Aménagement
Matthew.
Je rentre à la maison, un sourire flottant sur mes lèvres. Cette jeune femme m’intrigue. Elle a un mélange de candeur et de brutalité, de force et de vulnérabilité. Toutes ces facettes qui font qu’on ne la cerne pas complètement ce qui me perturbe un peu. La seule chose évidente c’est qu’elle est d’une beauté à couper le souffle, quand elle est entrée dans le restaurant tous les regards étaient braqués sur elle. Et quand elle a retiré ses verres et que ses yeux se sont posés sur moi, j’ai cru ne jamais pouvoir décoller mes yeux des siens. Elle a l’air par contre de ne pas me supporter. Et je ne sais pas pourquoi.
Est-ce qu’elle a un problème avec moi ? Ou avec les hommes en général ? Mais si non elle s’entend super bien avec son frère, ça m’a rappelé Reiley et moi. Notre complicité est pareille, c’est ma petite sœur et je la protégerai contre tous et contre tout. Aurait-elle peur que je m’intéresse à elle ? Si c’est le cas, elle n’a rien à craindre.
Ce n’est pas mon style de femme. En ce moment je veux surtout éviter les femmes qui veulent des relations sérieuse et elle c’est le genre de femme que l’on garde avec soi toute la vie avec soi. Je fais une halte au supermarché et je m’achète des ingrédients pour me faire une soupe de poulet comme me l’a appris ma fabuleuse mère. Si elle me voyait acheter les ingrédients dans un supermarché elle me tuerait, les meilleurs produits se vendent au marché dans les magasins ils sont bourrés de tas de produits chimiques, et n’ont plus aucune saveur ni aucun nutriments. Une fois dans mon immeuble, je me gare dans le parking et je prends l’ascenseur pour mon appartement.
Je trouve Maro dans la cuisine qui sort un gâteau du four. Elle ne vient que deux jours par semaine. C’est une femme d’un certain âge qui m’adore, elle sait que j’adore faire la cuisine alors elle se contente de ne me faire que des gâteaux. Je retire ma casquette et je passe derrière elle pour l’embrasser sur la joue.
- Ça sent super bon Maro.
- Cake à l’orange.
J’essaye de glisser ma main en douce pour couper une petite part de gâteau mais elle me frappe gentiment la main.
- Aïe !
- Tu attends que ça se refroidisse jeune homme.
- Tu es dure avec moi. Dis-je en déposant les courses sur le plan de travail.
Elle sourit derrière moi.
- Alors que vas-tu nous cuisiner aujourd’hui ?
- Une soupe au poulet !
- Mmm ! Mon Dieu j’en salive déjà dit-elle en allant poser le gâteau sur l’évier.
Je souris en l’entendant dire ça.
- La femme que tu vas épouser aura beaucoup de chance.
- Si je me marie un jour bien sûr et crois moi c’est pas près d’arriver. La femme que j’aimais m’a repoussé.
- Tsss. Encore la même histoire. Ce n’est parce qu’une femme a été assez idiote pour te repousser que toutes les autres aussi te repousseront mon garçon.
Peut-être qu’au final l’idiot c’est moi. J’ai des envies sexuelles assez discutables. Je souris quand je repense à la sœur de Nicolas. Elle a cru que j’étais du genre à me laisser dominer quand j’ai dit que j’aimais les femmes autoritaires, si seulement elle savait. Je commence par découper mon poulet.
- Maro?
- Hmmm.
- Pourrais-tu me préparer la chambre d’amis ? J’ai un étranger qui arrive.
- Ah oui ? Pour combien de temps ?
- Je ne sais pas encore. On n'a pas encore défini combien de temps elle restera.
- Oh une femme ! Enfin je vais voir une femme dans cette maison. Je commençais à me poser des questions tu sais. Pas que ça me dérange, mais tu es tellement seul, en dehors de tes musiciens tu ne fréquentes plus personne. Alors qui est-ce ?
- Tu es beaucoup trop curieuse Maro.
- Oh ça va dit-elle en se dirigeant vers les chambres et en maudissant les jeunes de mon âge en portugais.
- J’ai entendu Maro.
- C’était bien le but, mon garçon.
Je souris, j’adore cette femme, elle me rappelle ma mère. Le même tempérament et la même ténacité, j’avais d’ailleurs prévu de les présenter toutes les deux comme ça ma mère verra comment elle est même est insupportable. Je finis de préparer le repas quelques heures plus tard.
Maro et moi mangeons à table, comme toujours lorsque je cuisine, elle me félicite sur mes aptitudes culinaires. Un peu plus tard vers 18 heures elle me dit au revoir, je lui donne rendez-vous pour la semaine prochaine. Je sors ma guitare et j’essaye de nouveaux accords. Ensuite je pars me coucher.
