Chapitre 3

Elisa commence à se demander si c’était une bonne idée de rentrer chez elle. Avec ses parents qui sont au travail et, Angèle Clark, sa grande sœur, qui est à l’université, elle réalise qu’elle risque de se sentir seule, ce qui ne va pas forcément améliorer son état. Montant directement dans sa chambre, qui se trouve au premier étage, elle s’allonge sur son lit en espérant qu’elle réussira à trouver le sommeil, mais tel n’est pas le cas. Au contraire, elle détourne le regard vers un cadre posée sur sa table de nuit dans lequel se trouve une photo où Noah l’enlace. Une fois de plus, elle ne peut s’empêcher de fondre en sanglot. Elle a du mal à comprendre comment elle se retrouve dans une telle situation. Si dans un premier temps elle voulait faire un petit somme, elle n’a au final pas cessé de penser à l’homme qu’elle aime. Ne voyant pas le temps passer, elle entend la sonnerie de la porte d’entrée retentir alors qu’il est quinze heures. Descendant pour aller ouvrir, pensant qu’il s’agit de Noah, elle découvre que c’est Alison.

- Coucou ma chérie, lance la demoiselle dès que la porte s’ouvre. Alison remarque que les yeux de son amie sont rouges. Tu as pleuré ?

- Je le perds Alison, lance Elisa avant de se remettre à pleurer. Devant une telle scène, son amie ne peut s’empêcher de la serrer dans ses bras.

Les demoiselles entrent et se dirigent vers le salon pour discuter.

- Tu perds qui ? Un instant. Tu étais en couple ?

- Je perds Noah...

- Vous vous êtes disputés ?

- Si seulement ça pouvait être le cas...

- Ça commence à me stresser tout ça. Qu’est-ce qui se passe avec Noah pour que tu ailles aussi mal ?

- Noah s’est quasiment trouvé une petite amie. Ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’il ne se mette en couple avec elle.

- Tu peux m’expliquer s’il te plaît ? J’ai un peu de mal à comprendre.

- Tu connais la meuf qui est arrivée chez nous en début du deuxième trimestre ?

- Je ne la connais pas, mais j’ai entendu parler d’elle.

- Noah a eu le béguin pour elle. Pire encore, le courant passe très bien entre eux. Pour ne pas arranger mes affaires, sa tante habite à seulement quelques mètres de sa maison. Vu qu’elle habite à quatre heures d’ici, elle va passer la semaine chez sa tante et, d’après ce que j’ai compris, il l’intéresse également. Ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’ils ne soient ensemble à présent.

- Tu te moques de moi, n’est-ce pas ? la reprend subitement Alison en levant les yeux au ciel.

- Pourquoi tu me demandes ça ? s’étonne-t-elle.

- Tu entres en pleine dépression alors qu’il ne s’est encore rien passé ! Au lieu d’être une spectatrice, prends ton avenir en main, merde !

Elisa est quelque peu sonnée. Elle ne s’attendait pas à ce que son amie lui parle ainsi.

- Elle lui plaît ! Qu’est-ce que tu veux que je fasse ?

- Fais en sorte qu’ils ne se mettent jamais ensemble !

- Comment veux-tu que je fasse une telle chose ?

- Cesse de lui cacher tes sentiments et bats-toi pour lui !

- Ça servira à quoi que je lui dise que je l’aime alors qu’il ne ressent rien pour moi, Alison ?

- Comment le sais-tu ? rebondit-elle aussitôt. T’a-t-il déjà dit que ça ne marchera pas entre vous ?

- J’ai mis de nouveaux habits aujourd’hui, mais il ne les a même pas remarqués, lui raconte-t-elle tristement. Il n’a rien trouvé de mieux à faire que de me parler d’Audrey.

- Tu aurais dû lui demander de changer de sujet ! réplique Alison. Tu n’étais pas obligée de l’écouter parler d’une autre meuf si cela ne t’intéressait pas.

- Je lui aurais donné quoi comme explication ? Je n’ai pas eu d’ennuis avec Audrey moi ! Il aurait réalisé qu’il y a quelque chose de louche. Te rends-tu compte que je l’attends depuis cinq ans ? Je ne me vois pas en couple avec quelqu’un d’autre.

- Dans ce cas, prends ton courage à deux mains et dis-lui ce que tu ressens !

- Que se passera-t-il s’il ne veut plus me parler ?

- Tu te poses trop de questions. S’il ne te parle plus, tu agiras en conséquence mais, au moins, tu seras fixée. Tu ne peux pas rester éternellement dans cet état ! Te rends-tu compte que même Monsieur Green s’inquiète pour toi ?

- Quoi ? s’étonne la demoiselle. Comment le sais-tu ?

- Il nous a parlé en classe après qu’il t’ait expulsée. Il nous a demandé de nous montrer attentifs à tes besoins car tu ne vas pas bien. Il te prépare même des notes spéciales !

- Il fait vraiment ça ?

Elisa a tellement de mal à le croire qu’un sourire se dessine sur son visage.

- Tiens. Je n’arrive pas à croire que ce soit le prof qui réussisse à te faire sourire ? s’amuse Alison.

- Ça me touche énormément qu’il pensait sérieusement ce qu’il m’a dit. Il est tellement sévère que je n’aurais jamais cru qu’il pouvait avoir un cœur.

Alors que les adolescentes discutent, Alison entend la porte extérieure s’ouvrir. En regardant à travers la fenêtre, elle voit Noah faire irruption dans la cour.

- Ce sont mes parents ?

- Non. Je ne sais pas si tu prendras cela comme une bonne ou une mauvaise nouvelle.

- Tu peux être un peu plus clair s’il te plaît ?

- Noah vient te rendre visite.

- Je m’attendais un peu à ce qu’il vienne ; on retourne toujours ensemble normalement. Que dois-je faire ? lui demande-t-elle quand la sonnerie retentit.

- Je te conseille de lui avouer tes sentiments, lui répond Alison en se levant.

- Tu ne restes pas avec moi ?

- C’est quelque chose que tu dois faire seule, ma chérie. En revanche, tu m’appelles ce soir pour me raconter ce qui s’est passé, d’accord ?

- Promis, lui dit la demoiselle avec le sourire avant de se lever à son tour pour l’accompagner jusqu’à la sortie.

Elisa sent l’angoisse s’accaparer d’elle de plus en plus. Elle est consciente que son amie a raison sur le fait qu’elle devrait tout dire à Noah, mais elle redoute énormément sa réaction, surtout qu’elle ne veut pas le voir sortir de sa vie. Après avoir ouvert la porte pour laisser Alison s’en aller, celle-ci lance un sourire au jeune homme en le croisant, lui qui avance vers Elisa, qui se demande toujours si elle trouvera le courage de se jeter à l’eau.