Chapitre 2
Si Elisa avait su que son début de semaine aurait été aussi dur, elle aurait pris la décision de rester chez elle. Noah n’a rien fait d’autre que de vanter les atouts d’Audrey sur tout le trajet. Elle voulait tant lui demander de se taire mais, comme à chaque fois, elle a préféré l’écouter. Après plusieurs minutes de marche, ils arrivent au lycée avec dix minutes de retard, ce qu’elle voulait à tout prix éviter. Pour ne pas arranger les affaires de la demoiselle, elle débute la journée avec un enseignant plutôt sévère qui risque de ne pas lui permettre d’entrer en classe. N’étudiant pas les mêmes sujets, les jeunes gens se séparent à l’entrée de l’établissement scolaire et Elisa s’approche, avec hésitation, de sa salle de classe.
- Bonjour Monsieur, lance-t-elle timidement en arrivant devant la porte de sa salle de classe. Puis-je entrer s’il vous plaît ?
- Mademoiselle Clark ! Savez-vous quelle heure il est ?
- Il est huit heures quinze. Pardonnez-moi du retard...
- Exactement. Vous avez quinze minutes de retard. Ce n’est pas la première fois que vous arrivez à cette heure ! Vous souvenez-vous de ce que je vous ai dit si vous arriviez une fois de plus en retard pendant mon cours ?
- Oui, je m’en souviens, répond-elle honteusement, tête baissée. Vous m’aviez dit que vous ne me laisseriez pas entrer.
- En plus vous vous en souvenez ! Dans ce cas, soit vous me prenez pour un parfait idiot, soit c’est du je m’en foutisme total !
- Je suis vraiment désolée, Monsieur...
L’adolescente ne sait pas quoi dire pour se faire pardonner. Or, si elle avait cessé d’écouter aux histoires de Noah, elle serait arrivée à l’heure.
- Je vous laisse une dernière chance Mademoiselle Clark, mais c’est la dernière fois que je vous fais cette faveur. La prochaine fois, vous irez directement dans le bureau du proviseur. Suis-je suffisamment clair ?
- Oui, Monsieur...
- Allez à votre place, lui dit-il avant de reprendre le cours de sa classe.
Elisa ne s’attendait pas à ce que son enseignant soit clément avec elle. S’asseyant à son pupitre, elle ne parvient pas à écouter l’enseignant, repensant continuellement à la conversation qu’elle a eue plus tôt avec Noah, sans réaliser que l’instituteur lui parle. Voyant qu’elle a un moment d’absence, Alison Monteiro, une excellente amie qui est assise juste derrière elle, lui touche l’épaule, la faisant sursauter.
- Mademoiselle Clark... Vous arrivez en retard et vous vous permettez de ne pas suivre ma classe ? lui demande Monsieur Green sur un ton autoritaire.
- Je... Je suis vraiment désolée, bafouille-t-elle, commençant à paniquer. J’ai eu un vertige.
- Ce n’est pas ce qu’il m’a paru. Veuillez prendre vos affaires et sortez de ma classe ; je n’ai pas besoin d’élève comme vous dans mon cours.
- Ne faites pas ça s’il vous plaît, le supplie-t-elle alors qu’elle ne s’y attendait pas. Je vais prendre énormément de retard si je rate ce cours.
- Vraiment ? lui demande-t-il sur un ton amusé. Vous avez déjà perdu quinze minutes de classe avec votre retard et, là, vous étiez visiblement perdue je ne sais où. De quel retard me parlez-vous ? Manquer la fin des cours ne sera pas une vraie perte.
Vu à quel point elle a énervé Monsieur Green, Elisa sait que cela ne sert à rien de discuter avec lui quand il est aussi furieux car il ne changera pas d’avis. N’ayant pas d’autres choix, elle ramasse ses affaires, qu’elle vient à peine d’ôter de son sac, et elle s’apprête à sortir quand l’enseignant l’arrête.
- N’allez pas trop loin ; j’ai à vous parler...
- Très bien, répond-elle avant de sortir.
L’adolescente ne se sent pas bien. Comme son enseignant lui a demandé de ne pas s’éloigner, elle reste dans le couloir. Elle a tellement retenu ses larmes que, maintenant qu’elle est seule, elle ne parvient plus à les retenir et elle les laisse sortir. Au même moment, Monsieur Green sort de la salle de classe et il la surprend en larmes, à sa grande surprise.
