Chapitre 5

« Abrielle que me vaut le plaisir de vous voir ?»

Il me fallut quelques secondes pour répondre prise de court.

« Bonjour, je suis désolée de vous déranger mais j’ai quelques problèmes. »

-Il n'y a rien que vous puissiez me dire qui pourrait ne pas m'intéresser. Entrez donc. »

Cindy me fit asseoir en face de son bureau et me proposa des biscuits que je refusais poliment.

« Alors de quoi vouliez-vous parler ? me demanda Cindy en posant ses mains sur son bureau et en se penchant vers moi pour m'inviter à la confidence. »

Je réfléchis.

« Eh bien. J'ai vu un chalet au bout du parking du lycée. »

Cindy se recula sur sa chaise surprise que j'aborde ce sujet. Pourquoi commençais-je par cela ? Ne devais-je pas parler de Gaspard ?

« Et je sais de source sûre que c'est vous qui avez forcé les cobras à vivre dans cet endroit. »

Cindy me sourit doucement.

« Oh vous n'avez pas à avoir peur votre altesse. Je ne vous ai pas parlé des gangs à votre inscription exactement pour éviter cette discussion.

-Oh, ce n'est pas ce que je voulais dire. Je n'ai pas peur. Mais je trouve cela étrange de séparer les élèves de cette manière... »

Cindy perdit son sourire quelques secondes. Etais-je entrain de lui faire un reproche ? Je n’étais en effet pas contente de son comportement mais ce n’était pas le moment.

« Votre altesse que pouvais-je faire d'autre ? Les élèves ont peur tout comme les parents. Personne ne veut que son enfant intègre un gang. Je devais faire quelque chose pour ne pas perdre d'élèves et cela me semblait être la meilleure solution.

-Eh bien avec tout le respect que je vous dois, je pense que ce n'était pas la meilleure solution. »

Cindy hocha la tête désolée.

« D'après moi vous ne faites que nourrir les peurs de ces chers parents. Parce que en les mettant à l'écart c'est comme si vous aussi pensiez que les cobras étaient dangereux.

-J'aimerais croire le contraire mais un gang reste un gang Abrielle.

-Peut-être mais est-ce si impossible que ça d'imaginer que les cobras puissent être gentils et inoffensifs ?

-Et que faites-vous des autres gangs ? Si j'en accepte un il faut aussi accepter les autres sinon c'est un traitement de faveur aussi n'est-ce pas ?

-En effet. Enfin... Je pense qu'il faudrait donner leurs chances à tous et s'ils ne méritent pas leurs places alors là vous pouvez les exclure mais essayez au moins. Et puis. Le fait d'appartenir à un gang ne définit pas une personne. Il faut arrêter de les regarder comme un groupe qui réfléchit ensemble. Ils sont plusieurs petites têtes. »

Cindy me sourit.

« Vous les défendez avec beaucoup d'ardeur. En connaîtriez-vous personnellement ?»

Je me crispai. À quel point pouvais-je être honnête ?

« J'en connais quelques-uns mais de loin seulement. »

Cindy me regarda sérieuse.

« Évitez les gangs. Je vous le dis pour votre bien. »

Je me contentais d'hocher la tête. Bien sûr je n'allais pas les éviter mais ça Cindy n'avait pas à le savoir. À la suite de cela je lui faisais part des harcèlement qui continuaient mais je n’arrivais pas à me résoudre à parler du message. Je savais que je devais lui en parler mais je n’arrivais pas à m’y résoudre.

Mon entretient avec Cindy a duré plus longtemps que la pause et j'étais de nouveau en retard. Décidément ce n'était pas ma journée... Voyant l'heure Cindy me proposa de me faire un mot et me dit même que si je voulais je pouvais ne pas aller en cours. Sa proposition était intéressante. Je n'avais nullement envie d'arriver en retard avec un mot de la directrice. Ça allait attirer encore plus l'attention sur moi et j'allais lancer de nouvelles rumeurs.

Malgré la petite voix dans ma tête qui me disait que je ne pouvais pas rater un cours, j'acceptais et je me posais dans le parc pour me reposer. Je m'assis dans l'herbe et fermais les yeux pour profiter du soleil. Je finis par m'allonger en laissant libre court à mes pensées.

Je devais m’enfuir. Je ne pouvais pas rester ici plus longtemps. Mais avant tout je devais parler à Liam. Je ne pouvais pas partir en étant en froid avec lui. Je savais que je devais me dépêcher de disparaitre mais je n’avais pas le cœur de le laisser aussi facilement.

Une fois l'heure passée j'allais devant la salle où j'avais dû avoir cours pour trouver Lili qui s'inquiétait sûrement pour moi. Je m'arrêtais pas trop près non plus pour ne pas me faire remarquer par les autres. Quand je vis Lili sortir, je l'appelais en faisant des grands gestes pour attirer son attention. Elle finit par me remarquer et se dépêcha de me rejoindre inquiète comme je l'avais pensé.

« Tu étais où Abi ? Tu as dit que tu allais chercher ton sac et tu reviens pas. »

Je ris gênée.

« J'ai oublié qu'on avait cours. »

Lili leva un sourcil dubitative. Pourquoi lui mentais-je encore ? C’était la dernière fois. Je lui faisais mes adieux et je partais trouver Liam. Peut-être que je lui devais la vérité avant de la quitter.

« J’étais avec la directrice.

Lili fronça les sourcils.

« Pourquoi ?

-Rien de grave ne t'en fais pas. J'étais allée lui parler du chalet au bout du parking.

-Il y a un chalet ?

-Oui c'est là que j'ai dormi hier. »

Lili me regardait de plus en plus perdue.

« C'est très long Lili. J'ai tellement de choses à te dire. »

Elle me sourit curieuse de tout savoir.

« Heureusement qu'on a deux heures tu auras le temps de tout me dire. »

Je souris tristement.

« Non, je n’ai pas autant de temps.

-Pourquoi ?

-Je dois aller chercher quelque chose.

-Tu me raconteras après alors.

-Non… »

J’avalais difficilement ma salive. C’était horrible d’avoir un tel danger au-dessus de la tête. Je ne savais pas quand est-ce que Gaspard allait me tomber dessus. Je fuyais mais de quoi ? Et vers où ?