Le client
Emme.
J’entre dans un restaurant chic, il est tellement chic que j’arrive à me mirer sur le sol en marbre. Je marche avec beaucoup de classe, je me suis entraînée dur pour réussir à avoir cette démarche féline. L’habillement, c’est une idée d’Ingride, une jupe crayon avec un chemisier noir, un peu transparant. Mes cheveux ont été bouclés et j’ai choisi de les laisser défaits. À chaque pas que je fais dans le restaurant, je peux entendre mes talons claquer sur le sol de marbre. Je retire mes lunettes et je cherche Nicolas du regard, je finis par le trouver. Il est assis à côté d’un homme, je suppose que c’est lui le client. Je m’avance vers eux, plus je m’approche d’eux, plus mon appréhension grandit.
Le regard du client est posé sur moi, je me sens soudain toute nue. Je déteste ça. J’arrive à leur table et dépose un baiser sur la joue de mon frère.
- Salut dis-je.
- Salut, enfin tu es là. Laisse moi te présenter Emme voici Matt, Matt, Emme elle sera la garde du corps qui va se faire passer pour ta petite amie.
Je vois le client s’étouffer avec son verre d’eau.
- Ta sœur sera ma garde du corps ?
- Oui. Ça vous pose problème ? Demandais-je sur la défensive.
Je m’assoie à côté de Nicolas.
- Non pas du tout. Je… Je suis juste surpris. Enchanté dit-il en tendant la main.
Je tends la mienne à mon tour. Dès que nos doigts se touchent, je ressens comme une décharge électrique me piquant tout le long du corps. Mes yeux se perdent dans les siens, un océan d’un bleu éclatant.
Il me sourit, et un frisson me traverse l’échine, je n’ai plus ressenti ce genre de chose depuis ce genre de frissons depuis Lucas. Je retire précipitamment ma main de la sienne. Ces frissons me font peur. Nicolas nous regarde à tour de rôle.
- Bon et si tu lui parlais un peu de toi Matt.
Je lève la main pour lui signifier que ce n’est pas la peine.
- J’ai déjà appris tout ce qu’il fallait sur vous dans votre dossier.
- Bon dans ce cas toi tu pourrais lui parler de toi.
Je fusille mon frère du regard, mais qu’essaye t’il de faire au juste ? Cet homme est un client. À la fin de cette mission, je ne sais même pas si j’aurais encore de ses nouvelles. Alors à quoi ça peut bien servir qu’il sache ou pas des choses sur moi.
- Je vais aux toilettes. Je reviens dans un instant.
- Ouais c’est ça !
Quelle excuse stupide, comme si on était assez con pour avaler ça. Il veut juste nous laisser tous les deux pour que nous puissions discuter. Une fois Nicolas parti, je me tourne vers le client et je lui dis.
- Il est hors de question que je dorme dans la même chambre que vous.
- Euh… Bien sûr.
- Ensuite, je déteste les bruits le matin, c’est horrible.
- D’accord dit-il en souriant.
- Aussi si vous voulez rencontrer vos petites amies, je vous prierai de le faire loin, très loin de la maison.
- Euh… Pourquoi ?
- Ça s’appelle faire preuve de respect.
- Ah d’accord. C’est tout ?
- Oui s’il y’a autre chose je vous tiendrai informé.
Je suppose que mes conditions doivent beaucoup le déranger. Les hommes sont tous les mêmes stars ou pas, il va devoir rencontrer ses maîtresses ailleurs, je n’ai pas envie de me taper le corps parfait d'un mannequin le matin, je suis déjà assez complexée comme ça. Bien.
- Et quand comptez-vous aménager ?
- D’ici demain, ça vous va ?
- Oui. Ça me laisse le temps de vous aménager une chambre.
Je ne sais pas pourquoi, mais je ne peux pas m’empêcher d’être agressive envers lui. Enfaite depuis deux ans maintenant, je suis agressive avec tous les hommes qui ne sont pas mon père ou mon frère. Il ne dit plus rien et regarde par la fenêtre.
Moi je l’observe discrètement. Les photos de lui ne lui rendent pas justice. Il est encore plus beau en vrai, ses traits sont plus délicats, le bleu de ses yeux est plus clair et son sourire est beaucoup plus chaud, chaleureux. Je me surprends à vouloir le voir sourire de nouveau. Et il est terriblement sexy. Je prenais Lucas pour l’homme le plus sexy du monde et bien tu peux aller te rhabiller Lucas Dos Santos, j’ai trouvé plus sexy que toi.
Nicolas revient à table.
- Alors vous avez eu le temps de mieux vous connaître ?
- Si on veut. Ta sœur est assez autoritaire comme personne. Et ça me plaît.
Je me sens rougir, ça lui plaît ? Est-ce qu’il serait un des ces hommes qui aiment lorsque les femmes les dominent ? Ce serait bien ma veine. Non mais sur quel genre taré Nick m’a fait tomber.
