Chapitre 4

Ce dernier n'était pas en très bon état ni en très mauvais. Tout était dans les tons marrons et un feu crépitait dans l'immense cheminée ce qui rendit l'endroit tout de suite plus accueillant.

Nous montâmes de grands escaliers et ne nous arrêtâmes pas avant d'être tout en haut. Une seule chambre était située au troisième étage. C'est dans celle-ci que Alexy me guida.

La chambre était spacieuse et possédait un magnifique lit à deux places avec une couverture brodée qui avait l'air très confortable ainsi qu'une penderie beige et une armoire de la même couleur. Alexy sourit en voyant mon expression.

« C’est juste une chambre. Ne fais pas cette tête.

-Vous dormez tous dans ce chalet ? Il y a la place ? »

Il haussa les épaules.

« Certains passent des nuits autre part, d’autres partagent leurs chambres. Ils se débrouillent. Je m’en fiche tant que j’ai cette chambre. »

Je fronçais les sourcils.

« Serait-ce ta chambre ?

-Ça te surprend à ce point ? J'ai pas le droit d'aimer les couvertures brodées ?»

Je ris. Si il avait le droit évidemment. C’était simplement que je ne m'y attendais pas.

« Et… Vas-tu dormir ici ?

-Bien sûr que non. Désolé princesse mais tes fantasmes ne deviendront pas réalité ce soir. »

Sur ce, il disparut. Étant déjà en pyjama et sentant que j'étais épuisée, je finis par me glisser sous les draps. Je sentis tout le sommeil manqué m’assommer d’un coup et je sombrais dans le coussin douillet.

Je me réveillais en entendant un bruit très désagréable : un réveil. Je tournais sur moi-même épuisée quand j’entendis la porte s’ouvrir d’un coup. Je hurlais de surprise en voyant Alexy avancer droit vers le téléphone afin d’éteindre l’alarme.

Il ne s’arrêta pas en m’entendant crier mais se tourna vers moi après avoir déposé le téléphone :

« Eh bah bonjour à toi aussi.

-Désolée… Je t’ai confondu avec quelqu’un d’autre.

-Je ne sais pas comment le prendre. »

Je me redressais tant bien que mal et me penchais vers le téléphone mais Alexy attrapa ce dernier à une vitesse fulgurante.

« Tu crois que je vais te laisser fouiller dans ma vie aussi facilement ? »

Je tendais ma paume vers lui.

« Je veux juste voir l'heure.

-Ouais, ouais. »

Je levais les yeux au ciel exaspérée.

« Pourquoi, aurais-tu quelque chose à cacher ?»

Alexy eut un sourire en coin malicieux. Je n’aurais pas pensé que je serais assez éveillée pour faire une blague.

« Tu pourrais être traumatisée, Anna. »

Je levais les yeux au ciel.

« Bon laisse-moi regarder l'heure. »

Alexy hésita un moment avant de regarder l’écran et de me dire l’heure directement.

« 7h50 ? J'ai cours dans cinq minutes ! Pourquoi ne m’as-tu pas réveillée plus tôt ?

-Eh, oh je suis pas ta mère.

-Je suis désolée, tu as raison. Merci beaucoup de m’avoir accueillie hier. Je t’en suis très reconnaissante. Et je suis désolée de t’en demander plus mais aurais-tu quelques vêtements que je pourrais emprunter ? »

Il leva les yeux au ciel exaspéré.

« Prends ce que tu veux. Et ne me les ramène pas. Brûle-les. »

Il se laissa tomber sur le lit les mains croisées derrière la tête. Les princesses ne sont jamais en retard. Je finis par ouvrir cette penderie et en sortie le t-shirt et le jean qui me semblaient les plus petits.

« Après la manière dont tu étais effrayée hier tu retournés quand même en cours ? me demanda Alexy. »

Je ne voulais tellement pas être en retard que j’en avais oublié Gaspard. J’aurais préféré ne plus y penser. Alexy entrouvrit les yeux et remarqua ma réalisation. Il haussa les épaules se fichant de ma décision.

Je me tournais vers Alexy qui dormait à moitié.

« Pourrais-tu sortir le temps que je me change ? »

Il souffla avant de se lever.

