menteuse.
Un second coup s’est abattu sur ma joue, puis il m’a botté encore et encore. De plus en plus fort. Je ne pouvais rien faire d’autre que de me protéger le visage et le ventre. Puis il a arrêté.
- Mon amour ?
J’ai commencé à ramper jusqu’à l’étage, j’entendais ses pas derrière moi. Il se rapprochait de plus en plus de moi.
- Mon amour, laisse-moi t’aider.
Les larmes me brûlaient les yeux, j’avais absolument mal partout.
- Je vais appeler le médecin. Puis il est venu me porter dans ses bras et m’a amené dans la chambre, j’ai essayé de me débattre pour qu’il me lâche, mais il me tenait bien fermement. Il me déposa sur le lit et quelques minutes plus tard le médecin de famille vint s’occuper de moi. Il semblait vraiment paniqué et n’arrêtait pas de me demander pardon. Quand le médecin a fini de m’osculter, Lucas est resté à mon chevet toute la nuit. Quand j’ai vu son air inquiet, j’ai décidé de lui pardonner, il se faisait vraiment du souci et regrettait et en plus ce n’était que quelques coups.
Je n’avais qu’à lui dire la vérité et jamais il ne m’aurait jamais frappé de la sorte. Au final c’était de ma faute. Je pensais inconsciemment que si je changeais ma façon d’être il cesserait de me frapper. Je pensais naïvement pouvoir changer mon mari.
Mon téléphone sonna et me ramena à la réalité, j’essuyais les larmes qui s’échappaient de mes yeux. C’était Nick.
- Allô petit panda !
Je souris avant de répondre. C’est le nom que mon grand frère m’avait donné à cause du pyjama noir et blanc que j’adorais porter.
- Salut gros ours.
- C’est quoi cette petite voix ?
- Rien de bien grave ne t'inquiète pas.
- Bien sûr que si je m’inquiète. Tu es loin de moi. Et en plus tu ne vas pas bien. C’est Matt ?
À dire vrai, ce non ce n’est pas de sa faute, j’ai juste cette fâcheuse tendance à associer tout cet enfer que m’a fait vivre Lucas, à tous les hommes qui essayent de s’approcher de moi. Une des nombreuses séquelles que j’ai gardé.
- Non, il a été adorable.
- Alors que se passe t’il ?
- Comme toujours c’est moi le problème.
- Arrête.
Je pousse un soupir.
- De quoi voulais-tu me parler ?
- À chaque fois que je veux qu’on en parle tu évites le sujet, il va falloir que tu me dises à un moment donné tout ce que ce salopard t’a fait.
Quand j’ai réussi à fuir le domaine de Lucas et à revenir à New-York, je n’ai jamais pu tout raconter à Nicolas, il l’aurait tué de ses propres mains.
Je lui ai juste dit que si j’étais partie c’est parce qu’il me battait. Ce que Nick ignore c’est que j’ai vécu dans cet enfer pendant deux ans.
- Nick, je ne suis pas prête.
- Ça fait plus de deux ans que tu me chantes la même chose. J’en ai marre Emme. J’appelais juste pour savoir si tu étais bien installée. Au revoir.
Nick me raccroche au nez, je pousse un soupir. Je sais de quoi Nick est capable s’il apprend réellement la vérité.
Lucas est un homme tellement puissant, je ne veux pas que Nick s’engage dans tout ça. Ce serait injuste de ma part de le mêler à ça. Je regarde ma montre, il est tard. Je vais me brosser les dents, j’enfile mon une nuisette et je vais me coucher.
C’est la seule part de féminité qui me reste, j’ai toujours adoré dormir en étant à l’aise et les nuisettes m’apportent ce confort, tu as l’impression de dormir nue, pourtant tu es habillée. Je tire mes couvertures et je m’allonge sur mon lit.
Le matin, je me réveille avec un sentiment de malaise. Je me suis très mal conduite avec Matt je n’aurais jamais dû lui parler de la sorte et quitter la table comme je l’ai fait. J’ai mauvaise conscience, il faut que j’aille m’excuser. Je m'assois sur mon lit, et je réfléchis à ce que je pourrais bien sortir comme excuse.
- Désolée, je n’aurais jamais dû partir te parler de la sorte.
Ou je pourrais lui faire du café et le lui apporter dans sa chambre. Bouge toi. Sinon tu vas te dégonfler. Je me lève du lit et sort de la chambre, je vais au salon, mais il est vide.
Merde !
Je me dirige vers sa chambre, je marche sur la pointe des pieds. Une fois devant la porte, j’hésite à frapper. Je lève la main puis je la baisse à nouveau, je reste devant la porte comme une idiote.
- Non mais depuis quand est-ce que tu te dégonfles comme ça devant un homme ? Murmurais je pour moi-même. Ça fait deux ans que tu travailles sur toi pour ne plus être comme ça.
J’ai beau réciter ce mantra, je ne me sens pas plus forte. Je pose ma main sur la poignée, que je pousse doucement, puis je la referme aussi vite que je l’ai ouverte, avec un peu de chance il dort et ne s’est pas rendu compte que je l’avais ouverte. Et je me dirige vers le salon.
Au même moment, la porte d’entrée s’ouvre, sur une magnifique brune. Les cheveux bouclés, un maquillage parfait, elle porte un magnifique tailleur blanc il lui va tellement bien qu’on pourrait jurer qu’elle a été fait sur mesure pour elle. Elle retire ses lunettes de soleil, pose son sac à main Chanel sur le canapé et me regarde avec dédain.
- Qui êtes-vous ? Me demande t’elle en croisant les bras sur sa poitrine.
- C’est une blague n’est-ce pas ? C’est vous qui vous permettez d’entrer sans frapper chez les gens et vous me demandez qui je suis ?
- Ah d’accord je vois.
Elle ouvre son sac et sort une énorme liasse de billets.
- Tiens ça, je crois que c’est amplement suffisant. Dit-elle en me balançant l’argent à la figure.
- Non mais ça va pas ? Pour qui vous vous prenez ? Et surtout pour quoi est-ce que me prenez-vous ?
- C’est pourtant clair non ?
Elle me regarde de la tête aux pieds, je me rends soudain compte que je suis vêtue d’une minuscule nuisette, je ressemble à une fille qui vient de sortir du lit de son amant après avoir passé une nuit assez agitée.
Je m’apprête à lui répondre lorsque la porte de la chambre de Matt s’ouvre. J’entends ses pas derrière moi, il m’enlace par la taille et enfouit sa tête dans mon cou. Bonjour me murmure t’il de sa voix rauque. Je sens tout de suite la chair de poule sur ma peau, un frisson me parcourt tout le corps. Ensuite il dépose un baiser sur mon épaule, un autre dans le creux de mon cou, je ferme les yeux. Et me murmure.
- Tu veux bien aller m’attendre dans la chambre s’il te plaît ?
Je suis incapable de parler, ma voix me trahirait. Je secoue la tête et je me dirige vers sa chambre.
J’ouvre la porte et j’entre dans son monde, le lit n’est pas encore rangé, normal, il vient de se lever, je reconnais tout de suite son odeur. Puissante, forte et enivrante. Une guitare est accrochée sur le mur, mis à part le lit, tout est bien rangé. Je m'assois sur le lit et j’essaie d’oublier que je suis dans la chambre de l’homme qui me trouble.