Je me tourne vers ce dernier et je le fusille du regard. Je voudrais bien avoir des lasers avec lesquels je pourrais tirer dans sa tête de piaffe. Matthew éclate de rire, un rire frais, chanteur, même son rire est sexy, et ces frissons qui recommencent. Merde ! Je remarque même que plusieurs têtes féminines se tournent vers nous, est-ce qu’il est au courant que c’est un aimant à filles ? J’ai envie de leur hurler dessus pour leur demander si elles n’ont jamais entendu un homme rire, mais je me contiens car moi aussi je suis subjuguée par ce son rauque et profond.
- Ta sœur est entrain de s’imaginer des choses vieux.
- Je vois ça, elle est devenue aussi rouge qu’une tomate. Dit mon frère en éclatant de rire.
Je rêve, où les deux sont entrain de se foutre de moi. Tu vas me le payer espèce de traître. Je m’enfonce dans mon siège, gênée qu’il ait pu lire en moi.
- Au fait, comment va cette andouille de Reed.
- Super. Tous les soldats vont mal, mais jamais lui, toujours excité à l’idée d’une nouvelle mission.
- Je comprends tout à fait ce qu’il ressent l’adrénaline qu’on ressent à l’approche d’une nouvelle mission est quelque chose de grisant.
- Tu ne me l’as jamais dit, ça t’arrive souvent de regretter d’avoir quitter l’armée ? Lui demande Matthew.
Moi aussi je me suis toujours posée cette question depuis sa retraite anticipée. L’armée était toute la vie de Nicolas, il adorait son travail, mais la mort d’Ethan son meilleur ami a tout remis en question. Est-il épanoui dans sa vie actuelle ?
- À dire vrai, l'armée me manque beaucoup, je veux dire mes frères d’armes, on partage plus que des balles tu sais ? C’est une véritable famille. On avait aussi nos bons moments, il faut faire cette expérience au moins une fois pour comprendre.
Matthew lui sourit, le repas s’achève. Et nous sortons, Matt se lève en même temps que moi et au moment de sortir de table je me heurte à lui.
Sa main vient alors se poser sur ma hanche pour m’empêcher de me cogner contre le coin de la table. A travers le tissu fin de ma jupe, j’arrive à sentir la chaleur de ses doigts. La sensation qui naît dans mon bas ventre est alors indescriptible, je suis prise d’une violente envie qu’il me touche. Encore et encore plus. Il me lance un sourire navré.
- Ça va ?
- Oui merci. Il retire sa main de ma taille et sa chaleur me manque déjà.
- Nous nous séparons devant la porte du restaurant. Ça m’a fait tellement plaisir de te revoir mec.
Lui dit Matthew en lui donnant une tape amicale.
- Et même si c’est pour sauver mes fesses. Nicolas éclate de rire.
- Et je ferai bien plus si je le pouvais, ta famille et toi en avez tellement fait pour moi. Vous êtes comme ma deuxième famille maintenant.
- Tu vas revenir là-dessus si ? Embrasse ta princesse pour moi. Je passerai bientôt lui rendre visite. J’espère bien.
Nicolas s’avance vers lui et le serre dans ses bras.
- Fais gaffe à ton cul, le temps que j’envoie mes hommes.
- Je vais essayer ! Il quitte l’étreinte de Nicolas et se tourne vers moi.
- On se revoit bientôt Emme ?
Mon prénom dans sa bouche est comme une douce litanie. Je me sens encore rougir. Je retrouve vite contenance et je lui réponds.
- Bien sûr. Un voiturier lui apporte les clés de sa voiture, une Mustang, il les saisit et nous fait un dernier signe de la main avant de s’engouffrer dans le véhicule et de partir.
- Une Mustang ? Rien que ça ? Dis-je en me tournant vers Nick. Il sourit.
- Arrête il n’est pas comme tu penses. Il pose sa main sur mes épaules et nous marchons encore un bout de temps.
- Bien sûr, il conduit une voiture de luxe et tu veux me faire croire qu’il n’est pas quelqu’un de superficiel ?
- On est à New-York petite sœur et Matt est une célébrité il a une certaine image à véhiculer. Tu devrais le voir dans son ranch au Colorado, il est autrement.
- C’est bien ce que je disais superficiel. Il sait se défendre au moins ?
- Ce que tu peux être énervante quand tu t’y mets. Si tu veux parler de ses aptitudes au combat ne t’en fais pas il se bat très bien.
Ah oui ?
Il me tire doucement l’oreille et nous continuons à marcher.
- Dit on va encore marcher pendant longtemps ? Ces chaussures me font un mal de chien.
- C ‘est bien pour ça qu’on marche.
- Quoi tu veux dire que tu sais que j’ai mal ?
Il hausse un sourcil moqueur.
- Espèce de… Trop tard, il se met à courir. Pour nous stopper un taxi.