- Que vous arrive-t-il Mademoiselle ? Vous n’êtes pas dans cet état parce que je vous ai mise hors de ma classe quand même ?
- Non, ce n’est pas pour ça, lui répond-elle pendant qu’elle s’essuie les larmes qui lui coulent abondamment sur les joues.
- Je me doutais bien qu’il devait y avoir un souci quelque part. Voulez-vous en parler ?
Monsieur Green emmène Elisa dans une salle de classe vide pour qu’elle puisse se confier plus facilement.
- Je n’en ai pas très envie.
- Ce serait bien que vous le fassiez pourtant. J’ai comme l’impression que c’est ce qui vous bloque dans vos études. Vous allez aussi mal à cause d’un garçon, n’est-ce pas ?
Elisa acquiesce d’un signe de tête.
- Racontez-moi ce qui se passe.
- Les élèves manquent les cours à cause de moi...
- Ne vous en faites pas... Je leur ai donné des devoirs à faire.
L’adolescente prend une grande inspiration et se lance, comprenant que son enseignant ne cèdera pas.
- Je suis amoureuse de quelqu’un, mais il ne le réalise même pas. Et il dit me connaître...
- Vous lui en avez-vous parlé ?
- Il s’agit de mon meilleur ami. Si je lui fais savoir que j’ai des sentiments pour lui, j’ai peur de perdre son amitié et c’est quelque chose que je ne conçois pas, lui explique-t-elle.
- C’est vrai que c’est un risque à prendre, mais vous ne pouvez pas continuer comme ça ! Vous êtes intelligente, mais vos performances sont en baisses constantes depuis quelque temps. Si cela continue, je me retrouverai dans l’obligation de convoquer vos parents pour leur en parler et je ne pense pas que c’est ce que vous souhaitez.
- Je doute fort qu’en parler à mes parents changera quelque chose.
- Pourquoi pas ? s’étonne-t-il.
- Ils savent que je suis amoureuse de mon meilleur ami. Croyez-vous qu’ils pourront contrôler mes sentiments ?
- Je comprends que vous passez par une étape difficile, mais il faut vous ressaisir Mademoiselle. Vous êtes jeune et très intelligente. Vous avez toujours ramené d’excellents résultats - avant le dernier trimestre - et je trouve dommage que vous gâchiez votre avenir pour une histoire de cœur.
- Que puis-je faire d’autre, Monsieur ? Si je lui tourne le dos, c’est son avenir qui sera complètement gâché.
- Pensez-vous que ça en vaut la peine de souffrir autant alors que la personne en question ne sait même pas que vous souffrez à cause de lui ?
- Je n’aurai jamais la force de le voir souffrir parce que je l’ai laissé tomber. Je me montre forte en sa présence, mais il réalise parfois que je ne vais pas bien. Du coup, j’invente une excuse pour qu’il ne découvre pas la vérité.
- Vous devez trouver une solution Mademoiselle. Comme je vous l’ai dit, vous avez beaucoup de potentiel et je ne veux pas que vous ayez à redoubler à la fin de l’année. Pour aujourd’hui, je vous conseillerais de rentrer chez vous afin que vous puissiez remettre vos idées en place.
- Je vais rater énormément de classes si je rentre maintenant, l’interrompt-elle.
- Dans l’état que vous êtes actuellement, ça ne sert à rien de rester. Vous ne serez pas en mesure de suivre aucune classe. Donc, rentrez chez vous et revenez en pleine forme demain. De mon côté, je vais m’assurer à ce que vous ayez toutes vos notes. Est-ce que ça vous convient ?
- Oui, ça me va. Merci de m’avoir écoutée sans me juger...
- Ne me remerciez pas. En revanche, j’aimerais que vous me fassiez le plaisir d’être en classe à l’heure et en pleine forme demain, lui dit-il avant qu’il ne se lève pour retourner en classe.
Elisa se sent soulagée. Elle ne se doutait pas qu’elle allait se confier, et encore moins à Monsieur Green, mais cette conversation lui a fait énormément de bien, même si ce n’est pas pour autant qu’elle a retrouvé le sourire. Ecoutant les conseils de l’enseignant, elle rentre tristement chez elle pour se reposer en espérant qu’elle aille mieux avant la fin de la journée, sachant pertinemment bien que Noah viendra prendre de ses nouvelles quand il apprendra qu’elle est rentrée tôt.