Je reçois un message de Nick qui me demande de tenir notre petit accord secret, de n’en parler à personne, tout le monde est suspect. Il a raison. Tant qu’on ne sait pas qui est derrière cette affaire, je ne peux tout simplement faire confiance à personne de mon entourage professionnel. Je me réveille le matin et je vais à la salle de sport, dans mon appartement, une salle de sport a été aménagée de façon à ce que je puisse rester chez moi m’entraîner. Le sport est quelque chose que papa nous a appris depuis tout petit, de même que les cours d’autodéfense, dans le Colorado nous étions censés protéger Reiley des brutes épaisses sans oublier les bagarre là dans les bars. Je m’entraîne sur le sac de frappe pendant quelques heures ensuite, je vais prendre une douche. Je file sous la douche lorsque l’interphone sonne.
- Monsieur Baxter ?
- Oui ?
- Une jeune femme du nom d’Emme Watts est ici.
- Déjà ? Faites la monter s’il vous plaît.
- Bien monsieur.
J’ai à peine le temps de sortir de la douche qu’on frappe à la porte. J’enfile juste un pantalon, j’attrape un t-shirt et je vais ouvrir.
Je tombe sur Emme. Elle porte une robe courte évasé de couleur rose pâle, qui va parfaitement bien avec son teint de porcelaine le tout avec des sandales basses. Elle me dévisage de manière étrange. Son regard s’attarde sur mon torse mouillé, puis remonte vers mes yeux.
- Désolé je sors de la salle de bain.
Elle se contente de dire oui de la tête. Je m’efface pour la laisser entrer. Elle a l’air d’être décontenancée, par moi ? Je ne sais quoi en penser.
- Je croyais que vous viendriez un peu plus tard. Dis-je en enfilant le t-shirt.
- À quoi bon remettre à plus tard ce qu’on peut faire maintenant ?
- Vous avez sans doute raison.
- Votre valise ?
- Elle est là dehors.
Je sors et je prends sa valise qui est posée là au couloir.
- Suivez-moi s’il vous plaît.
Je tire sa valise jusqu’à la chambre que Maro a rangée il y’a quelques heures déjà.
- Je me suis dis que étant donné que nous sommes censés être intimes, on pourrait peut-être se tutoyer, qu’est-ce que tu en dis ? Dis-je en déposant sa valise sur le lit.
- Ça me parait bien.
- Okay. Je vais te laisser te mettre à l’aise alors.
- Merci dit-elle avec un sourire timide.
Je sors de sa chambre et je vais dans la cuisine réchauffer la soupe que j’ai faite hier.
Ensuite je dresse la table et je fais rapidement une salade. Ça fait bizarre de se dire qu’il y’a quelqu’un d’autre que moi dans la maison, je veux dire c’est bizarre de se dire que je vais devoir vivre avec quelqu’un, les seules personnes avec lesquelles je suis habitué à vivre sont les membres de ma famille et Maro. Même avec Tessa, je n’ai jamais eu à cohabiter. Elle sort de la chambre avec un pantalon et un t-shirt et semble avoir pris une douche. J’ai déjà dressé la table, tu peux t’installer. Elle se contente de tirer sur sa chaise et de s’y asseoir.
Je dépose la salade sur la table et je la rejoins, elle se sert de la soupe et semble apprécier.
- Ta femme de ménage cuisine très bien. Je souris.
- Merci. Je lui dirais.
Le repas se passe en silence, personne ne pipe mot et c’est très embarrassant. Dans ma famille à moi, mes repas se passent toujours dans une ambiance festive, nous parlons de tout et de rien. Nous racontant notre journée au ranch.
- Quel âge as-tu ?
- Vingt-quatre ans.
- Dis-moi qu’est-ce qui t’a donné envie de rejoindre l’agence de ton frère ?
Elle lève la tête et me regarde bizarrement.
- J’avais juste besoin de nouveaux horizons.
- Et ça te plaît ?
- Oui énormément. Répond-elle d’une voix neutre.
Côté enthousiasme, j’ai vu mieux.
- Et ton mari est d’accord avec ça ? Tout d’un coup elle se lève de table.
- Qu’est-ce que ça peut vous faire ? Vous essayez de me contrôler c’est ça ?
- Non j’essayais juste de mieux vous connaître.
- Eh bien arrêtez ! Je n’ai pas du tout envie que vous me connaissiez. Mêlez vous de vos affaires.
Elle quitte la table en renversant le verre d’eau. Je la regarde partir, je suis sidéré. Mais qu’est-ce que j’ai donc bien pu faire ?
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