Chapitre 1
C’est le printemps et Elisa Clark est assise sur un banc, regardant le petit lac qui se trouve en face elle. Formant partie intégrante du parc, le point d’eau - où vivent beaucoup de poissons aux tailles différentes et aux couleurs variées - est entouré de plantes très bien entretenues avec des fleurs aux couleurs diverses. Etant une amoureuse de la nature, la demoiselle de dix-sept ans admire la vue qui s’offre à elle, écoutant au passage le chant des oiseaux qui résonne à travers tout le parc. Elisa y est chaque matin de la semaine pour attendre Noah Lambert, son meilleur ami, avec pour but de se rendre au lycée ensemble. Vêtue d’un top à paillettes de couleur noire et d’un jeans blanc, elle commence à stresser ; le jeune homme a quinze minutes de retard. Cela veut donc dire qu’elle risque d’arriver en retard au lycée et, pour un lundi matin, elle ne veut pas se faire remonter les bretelles par son enseignant, qui est plutôt sévère. Cherchant quelque chose d’intéressant à regarder pour ne plus y penser, elle est subitement attirée par un couple d’adolescent qui marche main dans la main. La demoiselle au teint clair, aux longs cheveux châtains et aux yeux verts se projette dans cette situation, se voyant marcher aux côtés de Noah, avec ce dernier l’enlaçant au niveau des hanches, quand quelqu’un lui touche l’épaule, la sortant brusquement de son rêve.
- Salut, lance Noah, tout sourire.
- Te voilà enfin ! répond-elle après avoir sursauté. Mais t’étais où ? Ça fait plus de quinze minutes que je t’attends !
- J’ai vingt minutes de retard, mais ça ira, se défend-il. Nous avons encore trente minutes devant nous et je peux t’assurer que nous rentrerons à l’heure.
- Pour rentrer à l’heure, nous allons devoir marcher plus vite que d’habitude...
- Tu aurais pu partir sans m’attendre, reprend-il aussitôt.
- Tu sais très bien que je n’irai jamais au lycée sans toi, à moins que tu m’aies prévenu au préalable que tu seras absent. Je peux savoir ce qui t’a retardé ? s’intéresse Elisa, essayant de creuser les méninges pendant qu’ils se mettent en route. Qu’est-ce qui s’est passé ? Tu t’es réveillé tard ?
- En fait, il s’est produit quelque chose de bien plus intéressant.
- Qu’est-ce que tu as bien pu vivre de si intéressant, ce matin, pour risquer d’arriver en retard en cours ?
- J’ai croisé Audrey...
- Audrey ? s’étonne-t-elle. Elle habite à quatre heures d’ici. Comment tu as pu la croiser ?
- Figure-toi qu’elle a une tante qui habite à seulement deux cents mètres de chez moi. Je viens d’apprendre qu’elle y réside les jours de semaine pour lui éviter de faire un long trajet entre chez elle et le lycée, lui explique le jeune homme. Apparemment, c’est le cas depuis qu’elle est dans notre lycée.
- Un instant... Audrey est la fille qui t’a tapé dans l’œil, n’est-ce pas ?
- C’est bien elle...
- Comment a-t-elle su où tu habites ? l’interroge Elisa, sentant que sa journée tourne au vinaigre.
- Je n’en sais rien... Quelqu’un a dû le lui dire ; elle était devant ma porte quand je suis sorti de la maison. Tu n’as pas idée à quel point j’étais heureux de la voir. J’ai très envie de lui proposer de sortir avec moi.
- Super ! lance-t-elle ironiquement alors que la déception s’entend dans sa voix.
- Tu ne sembles pas ravie...
- Je le suis voyons ! le reprend-elle, faisant de son mieux pour se ressaisir. Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
- Je te connais Elisa. Je sais quand quelque chose ne va pas.
- Comment tu me trouves ? lui demande-t-elle soudainement, histoire de changer de sujet.
- Ben, comme je viens de te le dire, j’ai comme l’impression que tu n’es pas réellement heureuse pour moi...
- Je te parle de mes vêtements !
- Tu es très belle, répond-il simplement avant que ses pensées ne retournent vers celle qui fait chavirer son cœur. C’est dommage que tu ne fusses pas avec moi quand j’ai vu Audrey. Elle était si belle...
- Ce serait bien qu’on accélère le pas, lance-t-elle, déçue, faisant de son mieux pour éviter le regard du jeune homme.
- Nous n’irons nulle part tant que tu ne m’auras pas dit ce qui ne va pas. Noah retient Elisa par le bras après s’être arrêté net. Qu’est-ce qui t’arrive ?
- Je t’ai posé une question sur mes habits - j’ai mis quelque chose de neuf aujourd’hui - et tout ce que tu trouves à dire est un simple “Tu es très belle” ? Qu’est-ce qui va se passer quand Audrey sera dans ta vie ? Tu vas me mettre de côté ? J’ai comme l’impression que ce sera le cas ! Tu commences déjà à le faire...
- Comment tu peux dire une telle chose ? Tu sais très bien que je ne t’abandonnerai jamais ! Tu es ma meilleure amie voyons !
- « C’est dommage que tu n’arrives qu’à me percevoir comme ta meilleure amie et non comme celle avec qui tu pourrais construire ton avenir... » se dit-elle tristement. Elisa prend une grande inspiration, avant de reprendre la parole. C’est vrai que tu ne m’as jamais laissée tomber, mais qu’est-ce qui te dit qu’elle acceptera que tu passes autant de temps avec moi une fois que vous serez très proche ? J’en doute sérieusement.
- Tu n’as pas à t’inquiéter pour ça.
Dès qu’Elisa se calme, les amis se remettent en route, avançant d’un pas posé vers le lycée.
- Pourquoi pas ?
- Elle aimerait beaucoup nous accompagner tous les matins. Elle veut faire ta connaissance parce qu’elle sait à quel point tu comptes pour moi.
- « Il ne manquait plus que ça... Je n’ai pas envie de la connaître moi ! Elle ne peut pas continuer à faire ses quatre heures de route comme elle a l’habitude de faire ? » s’exaspère Elisa avant de lui répondre en faisant de son mieux pour avoir le sourire aux lèvres. Elle peut nous accompagner. Je serai ravie de faire sa connaissance.
- J’étais sûr que tu allais accepter, s’enthousiasme Noah. J’ai voulu t’en parler d’abord ; ça ne se fait pas de lui dire de nous accompagner sans avoir abordé le sujet avec toi d’abord. Ça me fait plaisir que tu le prennes aussi bien.
- « Tu trouves que je le prends bien ? Tu ne me connais pas si bien que ça en fin de compte ! » Tu es attiré par elle depuis quelques temps déjà à ce que je sache. Si je peux t’aider à être en couple avec elle, je le ferai. « Je le ferai, quitte à souffrir... »
Folle amoureuse de son meilleur ami, Elisa passe toujours le bien-être de Noah avant le sien. Au cours de la conversation, où elle comprend que le jeune homme n’a développé aucun sentiment amoureux pour elle après plus de dix ans d’amitié, elle sent constamment ses larmes lui monter aux yeux, mais elle fait de son mieux pour ne pas les laisser s’échapper en face de lui. Elle sait qu’elle aura tout le mal du monde à trouver une explication plausible pour les expliquer. Pour éviter de s’attarder sur le sujet “Audrey”, Elisa tente de s’aventurer sur d’autres sujets de conversations, mais cela ne marche pas ; Noah y revient constamment. L’adolescente sent qu’elle perd la personne pour qui son cœur bat la chamade et elle redoute énormément ce moment.