« C’est ma chambre quand même. »

Malgré ses plaintes il sortit sans un mot et je me changeais en vitesse.

Une fois habillée je sortais de la chambre et tombais nez à nez avec Alexy.

« Enfin. Je peux retourner dans ma chambre. »

En le voyant de si près je repensais au baisé et je m’enfuyais le plus vite possible. Maintenant que j'avais dormi j'étais beaucoup plus à point de réfléchir et je me laissais moins aller à mes instincts. J’avais embrassé Alexy seulement par désespoir. Avais-je voulu à tout prix faire partie de sa famille et avais-je donc choisi ce moyen pour y parvenir ? L’aurais-je utilisé de cette manière ?

En sortant du chalet je fus accompagnée du regard par les cobras qui croisaient mon chemin. Je n’étais pas autant dérangée par leurs regards et voulais même rester ne voulant pas affronter les lycéens. Mais je devais aller en cours.

****

J'arrivais en physique pile avant que la porte se ferme et me dépêchais de m'asseoir. Lili me regarda curieuse et écrivit sur un papier :

« Tu étais où ce matin ? Et c'est quoi ces vêtements ?»

Je me mordis la lèvre. Comment dire ? Et surtout que dire à Liam ? Je devais lui parler au sujet de ma couverture au club de combat mais devais-je lui dire pour Alexy ? Ce baisé ne voulait rien dire. Je voulais tout lui expliquer mais cela voulait aussi dire parler de ce message. Et je ne pouvais pas en parler à Liam. Si quelqu’un, lui ne pouvait pas savoir. Je ne pouvais pas le mettre en danger.

En plus de Gaspard j’avais mon problème d’harcèlement. Je devais à tout prix parler à Cindy.

Lili était ma meilleure amie et je voulais son avis pour qu'elle m'aide au moins au sujet de quelques détails. Je lui répondais donc :

« Il faut que je te raconte. Il s'est passé pleins de trucs. »

Lili hocha la tête en lisant mon papier à la fois inquiète et curieuse mais je lui fis signe que ce n'était rien de grave.

La prof ne remarqua pas que je n'avais pas de sac mais cela n'échappa pas aux autres évidemment qui se moquèrent de moi pour cela. À cause de mes vêtements j'eus droit à de nombreux chuchotements amusés de la part du trio féminin ainsi que des coups d'œil de Jules mais j'étais trop préoccupée pour y prêter plus grande attention. A côté de Gaspard je me rendais compte à quel point je n’avais pas peur d’eux.

À la récré je décidais que j'avais attendu assez longtemps et que je devais aller voir la directrice. Je dis à Lili que j'allais chercher mon sac dans ma chambre. Je le fis et juste après je pris le chemin du bureau de Cindy.

Je toquais sur la porte et attendais qu'elle me dise d'entrer. Quand la voix de Cindy retentit derrière l'immense porte en bois, je posais ma main sur la poignet mais je me figeais à la dernière seconde. Et si ce n'était pas Gaspard ?

Je lâchais la poignet perplexe. J'avais peut être paniqué pour rien. Si c'était vraiment lui il m'aurait immédiatement tuée au lieu de s'amuser à m'écrire n’est-ce pas ? Le but de ce message était de me faire peur. Peut-être même que celui qui l'a écrit voulait que j'en parle à la directrice. Mais j’avais lu que les tueurs aimaient bien jouer avec leurs proies avant de les tuer. Gaspard avait rêvé de ce moment depuis des années. Il n’allait pas se satisfaire d’une mort simple et rapide.

De toute façon mon téléphone était réduit en miettes donc la mystérieuse personne n'allait plus pouvoir m'écrire. Et puis qu'allait-il se passer si je le disais à la directrice ? Je savais très bien. Elle allait appeler Edgar ou peut-être même mes parents. Ils allaient venir me chercher et je n'allais plus jamais revoir mes amis. Ils ne me laisseraient même pas leur dire au revoir. Je voulais tellement rester mais c’était la meilleure décision possible. Je devais protéger les autres. Si je restais ici alors je risquais de mettre en danger mes amis. Je devais partir tout de suite. Cindy devait contacter Edgar.

J’ouvrais donc la porte et Cindy me dévisagea les sourcils froncés avant de sourire de toutes ses dents en me reconnaissant.